ACTES du Colloque du VENDREDI 14 decembre
2012
Colloque
E-PAIRS-SNPST(Paris)
Cooperation clinique en sante au travail
Focus TMS et RPS
Après
un premier colloque de ce type le 9 décembre 2011 qui a principalement
traité des traçabilités (actes sur le site),
E-pairs s'associe à nouveau avec le SNPST pour évaluer
les réalisations et les potentialités de cette coopération
sur deux atteintes à la santé parmi les plus fréquemment
rencontrés : TMS et RPS, Troubles Musculo Squelettiques et
Risques PsychoSociaux.
Les
premiers acteurs évoqués de la coopération clinique
en santé au travail sont les médecins du travail et
les infirmières en santé au travail qui constituent
les intervenants de cette journée. Mais aussi des collaborateurs
proches dans les services et les professionnels de santé externes
comme les médecins généralistes et des spécialistes
peuvent devenir aussi des coopérateurs cliniques précieux.
Quatre
séquences sont prévues où la présentation
explicite de situations de coopération clinique sera suivie
d'échanges avec les participants de la salle. L'objectif est
de questionner la place d'une clinique partagée et complémentaire
de la santé au travail. Par exemple, le recours de plus en
plus fréquent à des questionnaires et des protocoles
fermés semble banaliser des divisions de tâches et restreindre
une clinique compréhensive pour l'action. Un double fil rouge
médecin et infirmier du travail tentera d'aider à l'émergence
de repères. Titre des séquences à venir..."
Un fil rouge est composé
d'un médecin et d'une infirmière seniors qui réagiront
après les débats qui suivront chaque cas clinique.
Fil rouge Joëlle Milliez
: Infirmière en santé au travail
Fil rouge Dominique Huez
: Médecin du Travail
Conférence : concepts
et historique des coopérations cliniques en santé
au travail
Fabienne Bardot, Catherine Robida
Possibilités de la collaboration
médecin-infirmière en médecine et santé
au travail.
La survie de la médecine du travail tient au maintien
de l’approche clinique individuelle des salariés.
Ce sont les connaissances des liens entre les effets du travail
sur la santé (et inversement), fines et cumulées,
qui orientent vers les projets préventifs, avec l’aide
technique des IPRP. Cette connaissance n’est obtenue
que grâce à l’investigation clinique. Or
cette approche clinique très particulière risque
de s’appauvrir, voire de disparaître avec la raréfaction
des médecins du travail. D’où l’idée
de faire appel à l’assistance d’infirmières
spécialisées en médecine et santé
au travail pour maintenir l’accès à l’analyse
clinique de la relation « santé-travail ».
Pour autant, le travail de récolte de ce matériau
clinique demandé aux infirmières diffère
de ce que font les médecins du travail (ou faisaient,
pour certains). Il ne s’agit pas d’une substitution,
les deux métiers ne sont pas les mêmes. Mais
ils sont complémentaires et leur mise en commun transforme
par enrichissement le diagnostic sanitaire dans une entreprise
et augmente les capacités d’action, préventive
ou autre.
La collaboration médecin-infirmière s’organise
autour des rôles de chacun des acteurs socialement
définis dans le Code de santé publique:
Les médecins font partie des professions médicales
et de ce fait sont exonérés du principe de protection
de l’intégrité corporelle,
Les auxiliaires médicaux (les infirmières en
font partie) n’y sont autorisés que dans le cadre
de leur décret d’actes (décret du 29 juillet
2004 retranscrit dans le CSP à partir de l’article
R 4311-1 et des suivants).
Ce décret d’actes infirmiers propose la notion
de « rôle propre infirmier » (article
R 4311-1 du CSP) et définit la notion de « diagnostic
infirmier » (article R 4311-3 du CSP). Ce sont
ces deux compétences qui vont permettre le travail
d’assistance du médecin du travail et du travail
coopératif. Leur immense utilité est d’être
une aide au diagnostic médical du médecin (article
R 4311-2 du CSP).
La spécificité de la clinique infirmière
serait donc caractérisée par une approche globale
dans la perspective du « prendre soin, de porter
attention à la personne » dans sa situation
de travail ; ce qui correspondrait à la notion
de « care » en santé au travail
et ce qui fait la différence avec l’approche
médicale du « cure », même
en médecine du travail.
L’Entretien Santé Travail Infirmier (ESTI) n’est
pas un examen médical. Il s’appuie avant tout
sur une approche très globale du salarié dans
son environnement complet de vie, sur sa parole au sens clinique
du terme, désignant la capacité à organiser
et à mettre en lien les déclarations de la personne
avec les situations de travail et les rapports sociaux de
travail connus du professionnel. L’infirmière
doit être en capacité d’en faire une synthèse
au médecin. Et ce dernier consolide ainsi son diagnostic
médical en s’appuyant sur ses connaissances propres
médicales des situations individuelles ou collectives.
L’ESTI est réalisé sous la responsabilité
du médecin (article R 4623-14 du Code du travail),
il s’agit d’une prescription du médecin.
La perspective d’une collaboration introduit l’idée
d’une relation de confiance obligatoire alors que les
partenaires sont dans un rapport hiérarchique asymétrique.
L’enjeu de ce rapport est donc central pour une
relation de coopération réussie : il s’agit
de tout faire pour échapper à une relation de
subordination ou, à l’inverse, de « copinage »,
lorsqu’on se trouve de fait dans une relation asymétrique,
non paritaire. La qualité des compétences à
acquérir est donc primordiale pour l’infirmière.
La formation théorique doit être de grande qualité.
Et le médecin doit participer à une formation
pratique de terrain de l’infirmière de type compagnonnage.
La journée s’articulerait autour de ces réflexions
qui seraient illustrées par des exemples de pratiques
coopératives, de cas pratiques.
Historique du dispositif
infirmier au CIHL
Docteur Catherine Robida
Genèse du projet :
Dès 2007, nous avons du gérer
un déficit de temps médical qui va aller en
s’accentuant avec le départ non remplacé
des médecins qui partent en retraite.
Nous faisons l’analyse que si l’approche clinique
globale par des consultations systématiques disparaît,
faute de temps médical, ne restent que les consultations
« urgentes » et d’«embauches»
selon les critères juridiques. La conséquence
en est la disparition de la vision collective apportée
par les informations regroupées de vécus individuels
rapprochés et touche la vision clinique globale des
relations santé-travail. Donc, le raisonnement est
le maintien ou non d’une approche médicale ?
Quel serait l’apport d’une infirmière?
L’infirmière assiste le médecin dans son
approche clinique de la santé au travail et des liens
entre les deux. Sinon, on verra se mettre en place une approche
uniquement par les risques et on pourra faire sans les médecins
du travail, seulement avec les IPRP. Finalement, les partenaires
sociaux ont choisi de maintenir l’approche clinique
individuelle
D’où l’idée d’une assistance
des médecins du travail par des infirmières
formées à la spécialité et à
l’entretien santé travail infirmier mais qui
nécessitent des conditions obligatoires : une formation
universitaire diplômante : DIUST ou licence et une formation
concomitante de terrain obligatoire par un système
de formation en alternance avec un médecin volontaire.
L’infirmière fera des Entretiens Santé
Travail Infirmiers (ESTI), sur prescription du médecin,
selon un protocole de cadrage, avec mise en application du
« rôle propre » infirmier. D’où
l’importance du tutorat ou apprentissage par un système
de compagnonnage. L’infirmière assiste aux consultations
médicales, rédige des observations (relevant
de l’ESTI), elle fait des exercices devant le médecin
puis des exercices en vrai, seule, le médecin à
ses cotés.
En alternance de cet apprentissage au cabinet, il faut ouvrir
la possibilité d’assister à des consultations
d’autres médecins, d’assister à
des entretiens infirmiers (si possible), d’assister
à des interventions de terrain d’IPRP. C’est
le médecin qui juge (et qui sait) lorsque l’infirmière
peut commencer seule. Elle doit être assistée
d’une secrétaire, elle même sous la responsabilité
du médecin.
Une fiche d’ESTI avec double signature est remise au
salarié et à l’employeur.
Au départ, l’infirmière reçoit
les salariés en consultations systématiques
et les salariés vus en première consultation,
hors « embauches » juridiques. Un staff est obligatoire
une fois par semaine pour traiter des dossiers à problèmes
et définir les actions de suite.
La visite d’entreprise est obligatoire pour comprendre
le contenu du travail (AMTI), l’infirmière en
fait toujours un compte rendu détaillé.
L’infirmière participe aux CHSCT, elle sera toujours
présentée une première fois par le médecin.
Elle en fait un compte rendu écrit. C’est une
mission déléguée. Elle aide à
la rédaction de la fiche d’entreprise, à
partir des comptes rendus de visites d’entreprises.
Elle travaille en réseau avec les IPRP, à partir
des besoins qu’elle a repérés, après
validation des demandes par le médecin. Elle est un
relais, l’infirmière n’est pas un IPRP.
Quelles sont les conditions de réussite ? Il faut des
médecins volontaires et idéalement une infirmière
avec un médecin. Il est déconseillé qu’une
infirmière travaille avec plusieurs médecins
dont les pratiques peuvent être différentes,
ce qui mettrait l’infirmière en difficultés.
Mais il faut qu’un minimum de médecins remplace
ceux qui partent, sinon le dispositif ne marchera plus. Une
infirmière ne peut travailler sans médecin (pour
l’instant: cf R 4623-14 CT).Il est nécessaire
qu’une confiance sans faille s’établisse
entre le médecin et l’infirmière, d’où
la nécessité de la qualité de l’apprentissage.
Le tutorat est impératif, la formation théorique
n’est pas suffisante. On risque des difficultés,
voire des échecs en l’absence d’encadrement
serré au départ.
L’histoire du projet : de la conceptualisation à
la pratique
La première infirmière a été embauchée
en octobre 2007 sous tutorat du Docteur BARDOT sur un secteur
en grande pénurie médicale. Le projet présenté
au Conseil d’Administration et à la Commission
de Contrôle a été validé mais avec
un avis non-unanime de la CMT. Deux mois après, un
groupe de travail avec des médecins intéressés
par le projet a vu le jour. Les premières infirmières
ont été embauchées. La dérogation
de la DRTEFP a été accordée en 2009 pour
l’entretien infirmier santé-travail et l’AMT.
Des résistances existaient au sein du service, de la
part de certains médecins, ainsi que des secrétaires
qui s’inquiétaient de leur rôle et de leur
positionnement par rapport aux infirmières. L’avancement
du projet fut présenté à toutes les étapes
et à toutes les instances, et notamment sous la forme
de cas pratiques lors des réunions de service.
Des groupes de travail ont été constitués
: médecins-IDEST, réunions avec les secrétaires,
réunions des IDEST entre elles afin de créer
une base commune de travail, d’harmoniser et débattre
des pratiques, de mettre en place des « protocoles »,
«référentiels guides » en fonction
des situations cliniques rencontrées.
En pratique : le médecin détermine avec l’infirmière
quelles entreprises sont concernées et lesquelles il
va lui déléguer. Les entreprises sont préalablement
informées par courrier. Les visites périodiques
uniquement (ou première consultation hors embauche
juridique) sont déléguées. Le nombre
d’entretiens par demi journée est fixé
par l’équipe : médecin, infirmière,
secrétaire (8 maximum par demi-journée dans
notre service).
L’IDEST remet une fiche de suivi infirmier. L’IDEST
ne doit pas indiquer de restrictions, mais orienter le salarié
vers le médecin du travail si c’est nécessaire.
Par contre, il est possible de reconduire les restrictions,
le médecin du travail en sera informé en STAFF.
Des conseils de prévention peuvent y être notés,
le port d’EPI, ainsi que les principales expositions,
ou autre si prescription du médecin du travail.
En conclusion : le dispositif s’est mis en place et
s’est développé avec un recul de 5 ans.
Les équipes fonctionnent en autonomie. Tutorat et formation
demandent un fort investissement des participants. Il n’y
a pas ou peu de résistance chez les employeurs et les
salariés. Cela a permis de maintenir des consultations
périodiques et de pratiquer un travail en réseau
plus efficace. Le nombre de demandes faites aux IPRP a augmenté
ainsi que la participation aux CHSCT.
Catherine ROBIDA
Fil rouge Joëlle Milliez
Le cadre législatif de l’intervention de l’infirmière
de santé au travail a bien été reprécisé
par Fabienne Bardot.
La mise en place des entretiens santé infirmiers demande
l’élaboration de nouvelles modalités de
travail et de coopération entre médecin et infirmières
dans le cadre d’une organisation orientée vers
la continuité du suivi de santé des salariés.
Même si cette nouvelle organisation s’inscrit
dans un contexte démographique difficile , la mise
en place des ESTI n’a pas pour objectif de résoudre
à terme des problèmes de densité médicale
, mais elle est sous tendue par le soucis de conserver une
qualité du suivi de santé du salarié
Le binôme médecin infirmiers est capital, il
faut travailler en confiance et dans un respect mutuel. Il
faut bien préciser le rôle de chacun.
Sa mise en œuvre demande réflexion et volontarisme,
Cette pratique coopérative participe d’un repositionnement
du médecin sur des activités médicales
requérant une expertise dont lui seul est détenteur,
et d’un positionnement nouveau des infirmiers dans des
champs peu ou pas investis par le médecin ainsi les
activités mises en œuvre par les infirmières
sont complémentaires à celles du médecin..
Nous devons mutualiser nos compétences pour que perdurent
les services de santé au travail
Fil rouge Dominique Huez
Il faut noter la clarté de cette intervention qui
met bien à plat le cadre et les règles de coopération
infirmier - médecin du travail. Elle essaie de caractériser
la spécificité du rôle propre de l’infirmier
du travail, pour une fois du point de vue du métier
de l’infirmier du travail. L’importance d’un
protocole élargi pour la pratique de l’entretien
infirmier y est réaffirmée. Il est clair qu’il
ne s’agit pas d’une activité de substitution
du médecin vers l’infirmier, mais d’un
enrichissement de pratiques médicales « à
deux lignes musicales », à métier, droits
et devoirs spécifiques différents, réglementairement
définis. La défiance légitime pour des
tâches vides de sens confiées à l’infirmier,
de « remplissage de questionnaire », est soulignée.
L’aspect très concret des modalités en
situation du compagnonnage formateur de l’infirmier
du travail avec le médecin du travail est un acquis
précieux. Un chantier à ouvrir sera le dépassement
du rôle propre infirmier tel qu’il est défini
dans code de la santé publique. Ceci pour le spécifier
en médecine du travail, en y intégrant les déterminants
sociaux du travail afin ne pas être enfermé dans
une conception de l’éducation sanitaire et des
facteurs de risque exclusivement individuels. Y intégrer
la prise en compte du travail, ouvre à une meilleure
compréhension des difficultés pour les salariés
de leur « travailler » et « travailler ensemble
». Au-delà de la novation des staffs de synthèse
et transmission, comment inventer une coopération clinique
réactive. Quelle place alors pour l’écriture
au dossier médical de l’infirmier, déléguée
par un médecin du travail et de sa seule responsabilité.
La délégation médecin - infirmier du
travail est dépendante de la confiance professionnelle
réciproque, assise sur des valeurs et règles
professionnelles partagées qui font sens en prévention
de la santé au travail. Préciser du point de
vue du métier, le cadre réglementaire de l’intervention
infirmier, protégera ce dernier d’un risque juridique
majeur. Il ne peut en effet hors rôle propre, intervenir
en absence de médecin en responsabilité pour
un « secteur professionnel déterminé ».
L’infirmier du travail après un ESTI ne peut
reconduire des restrictions médicales antérieures,
ni déclencher en autonomie l’action d’un
IPRP, ni nourrir sans le médecin du travail la «
fiche d’entreprise » de ses données, ni
intervenir en « rôle propre » en CHSCT,
toutes activités relevant de la mission réglementaire
du médecin du travail et engageant sa responsabilité
personnelle.
Le débat devra continuer pour ne pas enfermer le médecin
du travail coopérant avec un infirmier pratiquant des
ESTI, à ne traiter exclusivement que les pathologies
aigues ou le maintien dans l’emploi. Malgré les
ESTI, le médecin du travail devra continuer à
exercer une médecine de prévention individuelle
de première ligne ouvrant à la prévention
primaire collective, en articulant veille médicale
et alerte médicale si nécessaire.
Faute d’un minimum de suivi médical individuel
systématique par le médecin du travail pour
des travailleurs réputés en bonne santé,
la médecine du travail clinique de première
ligne disparaitra et la clinique médicale du travail
sera appauvrie d’un regard médical essentiel
sur « la normalité » qui ne sera plus possible.
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Coopération sur les
TMS entre une infirmière et un médecin d'un
SIST dans une entreprise de fabrication d'accessoires,
Mireille Chevalier, MdT, Katia Wanquet, IST
Présentation :
Dans
une entreprise de fabrication de produits de consommation
courante en matière plastique, le médecin du
travail a été amené à faire une
alerte pour les troubles musculosquelettiques dans les ateliers
et pour les RPS dans le service commercial.
L’entreprise
décide de mettre en place avec la collaboration du
service de santé au travail et de la CARSAT une action
d’amélioration, un groupe de travail dédié
à l’étude et l’amélioration
d’un poste de découpe plastique est mis en place.
Le
suivi du groupe de travail se fait en alternance entre le
médecin du travail et l’infirmière, en
fonction des besoins du groupe, des spécificités
professionnelles du médecin ou de l’infirmière
mais aussi des disponibilités de chacune.
Afin
d’effectuer au mieux cette action et le suivi de l’entreprise,
il a été nécessaire de mettre en place
des outils et une méthodologie efficaces entre le médecin
et l’infirmière.
Connaissance
de l’entreprise pour l’infirmière, communication
orale régulière mais aussi des transmissions
écrites.
Les actions en entreprise et le suivi des salariés
sont ainsi partagés par le médecin et l’infirmière
afin de maintenir le lien avec l’entreprise, les salariés,
et agir pour le mieux dans cette entreprise difficile.
Texte de La présentation
Coopération entre une infirmière
et un médecin d’un SIST, exemple d’une
entreprise fabriquant des objets de coiffure
Plan détaillé
Présentation de l’équipe :
ASSTV
Equipe : 2 médecins – 2 secrétaires –
1 IST
Secteur : polyvalent avec un peu d’industrie, beaucoup
de BTP et de centres d’appel.
1. L’entreprise :
o contexte
Suivie par le médecin du travail depuis 10 ans.
Fabrication de barètes pour cheveux avec attache métallique,
en perte d’activité constante (a eu 400 salariés),
actuellement 80.
Rachat en 2005 par un groupe de vente d’articles en
hypermarché.
Restructuration : recentrage de l’activité sur
les produits finis importés (produits plastiques),
fabrication locale en continuelle diminution.
Redressement de l’entreprise au prix :
D’une pression constante sur le service commercial
D’une exigence de productivité et de polyvalence
dans la production
D’un accroissement de l’activité du service
picking.
Conséquence : apparition des TMS avec quelques points
spécifiques à l’entreprise :
Moyenne d’âge élevée
Charge de travail croissante
Machines vieillissantes
Dans ce contexte, le médecin du travail a fait 2 alertes
auprès du CHSCT :
• RPS au service commercial : 3 inaptitudes + courriers,
surcharge de travail, burn-out, injonctions.
• TMS à la production et à la logistique
: déclarations de MP (épaules et coudes), augmentation
de la productivité sur des machines vieillissantes
et développement du picking sur ancienne organisation.
o Réponse de l’entreprise concernant les TMS
Décision de mettre en place une action d’amélioration,
en collaboration avec la CARSAT et le service de santé
au travail.
Pilotage : responsable de sécurité, secrétaire
du CHSCT
Création d’un groupe de travail : étude
et amélioration d’un poste de découpe
plastique (plusieurs déclarations de MP, coudes et
épaules dans cet atelier, poste considéré
comme particulièrement pénible).
2. L’action de l’équipe médicale
:
• Organisation :
Le médecin propose à l’infirmière
une collaboration sur ce groupe de travail uniquement centré
sur les améliorations techniques du poste.
Il est décidé :
o Apport de l’équipe :
Conseils et connaissances sur
les mouvements
l’organisation du travail
les facteurs de TMS
Accompagnement du groupe lors de la recherche des améliorations
techniques du poste.
Apport d’expérience concernant les modifications
choisies.
Pistes pratiques.
o Organisation de l’équipe :
Participation aux réunions :
Commune pour la première réunion
Puis en alternance, selon les disponibilités et l’avancement
(ordre du jour)
Le médecin : plutôt connaissances théoriques
L’IST : plutôt aspects pratiques et vécu
pour les salariés.
• Contexte de l’action de l’équipe
:
o Connaissance du terrain (l’entreprise)
Pour l’IST arrivée en 2010 :
Visite de l’entreprise avec le MDT
Participation à une étude toxico (peinture)
avec IPRP du service
Participation à plusieurs CHSCT avec le MDT évoquant
TMS et RPS
o ESTI
Début à la même période
o Etude de poste
Problème de maintien dans l’emploi (suite TMS)
à la logistique.
Etude réalisée en commun IST et MDT.
3. Les moyens :
L’équipe a mis en place une organisation
adaptée aux besoins de cette entreprise qui comporte
80 salariés exposés à de nombreux risques
et qui sollicite régulièrement le SST.
• Suivi individuel : ESTI
Suite à la prise de connaissance de l’entreprise
par l’IST les trames d’ESTI sont réalisées
en coopération entre le MDT et l’IST.
Elles sont basées sur les risques professionnels des
salariés : RPS ; TMS ; risques chimiques notamment.
La planification de ces ESTI (suivi périodique) est
faite en alternance avec le MDT.
L’effectif est réparti entre les différents
types de rendez-vous par la secrétaire du secteur.
Cela nécessite une gestion et une préparation
en fonction des demandes et des besoins.
La secrétaire doit être impliquée dans
l’équipe avec une compréhension du rôle
de chacun et des choix de l’équipe.
Pour cette entreprise, sur une même période,
certains salariés sont vus en ESTI par l’IST
pendant que d’autres sont reçus en VP par le
MDT. S’ajoute à ça toute l’année
les VE, les VR et les V. à la demande qui sont réalisées
par le MDT.
Les ESTI sont construit sur la base d’un entretien semi
directif, afin de mener une recherche de signes et symptômes.
Il s’agit d’interroger le travail : vous faites
quoi ? Comment ? Et quel est votre ressenti ?
Pour les TMS en particulier le MDT utilise la méthode
Salsa qu’il a soumise à l’IST pour qu’elle
puisse adapter sa recherche de symptômes en fonction
de ses compétences propres.
? Amplitude gestuelle
? Fréquence et intensité de la douleur
? Prise de traitement et efficacité
Les ESTI et les visites réalisées par le MDT
permettent de recueillir des informations sur la santé
des salariés, les conditions de travail et le climat
de l’entreprise.
Ils permettent également de prodiguer des conseils
auprès des salariés sur la prévention
des risques professionnels, la prévention de leur état
de santé et les aides multiples du médecin du
travail en fonction de leur besoin.
Tous ces éléments peuvent permettre une prise
de conscience du salarié sur les risques et la réalité
du travail.
Les résultats de ce travail sont basés sur
un échange croisé des différents points
de vue et recueils d’informations qui nécessitent
des moyens d’échanges.
La pluridisciplinarité exige des outils de continuité.
o Transmissions écrites :
Sur les DMST des salariés, les fiches de poste, les
CL.
Sur le tableau de suivi de l’entreprise classé
dans un fichier informatique partagé par le MDT, IST
et SM.
o Transmissions orales ou staff :
Réunions communes de l’équipe du secteur
: MDT, IST et SM qui permettent des échanges, sur les
questionnements de chacun, sur les problèmes rencontrés
ou sur les éléments marquants recueillis.
Permettent également la gestion des DMST complexes
et les orientations
Toutes ces données relevées et transmises au
MDT en staff et dans les DMST doivent lui permettre de conserver
un lien avec le salarié, de poser un pré-diagnostic
et d’adapter son suivi.
Des réunions de l’équipe élargie
sont également nécessaires (2MDT+2SM+1IST) pour
la gestion du planning, la mise en commun des différents
outils utilisés et la mutualisation de la méthode
de travail.
• Suivi collectif :
Le suivi de l’entreprise nécessite également
la participation de l’équipe aux différentes
réunions du CHSCT, des groupes de travail mis en place
dans l’entreprise. Parfois également des études
de poste sont nécessaires au maintien dans l’emploi
des salariés en difficultés.
Ce suivi peut se faire en équipe avec une participation
partagée entre le MDT et l’IST, ce qui n’est
réalisable que si les moyens d’échanges
efficaces sont mis en place.
o Transmissions orales :
Staff de l’équipe MDT + IST + SM
1/3 temps communs entre le MDT et l’IST
o Transmissions écrites :
Toujours sur le fichier informatique partagé.
Tableau de suivi de l’entreprise complété
aussi bien par le MDT que l’IST (voir la SM) en fonction
des informations recueillies.
Compte-rendu des différentes réunions (groupe
de travail et CHSCT)
Courriers
Fiche d’entreprise
Tous les éléments concernant l’entreprise
: tableau de suivi des FDS, résultats d’études
ou d’analyses.
4. Finalité :
Efficacité du travail complémentaire du MDT
et de l’IST.
Lors du suivi individuel :
Evaluer les répercutions éventuelles de l’aménagement
de poste sur le vécu et l’état de santé
du salarié.
Vigilance sur les autres postes (picking)
Associer les points de vue et les éléments
repérés par l’une ou l’autre pour
pousser plus loin le CHSCT et pouvoir interroger l’organisation
du travail
Pour le salarié : alterner MDT et IST : plus d’éléments
de compréhension, enrichissement de son point de vue.
5. Les difficultés :
• L’organisation des équipes dans le SST
:
1 IST pour 2 médecins :
Equipes lourdes.
Réunions d’équipes nécessitent
de torturer les plannings.
Possible que si les MDT arrivent à travailler de façon
proche, avec les mêmes outils.
Nécessite des stratégies communes (charge de
travail, effectifs…)
• Le contexte actuel des SST :
La situation actuelle fragilise les équipes :
Augmentation des effectifs
Changements de secteurs
Pression de la Direction vers une vision de rentabilité
et de réalisation des VP.
• Tenir bon :
Volonté de l’équipe de maintenir le cap
sur la clinique médicale du travail et l’intérêt
de la santé des salariés :
Avec un suivi individuel
Une action en entreprise
En résumé cette façon de travailler
permet d’améliorer la qualité du suivi
des salariés, en obligeant les professionnels à
questionner leur positionnement et leur pratique. Cela demande
une organisation nouvelle et complexe qu’il ne faut
absolument pas sous estimer.
Katia Wanquet,
Fil rouge Joëlle
Milliez
Voici un bel exemple de coopération
avec deux regards partagés sur une problématique
de TMS
On voit ici l’importance des pratiques associées
avec un protocole indispensable
L’infirmière dans le cadre de son rôle
propre intervient dans la prévention et l’information
La question du rapport au corps du salarié a été
soulevée, mais il ne s’agit aucunement de faire
un examen médical mais bien de repérer les signes
de souffrance et donc d’alerte en rapport avec le travail.
L’infirmier dans sa formation et sa pratique a accès
au corps du malade, ce ne doit pas être un problème
du moment que l’on reste dans notre rôle infirmier.
Dans le cadre de la santé au travail et en cas de besoin
pour affiner un avis on peut tout à fait avoir ce regard
sur le corps avec l’accord du salarié.
La mise en place des entretiens infirmiers exige de dégager
du temps et recadrer les actions de l’infirmière
dans son cœur de métier.
Nous pouvons jouer un rôle de veille et d’alerte
auprès du médecin. D’où l’importance
de la formation spécifique en santé travail,
la confiance du médecin envers son infirmier n’en
sera que renforcée
La question de la façon d’inscrire les transmissions
des entretiens dans les dossiers médicaux a été
soulevée et chaque binôme a sa façon de
faire, directement sur le dossier ou dans un feuillet infirmier
joint au dossier
Fil rouge Dominique
Huez
Les coopérations en clinique médicale
du travail sont structurées par deux métiers,
infirmier et médecin, où la prise en compte
du point de vue exclusif de la santé au travail est
centrale. D’où l’importance du travail
en groupe de pairs spécifiques et staffs médicaux
médecins et infirmiers. Le médecin du travail
ne sera jamais dédouané de voir cliniquement
un salarié devant « des ambiances de travail
» se dégradant selon le diagnostic infirmier.
Du point de vue de ce dernier, une coopération d’appui
médical au médecin du travail est subordonnée
à une compréhension partagée des règles
et obligations réglementaires du métier de médecin
du travail qui, lui, est comptable d’une mission et
responsabilité personnelle d’ordre public social.
Il y a une difficulté professionnelle éventuelle
pour un infirmier, à travailler avec deux médecins
du travail s’il doit par nécessité, alterner
ses coopérations entre deux systèmes de règles
professionnelles et normes portées par chaque médecin.
Le rapport de l’infirmier au corps du salarié
lui permet d’appréhender la « corporéité
» de l’engagement dans le travail et l’ampleur
d’éventuels « handicaps de situation »
touchant fonctionnellement tel ou tel segment corporel. La
compréhension de l’activité de travail
du salarié et de ce qui peut faire difficulté
dans celle-ci, est pour l’infirmier du travail la grille
de lecture essentielle pour appréhender les «
traces » du travail sur le corps, dans un objectif de
prévention individuelle et collective.
|
Analyse collective du travail
en coopération médecin/infirmière du
travail dans une structure médico sociale,
– Exemple de collaboration
médecin-infirmière, de l’individuel à
l’action collective.
Céline Gillot Infirmière santé-travail
La collaboration médecin-infirmière
dans le cadre des suivis périodiques des salariés
modifie la « population » reçue par le
médecin. Le médecin se retrouve principalement,
voire exclusivement, confronté à réaliser
des visites de reprise ou à la demande, c'est-à-dire
prendre en charge des situations « problématiques
». Cette activité, axée davantage sur
les « problèmes », biaise donc la vision
globale de l’entreprise. L’infirmière,
essentiellement avec son rôle propre, doit appréhender
tous les facteurs délétères et constructeurs
pour le salarié et le collectif auquel il appartient.
Il est donc important que l’infirmière soit une
collaboratrice de confiance et sache transmettre au médecin
le contenu de son recueil clinique. Ainsi, le médecin
peut conserver une vision « juste » de l’entreprise
et proposer des actions pertinentes et en lien avec la réalité
de celle-ci.
Je vais illustrer mes propos par un exemple de projet que
nous avons mis en place avec le Dr Bardot.
Dans une entreprise qui prend en charge des personnes handicapées,
le Dr Bardot a été sollicité par quelques
salariés pour l’alerter sur les « risques
psychosociaux ». Un CHSCT exceptionnel a été
demandé par les élus. Avec les éléments
cliniques que nous avions, nous avons choisi de proposer une
analyse collective du travail afin de mettre au centre des
discussions « le travailler » , et leur permettre
de dégager des actions pour désamorcer ce conflit
naissant. Je présente notre démarche et ses
résultats.
Fil rouge Joëlle
Milliez
Il est clair que dans cet exemple précis
le binôme médecin infirmier partage les mêmes
valeurs et qu’il est basé sur la confiance mutuelle.
C’est la condition pour que ce genre d’intervention
aboutisse
Cette analyse de la psycho dynamique du travail collective
est assez rare dans nos pratiques elle peut être été
facilitée par la population étudiée qui
était dans un contexte porteur. ?
C’est une expérience enrichissante et intéressante
Fil rouge Dominique
Huez
Pour nourrir un processus de construction
de la confiance, le médecin du travail qui peut donner
une délégation de tâches à l’infirmier,
doit « donner à voir » à l’infirmier
avec qui il coopère, ses règles professionnelles
clinique et d’intervention.
Le médecin du travail ou l’infirmier peuvent
être en difficulté dans leur appréhension
des risques psychosociaux des organisations du travail si
leur pratique n’est pas nourrie des apports de l’ergonomie
de l’activité de travail et de la psycho-dynamique
du travail.
La clinique médicale du travail est nourrie de ces
deux approches dans le suivi médical clinique individuel.
Ainsi peuvent être appréhendés les obstacles
au « travailler », à l’engagement
subjectif dans le travail, et « décodés
» le silence éventuel de la « normalité
», quand les processus psychiques défensifs individuels
ou collectifs masquent les effets pour la santé en
modifiant de façon aliénante le rapport au travail
des salariés.
L’absence de plainte perceptible par l’équipe
médicale dans une situation qui serait délétère,
doit renvoyer à la prudence face à une situation
qui nécessiterait de revisiter ce qui fait concrètement
difficulté dans telle situation collective de travail.
La richesse pour l’équipe médicale et
le devoir du médecin du travail, sont de thésauriser
des situations cliniques qui permettront de nourrir la veille
médicale du médecin du travail pour porter un
diagnostic médical de situation en responsabilité.
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De la réparation à
la prévention primaire : exemple de coopération
médecin infirmière dans une problématique
de TMS.
Docteur Catherine ROBIDA
Dans une PME de plasturgie dédiée à
la cosmétologie, dont le médecin du travail
a repris la surveillance depuis 12 mois, celui-ci constate
dans le service production, une augmentation :
• des déclarations de maladies professionnelles
• des restrictions d’aptitude
• des décisions d’inaptitude définitives
L’entreprise ne paraît pas déterminée
à déclencher des actions de prévention
car elle est dans le déni d’un lien santé/travail.
L’arrivée d’une infirmière qu’il
doit former en « compagnonnage » de terrain va
permettre de mener en coopération avec elle, une étude
exhaustive sur les TMS à partir des entretiens périodiques
menés par l’infirmière pour l’ensemble
des salariés du service production. La synthèse
des éléments cliniques portant sur le travail
et la santé, apportés par l’infirmière
permettent de cibler les études de poste à mener,
de faire intervenir l’IPRP en ergonomie pour étudier
plus spécifiquement les postes concernés et
de mettre en évidence les liens avec l’organisation
du travail.
La restitution à l’entreprise est accompagnée
de proposition d’actions
Fil rouge Joëlle Milliez
Par notre connaissance des postes de travail, des risques
professionnels et de leurs effets sur la santé, nous
avons une posture d’experte. Nous analysons les situations
avec notre regard infirmier. Il est important de se rendre
sur le lieu de travail pour comprendre une situation mais
nous ne sommes pas ergonome. Nous contribuons au recueil de
données
Cet exemple illustre bien le travail en équipe pluridisciplinaire,
IST, médecin, ergonome
Fil rouge Dominique Huez
Tenir le « point de vue de la santé au travail
» spécifie de façon irréductible
l’équipe médicale médecin du travail
–infirmier du travail.
Par la clinique médicale du travail ils ont accès
à ce qui peut faire obstacle à la construction
de la santé au travail. Et ils sont porteurs du projet
de ré-ouvrir l’action des salariés pour
construire leur santé au travail, si ces derniers y
sont entravés.
L’équipe médicale du travail n’est
pas « experte » au sens de dire ou décider
au nom de la seule science en lieu et place de l’employeur,
sans prise en compte de l’intérêt exclusif
de la santé du salarié. Si elle doit adosser
son intervention à des connaissances scientifiques
spécifiques indispensables, elle est aussi riche du
suivi clinique individuel en santé au travail.
Ainsi elle est comptable de la prise en compte d’un
éclairage pour la prévention, auquel elle a
seule accès. C’est cela qui lui permet de déplacer
les regards de la prévention, vers ce qui fait obstacle
à la santé du point de vue du salarié.
Médecin et infirmier du travail peuvent se coordonner
avec les experts de prévention dont les IPRP. Au moins
dans l’identification des risques, et pour leur suppression
si l’action n’est pas subordonnée à
la contrainte économique.
Dans tous les cas l’équipe médicale du
travail a pour projet de rendre visible les risques dans l’espace
de prévention de l’entreprise pour leur prise
en compte par les différents acteurs.
Le médecin et l’infirmier du travail y tiendront
un point de vue humaniste, compréhensif, clinique et
exclusif de la santé au travail des salariés,
conformément au code de la santé publique et
du travail.
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Coopération
clinique en santé au travail ciblée sur les
RPS dans une entreprise de métallurgie
par infirmière LEBRETON Christelle
et Docteur QUINQUENEAU Marie
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Présentation
Dans une entreprise d’assemblage de moteurs,
est présente une infirmière qui assiste dans le
cadre de ses missions le médecin du travail d’un
service interentreprises.
Le médecin du travail étant
présent dans l’entreprise une journée par
semaine en moyenne, il est vite apparu qu’il était
nécessaire de développer des moyens de communication
les plus efficaces possibles et de mettre en place des outils
qui semblaient pertinents pour faciliter leurs échanges
et avoir une meilleure coordination dans l’intérêt
même de la santé des salariés au travail.
L’action sur les RPS illustre bien un
exemple de coopération entre le médecin du travail
et l’infirmière en entreprise.
La confrontation des différents éléments
recueillis conjointement concernant des RPS notamment pour une
catégorie de salariés a permis au médecin
du travail d’affiner son alerte et de pouvoir proposer,
en accord avec la direction, des actions dans un premier temps
individuelles sur le terrain pour arriver à du collectif
en étroite collaboration avec l’infirmière.
Texte de la Présentation
L’action sur les RPS avec sa chronologie
décrite ci-dessous, illustre bien un exemple de coopération
entre le médecin du travail et l’infirmière
en entreprise. Le service médicosocial se compose d’un
médecin de service inter entreprises présent en
moyenne 1 journée par semaine, d’une infirmière
travaillant 5 journées par semaine et d’une assistante
sociale faisant 1 permanence par semaine.
Pour faciliter les échanges entre l’infirmière
et le médecin du travail et avoir une meilleure coordination
dans l’intérêt même de la santé
des salariés au travail, des outils de communication
pertinents sont vite apparus nécessaires et ont été
mis en place tels que :
- Cahier de transmission des informations spécifique
pour le médecin
- Cahier de soins journaliers de l’activité
infirmerie
- Tableau de suivi mensuel des actions faites par l’infirmière
- Mails d’information et d’échanges
- Temps d’échanges directs
- Fiche de relevé de situation : à chaque entretien
nécessitant une action ou un suivi
Cette action a débuté dans un
contexte particulier dans l’entreprise marqué par
des départs de salariés en 2009 et 2010, des mises
en place de nouvelles organisations de travail, de nouveaux
moyens de production avec une activité de travail fluctuante,
une perte de savoir et de repères, une peur de l’avenir
traduisant un certain mal-être.
Cette action s’est tout d’abord
appuyée sur les relevés de situations faits par
l’infirmière.
L’infirmière a pu apprécier le mal-être
du personnel :
- suite à des entretiens avec des salariés
de la production lui faisant part de leurs difficultés
rencontrées dans leurs zones de travail de travail.
- et suite à ceux des managers N+1 qui lui ont confirmé
les informations fournies par les salariés et ont verbalisé
progressivement leurs propres difficultés dans la réalisation
de leur travail de manager avec des situations bien particulières
concernant l’usine en général.
Le déroulement des entretiens avec
ces managers a eu lieu dans leurs secteurs d’activité,
de façon informelle, soit à l’initiative
de l’infirmière lors de visites quotidiennes dans
les ateliers, soit en réponse aux sollicitations de ces
managers, sous forme de questions ouvertes et d’une durée
de 30 minutes.
L’infirmière a fait un résumé
écrit des entretiens, un compte rendu informatique dans
un dossier bien spécifique et un signalement dans le
cahier de transmission du médecin du travail
L’infirmière et le médecin
du travail ont discuté ensemble de la perception et du
ressenti des situations en confrontant leurs données.
Le médecin du travail a pu ainsi affiner
son alerte auprès du CHSCT et de la direction avec proposition
de rencontres individuelles et collective des managers N+1.
Ces entretiens individuels d’1 heure
à 1h30 ont été réalisés,
en allant sur le terrain, par le médecin du travail seul
ou avec l’infirmière ou l’infirmière
seule, en s’aidant d’une grille et avec prises de
notes.
Une retranscription informatique a été
faite selon les items de la grille et les résumés
des entretiens.
Une discussion orale entre l’infirmière et le médecin,
en s’aidant du support écrit, a permis d’organiser
la réunion collective des managers .
Cette réunion collective s’est
déroulée en présence de l’infirmière
et du médecin qui ont pris des notes qui ont été
ensuite retranscrites informatiquement et discutées pour
aboutir à un compte rendu, validé ensuite par
les managers N+1. Un questionnaire a été remis
lors de cette réunion et récupéré
ultérieurement par l’infirmière pour être
exploité par notre IPRP psychologue du travail.
L’action décidée a été
:
- d’alerter la direction, les responsables N+2 avec remise
du compte rendu écrit et le CHSCT lors d’une réunion
pour aboutir à la mise en place d’actions sur le
terrain,
- de proposer des actions de sensibilisation des managers N+2
et de la direction,
- de faire une réunion de retour vers les managers N+1.
En conclusion la confrontation des différents
éléments recueillis conjointement en s’aidant
d’outils de communication efficaces mis en place a permis
au médecin du travail d’affiner son alerte pour
la replacer dans un contexte collectif et d’aboutir à
la mise en place d’actions.
La réalisation de cette action sur
les RPS n’a pu être menée à bien que
grâce à l’étroite coopération
entre le médecin du travail et l’infirmière
en entreprise.
Dr Marie QUINQUENEAU - Christelle LEBRETON
Fil rouge Joëlle Milliez
On voit bien ici le rôle de l’infirmière
en entreprise qui connaissant bien les salariés et les
postes de travail peut faire verbaliser les plaintes, et être
le relais du médecin qui est peu présent dans
l’entreprise .On voit aussi les limites et les dérives
éventuelles auxquelles il faut être vigilent pour
ne pas se mettre dans une situation délicate, l’infirmier
alerte le médecin qui lui-même fera la démarche
auprès de l’employeur.
L’infirmier agit sous la responsabilité du médecin
Il est le mieux placé pour effectuer les ESTI dans l’entreprise
à condition que le protocole soit bien clair et bien
expliqué par le médecin à l’employeur
et au CHSCT et CE
Nous allons être confrontés à des situations
très difficiles dans les entreprises si le médecin
du service interentreprises arrive avec son infirmier pour effectuer
les ESTI dans les entreprises ou se trouve déjà
un infirmier
Il n’y a pas deux sortes d’infirmiers du travail,
à partir du moment où nous avons été
formés à la licence santé travail et avons
les mêmes compétences. Notre champ d’action
est différent.
Il faut recentrer les actions des infirmiers en entreprise et
les libérer des charges qui ne sont pas de leur spécificité.
Fil rouge Dominique Huez
L’infirmier du travail qui exerce en
entreprise peut maintenant construire son métier «
abrité » par le cadre juridique d’exercice
du médecin du travail avec qui il coopère en médecine
du travail. Ce nouveau cadre lui permettra de sortir si nécessaire
de situation de collaborateur d’un service de ressources
humaines.
L’exercice d’un infirmier en entreprise ne peut
avoir deux finalités, ressources humaines et médecine
du travail. Du fait d’une délégation d’intervention
en « médecine du travail », ce cadre clarifiant
vaut alors pour tout son exercice professionnel. A ce moment,
le rôle propre de l’infirmier relève aussi
des obligations des deux codes, de la santé publique
mais aussi du travail.
C’est au médecin du travail qui est réglementairement
protégé par le cadre de sa mission, de faire respecter
le cadre d’exercice, alors clarifié, de l’infirmier
travaillant en entreprise.
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