Pénibilité et
usure,traçabilité: instruction du lien santé
travail
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De l'épaule
abîmée de la caissière de supermarché,
à la dépression du soignant en fin de parcours
professionnel : les atteintes constatées au cabinet médical
sont légion.:
Le prochain colloque d'évaluation des pratiques professionnelles
entre pairs portera sur pénibilité et usure au
travail.
La pénibilité est à l'origine de l'usure.
Ce mot parle à celui qui en est touché. Pour nous
,praticiens ,à vrai dire, comment définir l'usure
? si ce n'est par une somme de pathologies ? Est-elle objectivable,
par exemple par un indice de "réduction de capacité
de gain" ?
La traçabilité des facteurs de pénibilité
est elle différente de celle des autres risques professionnels
? Quels repères pour les pratiques avons-nous? Fiche
individuelle d'exposition, tenue du dossier médical et
du curriculum laboris vont prendre une importance plus grande
pour instruire les dégâts sur la santé au
travail
A partir de la présentation de cas cliniques ou de résumés
de travaux de GAPEP, le lien santé travail est questionné
au travers de situations dans lesquelles pénibilité
et usure se manifestent, en lien avec les expositions professionnelles,
actuelles ou anciennes, documentées ou non, dont le corps
ou le psychisme portent la trace.
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MATIN : |
Introduction
par Gérard LUCAS Président d'E-PAIRS
La préoccupation de la pénibilité,
de l'usure au travail et de leur traçabilité n'est
pas nouvelle, mais la législation récente et surtout
les modifications du travail posent de nouveaux défis
au monde du travail et aux professionnels de la santé
au travail.
Des pénibilités étaient prises en compte
pour certaines professions notamment par les statuts publics
et parapublics. Par exemple dans les grandes entreprises de
transport ferroviaire, les départs à la retraite
avant 60 ans étaient forfaitairement institués
et dans ce compromis historique, des pénibilités
des actifs étaient objet de reconnaissance, pénibilités
physiques mais aussi des contraintes de déplacement et
des contraintes horaires.
Chez les militaires, le droit à la retraite à
taux plein existe après 25 ans de carrière : on
peut penser que, outre l'engagement et la disponibilité
pour les déplacements, le risque d'exposition au combat
était sans doute considéré comme une pénibilité.
Dans l'industrie, des expositions aux risques physiques ou chimiques
étaient l'objet de reconnaissances tacites par des compensations
salariales ou des primes.
D'autres branches professionnelles ont plutôt échappé
à la reconnaissance formelle de pénibilités.
On pense à tout le secteur du bâtiment où
l'usure d'une majorité des ouvriers est évidente
et prise en charge très indirectement par des mises en
invalidité ou en préretraites qui étaient
massives avant 60 ans jusqu'alors.
Dans de nombreuses entreprises jusqu'à ces dernières
années, l'usure et les limites de capacités dues
au vieillissement étaient plus ou moins reconnues par
la modification tacite des missions et des postes avec l'âge.
Incontestablement cette pratique disparaît avec le nivellement
protocolaire égalitaire des tâches et des postes
qui équivaut à une relégation souvent inéquitable
des pénibilités et des usures.
Le nouveau dispositif législatif sur la pénibilité
a changé la donne sur deux plans :
1 - il individualise la prise en compte de la pénibilité
2 – il cantonne la reconnaissance de cette pénibilité
à la constatation d'une invalidité acquise.
Nous sommes donc interpellés en tant que cliniciens de
la santé au travail par notre participation à
l'identification de ce droit à la reconnaissance de la
pénibilité pour chaque travailleur. Notre expertise
est capitale pour l'évaluation de l'invalidité
acquise, et la certification du lien aux pénibilités
reconnues. Mais par ailleurs nous ne pouvons ignorer l'usure
acquise des sujets pour lesquels le chiffrage d'une invalidité
est hors barème. Nous ne pouvons pas ignorer non plus
ni la faiblesse de traçabilité des pénibilités
souvent embryonnaire dans les entreprises, ni toutes ces pénibilités
qui ne sont pas dans les cases réglementaires et qui
sont pourtant authentiquement vécues par les salariés.
Il ne peut être non plus question pour nous de limiter
notre action au comptage des dégâts acquis et prévisibles
sans alerter pour les modifications des organisations de travail
qui diminueront non seulement les invalidités mais les
pénibilités et les usures et nous devons agir
pour des conditions de travail qui seraient compatibles avec
le bien être et le vieillissement.
Nous, médecins du travail particulièrement, avons
été impliqués dans le suivi des travailleurs
salariés sur leur aptitude au travail dans le temps présent,
au coup par coup. D'autres défis nous attendent avec
les infirmières en santé au travail, les services
de santé au travail et les partenaires sociaux des entreprises.
Pour l'identification et à l'accompagnement des atteintes
différées et/ou durables à la santé
par le travail pour lesquelles les gérontologues et les
cancérologues ont besoin de notre expertise et de nos
investigations.
Ce colloque est une petite contribution à une prise en
compte durable de la santé au travail, en trouvant et
développant une clinique qui réponde à
ces défis et qui redonne aux travailleurs, à leur
collectif et à la société leur pouvoir
de comprendre et d'agir.
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Tiphaine
GARAT -Histoire de la pénibilité
La loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites
prévoit que le report de l'âge légal de
départ à la retraite et l'âge de perception
d'une retraite à taux plein est neutralisé pour
les salariés présentant une incapacité
d'origine professionnelle. Elle a introduit par ailleurs dans
le code du travail la notion de " pénibilité
" dans le titre consacré aux principes généraux
de la prévention, ce qui n'est pas anodin. En effet,
l'inscription de la pénibilité dans l'article
posant le principe légal de l'obligation de sécurité
de l'employeur attribue à cette notion une portée
très grande et l'appelle à devenir selon certains
un nouveau " risque professionnel ". Parallèlement,
les entreprises ayant des salariés exposés à
des facteurs de pénibilité doivent conclure un
accord ou établir un plan d'action relatif à la
prévention de la pénibilité. Il est intéressant
de comprendre comment les entreprises ont vécu cette
obligation et comment s'est déroulé le processus
autour de la question de la prévention de la pénibilité,
depuis l'annonce de l'obligation, en passant par la phase de
diagnostic et jusqu'à la conclusion. Plusieurs entretiens
permettent d'ores et déjà de mesurer les effets
de cette obligation et du processus qui s'en est suivi sur la
vie de l'entreprise, par rapport à l'existant, aussi
bien dans les pratiques que sur les mentalités, du coté
de la direction des salariés, des représentants
du personnel et des médecins du travail. L'objectif de
cette intervention est de mettre en évidence comment
vont pouvoir s'articuler les différents dispositifs anciens
et mis en place récemment et de mesurer l'intérêt
de cette réforme sous l'angle de la prévention
et de la compensation de la pénibilité au travail. |
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Compte-rendu des Débat sur l'intervention
de Tiphaine GARAT
– Un texte permet la possibilité
de financer des projets de prévention de la pénibilité
à 70 % par la CARSAT jusqu’à 100.000 euros,
information sur le site www.améli.fr. Le financement
est assuré par une cotisation de 0,28 % de la masse salariale
de toutes les entreprises.
Débat :
Magdeleine Brom : Ce qui figure dans les textes est pour
le médecin du travail une obligation de tracer la pénibilité
dans le dossier médical et d’alerter l’employeur
s’il constate des atteintes à la santé du
fait des facteurs de pénibilité liés à
l’exposition professionnelle.
Q : au niveau du droit, est ce que ce texte ne pourrait pas
être inconstitutionnel car toutes les entreprises ne sont
pas concernées par ce texte, et des seuils de pénibilités
différents sont pris en compte par les entreprises ?
R : Peut-être pas car cela n’exclut personne du
dispositif et les petites entreprises peuvent appliquer le texte
même si elles n’ont pas d’obligation.
Magdeleine Brom : seule une Question Prioritaire de Constitutionnalité
pourrait trancher mais pour qu’elle puisse être
soulevée, il faudrait qu’il y ait un recours contre
le texte
Q : pourquoi le secteur du nucléaire est-il exclu ?
Alain Carré : peut-être les lobbies du secteur
car les rayonnements ionisants étaient présents
dans la première mouture du texte proposée au
COCT.
Q : les entreprises de moins de 50 salariés ne sont pas
concernées par les plans de prévention de la pénibilité.
Sont-elles obligées de faire la fiche individuelle d’exposition
pour leurs salariés ?
R : oui, cette obligation concerne tous les salariés
quelle que soit la taille de l’entreprise. Même
pour les salariés qui ne sont exposés à
aucun critère de pénibilité, une fiche
individuelle doit être établie.
Magdeleine Brom : le ministère s’attendait à
ce que 30.000 salariés partent à la retraite à
60 ans avec ce texte. Or ce n’est manifestement pas ce
qui se passe… Nous devons faire en sorte que la fiche
de pénibilité serve à obliger l’employeur
à faire de la prévention. D’autant que la
mise en place du dispositif pénibilité basé
plus sur la compensation (incomplète) de pathologies
a des conséquences multiples. Par exemple, pour les TMS,
la modification du tableau 57 portant sur les atteintes des
épaules était motivée par le fait que ces
maladies professionnelles faisaient l’objet d’un
taux d’IPP plus élevé. Il y a aussi un autre
risque, c’est que la traçabilité individuelle
mette en porte à faux les actions de prévention
du CHSCT. Pour que les salariés disposent des informations
nécessaires, on voit qu’il faut que les médecins
du travail fassent d’emblée l’information
sur les risques professionnels auxquels sont exposés
ces salariés lors des visites d’embauche. Une solution
serait de noter les risques sur les fiches de visite. D’autant
qu’un autre exemple nous montre cette nécessité
de vigilance : l’exposition aux produits à risques
CMR ne fait plus partie de la surveillance médicale renforcée.
Q : est ce que la fonction publique hospitalière est
concernée par ces textes sur la pénibilité
?
Magdeleine Brom : les salariés contractuels oui, les
fonctionnaires non
Q : ce texte va cultiver les recours pour la compensation de
la pénibilité et le médecin du travail
risque d’être pris en étau avec des demandes
d’inaptitude ou des déclarations de MCP à
adresser au MIRT en donnant un exemplaire au salarié.
FIL ROUGE Magdeleine
BROM :
Par rapport à la dernière question, c’est
essentiel et cela répond à l’esprit du texte.
Mais il faut être prudent : laisser la copie du certificat
de déclaration de MCP dans le dossier médical
et informer le salarié de sa possibilité de demander
copie de son dossier. Certains médecins ont été
attaqués pour avoir donné au salarié un
certificat que celui-ci a produit en justice.
Les échanges d’information entre l’employeur
et le médecin du travail seul sont considérés
à priori (par l’ordre et par la DGT) comme des
échanges privés en cas de transmission des dossiers
médicaux. Certains médecins ont été
attaqués dans les cas d’alerte sur des risques
dans l’entreprise mais ils ont tous été
blanchis par la suite que ce soit par la justice ou le conseil
de l’Ordre mais parfois au bout de plusieurs années.
Le travail de médecin du travail comporte des risques
mais le médecin du travail doit continuer à exercer
son devoir d’alerte.
Le médecin du travail doit obligatoirement informer les
partenaires sur la pénibilité pour la mise en
place de mesures de prévention. Le médecin du
travail doit aussi informer les salariés à chaque
visite sur les risques professionnels et sur les facteurs de
pénibilité auxquels il est exposé et sur
les conséquences possibles pour sa santé.
Il y a une raison de plus pour être particulièrement
vigilants, c’est que le contrôle par rapport aux
accords sera difficile pour les inspecteurs du travail.
Q : si le médecin du travail prescrit
une restriction au port de charges, est ce que le salarié
sera exclu du facteur de pénibilité lors du comptage
par l’entreprise ?
R : c’est possible bien que le salarié ait déjà
des traces de ce facteur de pénibilité.
Conclusion (Tiphaine Garat) : voir le site www.dialogue-social.fr
: ce site comporte une base de données sur le travail
des seniors, sur l’égalité homme femme et
sur la pénibilité. On peut s’’abonner
à la newsletter qui donne des informations sur les textes
de loi, sur les comptes rendus de colloque…
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Gérard
LUCAS
travail de nuit et horaires décalés : chez des
travailleurs des interventions routières
Un ouvrier d'exploitation de la route de 57 ans est amené
à devoir faire plusieurs semaines de quatre nuits de travail
par an pour des chantiers de nuit sur les pénétrantes
et périphériques urbains. La description des manques
et dettes de sommeil, de la fatigue, et des réactions atteste
l'atteinte professionnelle de la santé. Le sujet demande
un aménagement de poste modéré. La discussion
entre médecins du travail de la même branche professionnelle
sur d'autres sites interroge plus largement les conditions de
travail et l'organisation. Des travailleurs qui ont bien toléré
voire demandé des travaux de nuit, en supportent de moins
en moins l'intensification soit du fait de l'âge soit de
la répétition. Le travail de nuit n'est pas considéré
comme un risque en soi dans le document unique de l'entreprise.
Un décalage semble important entre les compromis acceptés
par les partenaires sociaux et les effets ressentis par une majorité
des opérateurs. Cette pénibilité d'horaires
de nuit se cumule avec celle d'autres horaires décalés
ainsi que des contraintes physiques et de sécurité.
Les alertes du médecin du travail sont à affiner
pour être prises en compte.... |
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Débat intervention de Gérard LUCAS
Alain Carré : la question de la santé
au travail ne peut pas être séparée de la
négociation de la force de travail même s’il
y a une alerte du médecin du travail et même si
tout le monde est convaincu du caractère délétère
du risque. Même si le médecin du travail fait son
alerte, la négociation de la force de travail peut déboucher
sur l’acceptation du risque. Le médecin du travail
éclaire le débat, peut peser dans la discussion
mais l’accord final ne lui appartient pas.
La publicité de sa position est essentielle pour que
la base des salariés soit suffisamment informée
des conséquences du travail sur la santé.
Souvent la négociation se fait à perte, par exemple
on obtient une prime et le CHSCT est tenu à l’écart
car la pénibilité est avant tout, et c’est
volontaire, un processus exclusivement positionné du
côté de la traçabilité individuelle..
N’oublions pas que la pénibilité concerne
des risques dont les conséquences sur la santé
sont, selon le texte, « durables » et « irréversibles
». Ce sont précisément ces conséquences
qui font l’objet d’une compensation. Plutôt
que d’empêcher voire de sanctionner ces échecs
de l’obligation de sécurité de résultat,
le législateur a choisi de permettre aux employeurs de
les compenser. Tout est donc fait pour maintenir le CHSCT à
l’écart et pour faire intervenir d’autres
organismes ou personnes qui traitent plutôt la question
des risques sur le plan économique (CE) ou négocient
la force de travail (délégués syndicaux).
Le CHSCT n’a donc que deux solutions l’une licite
via le document unique l’autre moins licite en subvertissant
la fiche de prévention des expositions en produisant
des fiches de prévention des expositions par poste et
en les mettant à disposition des travailleurs et des
délégués du personnel. A ces derniers de
procéder à des « alertes DP ».. Non
compris dans les facteurs, au passage les risques organisationnels
dits psychosociaux.
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Annie
DEVEAUX Prévention des atteintes liées à
la pénibilité physique et attestation de suivi
Le médecin du travail est le conseiller de l'employeur
et du salarié dans la prévention des atteintes
à la santé liés au travail, et depuis peu,
il conseille dans la prévention de facteurs de pénibilité
listés. Le dossier médical en santé au
travail doit permettre de garder la traçabilité
des expositions. Cette communication est une tentative de résoudre
la quadrature du cercle en service interentreprise (plus de
3500 salariés, plus de 300 entreprises) : subvertir la
fiche d'aptitude, qui relève de la responsabilité
exclusive du médecin du travail, pour en faire une attestation
de suivi médical professionnel, document d'information,
de traçabilité, de conseil destiné à
l'employeur et au salarié dont un exemplaire reste dans
le dossier médical..
Voir aussi l'article dans le N°26 des cahiers
du SMT
MÉDECIN
DU TRAVAIL ET PÉNIBILITÉ
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Débat intervention d’Annie DEVEAUX
Q : pourquoi faites vous prescrire les
examens complémentaires par le médecin traitant
?
R : je travaille avec les médecins traitants car des
soins et un arrêt de travail sont souvent nécessaires.
Q : les examens complémentaires seront-ils à la
charge de l’employeur à partir du 1er juillet ?
R : oui
Q : il y a des limites à l’attestation : doit-on
la faire dans une nouvelle entreprise quand on ne connait pas
les risques ?
R : je me fais expliquer le travail par le salarié. Et
je demande les FDS à l’employeur par rapport aux
risques chimiques
Q : comment contester l’avis d’aptitude s’il
n’y a pas d’aptitude ?
R : je n’ai pas eu de contestation à ce jour. Je
n’ai eu de contestation que de certificat d’inaptitude.
Q dans mon service autonome, un médecin a fait une fiche
médico professionnelle qui a été désavouée
par l’inspecteur du travail.
Q : s’il y a des risques non liés à la pénibilité,
est ce que cela apparaît ?
R : j’ai été traîné devant
l’inspecteur du travail 2 fois :
• Pour l’absence d’aptitude : l’employeur
a été désavoué
• Pour l’écriture des risques sur la fiche
de visite : l’employeur a été désavoué
et a recommandé cette pratique
Magdeleine Brom : la mission
reste celle d’éviter une altération de la
santé donc faire cette information comme çà,
correspond bien à cet objectif. Il n’y a aucun
empêchement déontologique ou professionnel à
la prise de risque, au contraire, sous réserve que ce
soit motivé par l’intime conviction du médecin
et que l’on indique dans le dossier médical ce
qui a conduit à prendre cette décision et à
la motiver.
Q : les collectivités demandent aussi des fiches d’aptitude
comme dans le privé alors que l’on doit seulement
donner une attestation de suivi avec des préconisations
d’aménagement de poste
Magdeleine Brom : en effet, d’autant
il n’y a pas d’adhésion des CT aux les services
de santé au travail uniquement une convention. Les médecins
du travail devraient être formés à la spécificité
du suivi des collectivités locales. Le statut et mode
d’exercice sont très différents et ce serait
très intéressant, à partir de ces réflexions,
de faire évoluer les pratiques professionnelles pour
les salariés du privé.
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APRES-MIDI : |
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M.C.
Limame Rôle infirmier dans la reconstitution de curriculum
laboris
Depuis juin 2011, le GAPEP infirmier du sud-est s'intéresse
au rôle infirmier dans la reconstitution de curriculum
laboris. En effet, nous sommes de plus en plus sollicitées
par les médecins du travail et par les salariés
pour effectuer le recueil de données dans la cadre de
déclarations de maladies professionnelles, du dispositif
" Pénibilité " ou de la traçabilité
des expositions professionnelles. A partir d'une recherche bibliographique,
nous construisons au fil des séances de GAPEP, une méthodologie
de reconstitution que nous éprouvons ensuite sur le terrain,
avant de revenir en réunion présenter notre travail
à nos pairs: ces retours d'expérience nous aident
à construire collectivement nos règles de métier.
Notre présentation collective abordera la réalisation
des entretiens infirmiers, avec ses limites et ses difficultés
ainsi que notre questionnement professionnel sur la spécificité
de l'approche infirmière lors du recueil de données.
Notre propos sera illustré par le détail d'une
reconstitution de carrière d'un retraité atteint
de cancers. |
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Débat intervention de Marie-Christine
LIMANE
Q : est ce que cette reconstitution du
curriculum laboris est incluse dans votre travail d’infirmière
de santé au travail ?
R : oui. La reconstitution de curriculum laboris est destinée
à ouvrir les droits des salariés soit pour le
départ à la retraite soit pour une déclaration
de maladie professionnelle. La reconstitution du curriculum
laboris peut se faire de 2 manières : soit par les risques
soit par la clinique. J’ai choisi une approche clinique
sous forme de monographie.
Q : est ce que le métier d’infirmière d’entreprise
est le même que le métier d’infirmière
de service de santé au travail ? Tu as développé
une technique spécifique de recueil, comment cela a-t-il
été organisé ?
R : Il s’agit du même métier. Seule l’organisation
du travail diffère. Mais il s’agit de mobiliser
les mêmes compétences dans le même objectif
: le suivi de santé des salariés. Il y a eu 3
entretiens de 1 heure chacun. Mais en service inter, cela peut
se dérouler en 1 seul entretien de 2 ou 3 heures. Il
y a toujours, en plus du temps de l’entretien, un travail
en temps différé pour la recherche d’information
et la rédaction.
Q : le temps de 3 heures me paraît considérable.
R : 3 heures, c’est quand la carrière est longue
et pénible car objectiver le port de charges lourdes
et les vibrations par exemple ce n’est pas toujours facile.
J’ai commencé avec les salariés les plus
âgés car il n’y a rien eu de fait auparavant.
Q : est ce que le salarié est informé qu’il
est convoqué pour son curriculum laboris ?
R : Je ne convoque pas : je propose. Ils sont en général
ouverts à cette démarche qui pourra faciliter
la reconnaissance de leurs droits le cas échéant.
Q : on ne ressent pas beaucoup de collaboration entre le médecin
du travail et l’infirmière dans ce travail ?
R : l’infirmière est présente à 90
% de son temps de travail dans l’entreprise et le médecin
du travail 3 demi journée par mois. Le recueil des données
est fait par l’infirmière. Le travail du médecin
commence quand il reçoit notre recueil : déclaration
de maladie professionnelle ou action auprès de l’employeur.
C’est le médecin du travail qui propose au salarié
de faire faire son curriculum laboris avec l’infirmière.
C’est une activité spécifique d’une
infirmière de santé au travail.
Q : en service interentreprises, l’infirmière voit
le salarié en entretien infirmier en alternance avec
le médecin du travail. L’infirmière peut
faire le curriculum laboris au cours de la visite périodique
en expliquant au salarié, en début d’entretien,
que celui-ci va être consacré à faire le
curriculum laboris. On utilise le temps qui n’est pas
prévu pour ça.
Q : Quelle est la coopération entre le médecin
de service inter et l’infirmière du travail ? En
service inter, il y a moins de temps Il faut trouver des moyens
d’économiser le temps. Il faut faire un travail
collectif pour diminuer le temps passé. Le travail collectif
est le nœud de la traçabilité.
R : tout dépend du temps dont on dispose. C’est
aux médecins et aux infirmières d’argumenter
pour avoir du temps pour faire un travail de qualité
plutôt que de l’abattage de rendez-vous.
Q : la présentation porte sur le rôle de l’infirmière,
comment est constitué votre GAPEP ?
R : il n’y a que des infirmières d’entreprise
dans ce GAPEP mais ces entreprises dépendent d’un
service de santé interentreprises où le temps
de présence des médecins du travail est faible.
Nous présentons des cas cliniques qui sont discutés
au sein du GAPEP. Les infirmières ont des profils différents.
Certaines ont plus un profil hygiène industrielle et
vont avoir tendance à aborder le curriculum laboris par
les risques professionnels sous forme d’un tableau Excel
en cochant oui ou non en fonction de l’existence du risque.
D’autres privilégient l’approche par la clinique
avec une présentation sous forme de monographie sous
fichier Word.
Q : comment investiguez vous l’exposition passée
aux produits chimiques ? Il y a 30 ans que ce salarié
a commencé à être exposé, connaissez-vous
la composition de tous les produits chimiques auxquels il a
été exposé ?
R : je me suis servie des déclarations du salarié
et du réseau des « anciens ». Les salariés
n’ont pas le pouvoir pour faire reconnaître leurs
droits.
Q : à qui est donné ce document ?
R : au médecin du travail et au salarié
Q pour T Garat : je m’adresse à la présidente
du tribunal du contentieux : dans votre expérience professionnelle,
quelle est la valeur juridique d’un document comme celui-ci
?
R : on est dans l’oralité et le contradictoire.
Je m’interroge plus sur son intérêt dans
les maladies professionnelles hors tableau et lors des séances
d’examens des dossiers au CRRMP. Quelle valeur juridique
de ce document ? C’est un document informatif. Lors des
recours, les salariés ne sont jamais représentés
mais il y a parfois des employeurs. Le discours du salarié
n’est jamais pris en compte.
Q : les matrices emploi exposition peuvent elles être
prises en compte ?
R : on n’a pas de preuves formelles que la personne ait
été réellement exposée. Dans le
contentieux, on est dans le principe de l’oralité
entre le salarié et la caisse.
Q : la caisse n’a jamais fait appliquée la loi
qui stipule que l’employeur doit déclarer les postes,
les produits et /ou les procédés de travail qui
peuvent provoquer des maladies professionnelles.
R : cela peut être opposé à l’employeur
par la caisse.
Q : on demande toujours au médecin de prouver l’exposition.
En fait, le médecin du travail fait le travail des délégués
du personnel et de l’employeur.
R : dans une procédure, l’employeur refusait d’attester
l’exposition. Les salariés ont obtenu gain de cause
auprès du tribunal des Prud’hommes.
R : l’employeur conteste auprès de la chambre sociale.
Le verdit du tribunal c’est que l’attestation du
médecin du travail doit être prise en compte. Donc
nous devons être capables d’assurer la traçabilité.
Notre rôle en tant que médecin du travail auprès
du salarié est de tracer les risques et de faire le lien
santé travail.
Q : pour tracer, il faut être au courant de toutes les
expositions dans toutes nos entreprises. Mais nous n’en
avons pas les moyens !
R : oui, il nous faut les moyens pour faire ce travail. Collectivement,
nous devons réclamer les moyens qui vont avec les devoirs.
Q : quand le curriculum laboris est fait par l’infirmière,
il faut le recouper avec le médecin du travail ainsi
que sur les connaissances scientifiques et les matrices emploi
exposition. Ce travail là a alors la valeur pour faire
reconnaître les droits. Le dossier médical est
un document qui a une forte valeur.
Q : dans votre monographie, quel type de maladie professionnelle
a été déclarée ? Quel a été
le motif du refus de reconnaissance ?
R : la monographie n’a été faite qu’après
le refus. Les motifs invoqués pour le refus ont été
l’alcool et le tabac.
Q : Que faire quand des salariés exposés à
l’amiante autrefois dans leur entreprise demandent des
certificats d’exposition et que l’employeur refuse
?
R : pour palier au refus des employeurs qui ne veulent pas signer
l’attestation d’exposition, je leur transmets l’attestation
même si elle n’est pas signée par l’employeur.
R : c’est une faute inexcusable pour l’employeur
s’il a conscience du risque.
Q : il y a une action de la MSA qui organise une visite pour
les salariés de 50 ans dans le but de faire le bilan
des expositions professionnelles. Nous pourrions prendre exemple
de cette action dans les services interentreprises.
Q : quel est l’objectif et l’utilité de faire
un curriculum laboris dans ce cadre ? Est-ce que c’est
systématique ou est ce que c’est uniquement à
la demande ?
R : la demande du salarié au médecin du travail
c’est de faire reconnaître l’exposition aux
critères de pénibilités fixés par
la loi. Pour la MSA, je me pose des questions : est ce que çà
peut être préjudiciable au salarié ? Est
ce que l’on peut faire émerger ou remonter des
éléments ? Est-ce qu’il faut généraliser
cela ? Je m’interroge. En tout cas, il faut une collaboration
avec le médecin du travail.
Q : peut-on faire un certificat d’exposition sans être
allé dans l’entreprise ?
R : oui mais il faut utiliser l’emploi des matrices emploi
exposition.
R : je suis médecin de la MSA. La durée de cette
visite avec les salariés dure une heure. On utilise les
matrices exposition métier. Nous devons faire 50 bilans
par an. Dans la pratique, c’est très difficile
de retrouver les expositions pour les salariés. Par contre,
c’est une expérience très intéressante.
Les salariés y sont favorables. Mais cela génère
beaucoup de travail derrière. Un bilan de cette opération
va bientôt être fait.
Q : le ministère des travailleurs de la route a établi
une attestation d’exposition qui doit être signée
par l’employeur et il voulait qu’elle soit signée
par le médecin du travail. Nous avons fait un travail
d’équipe et réalisé des fiches métier.
Le médecin du travail remet au salarié une attestation
de suivi médical indiquant les risques auxquels il a
été exposé.
Q : ce que tu exprimes, c’est l’approche par les
risques vu par chaque médecin du travail.
R : ce travail ouvre à la remise d’informations
dont le salarié se servira pour ouvrir ses droits. Ce
qui est important dans la reconstitution de carrière,
ce sont les risques auxquels le salarié a été
exposé. La clinique médicale reprend l’histoire
avec les risques. Pour moi ce sont deux choses identiques.
R : la différence c’est que c’est une approche
par questionnaire et on coche des croix. La clinique est absente.
FIL ROUGE , M BROM
Ce qui m’apparaît au fil de ces échanges,
c’est que quand on fait un travail de validation par le
GAPEP, il s’agit d’un travail en commun et c’est
donc aussi certainement un travail d’équipe avec
le médecin du travail.
S’il y a un malaise par rapport au médecin du travail
qui ferait appliquer des questionnaires c’est parce que
c’est essentiellement du traitement de l’information
et pas de la clinique. Alors que ce qui est passionnant c’est
que le travail n’existe que par ce que le sujet en dit,
le pouvoir qu’on lui donne pour sa prévention et
pour la prévention de ses collègues. Le salarié
est alors en situation de sujet et c’est très important.
Par exemple si on traite au CRRMP, un dossier de syndrome du
canal carpien pour un salarié qui a participé
à l’enquête, il faut alors démontrer
que le sujet a tort. A ce moment-là, on n’est pas
dans le remplacement du rôle de l’employeur et cela
change la capacité à traiter la question, même
si l’employeur conteste l’exposition (ce qui arrive
bien trop souvent).
Enfin, il ressort de ces échanges que le fait qu’introduire
de nouveaux professionnels dans les services de santé
au travail ne fait pas gagner de temps mais augmente la qualité
du travail.
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Nathalie.FERON
Un cas clinique portant sur la pénibilité en milieu
de soins
Le cas présenté est celui d'une infirmière
d'un hôpital d'Ile de France (chargé de la lutte
contre le cancer), âgée de 56 ans, aux antécédents
d'arthrose généralisée et d'obésité,
nécessitant un reclassement professionnel après
la survenue d'un cancer du sein en 2010.
Cette salariée, bien qu'ayant été exposée
à différents facteurs de pénibilité
(travail de nuit pendant 27 ans, exposition à des cancérogènes,
postures pénibles, manutention) ne peut prétendre
à une retraite anticipée car ne présente
pas les conditions requises. La reprise de travail s'est faite
dans le cadre d'un temps partiel thérapeutique sur un
poste prenant en compte les restrictions fonctionnelles de la
salariée formulées par le médecin du travail.
Toutefois, l'employeur alerte rapidement le médecin du
travail sur la non pérennité de ce poste arguant
notamment du report de pénibilité sur les autres
collègues.
La discussion avec le groupe de pairs a porté sur les
raisons des obstacles au succès d'une prise en charge
réussie , professionnelle et/ou sociale de cette soignante
"sénior" présentant des problèmes
de santé.
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Débat intervention de Nathalie FERON
Q : pourquoi n’y a- t-il pas eu de
déclaration de maladie professionnelle pour ce cancer
du sein chez une salariée travaillant la nuit ?
R : comme il n’y a pas de tableau de maladie professionnelle,
son dossier sera traité en CRRMP après que le
médecin conseil de la CPAM ait fixé une IPP après
stabilisation de l’état de santé. Pour passer
devant le CRRMP, l’IPP doit être d’au moins
25 %.
Q : qu’est ce que cela lui apporterait, la déclaration
de maladie professionnelle ? On peut se servir de cet argument
pour aider à la reclasser. Comme elle est soumise à
plusieurs facteurs de pénibilité, si son IPP est
supérieure à 10 %, elle pourrait prétendre
à partir à la retraite dès 60 ans.
R : il y a un blocus au niveau de l’employeur qui préfère
payer que de faire des améliorations de poste.
Q : par rapport à l’aménagement des portes,
l’employeur ne veut rien faire. Il faut le mettre devant
ses responsabilités et lui dire ce qu’il risque.
Il y a des jurisprudences datant de 2011. Il y a faute inexcusable
de l’employeur quand l’employeur connait le danger
mais qu’il ne fait rien alors qu’il y a des maladies
professionnelles.
Q : il existe une circulaire pour rappeler l’obligation
de sécurité et de résultat avec des risques
de sanctions financières et aussi pénales en cas
de manquement à cette obligation. Est-ce que le CHSCT
était informé ?
R : oui, et il ne bouge pas. L’effectif de notre hôpital
est de 2500 salariés.
Q : il y a quelques années, une enquête a été
faite par l’INRS sur le coût financier très
élevé des lombalgies pour les hôpitaux.
Cela pourrait être un argument.
R : il y a ce qui est renvoyé par l’employeur à
savoir que la pénibilité va être reportée
sur les collègues. Il raisonne service par service. Si
on raisonne à l’échelon de l’établissement,
on pourrait trouver des tâches transversales qui diminueraient
la pénibilité des autres salariés. Il faudrait
accepter quelques créations de postes. Il y a des lois
pour les seniors, des lois pour la pénibilité,
des lois pour le handicap qui ne sont pas vraiment utilisées.
Aujourd’hui, il faut que les salariés soient polyvalents,
performants et à côté il y a un grand nombre
de chômeurs !
Alain Carré : les stratégies mises en place et
enseign ées aux membres des CHSCT consistent à
mettre le chef d’entreprise devant ses contradictions.
Quand il pose la question économique, il y a 2 directives
à lui opposer :
• La directive de 1989 qui stipule qu’on ne peut
pas utiliser des considérations économiques dans
ce cas là
• Le 2ème principe,
C’est l’obligation d’adapter le travail à
l’homme. C’est une technique de mise en tension
de l’employeur. Il est en contradiction avec son obligation
de sécurité et de résultat et encoure des
pénalités. Dans le droit fil de ce que tu viens
de dire, est ce que sa demande de mutation a pour origine la
surpression des portes ? Si oui, il a une obligation d’adapter
le travail à l’homme.
R : cette personne ne pouvait pas revenir à son poste
à cause des portes.
Q : l’origine des TMS est plurifactorielle et il n’y
a pas que les contraintes biomécaniques qui sont importantes.
Quelle est l’organisation du travail ?
R : c’est la même organisation que dans les autres
services. La seule différence de ce service ce sont les
postes en surpression et il y a plus de TMS que dans les autres
services. Malgré tout, le personnel a du mal à
quitter ce service.
Q : est ce que le médecin du travail a besoin de plus
d’arguments pour convaincre ?
R : je ne sais pas mais ceux que j’ai utilisés
ne sont pas efficaces.
Q : est ce que 12 heures de travail, ce n’est pas de trop
?
R : ce temps de travail résulte d’un accord des
salariés alors que le CHSCT était contre.
Alain Carré : on est typiquement dans ce cas-là.
Le médecin du travail et même le CHSCT ont beau
dire que 12 heures ce n’est pas le mieux, l’organisation
syndicale poussée par les travailleurs peut accepter
le marché. On est dans la négociation de la force
de travail et puis l’on pense que les ennuis c’est
pour les autres. Il y a la question économique, celle
du salaire et celle de l’emploi et on ne peut rien dire
par rapport à ça. Par contre le médecin
du travail doit dire que 12 heures c’est trop pour la
santé même si les salariés ne sont pas contents.
C’est parfois plus difficile d’argumenter du côté
des représentants des personnels que du côté
des employeurs.
Q : avec les 12 heures, c’est la place du travail dans
la vie qui est posée. C’est aller moins souvent
au travail. On est sur le sens du travail. On en est plus vite
débarrassé. Il faut mener une réflexion
sur ce type d’horaire car il y a des enjeux économiques.
R : il y a eu une réduction d’effectifs avant le
passage aux 12 heures.
FIL ROUGE , M BROM
Sur l’intérêt du travail en commun,
c’est plus facile de le percevoir quand on se sent impuissant
car on se conforte en travaillant en équipe :
• En s’orientant vers des pistes juridiques
• En explorant toutes les pistes
C’est aussi l’occasion du passage indispensable
par les représentants du personnel. Il faut réfléchir
à la non prise en compte de la représentation
du personnel dans les dispositifs sur la pénibilité.
Enfin, du côté de la ruse de métier, il
est bon parfois de se souvenir que lorsqu’on travaille
dans un grand groupe et que l’on doit argumenter pour
l’employeur qui se trouve devant nous, il faut penser
que celui-ci puisera dans nos arguments pour essayer de convaincre
son conseil d’administration.
Tous les nouveaux textes qu’il s’agisse de ceux
sur les services de santé au travail ou la pénibilité
modifient l’exercice des professionnels de santé
au travail, on entend dans les échanges d’aujourd’hui
toutes les questions qui se posent, mais aussi le caractère
inéluctable des choix à faire. Dans un tel contexte,
il n’y a pas d’autre perspective que de travailler
ensemble et collectivement, et de débattre pour coopérer.
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Table
ronde : L'ensemble du compte rendu |
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CONCLUSION, Gérard LUCAS, Alain GROSSETETE
Nous avons eu beaucoup de difficultés
à organiser un colloque sur la pénibilité
peut-être parce que nous nous sommes cantonnés
aux nouveaux textes sur la pénibilité.
Pourtant nous aurions pu élargir le colloque en considérant
que la pénibilité concerne la totalité
du champ travail.. (Du reste, le mot "peine", nous
indique Alain REY dans son dictionnaire historique , dans une
de ses significations, désigne le travail).
Il y a eu malgré tout, un équilibre entre les
discussions après l’intervention de Tiphaine et
les débats autour des travaux des GAPEP.
La question c’est de savoir si le processus de pénibilité
ne va pas se révéler défavorable vis à
vis de la prévention primaire.Les employeurs sont invités
à distinguer, en pratique,deux catégories de situations
de travail: celles, relevant de la pénibilité,
et les autres, n'en relevant pas. Ce découpage n’aide
pas la prévention. C’est un objet politique. On
ne peut que le subvertir pour pouvoir continuer à inscrire
nos actions de professionnels du côté du bien commun.
Qu'est-ce qui pourrait amener l’employeur à tracer
les pénibilités ? si les fiches de pénibilité
ne sont pas établies, les employeurs sont passibles d’amende.
Cela peut être un moyen pour agir. Que pense Tiphaine
de la réalité de ces sanctions ? C’est le
renforcement de l’obligation de sécurité
et de résultat. L’employeur ne peut plus se dédouaner
et ne pas prendre ses responsabilités. Il y a une relation
entre document unique et fiches d’exposition. Cependant
sous réserve d’erreur l’estimation de la
qualité du document unique ne rentre pas dans les capacités
à sanctionner. Ne peut être sanctionné que
l’absence du document unique.
Pour la région PACA, les fiches individuelles d’exposition
sont faites à 12 %. Pour ceux qui ne l’ont pas
fait, il n’y avait aucune pénalité derrière.
Moi, j’ai un espoir : c’est du côté
du salarié car il y a un enjeu de réparation.
Et les salariés veulent des preuves d'exposition pour
l'ouverture de leurs droits à réparation ou retraite
anticipée.
Sur la traçabilité, je vous renvoie au rapport
Lejeune qui démontre que les autres modes de traçabilité
n’ont pas été tenus. De plus on est dans
quelque chose d’extrêmement théorique
Moi, je n’ai que des fiches de non exposition aux risques
de pénibilité.
Va-t-on vers des risques de dérive ?
Les services de santé au travail doivent contribuer à
l’aide de l’appréciation de la pénibilité
mais le risque est qu’ils se substituent à l’employeur
pour faire cette évaluation.
La HAS souligne la possibilité pour les médecins
du travail de faire les déclarations d’exposition
si les employeurs ne les font pas. Le médecin du travail
doit rédiger un certificat s’il sait que le salarié
a été exposé et que l’employeur refuse
de reconnaître l’exposition. La constatation c’est
que dans un créneau de 6 mois, il y a des textes très
délétères pour la profession qui ont été
promulgués.
Pour prouver les expositions, c’est difficile.
Sur une question de la concomitance des textes, au fil de la
journée, j’ai entendu des gens qui font des choix
qui peuvent être pertinents s’ils sont débattus
en collectif.
On a une individualisation des expositions et on est cloisonné
dans des connaissances scientifiques extrêmement limitées.
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