7ème Colloque
E-PAIRS du 5 juin 2015
En partenariat avec ass.SMT et SNPST
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Livret du Colloque
« LA COOPERATION MEDECIN ET INFIRMIER
EN SANTE AU TRAVAIL ET LE DPC »
Alain Grossetête MDT, Chantal Colliot
IST, Alain Randon MDT, Gérard Lucas MDT, Véronique
Bacle IST, Huguette Martinez MDT, Hélène Ruck
MDT, Joëlle Milliez IST, Mireille Chevalier MDT, Katia
Wanquet IST, Bernadette Berneron MDT, Dominique Huez MDT |
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Plan
1- Clinique médicale du travail et ESTI : la clinique
médicale du travail doit être le moteur de l’ESTI
1.1 Quelle approche de la santé au
travail ?
1.2 La place centrale de la clinique médicale du travail
1.3 Pratiques infirmière et médicale
SEQUENCE 2
2- Travailler en confiance, dans un cadre règlementaire
connu et analysé au regard des pratiques
2.1 Cadre règlementaire de la coopération
MDT IST
2.1.1 Le code du travail
2.1.2 Le code de la santé publique
2.1.3 Les recommandations du CNOM
2.1.4 Circulaire DGT
2.2 Responsabilité des IST, rôle
propre, et mission du médecin du travail
2.3 La confiance
2.3.1 La construction de la confiance
2.3.2 La construction de la confiance dans l’équipe
médicale
Vignette
clinique 2 - Emma infirmière sans collaboration
2.4 Confiance, règles d’intervention,
pratiques et règles professionnelles
2.4.1 Quelle forme pour cette collaboration
médecin - Infirmier en santé au travail ?
2.4.2 Comment fonctionner en binôme ?
Vignette
clinique 3 - Cindy infirmière en confiance
et échanges mutuels
2.5 Travailler sur les pratiques professionnelles.
Le travail en groupe de pairs
2.5.1 Définition de l’analyse des pratiques
professionnelles
2.5.2 Les pratiques professionnelles en santé au
travail
Dispute
professionnelle-2
SEQUENCE 3
3. Coopération de l’équipe médicale
et protocoles. Qu’est ce que veut dire travailler ensemble
? Quel serait le rôle du protocole pour cela ?
3.1 Le médecin du travail confie ou
délègue l’ESTI à l’infirmière
santé travail ?
3.2 Cadre de l’exercice pour le Travailler ensemble
au sein de l’équipe médicale
3.3 Les Protocoles
3.3.1 Chaque Protocole engage la responsabilité
du médecin
3.3.2 Le Protocole relatif à l’ESTI
3.3.3 Quel contenu d’un Protocole d’ESTI ?
3.3.4 Protocole de l’exercice infirmier en AMT
Vignette
clinique 4 – Monsieur R., Entreprise de thermo-laquage
3.4 L’importance du Care pour l’ESTI
3.4.1 Eléments réflexifs à partir
du curatif pour des repères sur le Care en prévention
primaire
3.4.2 Le Care en Santé au Travail ?
3.4.3 Le Care dans les ESTI ?
3.4.4 La place du Care en clinique médicale du
travail et dans la coopération médecin infirmière
?
Vignette
clinique 5 – Renato, technicien en électricité
Dispute
professionnelle-3
4. Le métier d’infirmière du travail,
les Ecrits en médecine du travail et l’écriture
pour chaque métier, le DMST
4.1 Ecrit médical et contribution
de l’infirmière
4.2 Bases de l’écriture par l’Infirmier
Santé Travail
4.3 Transmissions ciblées
4.4 Choisir un support
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Séquence
1
Clinique médicale
du travail et ESTI : la clinique médicale du travail
doit être le moteur de l’ESTI
1.1 Quelle approche de la
santé au travail ?
Il existe plusieurs approches de la santé
au travail :
- approche par les risques, ce qui est
une approche assurantielle, représentée par la
CARSAT. Le modèle théorique de la pensée
des questions de santé au travail est ici largement dominé
par les sciences de l’ingénieur. Le risque (par
exemple le risque d’électrocution) est évalué
a priori[1] par l’employeur
dans le document unique d’évaluation des risques,
(DUER) comme susceptible de dommage potentiel pour l’homme.
Il s’agit d’ « identifier les dangers[2]»
(par exemple le danger du courant électrique). L’objectif
est limité à la prévention des AT et MP,
avec un objectif d’incitation financière à
la prévention vis à vis de l’employeur[3]
.
Par ailleurs l’approche par les risques est également
l’approche proposée au nouveau métier d’assistant
en service de santé au travail[4] .
Ce métier est en construction. Il fait l’objet
d’une prescription des tâches, fortement modélisée
par les directions de services de santé. Le modèle
contient potentiellement une vision de la prévention
primaire totalement démédicalisée[5]
. Il véhicule l’idée qu’il serait
possible de penser une situation de travail sans lien avec l’activité
et sans lien avec la santé. En tentant de faire l’économie
de l’instruction du lien santé travail, elle conduit
à une impasse totale vis-à-vis de la possibilité
de déploiement de la prévention primaire (dont
la cheville ouvrière est l’équipe médicale)
au sein du service de santé au travail et à l’éclatement
de l’équipe pluridisciplinaire qui dès maintenant
manifeste, ici ou là, des tensions avec l’équipe
médicale[6] qui en fait partie intégrante.
- approche médicale par les risques,
dans une pratique professionnelle très répandue
de l’exercice de la médecine du travail. Cette
approche comporte un entretien médico professionnel,
un examen clinique, et une conclusion (détermination
de l’aptitude liée à des mesures contenues
d’adaptation du poste dans le cadre de l’article
L.4624-1). Cette approche est l’héritage reçu
par la médecine du travail de la médecine médico-légale.
Dans cette approche, le risque est à la fois extérieur
au sujet et ce dernier s’en trouver à l’origine.
Il faudrait donc se méfier à la fois du toxique
et de l’homme[7] . Cette approche fait
l’objet depuis 30 ans de la part de la fraction la plus
active de la profession d’une critique aujourd’hui
à peu de choses près, achevée. L’avis
actuel de cette partie de la profession est que cette approche
pourrait laisser la place à une approche par la clinique
médicale du travail.
- approche par le « lien santé
– travail » avec la clinique médicale
du travail. La médecine du travail en tant que spécialité
(clinique médicale du travail) s’est refondée
il y a une quinzaine d’année, après une
gestation au cours des années quatre-vingt-dix. Elle
a rejoint en cela les autres spécialités médicales
fondées sur une clinique spécifique, alors que
la médecine du travail est née de la loi. Cette
clinique est déployée par les deux métiers
de médecin et infirmier, « personnel de santé
» selon le code de santé publique. Elle ouvre un
champ immense du côté de la prévention primaire.
Les atteintes en lien avec le travail sont considérées
comme évitables[8] . Bien entendu l’investigation
clinique comporte la revue des risques au poste de travail,
mais les risques sont examinés en lien avec l’activité
du salarié. Dans son pouvoir d’agir le sujet salarié
mobilise son intelligence au travail et déploie une partie
de son énergie à essayer de construire sa santé,
qu’il en ait conscience ou non[9] : les
risques ne sont jamais considérés indépendamment
de la part plus ou moins active prise par le sujet pour s’en
protéger. C’est là que se situe aussi une
partie des enjeux psychiques du travail. Le soutien à
cette mobilisation du sujet est une part essentielle du travail
clinique: dans cette approche, L’exploration de la subjectivité
(celle du salarié et celle du clinicien, qu’il
soit infirmier ou médecin) ouvre un champ à la
prévention primaire vis-à-vis des atteintes au
travail. Le travail est incarné et incorporé[10].
Il s’agit d’une approche individualisée par
le corps et les émotions. L’appareil psychique
est l’instance de l’issue santé. Le travail
ou plutôt plus précisément le « travailler
», est considéré dans le rapport qu’il
entretient avec le corps et les émotions, (par exemple
la peur au travail) et la subjectivité. Le travail peut
ainsi contribuer à la construction de l’identité
ou à son atteinte.
Car plus globalement, le travail est aussi opérateur
de santé dans le sens de construction de l’identité.
Examiner le rapport au travail d’un individu ou d’un
groupe de travail, en dégageant ce qui est constructeur
pour la santé est une contribution de très grande
importance du travail clinique à la prévention
primaire.
Du point de vue de la clinique médicale
du travail, pour le médecin et l’infirmière,
la grille de lecture commune est le travail. Le médecin
et l’infirmier du travail au cabinet médical y
tiennent un point de vue clinique prenant en compte exclusivement
le soutien à la santé des salariés dans
leur « travaillé ».
1.2 La place centrale de la
clinique médicale du travail
La Clinique médicale du travail est
le moyen d’analyse et de compréhension du rôle
du travail pour la construction ou la détérioration
de la santé au travail des sujets. Elle mobilise un modèle
de l’homme au travail reprenant les apports de l’ergonomie,
de la psychodynamique, de la clinique de l’activité.
« Le travail c'est l'activité coordonnée
des femmes et des hommes pour faire ce qui n'est pas prévu
par l'organisation du travail » (Philippe DAVEZIES).
La compréhension de l’activité de travail
du salarié et de ce qui peut faire difficulté
dans celle-ci par la clinique médicale du travail, est
pour l’infirmière du travail et le médecin
la grille de lecture essentielle pour appréhender les
«traces» du travail sur le corps, dans un objectif
de prévention individuelle et collective. Cela permet
de comprendre les difficultés du «travailler »
et du «travailler ensemble ». « Prendre le
travail comme grille de lecture », c’est donc la
prise en compte de l’activité de travail, du «
travailler » c’est-à-dire à la fois
de l’engagement subjectif singulier, et du travailler
ensemble.
C’est ce socle de la clinique médicale du travail
qui permet au binôme médecin - infirmière
ou infirmier (IST) du travail, d’instruire les liens santé
– travail. Il s’agit pour cela, de se faire expliquer
comment le sujet s’y prend pour faire le travail, protéger
son intégrité, alors qu’il est confronté
aux aléas, et parfois à des impasses dans son
activité. Un soutien clinique à la santé
dans le cas d’un épisode de crise professionnelle
est d’aider le salarié à comprendre ce qui
lui arrive dans le travail, à passer d’une sidération,
suspension cognitive momentanée ou prolongée,
à la reprise de l’élaboration.
1-3 Pratiques infirmière
et médicale.
Il y a à présent depuis 2011
en santé au travail deux pratiques cliniques dans l’équipe
médicale : pratique infirmière et pratique médicale.
- Examinons en premier lieu la pratique
clinique infirmière.
Elle comporte un entretien dit ESTI. (Entretien santé
travail infirmier) : pour quelle finalité et quelle pratique
?
Au cours de l’ESTI, il y a une recherche
de compréhension de la relation qu’entretient à
l’instant t, le salarié avec son travail. Les risques
professionnels d‘atteinte à la santé font
l’objet d’un recueil en lien avec l’activité.
Ce recueil contient une dimension individuelle et potentiellement
collective. Après L’ESTI Il y a une approche spécifique
du corps, avec une prise tensionnelle, mais il n’y a pas
d’examen du corps. Il n’y a pas non plus de diagnostic
pathologique. Le lien santé –travail est mis en
chantier à partir du matériel clinique récolté.
L’ESTI contribue à la mission de suivi médical
individuel et collectif, de veille et d’alerte du médecin
du travail. Il est tracé dans le dossier médical.
L’ESTI investigue le travail et la santé pour en
instruire le lien, et aboutit à l’élaboration
d’une contribution infirmière à ce projet.
Il s’agit pour l’IST d’un travail de compréhension
et d’analyse du travail du point de vue de ce qui compte
pour le salarié, de ce qui fait difficulté ainsi
que des retentissements de son activité sur sa santé.
Il s’appuie sur une approche clinique du salarié
dans son travail et de sa parole qui confère la capacité
à organiser et à mettre en lien les déclarations
de la personne avec les situations de travail et les rapports
sociaux de travail.
La pratique clinique infirmière fait
de l’Entretien Santé Travail Infirmier une activité
clinique. L’ESTI n’est donc pas seulement une collecte
de données recueillies par l’entretien, mais une
consultation infirmière.
- Examinons à présent la pratique
médicale.
La pratique médicale curative est fondée sur le
recueil d’une plainte, la recherche de signes cliniques
et l’examen du corps, en vue de poser un diagnostic et
un traitement. La pratique médicale préventive
comporte de notre point de vue, tous ces éléments,
même s’il faut s’entendre sur le terme de
traitement et parler plutôt dans le deuxième cas
de thérapeutique préventive.
La pratique médicale se déploie sur 4 axes. Nous
empruntons le passage qui suit à un texte de l’association
SMT[11] .
Voici ce qu’écrit l’association
SMT :
« Dans ses prérogatives, le médecin du
travail déploie son activité dans quatre axes
essentiels : l’identification médicale des risques
professionnels d’altération de la santé,
la veille médicale sur la santé des salariés
pour un collectif de travail, la rédaction éventuelle
de préconisations individuelles (L4624-1 du code du travail),
ainsi que le signalement de risque collectif et l’alerte
médicale (L4624-3 du code du travail). Chacun de ces
axes d’activité est mis en œuvre notamment
grâce à la réalisation de consultations
régulières pour chaque salarié.
Dans son activité de consultations, le médecin
du travail utilise bien évidemment ses connaissances
médicales, mais aussi ses savoirs sur les effets délétères
connus des expositions aux risques professionnels. Quand il
reçoit un salarié, il connait son poste de travail,
il a une certaine connaissance du métier du salarié
et des risques qui s’y rattachent habituellement. Dans
la consultation, le médecin du travail fait le point
sur la santé du salarié, et sur son poste de travail
(les modifications éventuelles, les produits utilisés,
les procédés, les équipements de protection).
Il peut alors prescrire des examens complémentaires,
pour le suivi de ces expositions. Il fait des liens entre la
santé du salarié et les risques auxquels il est
exposé. Il peut l’informer des effets de ces risques
sur la santé et des moyens de s’en protéger.
Ce travail est complété par la connaissance des
postes dans l’entreprise quand il s’y déplace.
La spécificité de ce métier est en grande
partie liée à cette connaissance médicale
de l’ensemble des salariés d’une entreprise,
et de leur environnement professionnel. Cela permet ensuite
de conseiller l’employeur pour la prévention des
risques professionnels de manière ciblée dans
son entreprise, pour l’aider dans sa responsabilité
d’assurer la santé physique et mentale des travailleurs
du fait de leurs conditions de travail (L4121-1). Enfin, ces
consultations contribuent aussi à impliquer les salariés
dans la prise en charge de leur propre santé au travail
par les informations qui leurs sont données. Cette identification
des risques professionnels ciblée de chaque salarié
dans sa situation unique de travail ne peut avoir lieu qu’avec
des entretiens réguliers individuels avec le médecin
du travail. Ces entretiens servent également à
la surveillance de l’apparition de nouvelles pathologies
qui pourraient être en lien avec les conditions de travail,
c’est la « veille médicale ». Cette
surveillance médicale ciblée pour chaque salarié
permet aussi de détecter des signes avant-coureurs de
maladies, ce qui permet de prendre des mesures correctives rapidement
avant même l’apparition de potentielles pathologies
professionnelles. Cela contribue donc à la mission de
prévention.
Du fait de cette activité clinique médicale lors
des consultations, le médecin du travail peut éventuellement
rédiger des préconisations individuelles mentionnées
dans l’article L4624-1 du code du travail, « telles
que mutations ou transformations de postes, justifiées
par des considérations relatives notamment à l'âge,
à la résistance physique ou à l'état
de santé physique et mentale des travailleurs ».
A l’instar de ce qui a pu être dénoncé,
il ne s’agit pas du tout d’ « avis d’aptitude
«avec réserves» (…) avec de telles
restrictions qu’ils constituent quasiment une inaptitude
» : il s’agit bel et bien de prévoir des
transformations préventives, parfois valables pour tout
le collectif de travail, puisqu’il parait évident
que tous les salariés n’ont pas un corps identique,
qu’ils vieillissent et qu’un médecin est
bien placé pour conseiller un employeur sur ce sujet.
Il s’agit de faire en sorte que le poste de travail n’abîme
pas davantage la santé du salarié, ni même
celle des autres salariés. Par exemple, quand un médecin
du travail conseille de limiter la manutention lourde, il faudrait
sans doute penser à améliorer cette situation
de manutention lourde pour tous les salariés.
Actuellement, à l’issue des consultations de tous
les salariés d’une entreprise, le médecin
du travail peut également avoir identifié un risque
lié à une organisation du travail ou des traces
déjà existantes d’expositions professionnelles.
Son analyse précise de la situation lui permet d’être,
conformément à l’article L4624-3 du code
du travail, un « lanceur d’alerte » et par
des écrits motivés et circonstanciés de
recommander des mesures visant à préserver la
santé des salariés). La légitimité
d’une alerte médicale dans l’entreprise apparaît
parfois incontournable au regard de la gravité ou du
nombre de personnes touchées. Elle est alors transmise
à la collectivité de travail pour que chacun des
acteurs (employeur, représentants des salariés
et médecin du travail) puissent participer à la
construction d’une vraie politique de prévention
de la santé au travail.
Il est impératif que soient préservés les
entretiens réguliers des salariés avec les membres
de l’équipe médicale c'est-à-dire
l’équipe constituée par le médecin
du travail assisté d’une ou plusieurs infirmières
du travail formées. Ne pas accorder les moyens nécessaires
à leur réalisation serait renoncer à assurer
le droit constitutionnel à la protection de la santé
au travail. »
L’infirmière participe à
l’activité du médecin du travail dans les
quatre axes décrits par l’association SMT. L’ensemble
de ses constats est donc à confier au médecin.
Lors de l’ESTI l’approche par le corps nourrie par
la clinique médicale du travail amène l’alerte
auprès du médecin. L’infirmière du
travail en recueille les éléments pertinents qui
font trace sur le corps et le mental .Elle ne fait pas de diagnostic
médical mais y participe. Le diagnostic médical
individuel et collectif est consolidé avec les éléments
apportés par le binôme car le médecin amène
pour sa part les éléments qu’il a retirés
de l’entretien qu’il a mené, dans un échange
avec l’infirmière. Elle apporte sa contribution
au médecin qui consolide son diagnostic médical
individuel et collectif. La pratique coopérative instaure
un échange aussi bien dans le sens médecin-infirmière
que dans le sens infirmière-médecin.
En conclusion
L’ESTI n’est pas une activité de substitution
du médecin vers l’infirmier, mais un temps clinique
assis sur la collaboration professionnelle de deux métiers,
à droits et devoirs spécifiques différents,
réglementairement définis.
Pour médecin et infirmière, l’approche par
le travail structure l’exploration le lien santé
travail et du « travailler ». L’Entretien
Santé Travail Infirmier (ESTI) avec une approche par
la clinique médicale du travail a pour projet de comprendre
avec le salarié la place des éventuels déterminants
de son activité de travail et des rapports sociaux qu’il
y noue pour la construction ou la fragilisation de sa santé.
Il a donc strictement le même projet que la consultation
médicale de médecine du travail.
Prenons l’exemple d’un salarié
rencontrant le médecin ou l’infirmière :
après deux ou trois questions du clinicien, il peut,
surtout s’il se sent écouté, livrer une
sorte de « récit » de son travail infiniment
plus riche que s’il est bombardé de questions.
S’il n’a aucune difficulté ni au travail
ni de santé, le récit est généralement
laconique. Il est abondamment documenté au contraire,
s’il est en crise professionnelle.
Vignette
clinique 1
Eliane,
ESTI dans un contexte de souffrance au travail
Examinons un
ESTI effectué dans une situation dans laquelle
un salarié se présente au cabinet médical
en désarroi. Il demande de l’aide. L’ESTI
prend alors la forme particulière d’une
écoute du salarié qui va raconter ce qui
lui arrive au travail. Tout ceci prend alors la forme
d’un récit.
Voici une
vignette* clinique pour
mieux comprendre ce qu’est une approche par
la clinique:
Eliane, secrétaire
commerciale (SAV pièces détachées)
sédentaire 50 ans (traitement des appels, prospection
et règlement litiges) arrivant en pleurs. Elles
sont 10 secrétaires commerciales dans la société.
Eliane ne va pas bien du tout depuis 6 mois ; trouble
du sommeil, tristesse, envahissement de la sphère
familiale par le travail ; raconte être devenue
insupportable avec son compagnon et ses enfants. Se
plaint de nausée et d’une « boule
» le matin avant de se rendre au travail. Doute
de ses capacités.
« Ma chef est toujours sur moi, me fait tout
refaire, interdit aux autres de me parler; c’est
du harcèlement. Je croule. J’ai des douleurs
partout aux articulations. A la maison on ne me reconnaît
plus. Après tout ce que j’ai fait pour
l’entreprise depuis 20 ans ! Je ne veux pas
y retourner. Je veux voir l’infirmière
ou le docteur ».
L’approche
de cette crise professionnelle va se mener du côté
de son travail :
-
Derrière le conflit interpersonnel : questionner
le travail et le « travailler » :
Comment s’y prend-t-elle pour travailler ?
Se faire raconter par le menu les tâches,
par exemple sur une demi-journée. Qu’accepte
–t-elle de laisser filer quand les conditions
sont trop
Qu’est
ce qui a changé depuis le rachat de la société,
période à laquelle correspond le début
de ses soucis ? Qu’est-ce que passer des commandes
aujourd’hui ? Pourquoi auparavant, n’y
avait-il pas de difficulté avec les commandes
? Pourquoi y a-t- il des retours, alors qu’avant
il n’y en avait pas ? Comment font les autres
secrétaires commerciales ? Pourquoi ces retours
sont-ils reprochés à Eliane ?
« Je me plaignais de crouler sous le travail
: pourquoi sous prétexte de me décharger,
la chef m’a-t-elle retiré le règlement
des litiges, -justement ce que j’aimais le
plus dans ce travail - pour le confier à
quelqu’un d’autre qui vient d’arriver,
qui n’y connaît rien, mais qui fait
comme la chef elle dit, et moi, je dois en plus
passer derrière pour rattraper ses bourdes?
Est-ce moi qui ne sais plus m’y prendre ?
Toutes les anciennes qui le pouvaient sont parties,
d’autres sont arrêtées. Il y
a bien une raison. »
Explorer
par le menu le « travailler » : là
se trouvent les enjeux subjectifs à comprendre,
impactant la santé (la construisant, ou ici,
l’affectant).
- Se faire
raconter le travail dans le détail :
Que cherche- t-elle à tenir dans le travail,
bec et ongles ? A ce moment de l’entretien,
elle aborde le travail sur les litiges, qui lui
a été retiré. (Elle présente
alors un signe émotionnel : son col en V
rougit, puis elle pleure). L’entretien vient
de toucher un élément très
sensible. Elle expose alors ce qu’elle tient
pour important : l’idée d’un
beau travail. Qu’est-ce qu’un beau travail
dans le règlement des litiges ? Comment fait-elle
pour que le client reste bien traité dans
le litige ? Un beau travail en litige s’efforce
de continuer à bien traiter le client, à
explorer avec lui comment il pourrait se sortir
d’une situation d’endetté, à
lui donner des délais. Le client, une fois
sa santé financière consolidée,
s’en souviendra et restera client. Ses deux
collègues (depuis peu retraitées)
partageaient avec elle cette règle professionnelle.
La règle en question tiendra tant que le
collectif de travail tiendra. Mais ensuite il y
a deux départs en retraite. Eliane se retrouve
alors isolée et en difficultés pour
travailler.
Après
l’instauration de primes au nombre de clôture
de litiges après règlement clients,
il y a eu deux CDD « pour l’aider aux
litiges ».Les deux nouvelles CDD ne veulent
pas se rebiffer vis-à-vis de la chef et «
font comme elle dit ».Elles donnent satisfaction
à la direction sur le cours terme : les clients
sont mis au contentieux, les dossiers font rapidement
l’objet d’une clôture administrative
et les deux CDD touchent leur prime !
Eliane se voit alors retirer le règlement
des litiges et c’est alors qu’elle s’effondre.
Quelques
commentaires à partir de la vignette clinique:
Dans cette vignette, le déroulé
de l’entretien clinique suit la même trame,
même si les référentiels et les
objectifs de métier sont différents,
qu’il le soit par l’infirmière
ou le médecin du travail. Il s‘agit d’une
approche clinique par le travail, d’un professionnel
relevant du code de la santé publique.
En explorant très finement le travail d’Eliane,
celle-ci revisite sa situation et reprend le cours
de sa réflexion. C’est pourquoi on parle
d’aide à la reprise de l’élaboration,
un temps sidérée par une situation qui
la fragilise. C’est là l’essentiel
du travail clinique.
- Le travail,
à l’origine de la dégradation
de sa santé. Eliane sait très
bien indiquer si l’origine est le travail
ou non ; mais ses difficultés sont soit rapportées
au caractère de la chef, ou un discours sur
sa fragilité personnelle au travail : le
fait qu’elle prendrait trop à cœur
ce qu’elle fait, soit à quelque chose
qui n’est pas identifié et nommé,
mais qui se situe dans le travail. L’aider
à faire la lumière sur l’origine
de ses difficultés est le résultat
du travail clinique. Dans le cas d’Eliane
le récit du vécu de harcèlement
avec la chef cache un conflit sur la façon
de faire le travail entre les salariés :
il porte sur la façon de traiter un litige
client (Entre elle, et les nouvelles embauchées).
Ce conflit n’est pas identifié au départ
par elle. Il a fallu le travail clinique de questionnement
pour qu’il apparaisse à sa conscience.
- Le questionnement
sur les symptômes. Le sujet sait très
bien les nommer et éliminer ceux qui, proposés,
ne sont pas présents chez elle.
- La rumination
ou pensée en boucle
Symptôme du mal-être, sur fond
de vécu d’injustice (pourquoi m’a-t-on
retiré les litiges, ce que j’aimais
dans ce travail et pour lequel une compétence
m’était reconnue) ; ou de jalousie
(pourquoi elle plutôt que moi aux litiges)
et de sentiment de culpabilité (j’ai
dû peut-être faire une erreur ?).
La rumination attaque l’estime de soi, et
peut porter atteinte à terme, à l’identité.
- Le travail
de clinique médicale du travail sur le caractère
« sur généralisant » de
la plainte
Il a pour objet de tenter de faire sortir Eliane
d’un discours confus, de sur- généralisation
(prémisse à une possible évolution
dépressive ). Pour ce faire, reprendre avec
elle le « travailler » (hier par exemple)
de telle façon que dans son récit,
elle se voit elle-même travailler (et que
l’infirmière ou le médecin «
voient » également son « travailler
»). La questionner, repérer ce qu’on
ne comprend pas dans ce qui est exposé, et
lui en faire part : une partie du discours peut
apparaître contradictoire et il importe de
le lui dire. La mise en mot du « travailler
» examiné très finement facilite
la reprise de l’activité cognitive
et de la mémoire autour de la chronique des
petits évènements du travail, tend
à repousser la généralisation
de son discours et contribue à l’aider
à la reprise en main de sa santé.
- La question
de l’élaboration en clinique médicale
du travail
Retour aux leçons de l’ergonomie
: travail réel, travail prescrit, activité
: L’activité ne se limite pas à
ce qui est fait (Clot) et toute une partie de l’activité
déployée pour faire le travail n’est
pas accessible directement à la conscience.
La faire apparaître est donc un objet de travail,
de la part du clinicien. Faire reprendre conscience
au salarié de tout ce qui a été
déployé par lui, pour faire le travail
; de la dimension insoupçonnée de
son activité contribue à l’aider
à reprendre pied. Rendre compte de la légitimité
de la posture tenue par le travailleur, contribuant
à restaurer l’estime de soi.
Le travail clinique sur les émotions, les
objets émotionnellement compétents.
(DAMASIO). Ici : le retrait du traitement des litiges.
Leur « amputation » est susceptible
de transformer brutalement le rapport subjectif
au travail de la personne, et à l’origine
possible d’atteintes à la santé.
Plus généralement, ce qui ne passe
pas par l’activité consciente, ce qui
n’est pas élaboré, ou est «
impensé » ou impensable, est susceptible
de porter atteinte à la santé : que
ce soit des atteintes articulaires ou psychiques.
- Entre
le clinicien et un salarié en souffrance
: un travail inter-compréhensif :
L’activité de travail comme enjeu
de santé, est l’objet du travail inter
compréhensif entre clinicien et salarié
en difficulté. La consultation en médecine
du travail met en relation une histoire de travail
: les tensions qui structurent la situation de travail,
avec l’histoire singulière professionnelle
sociale, culturelle, d’un salarié.
La question de l’intercompréhension
ne signifie pas que le médecin (ou l’infirmière)
et le salarié comprennent la même chose
du lien santé / travail.
« Une disponibilité à comprendre
avec », un cadre de compréhension à
partir du point de vue du salarié et du clinicien.
Comprendre les difficultés du « travailler
» et du « travailler ensemble ».
In fine, permettre au patient d’accéder
lui- même à la compréhension
des situations auxquelles il est confronté,
à faire des liens, parfois à comprendre
ce que le clinicien peine parfois à appréhender
: trouvant ainsi par lui-même, dans une autonomie
retrouvée, une opportunité d’agir
pour sa santé en récupérant
des marges de manœuvre dans son travail.
Travail
de clinique médicale et prévention primaire.
Soutien à l’élaboration et retour
du pouvoir d’agir
« La santé est un pouvoir d'action
sur soi et sur le monde gagné auprès
des autres. Elle se rattache à l’activité
vitale d'un sujet, à ce qu'il réussit
ou non à mobiliser de son activité à
lui dans l'univers des activités d'autrui et,
inversement, à ce qu'il parvient ou pas à
engager des activités d'autrui dans son monde
à lui ». Y. Clot
Le soutien à la réactivation de l’activité
cognitive et à la restauration du pouvoir d’agir,
se pose en alternative à l’entrée
dans la pathologie :
-du Stade de l’altération (sujet affecté),
au stade de l’atteinte (sujet malade)
-de la rumination à la dépression professionnelle
et aux décompensations.
En médecine du travail, l’intervention
clinique précoce est possible : dès
le stade de l’altération, (sujet affecté),
quand la personne est encore au travail.
Du questionnement
sur soi au questionnement sur le travail
Une aide au dépassement de la posture
victimaire permet une reprise du cheminement cognitif
sur les questions du travail, avec accès à
une palette élargie des possibles. Le sujet
entrevoit des pistes à explorer, reprend le
cheminement de sa pensée pour se sortir de
l’impasse, même s’il n’en
fait pas état lors de l’entretien.
Passer de la culpabilité, de la fragilisation
de soi, à une question qui interroge le champ
du travail, ouvre à la mise en délibération
collective des difficultés du travail et du
travailler : « ramener ainsi dans le débat
social les conflits que les salariés portent
comme des questions personnelles protège contre
le sentiment de dévalorisation et contre les
pathologies du stress » (DAVEZIES).
*Une
vignette clinique est un cas reconstruit à partir
de plusieurs cas cliniques rencontrés pour faciliter
la discussion. |
Dispute
professionnelle-1
Place de la clinique médicale
du travail pour l’équipe médicale
-
Approche du
clinicien du travail (médecin ou infirmière)
en santé au travail: approche clinique par
le travail, ou approche par les risques ?
-
L’ESTI
est-il cantonné à une approche par les
risques ? Et sinon, comment peut-il être
une approche par la clinique ?
-
Le décret
confère à l’infirmière
du travail un rôle clinique avec la pratique
de l’ESTI. A quelles difficultés l’infirmière
se heurte-t-elle dans son activité clinique ?
Activité clinique du
médecin et de l’infirmière
-
Si on avance
qu’elle n’est pas identique à celle
du médecin, en quoi diffère-t-elle ?
-
Que serait une
consultation d’infirmière en santé
au travail
|
____________________________________________
1-Le
législateur épouse également cette conception
dans l’évaluation « a priori » des
risques du document unique d’évaluation des risques
à rédiger par l’employeur (DUER)
2-L’évaluation
des risques professionnels-INRS- ED 5018.
3-Par
exemple dans la réalisation d’un contrat de prévention
entre une entreprise et la Carsat, avec annonce conditionnée
à sa réalisation, d’une réduction
de son taux de cotisation.
4-Dit
ASST, selon la dénomination retenue par l’accord
de branche (CISME) du 20 juin 2013
5-Les
services de santé au travail quel avenir ? SEILLAN H.
2012, éd. Préventique.
6-Une
pratique professionnelle de l’équipe médicale
est d’aller le plus possible ensemble sur le terrain avec
l’ASST pour l’instruction du lien santé-travail.
7-Par
exemple un sujet épileptique et alcoolique, dans cette
conception, est un risque au même titre que ceux auxquels
il est exposé dans son travail. La logique d’un
management par la réduction des risques amènerait
à l’en retirer.
8-La
maladie professionnelle, dénomination assurantielle,
est donc déjà située dans le champ de la
réparation, en aval de la prévention primaire.
9-Par
exemple dans les savoirs faire de prudence
10-Böhle
et Milkau- cités par Davezies et coll –dans «
Repères pour une clinique médicale du travail
» AMP mai 2006
11-Lettre
aux parlementaires-Sur les fondamentaux du métier de
médecin du travail pour la réforme de la médecine
du travail- A-SMT – décembre 2014.
http://www.a-smt.org/2014/2014-12-12-Fondamentaux.metier.de.medecin.travail-a-SMT.pdf
12-Certaines
formes de dépression portent également ce symptôme
de sur généralisation, accompagné d’une
restriction de la capacité à montrer de l’intérêt
pour des champs variés.
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|
Travailler
en confiance, dans un cadre règlementaire connu et analysé
au regard des pratiques
2.1 Cadre règlementaire
de la coopération MDT IST
Il y a une double nature d'un acte en médecine
du travail selon le code la santé publique et le code
du travail. Le décret du 30 janvier 2012 précise
que le médecin du travail assure personnellement l'ensemble
de ses fonctions. Il exerce ses missions en responsabilité
personnelle encadrée par la déontologie, le code
de la santé publique et le droit du travail et soumise
à un double contrôle social et administratif.
2.1.1 Le code du travail
Le rôle et les missions des médecins
du travail et des infirmiers en santé au travail sont
définies par le code du travail.
- Les missions[13] des services de santé
au travail sont assurées par une équipe pluridisciplinaire
de santé au travail comprenant notamment des médecins
du travail et des infirmiers et que les médecins animent
et coordonnent.
- Le médecin du travail[14]
est le conseiller de la communauté de travail et
l’article R4623-1 énumère ses différentes
missions : missions qui s’exercent en direction des salariés
et du collectif de travail structurées par des obligations
de prévention comportant des examens médicaux
et des actions en milieu de travail.
- Si le médecin du travail[15]
assure personnellement l'ensemble de ses fonctions, il peut
confier certaines activités, sous sa responsabilité
aux infirmiers qui doivent exercer leurs activités dans
le respect des dispositions du code de la santé publique.
- L'infirmier[16] recruté
dans un service de santé au travail est diplômé
d'Etat, ou a l'autorisation d'exercer, et doit suivre une formation
spécifique en santé au travail dans l’année
qui suit son embauche s’il n’y est pas formé.
- Les missions [17] de l’infirmier
comprennent deux types d’actes : les actes sous délégation
technique directe faisant l’objet de protocoles de la
part des médecins et les actes relevant du rôle
propre.
- Parmi les actes [18] confiés
à l’infirmier, l’entretien santé travail
infirmier (ETSI) doit faire l’objet d’un protocole
écrit et signé par le médecin du travail.
- L'infirmier est recruté [19]
après avis du médecin du travail et exerce des
missions [20] exclusivement préventives,
à l'exception des situations d'urgence.
2.1.2 Le code de la santé publique
Le champ de l’activité infirmière
est défini dans le chapitre 1 du code de la santé
publique. Il décrit très précisément
les actes professionnels des infirmiers et infirmières
[21] :
- L’article R4311-1 du CDSP précise
notamment : « l'exercice de la profession d'infirmier
ou d'infirmière comporte l'analyse, l'organisation,
la réalisation de soins infirmiers et leur évaluation,
la contribution au recueil de données cliniques et
épidémiologiques et la participation à
des actions de prévention, de dépistage, de
formation et d'éducation à la santé ».
- Il sépare les actes, en actes sous
prescription des médecins, et des actes relevant d’un
rôle [22] propre qui visent notamment
« à identifier les risques et à assurer
le confort et la sécurité de la personne et
de son environnement et comprenant son information et celle
de son entourage »
- Il reconnait à l’infirmier
les compétences pour prendre des initiatives et accomplir
les soins qu’il juge nécessaire conformément
aux dispositions des articles R4311-5, R4311-5-1 et R4311-6.
Les règles professionnelles des infirmiers
sont précisées au Chapitre 2 du code de la santé
publique:
- Les infirmiers [23]
sont soumis au secret professionnel et leur indépendance
professionnelle est définie par l’article R4312-9
[24] .
- L’article R4312-14 rappelle que «
l’infirmier est personnellement responsable des actes
qu’il est habilité à faire … »
et l’article R4312-49 que, même si le cadre d’exercice
est celui d’un exercice salarié [26]
, les devoirs professionnels demeurent.
2.1.3 Les recommandations du CNOM
[27]
Le CNOM, dans son rapport adopté lors
de la réunion du 17 juin 2011, a émis un certain
nombre de recommandations concernant notamment :
- les nouvelles missions des infirmiers
en santé au travail qui ne doivent pas se cantonner
au seul ESTI mais comprendre également des actions
en milieu de travail (visites d’entreprise, participation
aux réunions du CHSCT) et une action dans l’éducation
pour la santé, le contenu et le choix des thèmes
étant préparés en équipe médicale
par le médecin du travail et l’infirmier en santé
au travail.
- La répartition du temps médical
et du temps en milieu de travail qui doit être la même
que celle du médecin du travail.
- les marges de manœuvre à
laisser au médecin du travail dans le choix des
populations salariées qui seront suivies par l’infirmier.
Il rappelle que l’attestation délivrée
par l’infirmier à chaque salarié à
l’issue de l’entretien ne se substitue pas à
l’avis d’aptitude qui reste de la compétence
exclusive du médecin du travail.
- Les visites d’embauche, de pré
reprise, de reprise et toutes autres visites à la demande
du salarié ou de l’employeur qui restent du domaine
exclusif du médecin du travail.
- La formation des infirmiers en santé
au travail : elle doit comprendre, en plus de la formation
de base, un diplôme universitaire en santé au
travail (le DIUST) ou une licence santé travail. Cette
formation est ensuite complétée par un tutorat
avec le médecin du travail pour l’installation
de la confiance dans le binôme médecin du travail
/infirmier en santé au travail.
- La composition du binôme avec
la nécessité d’un médecin temps
plein avec un infirmier temps plein ou au plus 1 médecin
et 2 infirmiers
- Les réunions de staff hebdomadaires
programmées et institutionnalisées comprenant
un temps médical avec la revue des dossiers de salariés
problématiques vus par l’infirmier et une partie
intéressant l’action en milieu de travail.
- L’orientation d’un salarié
par l’infirmier vers le médecin du travail
doit toujours être possible
- L’autorité exercée
par le médecin sur l’infirmier santé au
travail : il s’agit d’une autorité
fonctionnelle, l’infirmier restant responsable de ses
actes sur le plan technique.
- La possibilité pour l’infirmier
santé au travail de toujours pouvoir joindre un médecin
du travail en cas de nécessité.
- La mise en place par le médecin
du travail de l’organisation de son binôme
en toute indépendance professionnelle, sans interférence
de l’employeur ou de la direction du service de santé
au travail
- La mise à disposition de l’infirmier
de locaux équipés et adaptés respectant
la confidentialité et d’un système informatique
adapté dans des conditions de sécurité
et de confidentialité strictes
- Les liaisons avec les autres intervenants
de l’équipe pluridisciplinaires : l’infirmier
peut recevoir des informations de l’équipe mais
il est soumis au secret professionnel et ne peut en retour
communiquer de données médicales.
Cette nouvelle forme de coopération
peut permettre de conserver un suivi médical individuel
pour tous les salariés.
2.1.4 Circulaire DGT [28]
Elle définit les missions de l’infirmier
en santé au travail :
- Les missions du rôle propre définies
par le code de la santé publique
- Les missions confiées par le médecin du travail,
sous sa responsabilité et dans le cadre de protocoles
écrits.
L’infirmier est membre de l’équipe
pluridisciplinaire, il participe aux différentes
actions en milieu de travail notamment :
- Aux actions de sensibilisation et d’information
collectives des salariés en matière de santé
et de sécurité au travail élaboré
par l’équipe et validées par le médecin.
- Au recueil de données dans le cadre d’enquêtes
épidémiologiques et de veille sanitaire
- Aux études de poste
- A la réalisation des fiches d’entreprise
- A des actions visant au maintien et l’insertion ou
la réinsertion des salariés
L’infirmier est membre de l’équipe
médicale : il participe au suivi individuel de l’état
de santé, dans le cadre de protocoles écrits par
le médecin du travail. Cet entretien s’inscrit
dans le suivi périodique des salariés, les visites
d’embauche, de pré reprise, de reprise et à
la demande restant de la responsabilité du médecin.
Cet entretien santé travail infirmier se termine par
la délivrance d’une attestation de suivi infirmier
ne comportant aucune mention relative à l’aptitude
ou l’inaptitude du salarié. L’infirmier peut
également réaliser certains examens complémentaires.
Commentaires
Dans le code de la santé publique tous les actes infirmiers
sont déclinés mais... pas l'Entretien Santé
Travail Infirmier (ESTI). Pourtant les salariés ne disent
pas les mêmes choses aux Médecins du travail et
aux Infirmiers en santé au travail (IST). La mission
de l’IST en médecine du travail ne peut se déployer
s’il n’y a pas de reconnaissance de la mission de
la médecine du travail « d'ordre public social
». C’est la connaissance des missions en santé
au travail acquises par la formation, qui permettra également
la confiance de l’infirmier envers le médecin.
Le législateur permet au médecin du travail de
« confier » un ESTI à des IST dans le cadre
de protocoles écrits. L’infirmier du travail organise
alors son entretien dans le cadre de son rôle propre et
du respect du protocole.
L’ESTI contribue à la mission
de suivi médical individuel et collectif, de veille et
d’alerte du médecin du travail. Il est totalement
dégagé de la détermination d’avis
d’aptitude. Il permet de prendre en compte la santé
au travail, sans l’ambiguïté de cette détermination.
L’ESTI est un entretien du salarié
concernant son poste de travail dont l’objectif exclusif
est la santé. Il prend la forme, le protocole peut en
faire mention, d’un questionnement sur la santé
en rapport avec le travail mené en clinique médicale
du travail, plutôt qu’une collecte de données
à partir de questionnaires. Il s’appuie sur une
approche clinique du salarié dans son travail et de sa
parole, qui confère la capacité à organiser
et à mettre en lien les déclarations de la personne
avec les situations de travail et les rapports sociaux de travail.
L’ESTI investigue le travail et la santé,
explore le lien Santé-Travail et aboutit à l’élaboration
d’une contribution de l’IST au travail clinique
du binôme. Il s’agit pour l’IST d’une
recherche de compréhension et d’analyse de ce qui
fait difficulté dans le travail du salarié, prenant
en compte le point de vue de ce dernier. L’infirmier du
travail dispose d’un temps de retour pour discuter avec
le médecin du travail.
2.2 Responsabilité
des IST, rôle propre et mission du médecin du travail
Pré requis pour un bon fonctionnement
de l’équipe
- Dans l’idéal, l’équipe
doit être composée d’un médecin
du travail et d’un infirmier de santé au travail,
au plus comme le recommande le CNOM un médecin et deux
infirmiers, pour que l’IST puisse réaliser de
façon efficiente sa mission comportant des temps d’échange
avec le médecin du travail, la connaissance des postes
de travail et des entreprises. Chaque médecin ayant
son mode d’exercice personnel, l’infirmier peut
se retrouver en difficulté s’il doit travailler
avec plusieurs médecins.
- Le temps de secrétariat doit être
suffisant pour que l’équipe fonctionne correctement
: gestion de deux agendas complémentaires en respectant
le schéma proposé pour le choix des salariés
vus en entretien infirmier (une partie des visites systématiques
par l’infirmier et une partie par le médecin,
ne pas programmer deux visites systématiques successives
d’un salarié avec le même intervenant mais
alterner, re convocations pour le médecin d’un
certains salariés vus par l’infirmier), planification
des temps d’échanges.
Dans l’équipe médicale,
le médecin du travail est responsable personnellement
de la « mission réglementaire » qui lui est
confiée et qui engage sa responsabilité personnelle.
Il est, en droit, l’interlocuteur exclusif de l’employeur
pour les questions de santé, et engage sa responsabilité
dans ce qu’il déclare et écrit. Lui seul
bénéficie du statut de salarié protégé.
C’est au médecin du travail, réglementairement
protégé par le cadre de sa mission, d’en
faire bénéficier l’exercice de l’infirmier
du travail.
L’équipe pluridisciplinaire,
composée de professionnels spécialistes du champ
du travail, comporte une équipe médicale qui regroupe
les professionnels dont l’exercice relève du code
de la santé publique.
Le médecin du travail est responsable
technique de l’équipe médicale, dans le
respect du rôle propre des infirmiers. Il définit
les missions de l’équipe médicale de santé
au travail, du fait de sa compétence et de son indépendance
et des contrôles qu’elles impliquent. Toutefois
il lui faut distinguer ce qui relève, dans les missions
des membres de l’équipe, d’actions en supervision
technique encadrées par la réglementation et du
rôle propre, dans un cadre défini par leurs règles
professionnelles, impliquant une initiative spécifique
du professionnel de santé.
Son rôle est celui d’un animateur,
qui suscite ou fédère les coopérations,
en fonction des compétences des membres de l’équipe
et dans le respect de leur indépendance, dans le cadre
des actions en santé au travail, tant en matière
de consultations médicales que d’action en milieu
de travail.
Etre l’animateur d’une équipe
ne s’improvise pas surtout lorsque la culture du médecin
du travail c’est de travailler depuis toujours en individuel
: une formation en gestion d’équipe peut être
indispensable pour acquérir les compétences nécessaires.
L’animateur est dans « le faire ensemble »
plutôt que dans « le faire » ou « le
savoir », et ce qui est important au final c’est
la motivation qu’il arrive à impulser à
l’équipe.
Seuls les membres de cette équipe médicale
sont habilités à intervenir dans le domaine de
la santé des personnes. Eux seuls ont, réglementairement,
accès au Dossier Médical en Santé au Travail
(DMST). Le médecin du travail est comptable pour l’IST
des connaissances pratiques protocolées et de la possibilité
de déployer un rôle propre, tout en respectant
son indépendance de métier.
Les deux professions relèvent du code
de la santé publique. Elles seules ont « accès
au corps ». Elles sont dans le même champ exclusif
de la santé n’ayant pas à porter les contraintes
économiques. C’est l’appui de la loi qui
encadre la mission de « prévenir et dépister
les altérations de la santé du fait du travail
». Médecin et infirmier du travail » n’ont
donc pas à participer à la « gestion des
risques » pour les employeurs. Ce qui ne veut pas dire
qu'ils n'ont pas à interpeller cette gestion des risques
quand elle prend insuffisamment en compte des conditions de
travail altérant la santé.
L'indépendance des IST se joue dans
la réalisation des actes techniques et dans les marges
de manœuvre pour déployer un ESTI défini
par un protocole adéquat. Elle est encadrée par
la définition réglementaire de la mission du médecin
du travail. Il faut donc que l'IST se positionne en premier
sur la mission de prévention médicale primaire.
En sus, le cadre réglementaire de l’intervention
de l’infirmière du travail doit être précisé
du point de vue de son métier par des délibérations
entre pairs, pour le spécifier en médecine du
travail. Le métier d’infirmière du travail
se construit donc aussi en groupe de pairs spécifique.
2.3 La confiance
2.3.1 La construction de la confiance
« La confiance engage autant qu’elle
promet : c’est sur cette réciprocité que
la relation de confiance entre les êtres humains se structure
» [29] . La relation de confiance
dans le travail implique la réciprocité, l’échange,
le partage et la reconnaissance mutuelle participant ainsi au
développement de la dimension psychosociale [30]
. La confiance entre les membres d’une équipe est
l’élément indispensable pour atteindre les
objectifs du travail.
La confiance est un construit pour agir ensemble [31]
, élaboré dans le temps et toujours relativement
à ce avec quoi elle interagit : confiance en soi, confiance
en l’autre, confiance dans le système. Elle se
construit dans l’échange, dans les actes quand
il y a un socle de valeurs communes partagées et exige
généralement une certaine durée pour se
développer et devenir solide.
La confiance en l’autre doit être
envisagée comme une relation de confiance, l’un
et l’autre étant engagés dans des enjeux
de confiance réciproques. Mais cette relation de confiance
a des limites : elle n’existe pas pour elle-même,
dans une seule visée psychologique, affective ou morale,
elle est liée à un objet, un but, une situation
: la confiance est un construit pour agir ensemble selon des
finalités partagées. La coopération est
son intention. La coordination sa méthode. En retour,
l’action réalisée en équipe renforce
la confiance, participant ainsi à la construction de
la relation professionnelle… ou à sa déconstruction
si l’action visée n’est pas atteinte.
Faire confiance c’est remettre quelque
chose à quelqu’un dans un cadre partagé
qui peut comprendre des objectifs de travail, des valeurs, une
éthique et des règles. Faire confiance implique
également de prendre un risque : le risque de se tromper.
Mais faire confiance ne suffit pas, il faut aussi gagner la
confiance. Faire confiance relève de la mise en œuvre
d’un agir particulier. Dans le travail, il s’agira
d’un agir professionnel.
Gagner la confiance vise à bénéficier de
la confiance de l’autre parce qu’elle compte pour
celui qui la revendique. Là aussi, gagner la confiance
relève d’un engagement, d’un agir particulier
comme dans l’enjeu de faire confiance.
La relation de confiance se construit donc suivant un double
enjeu : faire et gagner la confiance. Cette relation engage
à une réciprocité entre celui qui l’accorde
et celui qui la reçoit. L’épreuve de la
confiance accordée passe par le rapport entre le faire
et le dire et par la réalité de travail.
Au sein d’une relation asymétrique, entre le médecin
et l’infirmière, les raisons de la confiance de
l’un ne sont pas les raisons de la confiance de l’autre.
Un équilibre peut se construire si l’un et l’autre
trouvent un intérêt partagé à cette
asymétrie. Cet intérêt porte très
précisément sur l’efficience de l’action
commune que la confiance doit permettre d’atteindre. On
ne peut pas travailler en équipe sans confiance.
2.3.2 La construction de la confiance dans
l’équipe médicale
L’infirmier arrivant en service inter
entreprise explore en travaillant, un pan nouveau de son métier
d’infirmier en santé au travail, exclusivement
préventif comme le médecin. Il dispose du cadre
légal et règlementaire mais ce dernier ne suffit
pas à lui permettre la construction de son métier,
ses pratiques et ses règles de métier. Il lui
faut donc les découvrir, les fabriquer, et les critiquer.
Il faut du temps à l’IST pour l’acquisition
des bases théoriques sur les questions de santé
au travail et la pratique du terrain et du temps au binôme
pour l’acquisition d’un langage commun et se comprendre
sur ce que le travail veut dire.
La confiance pour « travailler ensemble
» repose sur la compréhension des missions
du médecin du travail, du côté du droit,
et des règles professionnelles qui permettent l’articulation
entre les deux métiers. La collaboration médecin
- infirmier du travail autour de l’ESTI est basée
sur le respect et la reconnaissance des apports de chacun. Elle
est dépendante de la possibilité d’une confiance
professionnelle réciproque permettant l’échange,
le partage. Elle est assise sur des valeurs et règles
professionnelles partagées qui font sens en prévention
de la santé au travail, alors que les partenaires sont
dans un rapport hiérarchique asymétrique.
Pour construire cette confiance réciproque, le médecin
du travail doit donc donner à voir à l’infirmier
avec qui il collabore, ses règles professionnelles cliniques
et d’intervention.
Cette coopération médecin du
travail/infirmier du travail est dépendante de la confiance
professionnelle réciproque et par conséquent,
l’organisation du travail est définie à
l’intérieur de chaque binôme.
Le service inter entreprise ne peut prétendre intervenir
sur le contenu de cette coopération, de la seule responsabilité
du médecin.
Vignette
clinique 2
Emma, infirmière
sans collaboration
Emma est une jeune
infirmière recrutée juste avant l'été
par le service de santé au travail départemental
d'une entreprise de distribution. Après une expérience
lassante dans un petit hôpital et une brève
expérience de remplacement en libéral, elle
a choisi un poste d'infirmière salariée
hors de l'hôpital. Elle côtoie pendant quelques
semaines un médecin du travail avant son départ
en retraite, « avec qui ça se passe très
bien » dira-t-elle, puis assure en fin des vacances
un mois de permanence seule dans le service de médecine
du travail où elle reçoit des salariés
pour des bobos et/ou en attendant qu'ils voient le médecin.
Aucune formation d'Infirmière de santé au
travail n'est programmée, et elle n'est pas demandeuse
elle-même, ne souhaitant pas quitter sa ville pendant
des semaines entières.
Un nouveau médecin du travail, Camille est recrutée
début septembre par le même SST après
quelques années en service inter entreprise. Dans
le service, ses collaborateurs sont Emma, l'infirmière
citée et une secrétaire. Camille a un peu
travaillé avec une infirmière d'entreprise
dans une entreprise de taille moyenne où cette
dernière fait fonction de secrétariat pour
les visites. Le contrat mentionne son autorité
fonctionnelle sur l'infirmière mais aussi la responsabilité
hiérarchique de la responsable des ressources humaines.
Les tâches de l'infirmière ne sont pas clairement
définies et rapidement le médecin du travail
lui affecte l'organisation de réunions de sensibilisation
à la santé publique demandées par
le CHSCT, sur l'alimentation, le sommeil, et même
l'ergonomie des postes de travail. Elle commence à
préparer ce type de prestations mais sans aide
du médecin du travail qui « n'a pas le temps
avec les visites en retard ». Les deux bureaux sont
proches, mais le médecin du travail est toujours
occupé.
La jeune infirmière se lance dans les premières
animations. S'ensuivent des échanges d'écoute
et de conseil personnalisés avec des salariés
demandeurs. Ces initiatives sont qualifiés d'entretiens
infirmiers auxquels le médecin s'oppose. Une substitution
à la secrétaire, absente, lui est demandée.
Rapidement Emma l'infirmière se sent et se dit
en souffrance ; La responsable des ressources humaines
soutient dans ce conflit le médecin du travail.
Et Emma sera en maladie pendant plusieurs mois avec l'impossibilité
de retourner au travail dans ce cadre. Sur les conseils
d'un thérapeute et avec un soutien syndical, elle
porte plainte au prud’homme.
Cette histoire
est caricaturale. La séparation des tâches
ne s'inscrit pas dans la complémentarité
de la mission de médecine du travail, et est incompatible
avec une collaboration constructive.
• Emma
n'a pas de DIUST ni licence santé au travail
ni autre formation IST, et la condition d'une formation
en santé au travail n'est absolument pas posée
au départ, ni reposée par le nouveau médecin
du travail à son arrivée.
• Le recrutement d'une infirmière avant
l'arrivée du nouveau médecin est pour
le moins paradoxale, et en tout cas réalisé
sans questionner la nature et les exigences de la collaboration.
Il est vrai que le service a l'habitude de recruter
des infirmières d'entreprises dans tous les départements.
• Le médecin du travail ne débloque
pas de temps d'échange avec l'infirmière.
• Le médecin du travail ne donne pas à
voir ses pratiques et ses enjeux, sinon sous forme quantitative
et impérative de visites médicales.
• La spontanéité d'écoute
de l'infirmière qui pourrait être considérée
comme un travail de Care pouvant alimenter une collaboration
en santé au travail, est rejetée et interdite
comme empiétant sur la mission du médecin.
• Etc…
En résumé
pas de collaboration vraie, pas de confiance possible.
|
2.4 Confiance, règles
d’intervention, pratiques professionnelles, règles
professionnelles
2.4.1 Quelle forme pour cette collaboration
médecin du travail/Infirmier en santé au travail
? [32]
L'identité professionnelle des infirmiers
et infirmières ne se limite pas à l'exécution
de tâches confiées par le médecin du travail,
ce qui peut entrainer des difficultés dans la construction
de la coopération entre ces deux professions au sein
des services de santé au travail. Si l'arrivée
d'infirmières et d’infirmiers dans les services
est susceptible d'enrichir et d'améliorer la prestation,
cela passe nécessairement par l'affirmation de leur contribution
spécifique ce qui possède un potentiel de déstabilisation
de la position des médecins.
En effet, dans un service de santé au travail, il n'est
pas possible de s'appuyer sur le type de division du travail
qui prévaut à l'hôpital : aux médecins
le diagnostic et le traitement, aux infirmiers le soin et la
globalité des besoins de la personne.
Dans le cas de la santé au travail, la population suivie
n'est à priori pas malade. La dimension du diagnostic
médical repose sur le recueil systématique des
indicateurs de santé en rapport avec le travail par une
écoute active permettant au médecin du travail
d’identifier les difficultés, les souffrances et
les défenses mises en place. Cela permet au salarié
d’accéder lui-même à la compréhension
des situations auxquelles il est confronté. La spécificité
du médecin du travail tient donc à sa capacité
à faire le lien entre les conditions de travail et ses
effets pathologiques sur les individus et à porter un
regard sur la santé du travailleur en prenant le travail
comme grille de lecture en tenant compte de son environnement,
de son activité et du collectif.
Il existe plusieurs conceptions de la médecine
du travail :
- Une conception de la médecine du
travail, fondée sur une approche classique et réglementaire,
s’intéresse aux facteurs de risques en ignorant
les réponses activement produites par le travailleur
considéré comme passif.
- Une autre conception de la médecine
du travail, centrée sur la clinique médicale
du travail [33] , considère le travailleur
comme un sujet en relation avec son environnement de travail
et sa dimension collective et prend en compte les réponses
qu’il déploie face aux sollicitations de son
environnement : les causes sont données mais les réponses
sont activement produites.
Il ne suffit donc pas de désigner les
facteurs de risque pour espérer des transformations,
il faut plutôt analyser les dynamiques qui animent les
individus mais qui peuvent aussi les paralyser. La clinique
médicale du travail postule que la santé se structure
autour du pouvoir d’agir et considère que le sujet
construit son identité à travers des activités
qui participent à l’accomplissement de soi en étroite
interaction avec les autres. Virginia Henderson [34]
, la grande théoricienne des soins infirmiers, évoque
l’assistance visant à « permettre à
celui qui la reçoit d'agir sans recours à l'extérieur
aussi rapidement que possible ». Les cliniques du
travail parlent de l’assistance à la reconstruction
de la capacité à penser, débattre et agir.
Il apparaît donc que les approches cliniques du travail
présentent une grande proximité avec la tradition
infirmière (Jane WATSON, Marie-Françoise COLLIERES).
Les infirmiers peuvent transposer en situation de travail les
besoins fondamentaux définis par Virginia Henderson et
se construire réellement comme infirmiers de santé
au travail, à l’intersection de leur héritage
historique et des approches cliniques de l’activité,
c’est l’approche du care de Molinier. Sur cette
base, elles seraient bien équipées pour aborder
les questions centrales qui se posent aujourd’hui en matière
de santé au travail et apporter une contribution spécifique.
Pour les médecins du travail aborder les questions du
travail en termes d’activité, d’interaction
avec l’environnement et le collectif et de satisfactions
des besoins fondamentaux demande une prise de distance avec
ce qui constitue la base de leurs connaissances c'est-à-dire
la tradition des sciences expérimentales, ne considérant
l’homme que sous son aspect physiologique et impliquant
des relations déterministes entre facteurs et effets.
Pour certains médecins restés sur cette approche,
le développement de l’approche infirmière
est susceptible d’entrainer des tensions, des désaccords
voir des conflits au sein des équipes médicales.
La contribution potentielle des infirmiers est plus acceptable
pour les médecins du travail qui se sont emparés
des acquis de l’ergonomie, de la psychodynamique, de la
clinique de l’activité et de la clinique médicale
du travail.
La Haute Autorité de Santé [35]
a souligné que l'intégration de nouvelles formes
de coopération entre médecins et infirmiers ne
pouvait pas se faire par simple addition mais qu’elle
impliquait une transformation des fonctionnements et des pratiques.
Cette transformation passe par un effort de formation, mais
nécessite aussi un travail de formalisation.
Il est nécessaire d’élaborer des protocoles,
non pas dans le but de fixer les activités et la façon
de les articuler, mais afin de se donner des points de repère
pour penser les nécessaires évolutions du dispositif
et des pratiques pour préserver l’engagement de
la mission règlementaire du médecin du travail.
2.4.2 Comment fonctionner en binôme
?
Le binôme est en mesure de construire
des règles d’intervention en médecine du
travail. Parmi celles-ci, il parait important qu’il s’informe
mutuellement de ce qu’il fait, comment, et où il
le fait, au quotidien. Cette organisation implique un temps
de discussion, de transmission et de coordination important.
Le métier d’infirmier se déploie
aux côtés du médecin, au niveau du binôme
et en coopération. L’exercice professionnel de
l’infirmier en service de santé au travail interentreprises,
pour se déployer, doit pouvoir faire état que
le cadre ayant été défini avec le médecin,
l’infirmier agit en coopération. Toutes les interventions
de celui-ci ont donc un cadre, défini par le binôme.
Ce cadre prévoit les ESTI, les salariés pris en
charge, les actions en milieu de travail, les réunions
de l’équipe médicale et les réunions
de l’équipe pluridisciplinaire. Il y aurait un
danger pour l’infirmier à sortir de ce cadre. A
contrario, le cadre permet au médecin de soutenir l’infirmier
dans le déploiement de ses missions. L’infirmier
doit pouvoir disposer de sécurité dans son exercice,
par la responsabilité revendiquée du médecin,
interlocuteur en responsabilité, de l’employeur,
vis-à-vis du déploiement de son activité
professionnelle.
Lors de l’ESTI, idéalement, le
médecin est présent au cabinet médical
en consultation pendant que l’infirmier est en ESTI. Des
échanges brefs itératifs peuvent ainsi avoir lieu,
le salarié étant présent. Un temps spécifique
réservé à la délibération
sur un cas clinique est à prévoir de la part du
binôme, en plus du point hebdomadaire, le staff.
Les réunions de staff hebdomadaires
programmées et institutionnalisées comprennent
une réunion de l’équipe médicale
et une réunion de l’équipe pluridisciplinaire.
Les réunions du staff médical permettent de passer
en revue les dossiers de salariés vus par l’infirmier
en ESTI, les difficultés rencontrées, les plaintes
collectives dans une entreprise collectées, les résultats
des examens complémentaires… L’infirmier
doit pouvoir joindre le médecin du travail en cas d’urgence.
Les réunions de l’équipe
pluridisciplinaire seront consacrées aux échanges
sur les actions en milieu de travail.
L’exercice en solitude clinique de l’infirmier
ne peut pas être la règle. En cas de travail à
distance, la coopération ne peut exister qu'avec la possibilité
d'échanges et d'interpellations qui évitent à
l'infirmier de se trouver seul devant un lien santé travail
pathogène dont la compréhension, l'accompagnement
et la réponse seront à construire au moins partiellement
avec le médecin du travail.
Pour donner à voir à l’infirmier
comment il travaille, un temps d’accompagnement de l’infirmier
sur l’activité du médecin paraît très
utile sur quelques mois. On pourrait parler de compagnonnage,
bien qu’il s’agisse de deux métiers différents.
Qu’est-ce que le compagnonnage ? Il s’agit
d’une technique d’apprentissage qui permet la transmission
de savoirs par l’observation, l’écoute et
les échanges. Elle implique que l’infirmier ait
accès au dossier médical et doit respecter une
chronologie d’apprentissage comportant trois phases distinctes
:
- Dans la première phase : le médecin
du travail effectue son entretien avec l’infirmier
- Dans une deuxième phase : l’infirmier réalise
l’ESTI devant le médecin
- Dans la troisième phase, l’infirmier réalise
l’ESTI seul et en synthétise le contenu selon
un protocole pré défini dans l’équipe.
Toutes les informations collectées dans l’entretien
seront consignées dans le dossier médical.
Cette technique nécessite l’écriture
de monographies ou cas cliniques, à discuter avec le
médecin, permettant d’apprendre à faire
les liens santé travail et à donner du sens au
recueil des données de l’ESTI.
Vignette
clinique 3
Cindy, infirmière
en confiance et échanges mutuels
Cindy a postulé
au poste d'infirmière en santé au travail
dans un service inter entreprise d'une dizaine de médecin,
après 5 ans de travail dans un hôpital qu'elle
a dû quitté pour un rapprochement Géographique.
Elle est affectée au suivi des salariés
de deux médecins dont l'un le médecin A
était présent à l'entretien de recrutement.
Une formation avec l'AFOMETRA est programmée dès
la 3ème semaine après son embauche. Elle
passe les deux premières semaines en grande partie
en observation dont une grande partie avec le médecin
A . C'est pour elle une découverte intéressante
mais angoissante.
Dès le 2ème mois avant la fin de la formation
IST, Cindy commence des ESTI, qui sont planifiés
4 jours sur 5 pour les effectifs de deux médecins,
dont 3 jours sur 4 pour le médecin A (Armel)
Elle a en moyenne 6 ESTI par demi-journée et reçoit
les salariés dans un bureau du centre où
travaille le docteur A à plein temps, et commence
essentiellement par des employés de magasins après
deux heures d'échange et d'écriture d'un
guide avec le Docteur A. Dès le premier jour elle
peut faire appel, avec la complicité de la secrétaire,
plusieurs fois au docteur A qui est présent, décide
et la rassure.
Elle apprécie ces entretiens avec les salariés
avec qui elle a l'impression que le courant passe bien
et elle se sent utile par le dialogue, les dossiers qu'elle
remplit et des conseils qu'il est convenu qu'elle donne.
C'est chaque fois une découverte de personnes et
de leur travail.
Tous les soirs, au début, le médecin A lit
les dossiers et laisse quelques remarques encourageantes.
Au fil du temps la lecture des dossiers par le médecin
A est moins exhaustive mais constante pour les transmissions
ciblées, et à chaque nouvelle catégorie
de salariés découverte par Cindy.
Chaque semaine une réunion est tenue en début
de semaine, où en deux heures les cas délicats
sont rappelés, le médecin A lui fait part
des suites pour les salariés qu'il a revus après
l'IST, et où à la fin la secrétaire
assistante est associée pour l'organisation.
Cindy ne travaille
qu'un quart de son temps pour des ESTI d'effectifs salariés
du médecin B (comme Berny) qui lui-même partage
sa présence à mi-temps sur ce site et dans
une autre ville à une vingtaine de kilomètres.
Cindy s'est vite rendu compte que le Docteur B était
beaucoup plus difficilement disponible pour répondre
à une demande au cours d'une ESTI. Entre eux deux,
une réunion n'est organisée qu'une fois
par mois pour faire le point, où certes les cas
signalés et transmis sont lus, mais avec l'impression
de moins d'échange, moins de discussion et moins
d'explication. En fait au bout de presqu'un an elle pratique
les ESTI pour les salariés du Dr B comme pour ceux
du Dr A mais avec une auto restriction, une auto censure
pour toute initiative et avec une insatisfaction de travail
non fini....
|
2.5 Travailler sur les
pratiques professionnelles. Le travail en groupe de pairs
2.5.1 Définition de l’analyse
des pratiques professionnelles [36]
La notion d'analyse des pratiques désigne
une méthode de formation ou de perfectionnement fondée
sur l'analyse d'expériences professionnelles, récentes
ou en cours, présentées par leurs auteurs dans
le cadre d'un groupe composé de personnes exerçant
la même profession. Elle est utilisée le plus souvent
dans des métiers comportant une composante relationnelle
prédominante, professions du soin, de l'éducation,
de la formation et dans le champ social plus largement. L'analyse
des pratiques repose sur le postulat que l'expérience
professionnelle est source de construction de savoirs.
2.5.2 Les pratiques professionnelles en
santé au travail
Si le binôme travaille du point de vue
de la clinique médicale du travail, en prenant le travail
comme grille de lecture, la collaboration peut se faire en déployant
des repères et règles de métier déjà
construits de ce côté et avec l’aide éventuelle
des groupes de pairs respectifs.
Il peut exister des pratiques professionnelles différentes
d’un médecin à un autre. Il y a une difficulté
professionnelle éventuelle pour un infirmier, à
travailler avec deux médecins du travail s’il doit
alterner ses collaborations entre deux systèmes de règles
professionnelles et normes, portés par chaque médecin.
C’est pourquoi le travail en collaboration médicale
est à considérer de la part du binôme, un
médecin/un infirmier.
Au travail, chacun trie, fait des choix, se
donne des priorités. Est-il possible de les exposer en
petit comité, devant un groupe de pairs ? Chacun contribue
dans le groupe à repérer en les exposant, quelles
sont ses propres pratiques, quelles sont les règles professionnelles
mises à contribution et proposées à la
dispute professionnelle. D’où l’importance
pour des médecins et les infirmiers de pouvoir débattre
des pratiques professionnelles en groupe de pairs.
Dans des groupes de pairs ponctuels d'infirmiers
en santé au travail, on peut parfois entendre comment
des infirmiers étaient en souffrance parce qu'ils (elles)
ne partageaient pas ou ne comprenaient pas la réponse
d'un médecin ou sa non réponse face à des
atteintes à la santé de travailleurs dont ils
(elles) avaient alerté le médecin du travail.
Les repères échangés par les pair(e)s lors
de ces séances à partir d'exemple se révélaient
essentiels pour ne pas rester dans le non-dit d'un désaccord
ou une incompréhension. La forme et la qualité
des transmissions ciblées au médecin du travail
peuvent y être travaillées, ainsi que l'information
au salarié de la nature de l'interpellation au médecin.
Concernant des repères pour la pratique,
l’élaboration de règles professionnelles,
le métier d’infirmier en service interentreprises
est en construction, de la seule responsabilité des infirmiers.
Quelles règles de métier sont transposables à
partir du métier d’infirmier de soin ? Quelle est
la place du « care » ? Et de quel care parlons-nous
? Tout comme les médecins, en délibérer
en groupe de pairs infirmier est un soutien pour analyser les
pratiques professionnelles des IST, dégager des repères
pour celles-ci, et les améliorer dans le cadre prévu
du DPC.
Dispute
professionnelle-2
Travailler en confiance,
dans un cadre règlementaire connu et analysé
au regard des pratiques
Travailler en confiance,
dans un cadre règlementaire connu et analysé
au regard des pratiques
-
Quelles sont
les éléments d’une collaboration
respectueuse dans le cadre de l’ESTI entre IST
et médecin du travail ? Quelles règles
pour un compagnonnage réussi ?
-
Les membres
de l’équipe médicale relèvent
du code de la santé publique. Y-en-a-t-il d’autres
que l’IST et le médecin du travail ?
-
Quelles disputes
professionnelles, les IST pourraient discuter en priorité
en groupe de pairs collaboratifs avec les médecins
du travail ?
|
________________________________________
13-Article
L4622-8 : Les missions des services de santé au travail
sont assurées par une équipe pluridisciplinaire
de santé au travail comprenant notamment des médecins
du travail, des intervenants en prévention des risques
professionnels et des infirmiers. Ces équipes peuvent
être complétées par des assistants de services
de santé au travail et des professionnels recrutés
après avis des médecins du travail. Les médecins
du travail animent et coordonnent l'équipe pluridisciplinaire.
14-Article
R4623-1 : Le médecin du travail est le conseiller
de l'employeur, des travailleurs, des représentants du
personnel et des services sociaux, notamment sur :
1° L'amélioration des conditions de vie et de travail
dans l'entreprise ;
2° L'adaptation des postes, des techniques et des rythmes
de travail à la santé physique et mentale, notamment
en vue de préserver le maintien dans l'emploi des salariés
;
3° La protection des travailleurs contre l'ensemble des
nuisances, et notamment contre les risques d'accidents du travail
ou d'exposition à des agents chimiques dangereux ;
4° L'hygiène générale de l'établissement
;
5° L'hygiène dans les services de restauration ;
6° La prévention et l'éducation sanitaires
dans le cadre de l'établissement en rapport avec l'activité
professionnelle ;
7° La construction ou les aménagements nouveaux ;
8° Les modifications apportées aux équipements
;
9° La mise en place ou la modification de l'organisation
du travail de nuit.
Afin d'exercer ces missions, le médecin du travail conduit
des actions sur le milieu de travail, avec les autres membres
de l'équipe pluridisciplinaire dans les services de santé
au travail interentreprises, et procède à des
examens médicaux.
15-L’Article
R4623-14 : Le médecin du travail assure personnellement
l'ensemble de ses fonctions, dans le cadre des missions définies
à l'article R.
4623-1. Elles sont exclusives de toute autre fonction dans
les établissements dont il a la charge et dans le service
interentreprises dont il est salarié.
Toutefois, le médecin du travail peut confier certaines
activités, sous sa responsabilité, dans le cadre
de protocoles écrits, aux collaborateurs médecins,
aux internes, aux candidats à l'autorisation d'exercice,
aux infirmiers, aux assistants de service de santé au
travail ou, lorsqu'elle est mise en place, aux membres de l'équipe
pluridisciplinaire. Pour les professions dont les conditions
d'exercice relèvent du code de la santé publique,
ces activités sont exercées dans la limite des
compétences respectives des professionnels de santé
déterminées par les dispositions de ce code
16-Article
R4623-29 : L'infirmier recruté dans un service de
santé au travail est diplômé d'Etat ou a
l'autorisation d'exercer sans limitation dans les conditions
prévues par le code de la santé publique. Si l'infirmier
n'a pas suivi une formation en santé au travail, l'employeur
l'y inscrit au cours des douze mois qui suivent son recrutement
et favorise sa formation continue.
17- Article
R4623-30 : Dans le respect des dispositions des articles
R. 4311-1 et suivants du code de la santé publique, l'infirmier
exerce ses missions propres ainsi que celles définies
par le médecin du travail, sur la base du protocole mentionné
à l'article R. 4623-14 du présent code.
18-Article R4623-31
: Un entretien infirmier peut être mis en place pour
réaliser les activités confiées à
l'infirmier par le protocole prévu à l'article
R.
4623-14. Cet entretien donne lieu à la délivrance
d'une attestation de suivi infirmier qui ne comporte aucune
mention relative à l'aptitude ou l'inaptitude médicale
du salarié.
19-Article R4623-35
: L'infirmier est recruté après avis du ou des
médecins du travail.
20-Article R4623-36:
Les missions de l'infirmier sont exclusivement préventives,
à l'exception des situations d'urgence
21-Code de la
santé publique : articles R4311-1 à R4311-15
22-Article
R4311-3 : Relèvent du rôle propre de l'infirmier
ou de l'infirmière les soins liés aux fonctions
d'entretien et de continuité de la vie et visant à
compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution
d'autonomie d'une personne ou d'un groupe de personnes.
Dans ce cadre, l'infirmier ou l'infirmière a compétence
pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu'il juge
nécessaires conformément aux dispositions des
articles R.
4311-5, R. 4311-5-1 et R. 4311-6. Il identifie les besoins
de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs
de soins, met en œuvre les actions appropriées et
les évalue….
Article R4311-5 : Dans le cadre de son rôle propre,
l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes ou dispense
les soins suivants visant à identifier les risques et
à assurer le confort et la sécurité de
la personne et de son environnement et comprenant son information
et celle de son entourage :
- Soins et procédés visant à assurer l'hygiène
de la personne et de son environnement
- Surveillance de l'hygiène et de l'équilibre
alimentaire
- Dépistage et évaluation des risques de maltraitance
;
- Entretien d'accueil privilégiant l'écoute de
la personne avec orientation si nécessaire
- Aide et soutien psychologique ;
- Observation et surveillance des troubles du comportement.
- Recueil des observations de toute nature susceptibles de concourir
à la connaissance de l’état de santé
de la personne…
Article R4311-6 : Dans le domaine de la santé
mentale, outre les actes et soins mentionnés à
l'article R. 4311-5, l'infirmier ou l'infirmière accomplit
les actes et soins suivants :
- Entretien d'accueil du patient et de son entourage ;
- Activités à visée sociothérapeutique
individuelle ou de groupe ;
Article R4311-15 : Selon le secteur d'activité
où il exerce … et en fonction des besoins de santé
identifiés, l'infirmier ou l'infirmière propose
des actions, les organise ou y participe dans les domaines suivants
:
- Dépistage, prévention et éducation en
matière d'hygiène, de santé individuelle
et collective et de sécurité ;
- Dépistage … des maladies professionnelles, des
pratiques addictives
23-
Article R4312-4 : « Le secret professionnel s’impose
à tout infirmier ou infirmière et à tout
étudiant infirmier dans les conditions établies
par la Loi. Le secret couvre non seulement ce qui lui a été
confié, mais aussi ce qu’il a vu, lu, entendu et
compris. L’infirmier ou l’infirmière instruit
ses collaborateurs de leurs obligations en matière de
secret professionnel et veille à ce qu’ils s’y
conforment. »
24-Article
R4312-9 : précise l'obligation d'indépendance
des infirmiers : "L'infirmier ou l'infirmière ne
peut aliéner son indépendance professionnelle
sus quelque forme que ce soit. Il ne peut notamment accepter
une rétribution fondée sur des obligations de
rendement qui auraient pour conséquences une restriction
ou un abandon de cette indépendance »
25-Article
R4312-14 : « L’infirmier est personnellement
responsable des actes professionnels qu’il est habilité
à effectuer… »
26-Article
R4312-49 : « Le fait pour un infirmier ou une infirmière
d’être lié dans son exercice professionnel
par un contrat ou un statut à un employeur privé,
une administration, une collectivité ou tout autre organisme
public ou privé n’enlève rien à ses
devoirs professionnels
27-Recommandations
du CNOM : Rapport adopté lors de la session du Conseil
national de l’Ordre des médecins du 17 juin 2011
28-Circulaire
DGT du 9 novembre 2012 relative à la mise en œuvre
de la réforme de la médecine du travail et des
services de santé au travail
29-Van
Belleghem, L. (2013) Réciprocité des enjeux de
confiance au travail - Le cas des coursiers et de leur dispatcheur.
Dans L. Karsenty (coord.), La confiance au travail. Toulouse,
Octarès (p.53-75)
30-Van
Belleghem L., De Gasparo S. & Gaillard I. (2013) Le développement
de la dimension psychosociale au travail. Dans P. Falzon. (coord.),
Ergonomie constructive. Paris, PUF.
31-DAVEZIES
P (1993), éléments de psychodynamique du travail,
Education Permanente N° 116, 1993-3, p 33-46
32-DAVEZIES
P, (2010), intérêt et difficultés de l’insertion
des infirmières dans les services inter-entreprises de
santé au travail, Revue du Journal des Professionnels
de Santé au Travail, numéro 5, numéro spécial,
p 14-16
33-Davezies
Ph., Deveaux A., Torres Ch, (2006) Repères pour une clinique
médicale du travail. Arch Mal Prof 2006 ; 67: 119-125
34-http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatorze_besoins_fondamentaux_selon_Virginia_Henderson
35-http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_497724/delegation-transfert-nouveaux-metiers-commentfavoriser-les-formes-nouvelles-de-cooperation-entre-professionnels-de-sante
36-http://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_des_pratiques_professionnellesart_829_42394.html
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SEQUENCE 3
3- Coopération de
l’équipe médicale et protocoles. Qu’est
ce que ça veut dire de travailler ensemble ? Quel serait
le rôle du protocole pour cela ?
La collaboration d’appui de l’infirmière
au médecin du travail, est subordonnée à
une compréhension partagée des règles et
obligations réglementaires du métier de médecin
du travail.
3.1- Le médecin du
travail confie ou délègue l’ESTI à
l’infirmière santé travail ?
La coopération, ou action de participer
à une action ou une œuvre commune qui repose sur
la responsabilité de chacun, est caractéristique
de la pratique des professions de santé. Ce terme, générique,
comporte plusieurs modalités dont la délégation
et le transfert.
La délégation est une notion tirée de la
jurisprudence : c’est un acte juridique par lequel une
autorité appelé le déléguant se
dessaisit d’une partie des pouvoirs qui lui sont conférés
et les transfère à une autre autorité subordonnée
appelé le délégataire. Le délégataire
assume alors les obligations et les responsabilités liées
aux pouvoirs qui lui ont été délégués.
En cas de manquement de sa part, le délégataire
sera responsable en lieu et place du déléguant.
Au regard du droit, les actes des membres de l’équipe
médicale sont encadrés par les textes du code
de la santé publique et du code du travail : le médecin
ne peut pas déléguer des actes qu’il est
le seul à pouvoir réaliser selon la loi. Cependant
l’article 51 de la loi N° 2009-879 du 21 juillet 2009
dite loi « Bachelot » a introduit la coopération
entre professionnels de santé qui est retranscrite à
l’article L4011-1 [37] du code de la
santé publique
L’article L4623-1 [38] du code du travail
précise qu’un diplôme spécial est
obligatoire pour exercer les fonctions de médecin du
travail et l’article R. 4623-14 [39]
du même code précise d’’une part que
le médecin du travail assure personnellement l'ensemble
de ses fonctions, dans le cadre des missions définies
à l'article R. 4623-1, mais d’autre part qu’il
peut confier certaines activités sous sa responsabilité
dans le cadre de protocoles écrits aux infirmiers dans
le respect du code de la santé publique.
Selon l’article R4623-31 [40], l’ESTI
fait partie des activités confiées à l’infirmièrè
sous protocole.
3.2- Cadre de l’exercice
pour le Travailler ensemble au sein de l’équipe
médicale
La prise en compte du point de vue exclusif
de la santé au travail structure les collaborations en
clinique médicale du travail pour l’équipe
médicale du travail. Cette collaboration dans l’intérêt
de la santé des agents repose sur la confiance assise
sur des valeurs et règles professionnelles partagées.
Collaboration ou coopération, col laborer (labor) et
co opérer (opus). Les deux termes sont proposés
par la HAS (protocole de collaboration). Mais le mot coopérer
est généralement réservé au «
travailler ensemble » au sein d’un même métier.
Quelles pratiques et règles professionnelles,
déployer, règles professionnelles du médecin,
règles professionnelles de l’infirmière,
règles de fonctionnement du binôme ?
Médecin et infirmière sont chacun en exercice
de première ligne, en prévention primaire. L’IST
dispose comme le médecin d’un cadre légal
et règlementaire qui fait que son exercice est exclusivement
préventif comme le médecin.
Une remarque peut être faite à
ce niveau. Le métier d’infirmière est défini
par l’art L 4311-1 du code de santé publique qui
s’applique par conséquent à l’infirmière
de santé au travail dont l’exercice n’est
pas considéré comme une spécialité.
Le code du travail consacre à la profession
quatre articles qui sont des règlements [41].
Cependant L’infirmière n’est jamais interpellée
en tant que professionnelle dans le code du travail.
L’interlocuteur exclusif de l’employeur et des salariés
reste exclusivement le médecin du travail, que ce soit
vis-à-vis de préconisations sur le poste de travail,
la veille ou l’alerte.
Le médecin du travail « assure
personnellement » ses fonctions (R.4623-14). Il exerce
ses missions en responsabilité personnelle encadrée
par la déontologie, le code de la santé publique
et le droit du travail et est soumis à un double contrôle
social et administratif. Il engage sa responsabilité
dans ce qu’il déclare et écrit. Dans l’équipe
médicale le médecin du travail est responsable
personnellement de la « mission réglementaire »
; Responsabilité civile et pénale.
En droit, seul membre de l’équipe médicale,
le médecin du travail bénéficie du statut
de salarié protégé. Ce statut lui permet
d’intervenir dans ses missions en contribuant à
asseoir son indépendance face aux pressions qu’il
pourrait rencontrer, notamment vis-à-vis d’employeurs.
Mais il doit en même temps pouvoir se montrer garant de
l’activité de l’IST avec laquelle il coopère.
Au-delà de son intervention propre,
quand il « confie certaines activités »,
avec un cadre défini à l’IST [42],
ces dernières se déploient sous sa responsabilité.
Un cadre défini est nécessaire à l’IST
pour protéger le champ de son intervention.
Toutes les interventions de l’infirmière doivent
avoir un cadre. L’IST doit pouvoir faire état que
le cadre ayant été défini avec le médecin,
ce dernier lui a confié certaines activités dont
il reste responsable.
Il y aurait un danger pour l’infirmière à
sortir de ce cadre. Disposer de protocoles est donc nécessaire
au déploiement de l’activité de l’IST
au sein de l’équipe médicale.
3.3- Les Protocoles
3.3-1. Chaque Protocole engage la responsabilité
du médecin
Le cadre du protocole permet au médecin
de soutenir l’intervention de l’infirmière
dans le déploiement de ses activités. Le terme
de délégation n’est pas employé par
le droit. Il s’agit de protocoles de coopération.
Le cadre du protocole permet au médecin de soutenir l’intervention
de l’infirmière dans le déploiement de ses
missions.
C’est au médecin du travail de rappeler si nécessaire
aux employeurs et à la direction du SIE que le cadre
de son intervention ayant été défini par
le médecin, l’IST exerce ses activités dans
le cadre de chaque protocole, même dans son rôle
propre. Le service IE ne peut prétendre intervenir sur
le contenu.
Un cadre général au protocole peut se construire
au niveau collectif d’un service. Dans un SST, les fondations
d’un tel protocole auraient intérêt à
être « discutées » par plusieurs collectifs
de « médecins-infirmiers ». Le protocole
engageant la responsabilité du médecin, il lui
est opposable juridiquement. Son absence engagerait aussi sa
responsabilité. Le médecin ne doit donc écrire
dans le protocole que ce qu’il peut soutenir, en croisant
les dimensions de métier et les dispositions légales
et règlementaires de son activité.
3.3-2. Le Protocole relatif à l’ESTI
L’ESTI fait l’objet d’un
protocole particulier. Il est réalisé sous la
responsabilité du médecin du travail nommément
désigné (article R 4623-14 et R4623-30 du Code
du travail). L’ESTI contribue à la mission de suivi
médical individuel et collectif, de veille et d’alerte
du médecin du travail. L’entretien est totalement
dégagé de la détermination d’avis
d’aptitude.
L’ESTI est un entretien du salarié au regard de
son poste de travail dont l’objectif exclusif est la santé.
Il prend la forme - Le protocole peut en faire mention - d’un
questionnement sur la santé en rapport avec le travail
mené en clinique médicale du travail plutôt
qu’une collecte organisée à partir de questionnaires.
Il s’appuie sur une approche clinique du salarié
dans son travail et de sa parole, qui confère la capacité
à organiser et à mettre en lien les déclarations
de la personne avec les situations de travail et les rapports
sociaux de travail.
L’ESTI investigue le travail et ses aléas vis-à-vis
de la santé, explore le lien Santé-Travail et
aboutit à une contribution de l’IST au travail
clinique du binôme. La prévention primaire en est
l’objectif. Elle passe par le soutien au pouvoir d’agir
du salarié. Il s’agit pour l’IST d’une
recherche de compréhension et d’analyse de ce qui
fait difficulté dans le travail du salarié, prenant
en compte le point de vue de ce dernier.
Prenons un exemple de protocole rédigé
pour la pratique d’ESTI,
« Le protocole sur l’ESTI est rédigé
conjointement avec l’infirmière sous la responsabilité
du médecin du travail.
L’entretien de clinique médicale du travail est
conduit par l’infirmière sous la responsabilité
du médecin du travail.
Le médecin du travail est présent dans le centre
médical. L’échange sur la santé du
salarié permet de prendre ensemble les dispositions relatives
à la santé du salarié ainsi que l’édition
éventuelle des examens complémentaires ou la décision
d’une visite du poste.
Une vaccination peut être proposée et réalisée
sous la responsabilité du médecin et en accord
avec lui.
Les examens complémentaires en relation avec les risques
identifiés aux postes font l’objet d’une
ordonnance dont la fréquence est établie selon
un calendrier semestriel ou annuel avec un échéancier.
L’édition d’une attestation de suivi conclut
l’examen et programme l’examen futur. »
Commentaire
La mise en place d’ESTI demande une coopération
spécifique, particulière à l’équipe
médicale, entre médecin et infirmière.
Le protocole est un écrit qui trace la coopération
entre les deux métiers du pôle clinique.
Chaque protocole est rédigé par le médecin
du binôme, en collaboration avec l’infirmière.
Sa rédaction est particulière pour chaque équipe
médicale et tient compte des conditions de l’exercice
de l’équipe médicale, par exemple, binôme
médecin-IST en service autonome ou inter, binôme
deux IST-médecin ; ou encore infirmière temps
plein dans une entreprise dont le médecin inter-entreprises
ne s’y rend que périodiquement.
Le cadre écrit des traces des ESTI est borné :
- par des règles de métier discutées
entre IST,
- par le protocole du médecin du travail,
- par le travail en collaboration,
- selon les recommandations générales définies
par la HAS.
3.3-3. Quel contenu d’un Protocole
d’ESTI ?
« L’article 51 de la loi HPST du
21 juillet 2009 permet la mise en place, à titre dérogatoire
et à l’initiative des professionnels sur le terrain,
de transferts d’actes ou d’activités de soins
et de réorganisations des modes d’interventions
auprès des patients. Ces initiatives locales prennent
la forme d’un protocole de coopération qui est
transmis à l’ARS. Celle-ci vérifie la cohérence
du projet avec le besoin de santé régional, avant
de le soumettre à la validation de la HAS ».
La mise en œuvre d’un protocole de coopération
nécessite une formation pour le(s) délégué(s).
Cette formation permet au professionnel de santé délégué
d’acquérir les compétences nécessaires
pour réaliser l’acte(s) de soin ou l’activité(s)
dérogatoire(s) aux conditions légales d’exercice.
L’élaboration d’un protocole
d’ESTI concerne exclusivement l’équipe médicale
MduT – IST, ou les équipes médicales dans
le cas où plusieurs médecins du travail ayant
une solide expérience d’échange de pratique
entre pairs souhaiteraient travailler ensemble à l’élaboration
et à l’évolution de ces protocoles de coopération
avec des IST elles-mêmes engagées dans des groupes
d’échange de pratique.
Le protocole doit être assez souple et ne peut être
standardisé dans son contenu, toutefois une trame générale
peut être suivie.
Il sera signé par le médecin du travail y engageant
sa responsabilité personnelle. Une direction de SST n’a
pas à intervenir dans cette élaboration ; toute
intervention pourra être considérée comme
une atteinte à l’indépendance du médecin
du travail.
Dans le cadre de l’ESTI, il n’y
a pas de délégation d’activité ni
de délégation d’acte dérogatoire
aux conditions légales d’exercice. Il s’agit
d’une réorganisation du mode d’intervention
auprès des salariés. Cette réorganisation
n’est pas à l’initiative des professionnels
de santé mais proposée par le législateur.
Les professionnels concernés, médecin
du travail et infirmière en santé au travail,
exercent dans un cadre règlementaire particulier : le
médecin du travail assure personnellement l'ensemble
de ses fonctions, dans le cadre des missions définies
à l'article R. 4623-1. Elles sont exclusives de toute
autre fonction dans les établissements dont il a la charge
et dans le service interentreprises dont il est salarié.
Toutefois, le médecin du travail peut confier certaines
activités, sous sa responsabilité, dans le cadre
de protocoles écrits, aux infirmiers, aux assistants
de service de santé au travail ou, lorsqu'elle est mise
en place, aux membres de l'équipe pluridisciplinaire.
Pour les professions dont les conditions
d'exercice relèvent du code de la santé publique,
ces activités sont exercées dans la limite des
compétences respectives des professionnels de santé
déterminées par les dispositions de ce code.
Les conseils d’élaboration des
protocoles de coopération de la HAS concernant la formation
initiale et la formation continue nécessaire au maintien
des compétences, l’analyse de la mise en œuvre
du protocole, l’organisation de staffs réguliers
pour l’analyse de dossiers ou d’évènements
indésirables, constituent des outils intéressants
pour l’équipe médicale.
Le législateur a prévu la nécessité
de la formation initiale pour les IST, ou d’une formation
qui doit intervenir dans le courant de l’année
qui suit le recrutement.
A- A quels questionnements devrait répondre
le protocole ?
L’analyse systématique des évènements
indésirables constitue un des points importants du protocole,
car ils constituent le plus souvent, d’une part des pistes
d’amélioration dans le fonctionnement de l’équipe
médicale, d’autre part des éléments
d’analyse d’une situation de travail.
Un Protocole peut donc :
- Préciser les modalités d’un éventuel
tutorat.
- Préciser quel est le médecin du travail responsable
pour tel « effectif » de salariés concernés
par ce protocole.
- Préciser le temps nécessaire pour mener un ESTI
dans de bonnes conditions, au minimum ½ h.
- Préciser les modalités pour revoir le salarié
en ESTI complémentaire, avec ou sans le médecin
du travail
- Préciser que le médecin du
travail donne son accord pour l’écriture au DMST
de l’IST et à quelles conditions
- Préciser ce qui serait instruit et alimenté
par le médecin du travail et l’IST dans le respect
du secret professionnel et dans la limite de ce qui est strictement
nécessaire à l’exercice de leur mission.
- Préciser les grandes règles de l’écriture
au DMST : les écrits doivent être factuels, sans
jugement, ils doivent faire ressortir comment le salarié
vit son travail, ce qui fait sens pour lui et les éléments
précisant le lien santé travail des évènements
de santé repérés.
- Préciser, si le dossier médical n’est
pas accessible temporairement à l’IST, s’il
y a une possibilité de retranscrire l’ESTI sur
une feuille de papier libre qui devient de facto élément
du DMST, et la façon dont le contenu y sera réintégré.
- Préciser les modalités concernant
les examens cliniques. Par exemple :
- l’IST voit les salariés en visite périodique,
seulement si le médecin du travail a déjà
réalisé une visite périodique ou d’embauche
et si l’infirmière connait les conditions de
travail des salariés en ayant visité l’entreprise.
- ’IST fera un suivi en alternance avec les visites
d’aptitude du médecin du travail.
- Préciser, les conditions de l’orientation
du salarié vers le médecin du travail après
l’ESTI :
- Lorsque le salarié le demande.
- Dans tous les cas où un problème de travail
ou de santé est soulevé, et alors le médecin
responsable doit en être informé.
- Préciser les modalités d’orientation
médicale en urgence, concernant le médecin traitant
en cas d’urgence et en l’absence du médecin
du travail sur place
- Préciser les modalités d’informations
de l’IST concernant « le médecin du travail
remplaçant » au sens règlementaire, en cas
d’absence du médecin du travail en titre.
- Préciser les examens que l’IST
a la latitude de déployer et sur quels critères
:
- systématiquement,
- selon les surveillances renforcées,
- selon certaines situations médicales.
- Préciser les moments de rencontre
MduT – IST :
- les modalités des staffs réguliers pour discuter
de l’activité d’ESTI et des problèmes
rencontrés,
- qu’en cas de difficultés, il est nécessaire
d’en discuter plus rapidement, et selon quelles modalités.
B- Quels éléments du contenu
professionnel de l’ESTI intégrer dans son Protocole
?
L’ESTI contribue à mettre en
visibilité le lien santé - travail (compréhension
des situations de travail via l’analyse médicale
du travail).
L’IST a un rôle d’information et de sensibilisation
sur l’hygiène et la sécurité en général,
sur le poste de travail occupé et sur les risques. Il
peut dans ce cadre apporter des conseils sur l’aménagement
des postes de travail et des risques encourus, sur les règles
hygiéno-diététiques en rapport, sur le
port des EPI (caractéristiques, limites, type, maintenance),
sur la mise à jour des vaccinations etc.
Recueillir des éléments médicaux
personnels contextuels
- Le recueil des antécédents familiaux est
à écrire avec une perspective d’introduction
et d’instruction du lien santé-travail. Ces renseignements
peuvent présenter un intérêt pour l’éventualité
de l’existence de maladies héréditaires
ou de terrains familiaux qui peuvent avoir des liens avec les
effets de certaines expositions, un asthme familial par exemple,
mais doivent être interprétés avec le médecin
avec une grande prudence.
- Le recueil des éléments concernant les enfants.
Ces renseignements n’ont d’intérêt
que pour nouer un contact de confiance, de prise en compte globale
du déroulement d’une vie d’une personne que
l’on suivra plusieurs années.
- Le recueil des antécédents personnels médicaux
et chirurgicaux déclaratifs, datés si possible.
- Lorsqu’un salarié apporte des résultats
d’examens (radiographie, IRM, scanner, etc), faire la
copie du compte-rendu pour le mettre dans le dossier de médecine
du travail. Même chose pour des CR opératoires.
Recueillir des éléments du
Curriculum Laboris
Il est impossible pour l’IST de recueillir l’ensemble
des éléments de risques professionnels d’une
carrière professionnelle. Ce qui est important est de
commencer à repérer temporellement les différents
métiers déployés et les tâches et
activités professionnelles qui y ont été
effectués. Pour certaines activités, des grilles
de questionnement pourront aider à interroger le salarié
de façon pertinente. Ces éléments pourront
être rattachés à des « fiches de poste
source » pour en repérer la possibilité
de facteurs de risque en termes de conditions environnementales
ou organisationnelles de travail.
La consultation IST adossée à
la clinique du travail
Situer l’entreprise, le secteur professionnel,
Situer le Poste de travail : nature du contrat, horaires prescrits
et horaires réels de travail, congés hebdomadaires,
Prendre connaissance du travail prescrit.
Investiguer les questions concernant le travail, l’activité
déployée, c’est-à-dire le travail
réel du salarié, en faisant raconter des éléments
d’activité sous forme de récit très
concret:
- comment vous y prenez-vous ?
- avec quoi travaillez-vous ?
- seul ou avec qui ?
- où ?
- à quel rythme ?
- les pauses ?
- quelles satisfactions ?
- qu’est-ce qui ferait difficulté éventuellement
dans le travail ?
- questionner la qualité des rapports sociaux : rapports
avec les collègues, la hiérarchie.
Important : éclairer les plaintes aux
rapports éventuels avec le travail, au « faire
».
Questions médicales
- Interroger sur les événements
de santé survenus depuis le dernier entretien et la date
de leur survenue (arrêt de travail, date et durée).
- Interroger sur les symptômes actuels (douleurs, gêne
pour…, sommeil, digestif, humeur, etc…).
- Examens complémentaires faits au cabinet médical
ciblés en fonction du travail ou d’éléments
médicaux justifiant leur nécessité et à
partir de protocoles.
- Biométrie en général. Comparaisons, évolutions.
- Interroger sur la consommation de tabac, alcool, prise de
médicaments ou autres substances, pour permettre d’en
investiguer le lien avec le travail.
L’IST doit pouvoir donner des conseils de prévention
individuels essentiellement en rapport avec le poste de travail
(sommeil, protection individuelle contre les risques professionnels,…)
et éventuellement avec l’hygiène de vie
confrontée aux contraintes du travail, notamment alimentaires,
addictions, ….
Remise de la fiche de suivi
Le SST y est toujours identifié, le nom du médecin
du travail toujours indiqué.
Cette fiche ne doit en aucun cas prêter à confusion
avec celle rédigée par le médecin du travail.
Il ne doit en aucun cas être fait mention d’aptitude.
Les préconisations antérieures éventuelles
du médecin du travail ne peuvent y être modifiées.
3.3-4. Protocole de l’exercice infirmier
en AMT
Les protocoles de l’exercice infirmier, protègent
son exercice en conférant un cadre par le médecin
du travail, au champ d’intervention de l’IST: Action
en Milieu de Travail (AMT), recueil de données, veille,
alerte.
- Préciser l’organisation de l’Action en
Milieu de Travail de l’infirmière en rapport
avec les ESTI :
- modalités d’intervention dans les entreprises
avec ou sans le médecin du travail,
- participation au CHSCT avec le médecin du travail
et avec l’accord des membres du CHSCT
- éducation pour la santé, sensibilisation des
salariés : le choix des thématiques est à
définir en fonction des priorités de l’équipe
médicale, le contenu de l’intervention se fait
en collaboration MDT/IST
Exemple de PROTOCOLE d’intervention de
l’IST en milieu de travail (AMT):
« L’Action en Milieu de Travail a exclusivement
pour objet la santé des salariés et l’amélioration
des conditions de travail.
Le protocole d’action en milieu de travail (AMT) sous
la responsabilité du médecin du travail est rédigé
avec l’infirmière.
L’action, qu’elle soit conjointe avec le médecin
ou non, ou associant d’autres membres de l’équipe
pluridisciplinaire, est programmée avec le médecin
et l’infirmière et, le cas échéant,
avec l’équipe pluridisciplinaire. Elle est placée
sous la responsabilité du médecin du travail.
Un compte rendu est remis à l’employeur et le CHSCT
ou à défaut, aux DP.
Une note portant sur l’action en milieu de travail et
identifiée, est datée et figure dans le dossier
commun partagé avec l’équipe pluridisciplinaire.
»
Vignette
clinique 4
Monsieur R,
entreprise de thermo-laquage
L’infirmière
débutant en santé travail est en formation
d’ESTI, le médecin l’accompagne pour
cet entretien dans le cadre du compagnonnage
- Monsieur R âgé de 19 ans travaille
dans une entreprise de thermo laquage. Mr R n’a
pas réussi à achever son CAP de plomberie.
Il n’a actuellement pas de permis de conduire et
pendant 6 mois il a effectué des petits boulots
sans rapport avec la plomberie. Il travaille dans l’entreprise
actuelle afin de réunir une somme suffisante pour
pouvoir s’acheter une voiture et reprendre son CAP
de plomberie. Nous comprenons que monsieur R ne restera
probablement pas très longtemps dans l’entreprise
puisque son travail actuel ne correspond pas à
son projet professionnel initial. Les antécédents
familiaux et professionnels sont explorés
Puis une investigation
sur le travail
- Mr R passe des sous couches de peinture au pistolet.
Il suspend les objets à peindre sur un rail (pour
les objets lourds il se fait aider par un collègue,
l’entraide est de mise dans l’entreprise).
Il fait uniquement des sous couches blanches ou noires.
L’infirmière pose cette question pour savoir
s’il existe un risque chimique supplémentaire
du fait de l’introduction de couleurs, ce qui signifierait
des compositions différentes.
- Mr R ne fait pas non plus de mélanges de peintures.
L’infirmière demande alors s’il met
des gants. Elle apprend alors par le médecin qu’il
ne s’agit pas d’une peinture liquide mais
d’une peinture en poudre. Elle ne contient pas de
solvants et la pénétration n’est pas
cutanée mais respiratoire. Les gants, dans ce cas,
protègeraient seulement des salissures.
- Mr R porte un masque de ventilation assistée
qu’il range et qu’il met en charge à
l’entrée de l’usine lorsqu’il
quitte son service.
- Mr R dit qu’il respire néanmoins de la
poussière de peinture malgré son masque
car lorsqu’il se mouche ses sécrétions
sont noires. Le médecin est intervenu pour demander
au salarié s’il travaillait dans une cabine
ventilée et si oui où se trouvait les aspirations.
Il a également demandé s’il y avait
nécessité d’un dégraissage
des pièces avant recouvrement
- Mr R dit qu’il y a des aspirations latérales
et par le sol et que l’activité de dégraissage
est rare et qu’il utilise des solvants. L’infirmière
ne connaissant pas ce métier n’avait pas
du tout pensé que ce travail se faisait dans un
contexte de protection rendu obligatoire pour protéger
les salariés.
- Mr R étant de forte corpulence (il pèse
94 kg pour 1m68) et l’entreprise n’ayant pas
de combinaison à sa taille, il utilise des tenues
personnelles lavées à son domicile par sa
mère. Elle effectue un lavage isolé de ses
vêtements de travail. L’infirmière
s’est alors informée sur la possibilité
de prendre une douche à la fin du poste de travail.
Elle a également cherché à savoir
comment se passaient les pauses et si le salarié
fumait et quelle hygiène des mains avant de fumer
ou de manger et à cette occasion elle a pu aborder
les pratiques alimentaires de ce salarié en surpoids,
sans chercher aucunement le culpabiliser. (Cet aspect
de l’entretien est familier à la profession
d’infirmière). Cette problématique
du lavage des tenues au domicile fera l’objet d’une
alerte auprès de l’employeur avec recherche
de solution.
- Une fois la sous couche passée, il pousse l’objet
vers le four. Les objets peints restent accrochés
sur le rail pendant toute la cuisson. Le produit peint
et cuit ressort de l’autre côté du
four. La cuisson du four se fait à 150°. Il
n’utilise pas de gants pour ressortir l’objet
car il emploie un crochet pour tirer le rail. Il dit qu’il
n’a pas de pénibilité particulière
à son poste. Cependant on peut supposer qu’il
est à ce moment exposé à la chaleur
du four. C’est l’occasion pour l’infirmière
de donner des conseils sur l’hydratation et de creuser
un peu plus les effets de cette exposition.
- Son environnement de travail est bruyant, Mr R utilise
donc en permanence des protections auditives. Nous pouvons
noter l’usage de la soufflette qui augmente le niveau
du bruit puisqu’il l’utilise pour nettoyer
son poste de travail. Un audiogramme sera réalisé
à la fin de l’entretien et il montre un léger
déficit dans les fréquences 4000 à
6000 Hz. L’infirmière cherche à connaitre
le type d’EPI, comment sont-ils entretenus etc..
Investigation
sur la santé
- Mr R ne présente pas de douleurs, pas de
prise de médicament. Il fume 4 cigarettes par jour
depuis l’âge de 15 ans et fait une petite
activité sportive (footing). Sa TA et sa vision
sont correctes. Dans le protocole établi avec le
médecin un bilan sanguin est demandé : NFS,
plaquettes, Plombémie, PPZ, test hépatiques.
En conclusion
Ce salarié ne ressent pas de pénibilité
particulière au poste. Mais il est nouveau dans
le métier et envisage de ne pas rester sur ce poste.
Il est cependant exposé à un certain nombre
de risques comme le bruit, les produits chimiques, la
manutention de charges et la chaleur.
Le médecin conscient de la nécessité
de connaitre les postes de travail organise une visite
avec l’infirmière.
Le poste de
travail
La cabine de peinture montre une aspiration par le
sol uniquement. La protection respiratoire individuelle
associée à la cabine n’est pas complètement
efficace puisque Mr R précise qu’il «
mouche sale le soir ». La peinture en poudre est
aspirée, filtrée et tamisée puis
récupérée dans les sacs en papiers
qui seront récupérés par une entreprise
de recyclage. Le dégraissage se fait uniquement
avec de l’alcool à bruler. On apprend que
des retouches de peintures sont effectuées à
la bombe juste avant l’emballage du produit L’opératrice
en charge de cette opération se protège-t-elle
de l’aérosol ? L’opération est-elle
fréquente ? C’est une question qui sera explorée
lors de l’entretien de santé individuel de
cette salariée.
C’est forte de ces constats que les prochains entretiens
des salaries à ce poste pourront être orientés.
Nous avons pu constater que beaucoup d’employés
ne mettaient pas leurs protections auditives alors qu’à
l’évidence le niveau de bruit est toxique
puisqu’il faut élever la voix pour de faire
entendre. Lors de la visite l’infirmière
a constaté que les salariés nettoyaient
leur poste au balai et qu’il n’y avait pas
d’aspirateur dans l’entreprise.
La visite d’entreprise est primordiale pour comprendre
comment le salarié s’y prend pour effectuer
sa tâche. Les prochains entretiens des salaries
à ce poste seront enrichis grâce à
la connaissance des conditions réelle du travail.
Dans cet exemple
succinctement résumé,
- L’infirmière a eu une approche par
la santé. Elle s’intéresse aux effets
du bruit sur la santé (Port de protections auditives
? audiogramme réalisé), à l’hygiène
corporelle (douche dans l’entreprise), à
l’hygiène de vie du salarié au travail
et dans sa vie extraprofessionnelle (alimentation, sport).
Elle donne des conseils de prévention et insiste
sur l’importance d’une bonne hydratation lors
d’un travail à la chaleur. Elle prend en
compte le salarié dans sa globalité à
savoir s’il présente une réaction
à un problème de santé présent
ou potentiel lié à son milieu de travail,
à sa tâche ou a un problème de santé
sans lien avec le travail mais pouvant avoir un impact
sur son maintien dans l’emploi et dans son bien-être
au travail. Par ses questions elle a pu amener le salarié
à réfléchir sur ses pratiques pour
protéger sa sante.
- Le médecin a eu l’expertise des expositions
: peinture en poudre, solvants … et des effets sur
la santé ces deux visions ont été
complémentaires.
- Cet entretien a permis de passer de l’individuel
au collectif en effet le médecin a pu alerter l’employeur
sur l’entretien des tenues de travail. La visite
du poste qui a été programmée a permis
de percevoir l’ambiance de travail, les risques
pour la santé qui n’avaient pas été
relevés dans le travail prescrit (utilisation de
la bombe aérosol, bruit, aspiration de la cabine,
procédures de nettoyage.). Fort de ces constats
le protocole de suivi de ces salariés a été
revu. L’infirmière embauchée dans
ce SST a été d’emblée inscrite
en formation universitaire en santé travail.
Parallèlement
à cette formation a été mis en place
un mode d’apprentissage de l’acquisition d’un
savoir-faire clinique en santé travail spécifique
d’une approche d’infirmière. L’apprentissage
de la pratique de l’infirmière s’est
fait par étapes.
La mise en place des entretiens infirmiers s’est
faite sur la base d’un protocole établi en
commun avec l’équipe locale de santé
au travail (médecin, secrétaire et infirmière).
L’infirmière est passée par le secrétariat
médical pour comprendre le rôle pivot de
la secrétaire et l’organisation des convocations
etc. L’infirmière travaillant avec un médecin
tuteur a pu assister pendant un temps à la consultation
du médecin. Durant les premières consultations,
l’infirmière a écouté et pris
des notes très fournies. Il s’agissait d’une
véritable période de découverte de
métiers et de travaux extrêmement variés.
Une discussion courte avec le médecin, sans le
salarié, apportait les précisions, soit
sur l’entreprise, soit sur l’histoire du salarié.
Ces échanges avec le médecin ont permis
aussi aux deux professionnels de s’enrichir mutuellement.
L’infirmière se nourrit de l’expérience
du médecin, ce dernier s’intéresse
à l’angle de vue de l’infirmière
dans la prise en charge des salariés durant l’entretien.
Cette expérience riche de découverte de
ces deux professions sur le champ de la santé au
travail a permis aussi de cimenter la confiance mutuelle,
facilitant la coopération future entre deux professionnels
dont les métiers sont complémentaires.
Elle a ainsi pu comprendre que lors de l’entretien
:
- il y a certes un recueil de données, une analyse
de ces données, une hypothèse sur le risque
santé et de possibles projets d’actions d’évaluation
de niveaux d’expositions et de prévention
à mettre en place,
- mais aussi et surtout que cet entretien permet de faire
ressortir le vécu du salarié, d’essayer
de faire exprimer ce que cela fait de travailler , ce
qui est particulièrement pénible, ou agréable,
de savoir comment on s’en sort au milieu des contraintes
physiques, chimiques, organisationnelles, de connaitre
la relation avec son collectif de travail afin de mesurer
aussi les risques psycho sociaux.
Afin de mettre en ordre cet afflux désordonné
de perceptions, l’infirmière a écrit
sur les conseils du médecin l’observation
de certains cas retenus pour leur particularité
relevant soit du travail, soit d’un abord inhabituel.
Cette technique avait pour objectif de conduire l’infirmière
à décortiquer un cas afin d’acquérir
une technique d’analyse plus affutée. L’écrit
était ensuite discuté avec le médecin
Un certain nombre
de principes sont ressortis de ces analyses :
L’approche de l’entretien ne tient pas
forcement compte de la trame donnée par le dossier
médical : à savoir débuter par les
antécédents médicaux et terminer
par les problèmes de santé. Un autre fil
conducteur est parfois déroulé, il permet
de rebondir d’un point à un autre au fur
et à mesure des questions, sans omettre un point
de l’entretien, comme une sorte de jeu de renvois,
qui néanmoins s’accrochent tous les uns aux
autres car pour réussir un entretien il faut rentrer
en relation avec le salarié par une interaction
continue et réciproque pour pouvoir installer un
climat de confiance.
Pour réussir un entretien il faut parvenir à
adapter la trame de l’entrevue à l’état
émotionnel que le salarié donne à
voir. La clinique est construite sur des matériaux
qu’on analyse : histoire singulière, paroles,
attitudes corporelles, perception de ce qu’on devine.
Il faut conduire le salarié pour apprendre à
connaitre sa situation de travail. Les salariés
ont souvent du mal à raconter ce qu’ils font.
Ils ont pour beaucoup tendance à parler de leur
travail prescrit en occultant leur travail réel.
Lorsque l’infirmière a commencé ses
premiers entretiens en binôme avec le médecin,
elle s’est trouvée en difficulté ne
connaissant pas les lieux de travail et les effets sur
la santé de certaines expositions.
|
3.4- L’importance du
Care pour l’ESTI
3.4-1. Eléments réflexifs
à partir du curatif pour des repères sur le Care
en prévention primaire
On ne peut pas soigner uniquement avec de
la science et de la technique aussi nécessaires qu’elles
puissent être par ailleurs. Dans tout acte médical
il entre une part importante et même parfois absolument
décisive de care.
Ce concept est difficile à traduire. Il vient de l’américain
« To care » : soin, souci, sollicitude, dévouement.
Ou avoir soin de… Ce sont les soins liés aux fonctions
de la vie. Le « CARE » recouvre les soins permanents
et quotidiens, ayant pour fonction d’entretenir la vie
en la nourrissant en énergie.
Le « CARE » est aujourd’hui considéré
comme intégrant plus globalement « le souci des
autres » qui permet de le dégager de l’emprise
des soins pour aller dans le champ du « prendre soin ».
Mais ce concept ne relève pas, comme on l'a longtemps
cru, du seul souci des autres ni d'une préoccupation
spécifiquement féminine, mais d'une question politique
cruciale recoupant l'expérience quotidienne de la plupart
d'entre nous.
Le care dans le sens de sollicitude a une connotation sentimentaliste
qui le relègue vers l’espace intime.
Pour Joan Tronto qui a été la
première à avoir étudié le care
sous un angle sociologique, le care n’a pas de lien avec
l’engagement affectif et la relation face à face
n’est pas une condition du care. Ceci contrairement aux
théories maternalisantes de Gilligan [43]
qui pense que la relation mère enfant est le modèle
de toute relation de care car elle répondrait aux besoins
d’un autre vulnérable et dépendant.
Or le care s’adresse à chacun d’entre nous,
nul ne peut prétendre à l’autosuffisance.
Nous sommes tous vulnérables. Non seulement nous commençons
notre vie en enfant et finissons pour certains d’entre
nous infirmes ou fragiles, mais chaque jour nous avons besoin
de soins pour préserver nos vies. Chacun de nous est
le centre d’un réseau complexe de relations de
care.
Il est important de comprendre que le care
est d’abord et avant tout un travail (Pascale Molinier).
Les infirmiers le savent bien, prendre soin de l’autre
est une véritable activité de service qui mobilise
une importante énergie affective et qui reste souvent
peu reconnue et valorisée par les autres.
Mais le « travail du care » est un travail invisible.
Pascale Molinier souligne que ce travail invisible se voit avant
tout quand il est raté ou qu’il n’est pas
fait.
Le Care dans la profession d’infirmière
Le prendre soin est la base des pratiques soignantes
Les activités du métier d’infirmières
sont bien spécifiées dans leur décret de
compétences [44]. Celles-ci sont rédigées
en termes de capacités devant être maîtrisées
par les professionnels et attestées par l’obtention
du diplôme d’Etat :
• La première de ces compétences,
« Evaluer une situation clinique et établir un
diagnostic dans le domaine infirmier », concerne
bien le rôle infirmier en sante travail.
• Les cinquième et sixième compétences
: « Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs
et préventifs » et « Communiquer et conduire
une relation dans un contexte de soins » entrent
bien évidemment dans le champ de la santé travail.
3.4-2. Le Care en Santé au Travail
?
Joan Tronto [45] suggère
que « le care soit considéré comme une
activité générique qui comprend tout ce
que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer
notre « monde » de sorte que nous puissions y vivre
aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes
et notre environnement, tous éléments que nous
cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien
à la vie ».
Les différents aspects du Care peuvent
tout à fait se décliner en santé travail
:
• Le « caring about » (se
soucier de), qui implique la reconnaissance d’un besoin
et de la nécessité d’y répondre.
Ce qui suppose une capacité éthique d’attention
;
• Le « taking care of » (se charger de,
prendre soin de) qui renvoie à la responsabilité
(morale) de répondre au besoin identifié ;
• Le « care-giving » (donner des soins)
qui recouvre la pratique du soin. Celle-ci implique la mobilisation
d’une compétence ;
• Enfin celle du « care-receiving » (recevoir
des soins) qui renvoie, pour Tronto, à la réaction
de celui qui reçoit le soin et achève le cycle,
en ce sens que celui qui reçoit les soins est seul
à même de dire si les soins qu’il a reçus
ont été efficaces et pertinents.
• Les « bons soins ». Ceci suppose une autre
qualité morale essentielle : la « réceptivité
» (responsiveness) [46] .
Nous pourrions aussi évoquer les principes
fondateurs du caring selon Jean Watson [47]
:
• Les valeurs humanistes et altruistes.
• La croyance et l’espoir.
• Prendre conscience de soi et des autres.
• Le développement d’une relation d’aide
et de confiance.
• L’expression de sentiments positifs et négatifs.
• La création d’une méthode scientifique
de résolution de problème.
• L’enseignement-apprentissage trans personnel.
• Le soutien, la protection et/ou la modification de
l’environnement mental, physique, socio-culturel et
spirituel.
• La gratification des besoins humains du bénéficiaire.
• Les forces existentielles-phénoménologiques
spirituelles.
3.4-3. Le Care dans les ESTI ?
Le fait de « prendre soin » ou
de pratiquer le care suppose que la relation n’est pas
seulement une relation à, mais une relation entre, ayant
une profondeur temporelle, affective, et supposant de l’engagement
personnel, de la compétence, de l’attention pour
pouvoir exister comme telle.
La formation des infirmiers nécessite de très
bonnes compétences techniques, base de la confiance soignant
soignés et de la confiance entre pairs Conjointement
le care a une place essentielle que l’on ne pourra occulter
de leurs pratiques. La relation salarié infirmier semble
plus aisée de par cette posture intrinsèquement
liée à la formation des infirmiers.
De même que pour tout travail, l’entretien infirmier
ne peut pas être réduit au travail prescrit. Les
protocoles ne fourniront jamais qu’un cadre de référence.
L’infirmier mettra en œuvre ses compétences
et son savoir-faire pour l’adapter aux besoins singuliers
de la personne. Le travail invisible relève justement
du care qui représente ce qui n’est pas donné
par le travail prescrit.
Dans l’entretien infirmier le care est
un sujet sensible, car l’entretien se fait dans un contexte
de relations, il est attentif et attentionné. Le care
ne doit pas être réduit à une version niaise
ou condescendante de la charité. Le care dans l’entretien
va permettre de voir ce qui est important et non remarqué.
Il va permettre au salarié de percevoir l’importance
des choses. La relation à l’autre, le type d’intérêt
et de soucis que nous avons des autres, l’importance que
nous leur donnons va évidemment donner un sens à
l’entretien
Cet entretien devrait permettre au salarié de retrouver
du pouvoir d’agir.
3.4-4. La place du Care en clinique médicale
du travail et dans la coopération médecin infirmière
?
Si l’on considère le « care
» et le « cure » comme deux dimensions du
concept de soin fortement liées, comment expliquer la
dimension du « care » regroupant l’ensemble
des fonctions au quotidien, les soins les plus fondamentaux,
les soins d’entretien de la vie, dans un travail d’ESTI
où le soin, selon les représentations que l’on
peut en avoir, paraît absent ?
L’entretien en clinique médicale du travail dans
le cadre de l’ESTI est un soin au sens où il s’agit
de « prendre soin de », de travailler à la
compréhension des difficultés du salarié
qui l’ont conduit à le mettre hors de lui.
Il s’agit de définir une autre dimension du «
care » que celle admise en pratique hospitalière,
correspondant à l’activité de donner des
soins à des patients malades et de sortir du cadre limitatif
du soin, versus « cure », en reconnaissant le «
care » dans sa dimension sociale et écologique
humaine ( Gilles Raymond 2010).
L’IST prend souci de l’autre en rendant visible,
le visible aux yeux des hommes et des femmes, lesquels lui permettent
d’instruire la consultation infirmière. «
Les savoir-faire discrets consistent à anticiper les
difficultés ou les besoins d’autrui » (P
.Molinier 2006 p145). Ce savoir-faire influe directement sur
la relation et la confiance du salarié et permet la construction
de l’ESTI.
L’ESTI est une activité de travail
socialement construite en collaboration avec le salarié
dans une situation déterminée. Il appartient au
« care » car « il produit un travail réalisé
en réponse aux besoins des autres » (P. Molinier
2006 p 145) pour les aider à construire leur santé
au travail dans un espace-temps et des situations particulières.
C’est en cela que l’ESTI est un acte de soin au
sens de « prendre soin de ».
Le fil rouge de l’ESTI est le travail. L’IST a besoin
de comprendre ce qui se joue dans le travail pour faire des
liens avec la santé passée, présente et
future dans un objectif de prévention pour le salarié
et pour le collectif.
Le « care » vient en soutien du salarié en
difficulté et permet la restauration du pouvoir d’agir,
d’avoir prise sur les choses (Y.Clot).
Le « care » en clinique médicale du travail
est invisible pour le salarié au sens où «
prendre soin du salarié » se fait dans la co-élaboration
et la co-construction de l’entretien avec lui.
Le travail de « care » est mis en visibilité
dès le résultat du travail clinique de l’infirmière
et du médecin. Le « care » dans le travail
en coopération avec le médecin est lié
à une pratique de clinique médicale du travail
en prévention primaire, portée à la fois
par les deux métiers et non attribuable au seul métier
d’infirmière en médecine du travail.
Vignette
clinique 5
Renato, technicien
en électricité
Renato 30 ans est
technicien en électricité et intervient
chez les clients pour la maintenance d’appareils
de prévention pour les incendies. Il est embauché
depuis 4 ans. Il est vu en ESTI.
Il ne va pas bien, ne dort plus depuis une quinzaine de
jour, est amaigri (perte de poids de 7 kg) depuis la dernière
visite. Il dit avoir fait un « burn- out »
l’été dernier, évoque une surcharge
de travail mais n’a pas été arrêté
par son médecin. Il a « une boule au ventre
» et a subi plusieurs examens médicaux afin
de découvrir l’origine de son amaigrissement,
de ses nausées et de ses spasmes intestinaux. Tous
se sont révélés négatifs.
Il ne fait part d’aucune difficulté dans
la sphère familiale. « C’est le travail,
je n’en peux plus » dit-il avec certitude.
Essayer de comprendre ce qui se passe dans le travail
est essentiel pour comprendre ce qui perturbe le salarié
au point d’altérer sa santé.
Il s’agit de questionner le travail et le travailler
en faisant raconter par le salarié, la survenue
possible, d’événements déclencheurs
et leurs chronologies. Y a-t ’il eu des changements
dans la société, des changements de direction
, de cap, de clients, de procédés, de hiérarchie
ou de méthodes de management. Puis nous l’interrogeons
sur le contenu de son travail en lui faisant raconter
ses difficultés, ce qu’il fait, ce qu’il
devrait faire, ce qu’il peut faire ou ne pas faire,
ou ce qu’il dit ne plus pouvoir faire, l’ensemble
des enjeux subjectifs du travail.
Il nous raconte
:
« L’entreprise familiale a été
rachetée il y a 2 ans par un grand groupe. C’était
une équipe bien construite, volontaire, on allait
tous dans le même sens. Le directeur nouvellement
nommé était un ancien de l’équipe
mais il est parti au bout d’un an. Un nouveau commercial
a détourné une part de mes commissions obtenues
après des heures que j’avais passées
sur des dossiers au profit d’autres salariés
».
Comprenant que la situation de travail est compliquée
et va nécessiter du temps pour permettre au salarié
de raconter son histoire, « de prendre soin »
du récit qu’il va nous livrer, nous demandons
au médecin du travail de participer à l’entretien
et un nouveau rendez-vous est alors proposé à
Renato.
Le nouveau responsable n’est pas aidant vis-à-vis
de son équipe. Les entreprises clientes doivent
s’assurer que les techniciens disposent bien des
habilitations nécessaires. Par exemple d’habilitation
électrique. Le nouveau responsable commercial ne
leur fournit pas les certifications. Or la règlementation
évolue, et des formations sont à prévoir
pour la mise à jour des interventions. Si bien
que lorsque Renato se présente chez le client,
il se retrouve en difficulté : soit il ne peut
faire état de l’habilitation, et se voit
refuser l’accès à l’armoire
électrique, soit il fait état auprès
du client qu’il n’est pas autorisé
à intervenir sur ce type d’intervention,
et de retour d’intervention, se fait sanctionner
par son chef au motif que de son point de vue, il a refusé
de s’acquitter d’une intervention qu’il
faisait couramment du temps de la structure familiale
de la société. Il y a donc un conflit sur
la question des habilitations qui pourrait se régler
facilement : des fiches de postes indiquent les documents
nécessaires à produire pour rassurer le
client et assurer la sécurité de l’intervention.
Mais ces fiches sont mal rédigées et autorisent
toutes les dérives.
Renato est attaqué dans sa professionnalité
: « Cela ne me correspond pas, je ne suis plus dans
le cadre de mon travail »
-La fiche de poste n’a-t-elle pas été
transmise ?
« Vous faîtes tout ce qu’on vous dit,
c’est tout »
-Et les procédures et l’habilitation électrique
?
« J’avais l’habilitation pour faire
tout ce que j’avais à faire mais aujourd’hui,
on continue à me faire faire, mais j’ai plus
le droit : soit je suis en difficulté parce que
je connais le travail mais ne peux pas le faire , soit
mon employeur me dit : « tu sais faire donc, tu
fais » mais le client me demande une habilitation
que je n’ai pas et au moment du plan de prévention,
et le client me dit : « t’as pas d’habilitation
, tu peux pas travailler » et quand on rentre on
se sent mal.
-Qui arbitre, qui donne les décisions en ce qui
vous concerne, comment se fait-il que cette responsabilité
est reportée sur vous ? Qui donne le bon degré
d’habilitation ?
« Normalement c’est le chargé d’affaire
qui est notre responsable direct mais il est parti en
burn-out et l’autre chargée de missions est
en congé maternité, donc, ils ont mis une
commerciale qui ne connaît pas le travail ».
-Et plus haut, le Directeur d’agence, le Directeur
Régional ?
« Je suis en conflit parce que j’avais exercé
mon droit de retrait du fait que je ne voulais pas me
mettre en danger sur une situation nécessitant
l’habilitation ».
-Comment voyez-vous la suite comment allez-vous pouvoir
continuer à travailler ?
Renato reprend confiance en lui : « Je vais mettre
les points sur les i, j’aime mon métier et
je vais contacter le CHSCT car il y a d’autres collègues
malades à cause de tout ça, je suis bien
décidé à me battre ».
Commentaires
L’entretien en clinique médicale du
travail dans le cadre de l’ESTI est un soin au sens
où il s’agit de « prendre soin de »,
de travailler à la compréhension des difficultés
du salarié qui l’ont conduit à le
mettre hors de lui.
Il s’agit de définir une autre dimension
du « care » que celle admise en pratique hospitalière,
correspondant à l’activité de donner
des soins à des patients malades et de sortir du
cadre limitatif du soin, versus « cure » en
reconnaissant le « care » dans sa dimension
sociale et écologique humaine ( Giles Raymond 2010).
L’IDEST prend souci de l’autre en rendant
visible, le visible aux yeux des hommes et des femmes,
lesquels lui permettent d’instruire la consultation
infirmière. « Les savoir-faire discrets consistent
à anticiper les difficultés ou les besoins
d’autrui » (P .Molinier 2006 p145). Ce savoir-faire
influe directement sur la relation et la confiance du
salarié et permet la construction de l’ESTI.
L’ESTI est une activité de travail socialement
construite en collaboration avec le salarié dans
une situation déterminée. Il appartient
au « care » car « il produit un travail
réalisé en réponse aux besoins des
autres » (P.Molinier 2006 p145) pour les aider à
construire leur santé au travail dans un espace-temps
et des situations particulières. C’est en
cela que l’ESTI est un acte de soin au sens de «
prendre soin de ». Le fil rouge de l’ESTI
est le travail. L’IDEST a besoin de comprendre ce
qui se joue dans le travail pour faire des liens avec
la santé passée, présente et future
dans un objectif de prévention pour le salarié
et pour le collectif.
Le « care » vient en soutien du salarié
en difficulté, et permet la restauration du pouvoir
d’agir, d’avoir prise sur les choses ( Y.Clot).
Le « care » en clinique médicale du
travail est invisible pour le salarié au sens où
« prendre soin du salarié » se fait
dans la co-élaboration et de la co-construction
de l’entretien avec lui. Le travail de « care
» a été mis en visibilité dès
le résultat du travail clinique de l’infirmière
et du médecin en ce qui concerne Renato.
Le « care » dans le travail en coopération
avec le médecin est lié à une pratique
de clinique médicale du travail en prévention
primaire, porté à la fois par les deux métiers
et non attribuable au seul métier d’infirmière
en médecine du travail.
Le « care » manifesté dans l’ESTI
correspond à un objectif particulièrement
bien ancré dans le métier d’infirmière,
celui de veiller au maintien et à la restauration
de l’autonomie du patient, ce qui correspond à
la récupération du pouvoir d’agir
explorée par la clinique médicale du travail.
|
Dispute
professionnelle-3
-
Quelles pratiques
et règles professionnelles déployer:
-
Comment rédiger
un protocole pour l’ESTI, support de l’engagement
de responsabilité du médecin, et de
la coopération entre nos deux métiers.
-
Qui rédige
un protocole ? En quoi l’existence de protocoles
protège-t-elle l’exercice professionnel
de l’IST ?
-
A quels questionnements
devrait répondre le protocole ? Quels
éléments du contenu professionnel de
l’ESTI intégrer dans son Protocole ?
-
Dans le métier
d’IST, quelle place pour le « care »,
le « prendre soin » ; quelle articulation
spécifique avec le « travailler »
?
-
Comment expliquer
la dimension du « care »
dans un travail d’ESTI où le soin, selon
les représentations que l’on peut en
avoir, paraît absent ?
|
________________________________________
37- Article L4011-1
du code de la santé publique Modifié par LOI
n°2013-1203 du 23 décembre 2013 - art. 35 (V)
Par dérogation aux articles L.
1132-1, L.
4111-1, L.
4161-1, L.
4161-3, L.
4161-5, L.
4221-1, L.
4241-1, L.
4241-13, L.
4311-1, L.
4321-1, L.
4322-1, L.
4331-1, L.
4332-1, L.
4341-1, L.
4342-1, L.
4351-1, L.
4352-2, L.
4361-1, L.
4362-1, L.
4364-1, L.
4371-1, L.
4391-1, L.
4392-1 et L.
4394-1, les professionnels de santé peuvent s'engager,
à leur initiative, dans une démarche de coopération
ayant pour objet d'opérer entre eux des transferts d'activités
ou d'actes de soins ou de réorganiser leurs modes d'intervention
auprès du patient. Ils interviennent dans les limites
de leurs connaissances et de leur expérience ainsi que
dans le cadre des protocoles définis aux articles L.
4011-2 à L.
4011-3.
Le patient est informé, par les professionnels de santé,
de cet engagement dans un protocole impliquant d'autres professionnels
de santé dans une démarche de coopération
interdisciplinaire impliquant des transferts d'activités
ou d'actes de soins ou de réorganisation de leurs modes
d'intervention auprès de lui.
38-Article L. 4623-1
- Code du Travail
Un diplôme spécial est obligatoire pour l'exercice
des fonctions de médecin du travail.
Par dérogation au premier alinéa, un décret
fixe les conditions dans lesquelles les services de santé
au travail peuvent recruter, après délivrance
d'une licence de remplacement et autorisation par les conseils
départementaux compétents de l'ordre des médecins,
à titre temporaire, un interne de la spécialité
qui exerce sous l'autorité d'un médecin du travail
du service de santé au travail expérimenté.
Article R. 4623-2 - Code du Travail
Seul un médecin remplissant l'une des conditions suivantes
peut pratiquer la médecine du travail :
• 1°) Etre qualifié en médecine du travail
;
• 2°) Avoir été autorisé, à
titre exceptionnel, à poursuivre son exercice en tant
que médecin du travail en application de l'article 28
de la loi n° 98-535 du 1er juillet 1998 ou de l'article
189 de la loi n° 2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation
sociale ;
• 3°) Etre titulaire d'une capacité en médecine
de santé au travail et de prévention des risques
professionnels.
39-Le médecin
du travail assure personnellement l'ensemble de ses fonctions,
dans le cadre des missions définies à l'article
R. 4623-1. Elles sont exclusives de toute autre fonction dans
les établissements dont il a la charge et dans le service
interentreprises dont il est salarié.
Toutefois, le médecin du travail peut confier certaines
activités, sous sa responsabilité, dans le cadre
de protocoles écrits, aux collaborateurs médecins,
aux internes, aux candidats à l'autorisation d'exercice
aux infirmiers, aux assistants de service de santé au
travail ou, lorsqu'elle est mise en place, aux membres de l'équipe
pluridisciplinaire. Pour les professions dont les conditions
d'exercice relèvent du code de la santé publique,
ces activités sont exercées dans la limite des
compétences respectives des professionnels de santé
déterminées par les dispositions de ce code.
40-Article R4623-31
: Un entretien infirmier peut être mis en place pour réaliser
les activités confiées à l'infirmier par
le protocole prévu à l'article R.
4623-14. Cet entretien donne lieu à la délivrance
d'une attestation de suivi infirmier qui ne comporte aucune
mention relative à l'aptitude ou l'inaptitude médicale
du salarié.
41-R4623
-14 (protocoles confiés aux infirmiers, assistants
de service de santé au travail et équipe pluridisciplinaire)
;R 463-29 (autorisation d’exercice) ;R4623-30 (missions)
et R4623-31 (protocole pour l’ESTI)
42-Comme au reste
de l’équipe pluridisciplinaire
43-Carol Gilligan
est une philosophe
et psychologue
féministe américaine,
née le 28
novembre
1936.
Elle est connue pour son travail sur les relations éthiques
et le care.
44-http://www.infirmiers.com/pdf/3annexe2competences.pdf
45- TRONTO Joan, Un
monde vulnérable. Pour une politique du care, Paris,
La Découverte, 2009 [1993] (préface inédite
de l’auteure)
46-Idem
47-La Théorie
du Caring de Watson. Une approche existentielle-phénoménologique
et spirituelle des soins infirmiers, G. Aucoin-Gallant, L’Infirmière
Canadienne/The Canadian Nurse, décembre 1990, p. 32-35
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SEQUENCE
4
4. Le métier d’infirmière
du travail, les Ecrits en médecine du travail et l’écriture
pour chaque métier, le DMST
L’équipe médicale du travail a pour projet
de rendre visible les risques et leurs effets dans l’espace
de prévention de l’entreprise pour leur prise en
compte par les différents acteurs. Le médecin
et l’infirmier du travail y tiendront un point de vue
humaniste, compréhensif, clinique et exclusif de la santé
au travail des salariés.
L’Infirmier en Santé-Travail (IST) contribue au
recueil de données cliniques et épidémiologiques,
assure un traçage des risques professionnels et participe
par ce travail à la veille et l’alerte médicale
permettant au médecin du travail de déployer des
actions de prévention collective.
Le binôme écrit à la fois dans le dossier
médical et le dossier partagé avec l’équipe
pluridisciplinaire.
Les écrits sont dispersés, une partie du travail
clinique étant relevée dans le dossier informatique,
une autre dans le dossier papier, une partie par le médecin,
une autre par l’infirmière : quelles pratiques
professionnelles pour le binôme pour l’écriture?
4.1- Ecrit médical et contribution
de l’infirmière
Les apports du recueil de données de facteurs de risque
ou d’étude spécifique que le médecin
du travail pourra confier à l’infirmière
du travail, pourront nourrir sa « fiche d’entreprise
» ou son « rapport annuel d’activité
». Dans ces documents, rien ne fait obstacle à
ce que soit citée explicitement la contribution d’une
infirmière du travail.
La contribution de l’infirmière à la réalisation
de ces documents est envisageable et même souhaitable.
Cependant le seul interlocuteur de l’employeur du côté
du droit est le médecin du travail.
Ainsi, tout document rédigé pour un tiers si
l’IST y a contribué, doit faire apparaître
la signature en responsabilité du médecin, à
côté de celle l’IST.
Toutefois il est essentiel que le médecin du travail
signe tout document auquel aurait contribué l’infirmière
du travail et qui engagerait la « mission réglementaire
» du médecin du travail. Il s’agit en la
matière d’inscrire le travail de l’équipe
médicale relevant du code de la santé publique,
à la fois dans un cadre de droit protecteur pour l’infirmière
du travail, mais aussi dans un cadre qui puisse permettre l’exercice
de « plein droit » de la mission du médecin
du travail auprès de chaque salarié, de l’employeur
et de représentants des travailleurs.
Un écrit d’une infirmière du travail hors
de ce contexte, manque de tout support réglementaire
et par conséquent est risqué pour cette dernière,
et n’ouvre aucune possibilité de prise en compte
réglementaire pour l’employeur ou la représentation
sociale.
Ceci vaut pour l’ensemble des écrits de l’IST
en contribution aux obligations particulières au médecin
du travail :
- fiche d’entreprise ;
- écrit à un tiers employeur ;
- écrits en veille et alerte ;
- écriture de l’IST et du médecin dans le
dossier partagé avec le reste de l’équipe
pluridisciplinaire : recueil de données, compte rendu
de visite de poste, action en milieu de travail.
4.2- Bases de l’écriture par
l’Infirmier Santé Travail
Le raisonnement clinique infirmier est basé sur une
observation active, la pose d'hypothèses et la recherche
d’éléments confirmant ou infirmant ces hypothèses,
les inférences et les connaissances construites à
partir d'expérience antérieures, l'élaboration
du sens de soin.
Pour cela la méthode du recueil de données s’appuie
sur un entretien. Avec le temps et l'expérience, il s’avère
plus productif qu’un questionnaire car les centres de
vigilance et d'attention sont plus vastes, et il permet l’investigation
par la clinique médicale du travail ainsi que le développement
du diagnostic infirmier.
Les anticipations présentes dans l'évolution clinique
de l'IDE peuvent donc être bénéfiques pour
le patient mais aussi pour le collectif professionnel formé
par l’équipe médicale [48].
Il nous parait utile de rappeler ici la réglementation
concernant le Rôle propre infirmier :
Décret N° 2004-802 du 29 juillet 2004 du code de
la santé publique :
Extrait de l’Article R.4311-2 : « Les soins
infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent
qualité technique et qualité des relations avec
le malade. Ils sont réalisés en tenant compte
de l’évolution des sciences et des techniques.
Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la personne,
dans le souci de son éducation à la santé
et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans
ses composantes physiologique, psychologique, économique,
sociale et culturelle :
1. De protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la
santé mentale des personnes ou l’autonomie de leurs
fonctions vitales physiques et psychiques en vue de favoriser
leur maintien, leur insertion ou leur réinsertion dans
le cadre de vie familial ou social ;
2. De concourir à la mise en place de méthodes
et au recueil des informations utiles aux autres professionnels,
et notamment aux médecins pour poser leur diagnostic
et évaluer l’effet de leurs prescriptions ;
Etc.….
Pour cela l’infirmier doit mettre en œuvre un certain
nombre de compétences attendues
[49] ; il doit donc pouvoir:
1. Utiliser les données cliniques, sociales et psychologiques
d’un salarié, les analyser dans le cadre d’une
démarche clinique infirmière et les transporter
dans le dossier ;
2. Évaluer par écrit le plan d’action mis
en place afin de prévoir un réajustement de celui-ci.
4.3- transmissions ciblées
L’infirmier a pour mission première de recueillir
un certains nombres d’informations utiles pour l’équipe
dans le domaine de la mise en place de prévention, primaire,
secondaire et tertiaire des risques professionnels : «
L’Infirmier en Santé-Travail (IST) contribue au
recueil de données cliniques et épidémiologiques,
assure un traçage des risques professionnels et participe
par ce travail à la veille et l’alerte médicale
permettant au médecin du travail de déployer des
actions de prévention collective. »
Pour atteindre cet objectif en équipe médicale
de santé au travail, il est obligatoire et nécessaire
de mettre en place un système d’échange
et de communication entre les différents membres de l’équipe,
il faut donc se transmettre les informations recueillies et
les conserver dans le temps.
Définitions :
La transmission : permet de transmettre, c’est-à-dire
communiquer ce que l’on a reçu, permettre le passage,
agir comme intermédiaire.
Les transmissions ciblées sont une méthode
pour organiser et structurer les transmissions. On y trouve
les observations de l’équipe médicale, les
préconisations, les réactions et les réponses
des salariés concernés.
Les transmissions ciblées peuvent également faire
foi de preuve devant les tribunaux.
Objectifs et intérêts :
Les transmissions ciblées résultent d’un
raisonnement clinique individuel et collectif qui permet de
visualiser la cohérence entre un problème (la
Cible) et ses caractéristiques (les Données).
Elles orientent le choix des interventions (les Actions) et
l’évaluation de l’efficacité (les
Résultats). C’est le reflet de la démarche
de soins infirmiers [50].
Elles doivent permettre d’établir le diagramme
de (soin), de faciliter la continuité de la prise en
charge par tous les membres de l’équipe médicale,
et de mettre en place un projet ou une conduite de prévention
dans le temps.
La transmission ciblée est une manière logique
d’organiser l’information narrative centrée
sur le patient. La pertinence des cibles est donc essentielle,
elle découle du raisonnement clinique infirmier afin
de permettre une synthèse de la situation de la personne,
rapidement exploitable au niveau de la prise en charge du salarié.
Ce dernier est alors au centre de l’intérêt
professionnel de l’équipe [51].
La prise en charge globale de la problématique de santé
d’une personne requiert la participation de tous les professionnels
de santé. Au-delà du respect des soins réalisés
par chacun dans le cadre de sa réglementation professionnelle,
c’est une véritable coordination entre les actions
qui permet d’atteindre la qualité des soins [52].
Pour assurer la qualité de l’information, il faut
que cette information soit : hiérarchisée, synthétique
et claire, compréhensible, et validée.
Elle doit nécessairement comporter : la date, l’identité
du salarié, l’identité du professionnel
de santé qui a recueilli ou produit les informations,
et de préférence la signature de ce professionnel.
Dans notre activité Santé travail, ces informations
représentent la traçabilité des risques
professionnels et du suivi du salarié elles doivent donc
être retrouvables à tout moment et exploitables
par n'importe quel professionnel de l’équipe médicale.
Le suivi d’un collectif : les informations regroupées
de vécus individuels de salariés d’une même
entreprise apportent une vision collective au médecin
dans son approche clinique de la santé au travail et
doivent être tracées.
4.4- Choisir un support
4.4-1 Ecriture par l’infirmière dans le DMST
[53]
En « service de soins » le dossier du patient est
l’outil commun et partagé par l'équipe pour
intégrer cette écriture. C’est l’outil
d’aide à la décision et l’outil de
traçabilité des informations pour chaque membre
d’une équipe médicale.
La structure d’écriture proposée pour cette
alternance est et doit être commune et partagée
par tous les professionnels de santé afin d’éviter
les redondances et surtout les ruptures de continuité
dans la coordination des soins [54].
De même en médecine du travail, le dossier médical
est un outil qui doit garantir la traçabilité
et répondre aux exigences légales. (Dossier informatisé
et/ou dossier papier)
Les transmissions écrites sont une obligation légale
qui fait foi devant les tribunaux et une obligation réglementaire
pour la profession d’infirmière. Elles doivent
donc faire partie du dossier médical du salarié
et pouvoir être consultées par les membres de l'équipe
médicale.
En santé travail le DMST peut donc logiquement servir
de support pour ces transmissions, et constituer cet outil de
transmission partagé par l’équipe, pour
chaque travailleur.
Ceci nécessite un protocole du médecin du travail
pour une écriture au DMST de l’infirmier et sous
sa propre signature.
Ces écrits partagés dans le DMST répondent
aux recommandations générales définies
par la HAS [55] et comportent donc les transmissions
ciblées, le traçage des expositions et la participation
à la réalisation du Curriculum Laboris [56].
Ils comportent aussi le recueil de données objectives
et subjectives sur le travail (du décrit, du vécu,
du vu et du perçu) sur le travail et sur la santé.
Histoire clinique dans le DMST
Ce
qui est écrit pendant et à l’issue de l’ESTI
est noté dans le DMST informatisé sous son nom.
L’IST peut aussi écrire dans le dossier papier
du salarié partagé avec le médecin ; il
est important que médecin et infirmière utilisent
le même support pour faciliter la lecture chronologique.
Ce qui est écrit par l’infirmière doit pouvoir
être lu par le médecin et inversement ce que le
médecin a écrit doit être accessible à
la lecture par l’infirmière.
Il arrive que les dossiers médicaux ne soient pas correctement
remplis et alors l’IST en suivi périodique des
salariés doit reconstruire dans un premier temps l’histoire
personnelle du salarié en traçant la situation
familiale, le niveau de formation, le début de l’entrée
dans la vie active, en notant les dates d’embauche et
de sortie des entreprises précédentes, en interrogeant
sur les motifs du changement d’entreprise, les éventuelles
périodes d’inactivités du salarié
L’histoire
professionnelle du salarié est tracée en notant
Les métiers et tâches effectuées qui ont
exposé et exposent à des risques pour l’élaboration
d’un curriculum laboris progressif. Il faut laisser des
traces écrites de l’activité en précisant
l’entreprise, le poste de travail, le type de contrat,
en notant la description de la tâche et celle du travail
réellement fait, les expositions en cours, la présence
ou non de protections collectives et individuelles , leur port
ou non. Il peut être intéressant de préciser
l’ergonomie au poste de travail, les conditions de travail,
les manutentions, la qualité des outils etc…
Il est important de noter le vécu du travail (la satisfaction,
les difficultés, les pénibilités, le rythme,
les gênes) ainsi que ce que le salarié dit de la
qualité des relations professionnelles (rapports sociaux,
coopérations…). Si des conflits sont décrits,
il faut préciser depuis quand et à la suite de
quel événement dans le travail ils sont apparus.
L’infirmière en réfère toujours au
médecin en passant les dossiers en staff lorsqu’elle
« dépiste » une plainte, des souffrances,
des anomalies.
La
santé individuelle du salarié prend en compte
les évènements de santé potentiellement
en lien avec le travail ainsi que les traitements, modifications
de traitement qui seront tracés. Il en est de même
pour la consommation de tabac, alcool,… qui permet de
faire certains liens avec la santé mais aussi le travail.
Les signes fonctionnels pouvant être en rapport avec le
travail ou les expositions rencontrées au poste de travail
seront notés de même que les symptômes actuels
(douleurs, gêne pour…, sommeil, troubles digestifs,
humeur) et les paramètres de biométrie (pouls,
TA, poids, taille ...). L’infirmière a toujours
en arrière-pensée le lien possible avec des évènements
professionnels. L’observation peut être uniquement
fonctionnelle et liée au poste de travail en respectant
le décret d’acte infirmier de juillet 2004. Mais
l’IST peut noter les empreintes du travail sur le corps
car travailler c’est toujours engager son corps dans l’activité:
regarder les genoux chez les carreleurs, rechercher les caries
dentaires chez les pâtissiers par exemple, les mobilités
articulaires… qui permettent de proposer une prévention.
Le dossier médical doit être renseigné
le plus complètement possible afin de disposer de toutes
les informations le jour où un accident de santé
nécessitera de retrouver des repères historiques
à la recherche d’éventuels facteurs professionnels
de causalité.
Le traçage dans le temps des événements
santé-travail permettra aussi si nécessaire la
mise en place d’une surveillance post-professionnelle.
Le médecin du travail si besoin aura les éléments
médicaux et professionnels en cas de saisine d’un
dossier médical ou en cas de traitement de litige devant
la justice.
Les examens complémentaires protocolisés (audiogramme,
EFR, visiotest…) réalisés par l’infirmière
selon les mêmes modalités que celles de la pratique
du médecin seront tracés dans le dossier médical
et feront potentiellement l’objet d’une présentation
au médecin du travail lors du staff. La remise par l’infirmière
au salarié d’une ordonnance type établie
par le médecin du travail pour des examens complémentaires
protocolisés en fonction des expositions professionnelles
sera tracée dans le dossier.
Si une prise en charge thérapeutique apparaît
nécessaire (HTA, sang ou sucre dans les urines) l’infirmière
peut donner un courrier au salarié pour son médecin
traitant, qui est un document protocolisé dont la copie
est intégrée au dossier du salarié. Les
modalités de suivi en cas de problème médical
sans ou en rapport avec le travail (appel du médecin
traitant, orientation en urgence..) sont tracées dans
le dossier du salarié.
Attestation de suivi infirmier :
L’entretien donne lieu à la délivrance
d’une attestation de suivi infirmier précisant
le nom du médecin du travail, signée par l’infirmière.
Elle ne comporte aucune mention relative à l’aptitude
ou à l’inaptitude médicale du salarié.
Si des restrictions semblent nécessaires, elles ne sont
pas notées sur la fiche de suivi infirmier mais le médecin
du travail sera informé des difficultés au cours
de la réunion hebdomadaire, et une consultation sera
programmée rapidement avec lui. L‘attestation de
suivi infirmier ne comporte aucune mention relative à
l'aptitude ou l'inaptitude médicale du salarié
(Article R4623-31). L’avis d’aptitude rédigé
par le MDT lors de la dernière visite médicale
du salarié est valable jusqu’à la prochaine
visite du salarié avec le MDT. L’IST ne peut donc
pas écrire sur l’attestation de suivi infirmier
les restrictions précédemment émises par
le MDT. Lorsque le salarié est inquiet pour le maintien
du respect des restrictions au poste de travail émises
par le MDT, l’IST peut donner au salarié une copie
de la dernière fiche d’aptitude, jointe à
l’attestation de suivi infirmier. L’attestation
de suivi infirmier ne comportera ni les expositions aux risques
ni les conseils de prévention qui ont été
donnés au salarié et notés dans le DMST.
Vignette
clinique 6
Mme P., qui
travaille en centre d’appel
Mme P, 47 ans,
travaille dans un centre d’appel sous-traitant pour
une grande entreprise d’énergie, depuis mai
2011.
1ère
visite :
Le 23 mars 2015, Mme P vient en visite à sa demande
avec le MDT.
Mme P est manifestement abattue, et dit qu’elle
est adressée par son médecin traitant qui
a fait un courrier dans lequel il précise que Mme
P présente une dépression depuis 1 an, réactionnelle
à des pressions professionnelles devenues insupportables
selon ses dires. Elle présente des troubles du
sommeil et des crises d’angoisse partiellement améliorées
par le Valdoxan. Enfin, le médecin traitant précise
que les reprises du travail sont de plus en plus difficiles
et douloureuses.
Mme P confirme son angoisse à l’idée
de reprendre le travail dans l’entreprise. Quand
le médecin du travail lui demande de parler de
ce qui pose problème dans son travail, elle n’arrive
pas à mettre des mots, elle répète
en boucle : « c’est l’entreprise ».
Le médecin lui propose alors de reprendre avec
elle les éléments notés dans le dossier.
Elle a été vue en visite d’embauche
en octobre 2011 par le médecin. Elle ne signalait
alors aucun problème au travail et avait quelques
petites difficultés à dormir depuis un déménagement
récent.
Le médecin lui rappelle qu’elle avait été
vue ensuite par l’infirmière en octobre 2013,
dans le cadre du suivi systématique, soit environ
six mois avant le début de son état dépressif.
Il lui lit alors le contenu de l’ESTI, tracé
dans le dossier par l’infirmière, à
savoir : Mme P se plaint de douleurs lombaires au travail,
elle se sent un peu fatiguée mais ne présente
pas de troubles du sommeil ni aucun autre signe. Par contre
elle se dit insatisfaite de son activité, et précise
qu’elle se « lasse » du produit. En
fait, elle est « stressée » par rapport
à la situation des clients qui appellent et au
manque de moyens dont elle dispose pour régler
leur problème. La rigidité des procédures
et l’organisation de l’entreprise ne lui permettent
pas de faire correctement son travail de conseil auprès
du client. Par contre, elle se sent bien dans son équipe,
qui la soutient et son superviseur est compréhensif.
Mme P se montre alors surprise. Elle dit qu’elle
ne se souvient pas avoir parlé de ces problèmes
à cette époque, et montre subitement un
intérêt pour le contenu de l’ESTI.
Le médecin lui propose de réfléchir
à ce qu’elle vient de découvrir puis
de la revoir dans quelques jours sur un entretien plus
long. Avec l’accord de la salariée, il appelle
le médecin traitant pour que Mme P bénéficie
d’un arrêt maladie pendant toute cette période.
2ème
visite :
Mme P a beaucoup réfléchi après la
visite précédente et dit que la «
révélation des notes de l’IST lui
ont servi ».
Elle commence alors à raconter que son dernier
arrêt maladie a fait suite à un entretien
de recadrage de son superviseur, la menaçant d’un
nouvel entretien avec le N+1. Il lui reprochait de prendre
trop de temps au téléphone avec le client,
trop de temps pour tracer le dossier et faire les démarches,
et de perdre du temps pour les pauses pipi. Elle était
rentrée chez elle, bouleversée par cet entretien
et le lendemain s’est sentie incapable d’aller
travailler.
Elle explique alors facilement au médecin que ce
qui compte pour elle, c’est de pouvoir répondre
à la demande du client en difficulté et
que les DMT ne le permettent pas. De plus, il arrive qu’elle
ne soit pas satisfaite de la réponse qu’elle
devrait faire selon la procédure. Dans ces cas,
elle accepte parfois des souplesses de règlement
qui ne sont pas prévues, et subit alors les reproches
du superviseur lorsqu’il s’en aperçoit.
Elle comprend qu’elle se sentait coupable vis à
vis de son entreprise, mais au fond, elle ne regrette
pas d’avoir agi selon sa conscience. Elle arrive
à raconter les astuces qu’elle utilise pour
arriver à régler les problèmes de
ses clients, et réalise qu’elle en est fière.
Mais elle ne peut plus en parler avec ses collègues,
elle a changé d’équipe et de superviseur,
elle ne leur fait plus confiance, « ils sont tous
à fond pour l’entreprise, alors que moi je
ne rentre pas dans le moule ». Elle ne veut pas
mentir au client comme on lui demande, dire qu’elle
est salariée de l’entreprise donneuse d’ordre,
inventer des fausses explications pour les erreurs de
dossiers, etc…
A la fin de la visite, elle dit avoir compris la situation
et, avec le médecin, elle prend la décision
d’une inaptitude.
3ème
visite :
Le médecin revoit Mme P pour procéder à
l’inaptitude afin qu’elle puisse quitter l’entreprise.
Mme P se sent soulagée, elle va mieux, elle est
souriante, elle a des projets d’avenir.
Elle remercie pour le temps passé et elle tient
à évoquer cette première visite qui
lui a permis de retrouver ce dont elle avait parlé
avec l’IST. Ce fut, d’après elle, le
point de départ qui lui a permis de commencer à
se reconstruire.
L’IST avait noté dans le DMT les éléments
de vécu au travail de Mme P et surtout ce qu’elle
avait compris avec elle. Cet entretien avait été
oublié par la salariée, mais le fait d’y
revenir lui a permis de reprendre son pouvoir d’agir
et de penser, lui permettant de finaliser ensuite avec
le médecin la compréhension de la situation.
Les écrits de l’IST ont permis au médecin
d’avoir une vraie base de clinique dans le dossier.
Pour que cela soit possible, il faut donc que :
• L’IST
puisse, avec l’accord et l’incitation du
médecin, transcrire les éléments
de la clinique médicale du travail qu’elle
a recueilli.
• Ces écrits soient retranscrits dans le
DMT sur le même support que le médecin
afin de pouvoir être lus de façon chronologique,
et être facilement accessibles.
• L’IST ne soit pas prise dans une rigidité
d’écriture ou des croix à cocher.
• Le médecin accepte et encourage la liberté
d’écriture de l’IST, ainsi que ses
remarques, ses préconisations et les raisons
pour lesquelles elle les fait.
• L’IST et le médecin écrivent
toutes les phases de leurs décisions, par exemple
l’orientation et la prise de rendez-vous de l’IST
pour le médecin du travail.
|
4.4-2 Compléter les transmissions ciblées avec
d’autres supports:
Les transmissions ciblées peuvent également être
transcrites sur d’autres supports quand elles concernent
un groupe de salariés, un atelier, un bureau ou bien
toute une entreprise pour lesquels un diagnostic collectif de
situations sanitaires avec plaintes, troubles, symptômes
ou petits signes insolites répétés fait
évoquer des situations de travail contraignantes avec
des effets sur la santé (TMS, conflits sources de RPS,
etc.). Ces écrits pourront participer en tout ou partie
au courrier de veille ou d’alerte que le MdT adressera
à l’employeur et aux instances représentatives.
Ce support papier ou informatique ira enrichir le dossier spécifique
de l’entreprise, permettant les échanges au sein
de l’équipe médicale afin de garder des
événements médicaux importants pour le
suivi des salariés de toute l’entreprise au cours
du temps. Il est à distinguer du dossier partagé
avec le reste de l’équipe pluridisciplinaire, évoqué
au 4.1
4.4-3 Supports pour tous les autres écrits
Comme nous l’avons vu au 4-1, l’infirmière
utilise les supports mis en place pour sa contribution aux écrits
dans le cadre des obligations du médecin du travail,
c’est-à-dire :
La
rédaction de Fiches d’Entreprise peut être
préparée par l’infirmière. Le médecin
valide et signe tous les écrits de l’infirmière
avant l’envoi dans les entreprises. L’infirmière
peut mettre son nom à côté de celui du médecin
et signer.
Vignette
clinique 7
Participation
de l’IST à la fiche d’entreprise
Petite maison de
retraite, comprenant 10 lits, 8 salariés dont 5
auxiliaires de vie.
L’entreprise
est abordée par l’équipe médicale
lors d’un staff :
Au cours des visites périodiques, le médecin
du travail voit Mme A, ASH dans la maison de retraite.
Cette dernière souffre d’une tendinite de
la coiffe des rotateurs de l’épaule droite,
pour laquelle le médecin fait un certificat de
MP. Mme P est en difficultés dans son travail,
surtout le WE, car elle est seule pour s’occuper
des résidents non valides.
Pendant cette même période, l’IST voit
en ESTI, Mme D, également ASH, âgée
de 55 ans, qui se plaint de grandes difficultés
pour arriver à tenir son poste, malgré les
aménagements demandés par le médecin
lors de la visite précédente. L’IST
pense que l’application de ces aménagements
de poste est mal vécue, du fait de la mauvaise
organisation dans l’entreprise.
Le sujet de la maison de retraite est abordé en
réunion d’équipe : L’équipe
décide que l’IST aille faire une visite d’entreprise
au prétexte de remettre à jour la fiche
d’entreprise, afin d’étudier plus précisément
la façon dont les salariés s’entraident
et s’organisent.
A son retour, l’IST explique au MDT, qu’il
y a effectivement des problèmes d’organisation
du travail. Le personnel n’est pas assez nombreux,
les plannings ne permettent pas toujours de travailler
à 2 et donc de s’aider pour la manipulation
des résidents les moins valides, il y a manifestement
des incompréhensions et des animosités entre
les salariés qui estiment que certains sont privilégiés.
Mais l’IST s’est heurtée aux réticences
du Directeur qui n’a pas voulu aborder certaines
questions.
Le médecin
demande alors un entretien avec le Directeur, et retourne
dans l’entreprise avec l’IST. L’équipe
aborde les problèmes d’organisation et demande
au Directeur d’expliquer comment il tient compte
des demandes d’aménagement de poste, existant
pour 2 personnes dans une équipe de 9. La discussion
permet au Directeur d’exprimer ses difficultés,
ses exigences pour le personnel. Ces échanges ont
permis de confirmer les impressions de l’IST et
par conséquent au MDT de proposer des pistes d’amélioration
d’organisation au Directeur.
Le médecin confie alors à l’IST la
rédaction de la fiche d’entreprise qui permet
de tracer par écrit le contenu des échanges
avec la Direction. L’IST aborde le CR de la fiche
d’entreprise en s’appuyant sur ce qu’elle
a constaté du point de vue ergonomique et surtout
sur ce qu’elle a compris et perçu des problèmes
d’organisation, de travail en équipe. Elle
note notamment, les problèmes de répartition
de la charge de travail pour tenir compte des restrictions
d’aptitude, la surcharge de travail occasionnée
par la déficience d’intervention du SIAD,
les difficultés de mettre en place des plannings
avec des petites équipes, le manque d’échange
et de possibilité d’expression des auxiliaires
de vie, le sentiment d’éloignement ou d’incompréhension
de la Direction concernant les préoccupations éthiques
du personnel.
Le médecin s’appuie donc sur ces écrits
et rédige alors la conclusion en pointant les pistes
d’amélioration proposées à
la Direction, en particulier un travail de dialogue et
de recherche de solution en équipe.
L’IST a pu
participer activement à la rédaction de
la fiche d’entreprise, et donc assister le médecin
dans son travail d’écriture sur des problèmes
collectifs. Pour cela :
• L’IST
a pu échanger avec le médecin pour repérer
les problèmes à pointer et valider l’orientation
à donner à la fiche d’entreprise.
• L’IST a tracé tout ce qu’elle
avait pu comprendre de la situation de travail.
• Le médecin a fait les propositions à
l’entreprise en reprenant sous sa responsabilité
l’observation de l’IST, et en envoyant la
fiche d’entreprise sous sa signature.
|
La
visite par l’infirmière des lieux de travail,
les études de postes réalisées à
la demande du médecin du travail permettent d’analyser
l’activité réelle des salariés, et
leurs difficultés concrètes, en observant, et
en discutant avec les collectifs qui font ce travail, sur les
lieux même de leur travail. Ces actions font l’objet
d’un rapport écrit de l’infirmière
qui permet au médecin du travail d’enrichir sa
connaissance de l’entreprise et de réaliser un
écrit à destination de l’entreprise.
Vignette
clinique 8
Etude de poste
Madame X, 49 ans,
travaille dans un centre d’appel pour le secteur
bancaire depuis 4 ans.
1ère
visite :
Le 31 aout 2012, Mme X vient en visite de reprise suite
à un arrêt maladie de 2 mois et une semaine,
pour une épicondylite droite.
Les premières constatations ont été
faites début 2012 par le médecin traitant,
ainsi qu’une déclaration de maladie professionnelle
le 21 Mars 2012. Suite à un premier arrêt
de quinze jours associé à un traitement
anti-inflammatoire, Mme X a repris son activité
avec une amélioration des douleurs dans un premier
temps, puis une augmentation de la douleur début
juin ce qui a conduit à son arrêt du 18 juin
au 26 aout. Le médecin du travail constate ce jour
la disparition totale des symptômes, il conclut
donc à la reprise de Mme X, mais souhaite, pour
envisager un aménagement du poste de travail et
un suivi rapproché de la salariée, une étude
de son poste de travail.
Staff :
Le médecin fait passer le dossier de Mme X en staff
et demande à l’IST de réaliser une
étude de poste pour identifier plus précisément
l’origine de la problématique.
Etude de poste
:
L’étude de poste est réalisée
par l’IST le 12 septembre 2012. L’IST réalise
ensuite un compte-rendu de son observation, accompagné
de photographies mettant en évidence les postures
contraignantes pour la salariée, ainsi que des
propositions d’aménagement de poste avec
acquisition de matériel pouvant améliorer
ces postures.
Staff :
L’étude du compte rendu qui préconise
notamment le remplacement de la souris filaire et du repose
poignets par un modèle de souris centrale positionnée
au centre d’un repose poignet pour le clavier (référence
et photos communiqués dans le compte rendu).
La discussion entre le MDT et l’IST permet de valider
ce choix et le MDT réalise un courrier accompagnateur
du compte rendu qui est envoyé à l’employeur.
Dans les semaines qui suivent le MDT communique par téléphone
avec l’employeur qui décide de faire l’acquisition
du matériel recommandé.
Un contact téléphonique aura lieu entre
l’IST et Mme X en décembre 2012 qui permettra
de constater que cette dernière va bien et s’habitue
à son nouveau matériel sans difficulté.
2e visite :
Le 8 avril 2014, Mme X est convoquée pour sa visite
périodique avec le médecin du travail. Ce
dernier constate qu’aucune douleur n’est réapparue
depuis l’aménagement du poste de travail
et que l’adaptation à ce nouveau matériel
s’est faite sans difficulté et donne même
entière satisfaction à la salariée.
|
La
participation de l’infirmière au CHSCT fait
l’objet d’un CR écrit de ce qu’elle
a entendu, staffé au médecin du travail et versé
au dossier de l’entreprise.
Enquêtes
et études y compris épidémiologiques et
de veille sanitaire : l’infirmière peut concourir
au recueil d’observations et d’informations dans
une perspective à la fois de mise en visibilité
des risques et des contraintes professionnels, de mise en visibilité
des atteintes à la santé au travail.
Ecriture
dans le dossier partagé avec le reste de l’équipe
pluridisciplinaire sur des éléments ne concernant
pas les éléments médicaux des salariés
suite à des activités en milieu de travail réalisées
par l’infirmière seule ou à l’occasion
d’une approche en pluridisciplinarité avec, par
exemple, des ergonomes.
Nous
citerons également la monographie décrivant
les histoires cliniques écrites par l’IST, du point
de vue de la santé au travail pour instruire le rôle
du travail dans les manifestations de souffrance, en élaborant
des questionnements sur le lien entre santé et travail
et en montrant à partir de quoi ils sont construits.
Elles peuvent être une base de travail dans les groupes
de pairs IST ou pour des réflexions regroupant médecins
et infirmiers.
4.5- Compléter avec les transmissions
orales
Communiquer ne consiste pas seulement à émettre,
transmettre ou recevoir une information. C'est aussi comprendre
cette information et surtout établir une relation entre
un émetteur et un récepteur pour réaliser
un travail en commun.
Les transmissions orales permettent de vérifier la compréhension
du message. Elles peuvent être réalisées
lors du staff régulier permettant de revoir certains
dossiers de salariés « à problème
», mais aussi de façon tout à fait informelle
à l’occasion de rencontres non programmées
ou de besoins plus ou moins urgents d’échanger
à l’initiative de l’un des membres de l’équipe
médicale.
Elles s'adaptent à la personne, au lieu et au moment
choisi. Elles provoquent des réactions immédiates,
le réajustement du contenu est donc possible, elles permettent
l'échange et donc la possibilité de compléter
l'information.
L'inconvénient majeur de ce mode de transmission c'est
qu'il est fugace, sans trace, sans valeur juridique, l'émetteur
peut être influencé par de fausses perceptions,
interprétable et incontrôlable.
C'est pourquoi il ne peut se suffire à lui-même,
c'est un type d'échanges riches, indispensable à
la qualité du travail qui vient en complément
des transmissions ciblées écrites.
Vignette
clinique 9
Ecrits dans le
dossier de l’entreprise
Il s’agit
d’une entreprise de nettoyage, qui prend en charge
l'entretien des chambres d'un hôtel de 500 lits.
Pour cela l’entreprise met en place une équipe
de 17 femmes de chambres, une gouvernante et un inspecteur
de chantier. Les femmes de chambres sont réparties
en deux équipes distinctes qui travaillent en alternance
sur une plage horaire allant de 10H00 à 15H00 7
jours sur 7.
Suite aux ESTI
réalisés de Mars à Juin 2014, l’IST
constate un sentiment assez global de mal être au
travail, avec des problématiques de douleurs et
de stress. Ces remarques sont notifiées sur le
tableau de suivi de l’entreprise, et évoquées
en staff.
Au cours du staff, le MDT confirme que les quelques visites
de reprise faites pendant la période des ESTI vont
plutôt dans le sens des constats de l’IST.
Le MDT décide alors de faire une analyse de tous
les dossiers du personnel de l’entreprise qui travaille
pour cet hôtel. L’IST reprend donc tous les
dossiers pour quantifier les difficultés exprimées
par les salariés.
Après l’étude des 17 dossiers les
constatations sont les suivantes :
-
3 salariés expriment une ambiance tendue
-
4 se disent stressés par la charge de travail
et l’organisation du travail
-
3 parlent de dépassement d’horaires
-
9 disent ne pas pouvoir prendre de pause déjeuner
-
4 évoquent des douleurs rachidiennes
-
5 décrivent des douleurs au niveau des membres
supérieurs
-
2 témoignent d’une amélioration
depuis leur changement d’équipe.
Dans un même
temps, les salariés de l’hôtel concerné
sont convoqués en visite périodique et en
ESTI sur la période allant de Juin à septembre
2014. Au cours d’un staff le bilan est fait en équipe
et le constat est le suivant, les problématiques
de charge de travail et d’organisation du travail
n’apparaissent pas pour les salariés de cet
hôtel, il n’y a aucune constatation de mal
être au travail pour ces salariés. Une réflexion
est menée pour identifier un moyen d'action efficace
pour améliorer les conditions de travail des femmes
de chambre de cet hôtel.
La décision
est prise en équipe d'intervenir pour les femmes
de chambres auprès de la direction de l'hôtel
et de leur employeur en simultanée. A la demande
du MDT un rendez-vous est fixé en Novembre 2014
entre l’employeur, la direction de l’hôtel
et l’équipe médicale, afin d’évoquer
les différentes difficultés exprimées
par les femmes de chambres. Cet entretien a permis de
mettre à jour les difficultés d'organisation
du travail relevées dans l'ensemble des dossiers
de l'entreprise de nettoyage. Des pistes d'amélioration
des conditions de travail ont pu être trouvées
en commun entre le donneur d'ordre et l'employeur sous-traitant.
Dans cette histoire
il n’y a eu aucun écrit en dehors du suivi
individuel des salariés. Il n’y a eu que
des échanges verbaux pendant les staffs, à
chaque étape, basés sur des habitudes de
travail et l’ancienneté de l’équipe,
mais cela comporte des risques :
• C’est
un travail sans traçabilité pour le médecin
comme pour l’infirmière.
• Avec une possibilité de perte d’informations.
• Et un manque de visibilité du travail
de chacun au sein de l’équipe.
|
Il peut donc être important que l’infirmière
réalise une synthèse écrite pour le staff
avec le médecin comportant la présentation du
salarié, sa situation professionnelle et l’évènement
déclenchant et ce qui fait difficulté , le constat
de santé donc le diagnostic infirmier.
Dispute
professionnelle-4
Comment articuler
les collaborations dans l’équipe médicale
pour les Ecrits dans le DMST ?
Et les Ecrits à destination de l’employeur?
-
Quelle
écriture de l’infirmier au DMST ?
-
Quelles règles
professionnelles pour les différents écrits
de l’IST ?
-
Comment peut-il
tracer par écrit sa responsabilité professionnelle
propre en cas de besoin ?
-
Quelle place
pour les groupes de pairs entre IST
|
________________________________________
-48-Article « L'analyse des
compétences infirmières lors d'une situation d'évaluation
clinique et diagnostique », G.PEDARRIBES et G.LEFEUVRE
; SFSP Santé Publique vol.26/N°5-sept oct 2014
-49- Mémoire : « les
transmissions ciblées : du raisonnement clinique à
la qualité des pratiques professionnelles » I.SIGUIE
-50- Revue SOINS N°742 janvier/février
2010 « du raisonnement clinique à la pratique infirmière
»
-51- Mémoire : « les
transmissions ciblées : du raisonnement clinique à
la qualité des pratiques professionnelles » I.SIGUIE
-52-Revue SOINS N°742 janvier/février
2010 « du raisonnement clinique à la pratique infirmière
»
-53-Recommandation HAS sur le DMST
Le DMST est tenu par le médecin du travail. Il peut être
alimenté et consulté par les personnels infirmiers
du travail collaborateurs du médecin du travail, sous
la responsabilité et avec l’accord du médecin
du travail, dans le respect du secret professionnel et dans
la limite de ce qui est strictement nécessaire à
l’exercice de leur mission.
-54-Revue SOINS N°742 janvier/février
2010 « du raisonnement clinique à la pratique infirmière
»
-55- Synthèse des recommandations
professionnelles de l’HAS concernant le dossier médical
en santé au travail (DMST). Janvier 2009: “le DMST
est tenu par le médecin du travail. Il peut être
alimenté et consulté par les personnels infirmiers
du travail, collaborateurs du médecin du travail, sous
la responsabilité et avec l’accord du médecin
du travail, dans le respect du secret professionnel et dans
la limite de ce qui est strictement nécessaire à
l’exercice de leurs missions.”
-56- Katia WANQUET, licence mention
santé travail -2010-2011
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En
guise de CONCLUSION
Repères pour les pratiques professionnelles
et Disputes professionnelles
Un questionnement des « Repères
pour les pratiques professionnelles » de ce Livret,
rassemblées par un groupe de travail infirmières
et médecins du travail, est soumis aux « disputes
professionnelles » des participants au Colloque du 5
juin 2015, et au-delà, de la communauté professionnelle,
pour en relever les avancées, impasses, questions non
résolues, afin de progresser dans nos pratiques médicales,
IST et médecins du travail.
Des « Vignettes cliniques » en faciliteront la
compréhension pour les pratiques professionnelles.
Ce questionnement est décliné
en quatre Séquences.
1- Le binôme médecin du travail
- infirmière (IST) utilise comme grille de lecture
le travail, socle de la clinique médicale du travail
et de l’instruction des liens santé-travail.
Que serait une consultation d’infirmière en santé
au travail ? Cette approche est-elle différente selon
que l’entretien est mené par le médecin
ou l’infirmière?
2- Donner à voir ses règles
professionnelles permet l’installation de la confiance
dans cette équipe médicale. Quelles modalités
d’une collaboration clinique respectueuse IST –
M du T ? Comment l’infirmière peut-elle construire
alors son métier ? Quelles places pour cela pour les
groupes de pairs ? Le staff hebdomadaire permet-il de reprendre
les cas difficiles ?
3- Comment rédiger un protocole
pour l’ESTI, support de l’engagement de responsabilité
du médecin, et de la collaboration entre nos deux métiers.
Qui rédige un tel protocole ? En quoi l’existence
de protocoles protège-t-elle l’exercice professionnel
de l’IST ? Dans le métier d’IST, quelle
place pour le « care », le « prendre soin
» ; quelle articulation spécifique avec le «
travailler » ?
4- Comment articuler les collaborations
dans l’équipe médicale pour les Ecrits
dans le DMST ? Et les Ecrits à destination de l’employeur
? Quelle écriture de l’infirmière
au DMST ? Quelles règles professionnelles pour les
différents écrits de l’IST ? Comment peut-elle
tracer par écrit sa responsabilité professionnelle
propre en cas de besoin ? Quelle place pour les groupes de
pairs entre IST ?
|
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