Plan du Colloque
                      
                      Alain GROSSETETE 
                        Secrétaire du Groupe Projet de E-Pairs  
                      Matin
                       Ière Partie 
                        Pratiques cliniques en médecine générale 
                        et Expériences de groupes de pairs médecin 
                        du travail et infirmier en santé au travail en 
                        clinique médicale du travail
                      Pluralité de situations cliniques nécessitant 
                        un travail en coordination. Quelles règles de coopération 
                        dans le but d’être utile à la santé 
                        du patient ?  
                      Quelle place pour l’analyse du travail et de ses 
                        aspects délétères ? 
                      Quelles recherches de synergie des deux filières 
                        médecine générale et du travail, 
                        avec les autres partenaires de santé, les médecins 
                        spécialistes, les consultations de pathologies 
                        professionnelles, les médecins conseils et de contrôle 
                        ? 
                      Présentations de cas cliniques individuels ou 
                        collectifs plus ou moins partagés, ou de carence 
                        de coopération ? En quoi l’analyse du travail 
                        et de l’engagement du travailleur qui s’y 
                        déploie facilite la coopération pour la 
                        prévention et les soins. 
                     
                    
                      -  
                        
 Visite de pré-reprise/ préparation 
                          à la reprise après maladie ou accident 
                          grave  
                       
                      -  
                        
 Quelle déclaration en MP 
                          et quand, pour des pathologies d’usure professionnelle 
                       
                      -  
                        
 Arrêt de travail ou non face 
                          à un travail délétère qui 
                          cherche un appui et soutien médical lorsque sa 
                          capacité de prendre soin de sa santé s’épuise 
                       
                      -  Quelles ressources pour pouvoir établir un certificat 
                        médical de MP pour un salarié retraité.
 
                      -  Urgence psychopathologique du fait ou au travail
 
                      -  
                        
 Quelles coopérations pour 
                          le maintien au travail et y construire sa santé 
                       
                     
                     
                      1-Communications 9h45 – 11h : 25 minutes 
                      par communications avec questions 
                       
                      Présidente : Madeleine RUHLMANN 
                    
                    
                     Réflexions à partir de trois cas cliniques 
                      de médecine générale sur les conditions 
                      de coopération entre médecin généraliste 
                      et médecin du travail. 
                    
                    UNE POSTURE D'EQUILIBRISTE ou « Comment un 
                      salarié patient impulsif peut interférer, 
                      à son corps défendant, dans la relation entre 
                      son médecin du travail et son médecin traitant, 
                      au détriment de l'équilibre de sa santé 
                      » 
                     3- Michele Weber, 
                      Médecin du travail, Srasbourg, GAPEP
                    La coopération entre les équipes médicales 
                      du travail et la médecine générale 
                      au travers de deux cas clinique vus en GAPEP 
                    Pause 
                       2-Discussion entre 
                    pairs – Dispute/Repères professionnels 
                    11h15 – 12h15    Modérateur 
                    -Gérard LUCAS   
                       Après-midi
                       IIème Partie 
                        Règles professionnelles en médecine 
                        générale et Expériences de groupes 
                        de pairs médecin du travail et infirmier en santé 
                        au travail pour construire des Repères de coopération
                      Quels ressorts pour la coopération entre généralistes 
                        et médecins du travail ?  
                      Quels blocages de représentation, de méconnaissance 
                        du travail des acteurs du réseau de soins, … 
                        y font obstacle ? 
                      Quelle place à l’analyse du travail et des 
                        inégalités sociales de santé pour 
                        les surmonter ?  
                      Quelle déclinaison et construction des références 
                        éthiques et réglementaires de coopération 
                        ? 
                      Par qui et comment le milieu de travail peut-il être 
                        interpelé ? 
                     
                    
                      -  
                        
 Comment les questions de santé 
                          au travail se posent dans nos pratiques ?  
                       
                      -  
                        
 Comment se font les contacts entre 
                          généralistes et les équipes médicales 
                          du travail ? 
                       
                      -  
                        
 Comment construire la confiance 
                          pour coopérer ensemble ? 
                       
                      -  Quelles conditions et modalités d’une 
                        coopération dans l’intérêt de 
                        la santé des sujets ?
 
                     
                    3-Communications 13h45 – 15h ; 25 minutes 
                      par communications avec questions 
                      Président : Alain GROSSETETE 
                    
                    Médecins généralistes et équipes 
                      médicales du travail : travailler ensemble pour la 
                      santé des patient(e)s 
                    
                     A propos d’un exemple de collaboration entre 
                      équipe pluridisciplinaire et médecin traitant, 
                      réflexion sur le développement possible de 
                      ce type d’approche 
                    
                    Coopération entre médecin du travail et 
                      médecin généraliste traitant dans le 
                      parcours de soin d’un salarié patient présentant 
                      un état de stress aigu suite à une agression 
                      au travail. 
                    Pause 
                        
                      4-Discussion 
                      entre pairs – Dispute/Repères professionnels 
                      15h15 – 16h15 
                      Modérateur – Dominique 
                      HUEZ  
                    5-Conclusion du colloque 
                      Mireille CHEVALIER 
                      Présidente de E-Pairs  
                    6-Premier retour sur le Colloque 
                      E-Pairs 2017 - Et maintenant, comment poursuivre ? 
                      E-Pairs 
                      
                      
                       
                    COLLOQUE
                    Introduction au colloque 
                    Alain Grossetête 
                     Le 
                      colloque de 2017 de E-Pairs porte sur les pratiques professionnelles 
                      de l’équipe médicale de santé 
                      au travail (médecin du travail, médecin collaborateur, 
                      interne et infirmiers du travail) concernant les coopérations 
                      avec les généralistes. Il faut en effet penser 
                      la question avec l’arrivée dans les services 
                      de santé au travail des infirmières du travail. 
                      Quelles pratiques, règles professionnelles, les infirmières 
                      vont-elles dégager pour leur part, dans l’équipe 
                      médicale en direction des généralistes 
                      ? On voit que l’examen des pratiques coopératives 
                      avec les généralistes réinterroge aussi 
                      les coopérations au sein de l’équipe 
                      médicale médecin du travail/infirmières. 
                      La présentation de Jean-Luc JULINET et Yann FENIOU 
                      en groupe mixte d’analyse des pratiques (GAPEM) introduit 
                      la question.  
                     Trois 
                      généralistes ont rédigé deux 
                      contributions essentielles pour la tenue de ce colloque. 
                      Qu’elle soit constatée en premier chez le généraliste 
                      ou au cabinet de médecine du travail, la survenue 
                      d’un épisode de crise professionnelle chez 
                      un salarié-patient, accompagnée d’une 
                      atteinte à sa santé peut initier cette coopération, 
                      ou encore lors de toute autre circonstance dans laquelle 
                      le travail est concerné. Le plus souvent, l’échange 
                      débute par un courrier. 
                     La 
                      coopération entre équipe médicale du 
                      travail et généralistes est considérée 
                      généralement comme délicate. Marie-Françoise 
                      HUEZ-ROBERT en donne trois exemples au travers de sa réflexion 
                      de généraliste; Michèle WEBER expose 
                      deux cas au cabinet de médecine du travail. 
                     Lorsque 
                      du côté des médecins du travail, l’approche 
                      de la santé au travail est une approche dominante 
                      par les risques, aux dépens d’une approche 
                      par la clinique, l’investigation du travail du point 
                      de vue de la subjectivité du salarié-patient 
                      peut être quasi absente. Il n’y a alors guère 
                      de place pour le travail clinique. Est-ce là l’héritage 
                      d’une pratique encore dominée par la détermination 
                      de l’aptitude ? Cette approche loin du travail est 
                      un obstacle à la coopération. Au contraire 
                      tenir une posture de clinicien du travail, dans laquelle 
                      la parole du salarié est inscrite, et dont il est 
                      le pivot, permet de s’adresser plus facilement à 
                      un autre clinicien, qui est le généraliste. 
                     Cette 
                      question de la place du patient salarié au centre 
                      de la coopération va probablement faire l’objet 
                      de débats.  
                      Il est essentiel, en clinique médicale du travail, 
                      que le salarié-patient, pour sortir de l’impasse 
                      dans laquelle il se trouve et pouvoir aller mieux, puisse 
                      élaborer sa pensée propre sur ce qui lui arrive 
                      dans sa santé, aux côtés de la pensée 
                      en travail des cliniciens. Comment l’aider ? 
                     L’intitulé 
                      même du colloque : « La question du travail 
                      au cœur de la coopération », montre que 
                      c’est d’abord l’entrée par la question 
                      du travail qui est choisie. Nous suggérons de « 
                      prendre le travail comme grille de lecture » : mais 
                      comment interroger le travail, ou plus exactement, le « 
                      travailler » du patient ou du salarié, chacun 
                      selon son propre exercice comme généraliste, 
                      médecin ou infirmière du travail ? Le « 
                      travailler » renseigne sur la tâche, mais surtout 
                      sur l’activité, c’est à dire sur 
                      les ressorts de son engagement dans le travail. En prenant 
                      le travail comme grille de lecture il est possible de débrouiller 
                      une histoire de travail plus ou moins compliquée 
                      dans laquelle la santé est affectée. C’est 
                      à la fois le « travailler » du patient 
                      et le nôtre qui s’y trouvent impliqués. 
                      Comment explorer le « travailler » ? Prenons 
                      par exemple, la survenue d’une dépression au 
                      début, dont on peut penser qu’elle a pour origine 
                      le travail. Le patient ou le salarié se trouve généralement 
                      en difficulté pour penser ce qui lui arrive au travail: 
                      il est invité à en faire le récit, 
                      parfois il est interrompu avec un questionnement sur ce 
                      qu’il dit quand le clinicien ne le comprend pas. Le 
                      patient salarié se remet dans l’action de son 
                      « travailler ». Il se « voit » travailler. 
                      Il ne fait pas que raconter, il élabore une pensée 
                      qui explore son « travailler » et construit 
                      sa propre compréhension. Dans le « travailler 
                      », les enjeux du travail apparaissent également 
                      comme enjeux pour sa santé : les mobiles de l’engagement 
                      subjectif dans le travail, l’engagement du corps, 
                      ses traces et atteintes, les émotions. Ce qui compte 
                      est la compréhension qu’acquiert le patient 
                      vis-à-vis de la situation qu’il expose. S’aider 
                      à faire le lien entre santé et travail, permet 
                      de soutenir une élaboration lorsqu’elle est 
                      en difficulté de la part du salarié. Faire 
                      ce lien est possible de la part de chaque professionnel. 
                      Et le faire est une contribution thérapeutique.  
                     Ce 
                      travail clinique de soutien à l’élaboration 
                      par un récit est fondamental car il ouvre des issues 
                      favorables à la santé et il peut être 
                      mené en médecine générale (comme 
                      le montre l’intervention de Marie KAYSER et Martine 
                      LALANDE) et en médecine du travail. 
                      Entre généralistes, médecins et infirmières 
                      du travail, s’aider à comprendre ce qui se 
                      joue dans le travail vis-à-vis de la santé 
                      du « patient-salarié » afin de soutenir 
                      sa santé, est donc un enjeu important de la coopération 
                      entre professionnels, dont dépend la qualité 
                      de l’aide clinique proposée.  
                     La 
                      place de l’écrit n’est pas la même 
                      selon généraliste et équipe médicale 
                      de santé au travail, ainsi que le montre notamment 
                      la présentation de Nathalie PENNEQUIN. Le médecin 
                      du travail ou l’infirmière tente de recueillir 
                      et construire par la clinique médicale du travail 
                      ce qui va former un récit de la part du salarié 
                      patient. Que ce récit fasse l’objet d’un 
                      écrit ou pas, son étayage apparaît comme 
                      particulièrement important dans son travail d’élaboration 
                      (le sien et celui du clinicien).  
                      Quelles sont les règles professionnelles pour cela, 
                      existantes ou à créer ? L’une traverse 
                      toutes les présentations : le patient doit être 
                      le « fil rouge » de l’échange, 
                      est-il indiqué dans une contribution. 
                    Un élément important est 
                      la confiance que ce patient salarié place, ou non, 
                      dans ses relations avec l’équipe médicale, 
                      qu’elle soit généraliste ou du travail. 
                      Elle en est même la condition. La question de la confiance 
                      du salarié patient dans ses deux interlocuteurs médecins 
                      sera posée et explorée dans une contribution 
                      de médecins du travail (Marie PARENT et Anne GAVOILLE) 
                      au travers de la restitution d’une dispute professionnelle 
                      lors d’une de leurs séances de GAPEP. Croiser 
                      les regards entre professionnels, voire les confronter en 
                      posant alors les termes d’une dispute professionnelle 
                      au sujet du patient salarié et à son seul 
                      bénéfice, relève de la délibération 
                      médicale et d’un exercice médical de 
                      qualité.  
                      Telles sont une parties des questions que le colloque voudrait 
                      mettre en débat.  
                      I° 
                      Partie - Pratiques cliniques en médecine générale 
                      et Expériences de groupes de pairs médecin 
                      du travail et infirmier en santé au travail en clinique 
                      médicale du travail
                    1- COMMUNICATIONS
                    1° Communication – 
                    
                    Réflexions à partir de 
                      trois cas cliniques de médecine générale 
                      sur les conditions de coopération entre médecin 
                      généraliste et médecin du travail 
                    Marie Françoise HUEZ-ROBERT 
                      médecin généraliste, Société 
                      Française de Documentation et de Recherche en Médecine 
                      générale, SFDRMG -UNAFORMEC  
                    Teléchargez 
                      la présentation 
                        
                      11 diapos 
                    Introduction  
                      La présentation de trois situations cliniques et 
                      sociales vécues avec un statut de médecin 
                      généraliste voudrait permettre de poser des 
                      questions sur des coopérations souhaitées, 
                      mais difficiles à réaliser entre médecin 
                      généraliste et médecin du travail, 
                      tous les deux médecins de premier recours. La pratique 
                      quotidienne en médecine générale s’articule 
                      autour la demande du patient, l’analyse clinique du 
                      médecin, le contexte socio environnemental et la 
                      décision du patient. Le Médecin généraliste 
                      remplit des missions de diagnostic, de soins, de prévention 
                      et d’ouverture des droits sociaux pour les usagers 
                      , dans le respect de la législation. 
                    
                       
                         Premier 
                            Cas : Une situation de préparation 
                            à la reprise après un arrêt de 
                            travail prolongé en maladie professionnelle 
                            d’une salariée. 
                            Le temps clinique et social 
                              avec le MG 
                               Une ouvrière de 50ans vient consulter 
                              pour des violentes douleurs de l’épaule 
                              D nuit et jour, rendant impossible certains mouvements 
                              du bras, avec blocage de certaines amplitudes. Elle 
                              décrit qu’elle effectue des gestes 
                              répétées avec le bras droit 
                              et le bras gauche pour monter des objets reçus 
                              en pièces détachées, puis les 
                              conditionner dans des cartons, ceci depuis plus 
                              de 20 ans. L’examen clinique montre une pathologie 
                              de la coiffe des rotateurs. Ses antécédents 
                              HTA traité par IEC 
                              -Taches immédiates : examen clinique, annonce 
                              de l’hypothèse diagnostique :TMS de 
                              l’épaule, prescription un traitement 
                              antalgique, d’un arrêt de travail et 
                              d’une échographie de l’épaule. 
                               
                              -Taches au fil des consultations : 
                              - accompagner la patiente dans sa démarche 
                              de déclaration de MP 
                              - gérer sa douleur sans escalade des médicaments 
                               
                              - éviter qu’elle choisisse des thérapeutiques 
                              agressives  
                              - prescrire les arrêts de travail sur des 
                              temps longs mais pas trop pour avoir des contacts 
                              avec elle et voir l’évolution de la 
                              douleur. 
                              Au bout de plus de 4mois d’’évolution 
                              de sa PSH, nous avons décidé ensemble 
                              qu’elle demanderait la reprise de travail 
                              avant la guérison complète avec une 
                              demande de changement de poste temporaire préparée 
                              par une visite de pré reprise auprès 
                              de son médecin du travail avec une lettre 
                              de ma part .  
                            La rencontre du salarié 
                              avec le médecin du travail  
                              Après sa visite de pré-reprise elle 
                              me dit « Le médecin du travail va soumettre 
                              la demande de changement de poste à la direction, 
                              et il me reverra dans 15j pour me donner la réponse 
                              et qu’il faut que je vous demande une prolongation 
                              ». Elle ne me transmet pas de courrier. 
                              Quinze jours plus tard elle revient consulter pour 
                              m’annoncer que le changement de poste n’était 
                              pas possible. Par ailleurs elle souffrait dès 
                              qu’elle faisait des gestes répétés 
                              (ménage, rangement) et estimait que la reprise 
                              à temps plein à son poste habituel 
                              était impossible. C’est pourquoi elle 
                              me demandait de la prolonger d’un mois comme 
                              lui avait conseillé le médecin du 
                              travail en lui disant : « revenez quand vous 
                              serez apte à votre poste de travail. » 
                              Ensuite elle a repris son ancien poste sans faire 
                              de rechute de PSH ou une autre TMS. « Je me 
                              protège, mon patron est cool avec moi » 
                              m’a-t-elle dit. 
                            Deuxième cas : Une situation 
                            de licenciement pour inaptitude après un arrêt 
                            de travail prolongé en accident de travail 
                            d’un salarié d’une entreprise de 
                            travaux publics. 
                            Le temps clinique et social 
                              avec le MG 
                               Ce patient, conducteur d’engin de travaux 
                              publics, est venu consulter pour la survenue brutale 
                              d’une lombosciatique L5-S1, hyperalgique, 
                              survenue après quelques journées de 
                              travail dans une équipe sur un chantier au 
                              sol avec port de charges lourdes, parce que son 
                              engin habituel n’avait pas d’affectation 
                              sur un chantier. Il a accepté de déclarer 
                              sa pathologie en accident du travail avec un arrêt 
                              de travail. Ce patient venait me voir deux fois 
                              l’an pour les prescriptions de contrôles 
                              biologiques de son hémochromatose et de saignées. 
                              Pas d’autre antécédent notable. 
                              Il était fier de son travail et de son engagement 
                              syndical. Mais il n’en parlait pas. 
                              Malheureusement la douleur lombosciatique a augmenté 
                              rapidement avec paraparésie des releveurs 
                              , et au bout de 4 à 6 semaines, malgré 
                              des antalgiques morphiniques il devenait impératif 
                              pour le patient de demander une IRM et de voir un 
                              chirurgien qui pose le diagnostic de hernie discale 
                              et décide de l’opérer environ 
                              2,5 mois après le début de la douleur. 
                              Les suites opératoires se passent bien sauf 
                              du côté de la douleur qui est toujours 
                              très intense et qui sera seulement un peu 
                              soulagée à la pose d’une sonde 
                              rachidienne pour neurostimulation médullaire. 
                            La rencontre du salarié 
                              avec le médecin du travail avec une lettre 
                              du MG 
                              Au bout plus un an d’arrêt de travail 
                              en accident de travail, il accepte d’envisager 
                              sa reprise avec une demande de changement de poste. 
                              Il lui est difficile d’obtenir un RDV de visite 
                              de pré-reprise avec un délai raisonnable 
                              auprès du secrétariat du service médical 
                              de son entreprise. 
                              Il transmet mon courrier expliquant l’évolution 
                              de sa pathologie et de ses incapacités au 
                              médecin du travail qui lui dit de retourner 
                              me voir pour un arrêt de travail car il ne 
                              peut le changer de poste pour le moment. Il ne me 
                              transmet pas de courrier. 
                              Par ailleurs il reçoit une convocation du 
                              Médecin Conseil qui accepte les prolongations 
                              d’arrêt de travail en accident du travail 
                              sans limitation temporelle. Mais il avait rencontré 
                              auparavant l’assistante sociale de la CARSAT 
                              chargée des arrêts de travail de longue 
                              durée. 
                              Le patient qui est délégué 
                              syndical me dit qu’il pourrait travailler 
                              à un poste dans les bureaux ou à la 
                              pesée des camions. A ce stade le patient 
                              est actif à la maison et se déplace 
                              à l’extérieur avec utilisation 
                              de la stimulation à la demande associée 
                              à la baisse des antalgiques. 
                              Après plusieurs semaines d’attente, 
                              et plusieurs rendez-vous reportés, il est 
                              convoqué par le médecin du travail 
                              qui dit « qu’il n’a pas obtenu 
                              de la direction un changement de poste et qu’il 
                              veut lui faire faire un essai de reprise du poste 
                              de conducteur de son engin ». S’il ne 
                              peut pas occuper ce poste, le médecin du 
                              travail lui indique qu’il demandera un licenciement 
                              pour inaptitude au poste de travail. De nouveau 
                              je n’ai pas de courrier transmis. Je fais 
                              le certificat de reprise avec soins. Il revient 
                              me voir au bout de 10j de travail avec des douleurs 
                              importantes de lombalgie et de sciatalgie. Je déclare 
                              une rechute d’accident du travail et la procédure 
                              de licenciement par inaptitude au poste de travail 
                              sera lancée, sans que le patient me transmette 
                              un courrier de ce médecin du travail. Le 
                              patient m’a seulement transmis ses deux messages 
                              : faire la consolidation de l’accident de 
                              travail avec soins, et ne pas faire d’arrêt 
                              de travail dans la période des 15J avant 
                              la confirmation du licenciement . 
                            Au final : 
                              - le patient était anéanti par la 
                              perte de son travail, digne et silencieux. 
                              - le MG était dépitée qu’il 
                              n’ait pas pu conserver son emploi malgré 
                              son ancienneté. Le patient aurait voulu négocier 
                              avec la direction parce qu’il estimait qu’il 
                              y avait un emploi possible pour lui dans cette entreprise. 
                              Par ailleurs je n’ai pas eu d’hypothèse 
                              fournie par le chirurgien ni par le spécialiste 
                              de la consultation douleurs sur l’origine 
                              de cette sciatique si hyperalgique. 
                             
                            Troisième cas : 
                              Une demande d’arrêt de travail d’une 
                              salariée pour une situation d’après 
                              elle insupportable et épuisante au travail. 
                               
                             
                            Le temps clinique et social 
                              avec le MG 
                              Un lundi après-midi une jeune femme d’environ 
                              30ans me consulte pour la première fois pour 
                              un état de grande fatigue, des insomnies, 
                              une irritabilité vis-à-vis de son 
                              bébé et de son compagnon tout cela 
                              depuis quelques semaines. A mes questions sur son 
                              travail elle me répond qu’elle travaille 
                              sur une plateforme téléphonique qui 
                              assure le service commercial d’un opérateur 
                              téléphonique. Elle veut arrêter 
                              de travailler quelques jours car son manager de 
                              plateforme la surveille en permanence quand elle 
                              répond aux clients : il ne veut pas qu’elle 
                              réponde comme elle le fait et lui fait des 
                              réflexions acerbes sans cesse. « Je 
                              ne supporte pas de ne pas pouvoir répondre 
                              aux questions des clients immédiatement quand 
                              j’ai la réponse, ni de reconnaître 
                              qu’il y a une erreur de facturation quand 
                              la personne a une énorme augmentation de 
                              sa facture, car mon travail est de noter dans son 
                              dossier et transférer sa demande à 
                              un autre service qui doit la rappeler. Je sais que 
                              je ne fais pas le chiffre des appels de ceux de 
                              mon groupe. Il faut que je me calme, je pourrai 
                              peut-être y retourner ensuite pour finir mon 
                              contrat, le 3eme de 6 mois, ensuite je les quitte. 
                              » Elle ne présente pas de symptômes 
                              dépressifs, et a exposé son problème 
                              de façon calme, mais avec conviction sans 
                              accuser son chef de plateforme de tous les maux. 
                              Elle n’a jamais rencontré le médecin 
                              du travail de ce sous-traitant.  
                              La situation exposée me paraissant très 
                              claire du côté du retentissement psychique 
                              d’une organisation managériale comportant 
                              harcèlement et obligation de mentir au client, 
                              j’ai fait une prescription d’arrêt 
                              de travail de 7jours, avec une boite de 7cp d’un 
                              somnifère . Elle est revenue 7j après 
                              me dire qu’elle ne pouvait pas retourner au 
                              travail, que son contrat finissait dans 2 semaines 
                              et qu’elle ne le renouvelait pas, mais qu’elle 
                              allait mieux. Sa demande : un arrêt de travail 
                              de deux semaines jusqu’à la fin du 
                              contrat, ce que j’ai fait avec comme motif 
                              d’arrêt : état d’anxiété 
                              généralisé .Je ne l’ai 
                              plus revue . Sa plateforme était à 
                              3km de mon cabinet. 
                              | 
                       
                     
                    Réflexions sur ces cas sur les 
                      conditions de coopération autour des situations d’arrêt 
                      de travail et de licenciement pour inaptitude au poste 
                     
                    1-Les deux professions sont bloquées 
                      dans des rôles pré écrits par le système 
                      : 
                      -Le Mg détenteur de bons à tirer pour arrêt 
                      de travail, mais dont les arrêts de travail de longue 
                      durée sont sous le regard du médecin conseil. 
                      -Le médecin du travail « sélectionneur 
                      de main d’œuvre apte à travailler à 
                      tous postes » sinon arrêt de travail ou licenciement 
                      sous couverture d’une procédure longue entre 
                      la médecine du travail et la direction, sans que 
                      le salarié puisse se défendre. 
                      Le Médecin doit faire le maximum pour les droits 
                      de son patient, c’est dans le code de la santé 
                      publique.  
                    2- L’application du principe « 
                      le médecin traitant communique au confrère 
                      avec l’accord du patient les informations médicales 
                      seulement nécessaires à l’objectif de 
                      la consultation avec l’accord du patient » est 
                      une tâche qui est due au patient, pas toujours facile 
                      à réaliser rapidement. Est cela la cause du 
                      manque de transmission d’information du médecin 
                      généraliste vers le médecin du travail 
                      ? 
                    3-Les réponses du médecin 
                      du travail uniquement orales au patient sont frustrantes 
                      pour le généraliste et source de mauvaise 
                      compréhension de son expertise et de ses décisions. 
                      Pourquoi certains médecins du travail ne tracent 
                      pas l’argumentation de leur avis d’aptitude 
                      ? 
                    4-S’il m’a été 
                      facile de poser un diagnostic de souffrance au travail 
                      pour cette personne qui avait fait elle-même le lien 
                      de ses symptômes avec ses conditions de travail, d’autres 
                      souffrances sont plus difficiles à identifier au 
                      milieu de multiples symptômes physiques ou psychiques, 
                      de demandes d’arrêts de travail pour des motifs 
                      très banaux, de relations et situations de travail 
                      actuelles ou antérieures complexes à comprendre. 
                      Cette prescription d’arrêt de travail est une 
                      mise à l’abri de la personne dans le secret 
                      total de la consultation.  
                      Par ailleurs je n’ai pas demandé à cette 
                      personne de voir son médecin du travail car elle 
                      ne l’avait jamais vu, et elle avait décidé 
                      de quitter cette entreprise, ce qui est très souvent 
                      les cas des personnes en CDD . 
                    Suggestions d’information et de coopération 
                    médecin généraliste - médecin 
                    du travail :  
                      1. En 34 ans de MG aucun de mes patients 
                        n’a eu un certificat initial de maladie professionnelle 
                        fait par un médecin du travail ou une information 
                        argumentée sur cette possibilité. Une information 
                        du salarié sur la procédure de la déclaration 
                        de sa possible maladie professionnelle avec l’argumentation 
                        peut-elle être faite plus systématiquement 
                        par le médecin du travail avec transmission au 
                        médecin traitant ? 
                       2. L’information du médecin 
                        du travail en direction des femmes susceptibles d’être 
                        enceintes exposées à une substance foeto-toxique 
                        qui est faite pourrait-elle être transmise sous 
                        forme d’un document par la femme à son médecin 
                        traitant ? 
                       3. La méthode de recherche de 
                        signes de souffrance au travail est un sujet qui intéresse 
                        certains médecins généralistes. Pouvez-vous 
                        transmettre ces connaissances ainsi que vos avis sur la 
                        prise en charge (soins primaire ou consultation dédiée) 
                        par les moyens de formation de la profession ? 4. La Coopération 
                        avec l’équipe de santé au travail 
                        : les médecins généralistes ne connaissant 
                        pas le cadre de coopération avec les infirmiers 
                        de santé au travail , ne pourront pas l’utiliser. 
                       
                     
                    Pour conclure : La coopération 
                      entre les équipes médicales du travail et 
                      les médecins généralistes est essentielle 
                      pour contribuer au maintien de la santé des personnes, 
                      à la fois salariés et patients en connaissant 
                      les missions et compétences spécifiques de 
                      chaque groupe professionnel. La réflexion doit être 
                      poursuivie avec les deux professions.  
                      2° 
                      Communication 
                    UNE POSTURE D'EQUILIBRISTE ou « Comment un salarié 
                    patient impulsif peut interférer, à son corps 
                    défendant, dans la relation entre son médecin 
                    du travail et son médecin traitant, au détriment 
                    de l'équilibre de sa santé » Marie 
                      Parent et Anne Gavoille médecins du travail, 
                      GAPEP  
                    Téléchargez 
                      la présentation 
                        
                      15 diapos  
                     Cette 
                      observation étant le fruit d’un travail collectif 
                      en GAPEP (Groupe d’Analyse des Pratiques Entre Pairs), 
                      nous expliquerons d’abord le mode de fonctionnement 
                      spécifique au GAPEP.  
                     Nous 
                      sommes 2 médecins du travail de l'AGEMETRA, SST de 
                      la métropole Lyonnaise. Notre GAPEP, composé 
                      de 8 médecins du travail du service, fonctionne depuis 
                      plusieurs années, avec 5 réunions par an au 
                      cours desquelles nous réfléchissons autour 
                      d'une observation en clinique médicale du travail, 
                      préparée par l'un d'entre nous. Le compte 
                      rendu est ensuite relu et travaillé par un binôme 
                      au sein d'E Pairs.  
                      Le travail suivant a été réalisé 
                      sous l’angle de la collaboration médecin généraliste/ 
                      médecin du travail.  
                    
                       
                          
                             Il 
                              s’agit du cas de Sébastien, 30 ans. 
                              C’est un ancien sportif de haut niveau, qui 
                              a pour principal antécédent un spondylolisthésis. 
                              Après un niveau bac pro en maintenance des 
                              systèmes automatisés, il est embauché 
                              en 2005 comme agent de fabrication dans une entreprise 
                              de traitement thermique des métaux, sous-traitante 
                              de la métallurgie.  
                              Pendant plusieurs années, il occupe ce poste 
                              en 3X8 et poursuit la gymnastique ; qu’il 
                              doit cependant interrompre en 2009 suite à 
                              des problèmes de santé.  
                             En 
                              février 2015, on lui propose un poste de 
                              nuit de 18H à 6H les vendredi, samedi et 
                              dimanche. Cela suppose une formation complémentaire. 
                              La première année se passe bien.  
                              Lors de la visite périodique d’avril 
                              2016, il présente des troubles de santé 
                              : troubles du sommeil et cervicalgies (dans un contexte 
                              d’accident de voiture, puis ensuite lors d’un 
                              accident du travail, en février 2016, sans 
                              arrêts).  
                             Il 
                              revient en juillet 2016 à sa demande : il 
                              a fait un bilan cardio pulmonaire en raison d’une 
                              douleur thoracique et d’une dyspnée 
                              ; il se sent isolé et n’a plus de vie 
                              sociale. Il a demandé un changement d’horaire 
                              à son employeur, qui a refusé. Avec 
                              son accord, une demande de changement d’horaire 
                              est précisée sur le certificat d’aptitude. 
                               
                              48 H après, Sébastien téléphone 
                              au médecin du travail : il lui demande une 
                              contre-indication médicale à la peinture 
                              du fait des discrètes anomalies retrouvées 
                              au scanner thoracique (foyer de condensation paraissant 
                              séquellaire) : le médecin refuse cette 
                              demande qui ne lui paraît pas justifiée 
                              médicalement.  
                               Cet 
                              événement interroge le médecin 
                              du travail sur la possible recherche d’avantage 
                              social de la part du salarié ; la connaissance 
                              de l’entreprise peut faire envisager le poste 
                              de peinture comme une sanction : la question du 
                              conflit entre le salarié et l’employeur, 
                              déjà amorcée lors du refus 
                              du changement d’horaire, réapparaît, 
                              et le médecin du travail s’y trouve 
                              engagé, malgré lui. Commence alors 
                              un travail « d’équilibriste » 
                              pour le médecin du travail, entre salarié, 
                              employeur, puis le médecin traitant, dont 
                              le fil conducteur devrait être la protection 
                              de la santé.  
                             En 
                              octobre 2016, Sébastien revient en visite 
                              à sa demande, muni d’un courrier du 
                              médecin traitant demandant l’arrêt 
                              du 2X8 et le passage en poste du matin. En effet, 
                              il s’avère qu’il a travaillé 
                              très peu de temps en journée, et qu’il 
                              est assez rapidement passé en 2X8 ; lorsqu’il 
                              travaille le soir, il dort très peu, il est 
                              donc fatigué et peine à gérer 
                              sa vie familiale. Il est en arrêt de travail 
                              depuis le matin même.  
                             La 
                              question se pose de savoir si c’est une question 
                              médicale ou sociale (à partir de quand 
                              l’organisation de la vie personnelle devient-elle 
                              une question de santé ?) ; on retrouve une 
                              même attitude du salarié demandant 
                              ici à ses deux médecins de trouver 
                              une solution pour lui.  
                               Le 
                              médecin du travail se voit dans une posture 
                              de répondre à la prescription du médecin 
                              généraliste, accédant ainsi 
                              à la demande du salarié ; est-ce possible 
                              de ne pas y répondre sans altérer 
                              la confiance qu’a le salarié vis-à-vis 
                              de son médecin ? En restant confraternel 
                              ? Comment entendre la demande en faisant valoir 
                              le point de vue du médecin du travail, quitte 
                              à modifier la réponse ?  
                               On 
                              peut se demander pourquoi le salarié a demandé 
                              un courrier à son médecin traitant 
                              et un certificat à son médecin du 
                              travail.  
                              Quoi qu’il en soit, dans cette histoire, il 
                              s’agit d’un moment pivot : celui de 
                              l’acceptation par le médecin du travail 
                              des conclusions du médecin généraliste. 
                              Le certificat de pré reprise est rédigé 
                              ainsi, une étude de poste est également 
                              demandée par écrit ; il sera toujours 
                              le temps d’un réajustement lors de 
                              la reprise effective ; commence alors une série 
                              d’échanges tendus avec l’employeur. 
                               
                               Dans 
                              un deuxième temps, le médecin traitant 
                              prescrit un arrêt à temps partiel thérapeutique 
                              à partir de fin octobre. L’arrêt 
                              est envoyé à l’entreprise. Il 
                              n’y a pas d’échange entre les 
                              deux praticiens.  
                               En 
                              fait, le salarié est prolongé, et 
                              la visite de reprise a lieu début novembre 
                              : le certificat prend en compte les différentes 
                              prescriptions du médecin traitant : temps 
                              partiel thérapeutique, et contre-indication 
                              au travail de nuit.  
                              L’employeur refuse le mi-temps thérapeutique 
                              et demande au médecin du travail « 
                              d’en tirer les conséquences sur l’aptitude 
                              ».  
                               Il 
                              est probable que les prescriptions successives, 
                              restrictives et non coordonnées entre les 
                              deux médecins sont de nature à fragiliser 
                              la posture médicale vis-à-vis de l’employeur, 
                              lui laissant plus de pouvoir pour faire pression 
                              sur le médecin du travail.  
                              Il est décidé d’attendre l’étude 
                              de poste prévue mi-novembre pour envisager 
                              les conditions de reprise de Sébastien. L’arrêt 
                              de travail va se poursuivre.  
                            Dans 
                              ce contexte, un entretien long de clinique médicale 
                              du travail a lieu avec Sébastien : il s’agit 
                              d’explorer plus finement les enjeux subjectifs 
                              du rapport au travail, dans ce contexte de conflit, 
                              d’arrêts répétés, 
                              d’une attitude apparaissant comme passive 
                              de la part de ce salarié. La raison essentielle 
                              pourrait être la suivante : Sébastien 
                              paraît en difficulté pour penser ce 
                              qui ne va pas pour lui au travail : il a donc besoin 
                              de construire un positionnement. A défaut, 
                              il fait pression sur chacun des médecins 
                              pour trouver une solution que lui seul peut apporter. 
                               
                            Un 
                              premier échange téléphonique 
                              a lieu entre les deux médecins, à 
                              l’initiative du médecin du travail 
                              : pour le médecin généraliste, 
                              il y est question de la personnalité de Sébastien 
                              (décrit comme « impulsif »), 
                              le travail n’y serait pas du tout évoqué 
                              ; le médecin traitant suggère au salarié 
                              de s’arranger avec son épouse ; je 
                              l’informe que le mi -temps a été 
                              refusé et je lui demande si Sébastien 
                              « n’en rajouterait pas un peu », 
                              dans le but de discerner la part médicale 
                              réelle de la demande sociale.  
                              Il apparaît bien surprenant que le travail 
                              ne soit pas évoqué par le médecin 
                              traitant qui pourtant est dans une attitude de prescription 
                              vis-à-vis du travail.  
                              L’élément d’impulsivité 
                              (de qui ? médecin ou patient ?) éclaire 
                              cette impression de besoin de solution rapide, et 
                              d’une possible immaturité chez Sébastien. 
                               
                             Dans 
                              un deuxième temps, Sébastien me rapportera 
                              les propos de son médecin traitant à 
                              l’égard du médecin du travail 
                              « il a dit que vous pensez que je suis tire 
                              au flanc » !  
                              Que penser de cette non réserve ; ne pas 
                              tout dire, pour le bien du patient, n’est-ce 
                              pas une règle déontologique implicite 
                              ?  
                               L’étude 
                              de poste dans l’entreprise est tendue : il 
                              est reproché au médecin du travail 
                              d’être responsable d’une désorganisation 
                              de la production et une demande d’inaptitude 
                              est, de nouveau, clairement évoquée. 
                              Le médecin du travail rappelle à l’employeur 
                              qu’il relève de sa responsabilité 
                              de justifier par écrit son refus de temps 
                              partiel.  
                               La 
                              poursuite des échanges avec le médecin 
                              se fait par courrier (envoyé par le médecin 
                              du travail), demandant une prolongation des arrêts 
                              de travail, ce qui permet à Sébastien 
                              de poursuivre les soins (il a eu un nouvel accident 
                              de voiture début novembre en rentrant de 
                              la crèche), réaliser les examens complémentaires, 
                              rencontrer la conseillère du travail pour 
                              réfléchir à son devenir professionnel. 
                              Ce sens de l’arrêt de travail est explicité 
                              par écrit au médecin traitant, avec 
                              disponibilité pour un échange téléphonique. 
                               
                              La nécessité médicale de la 
                              contre-indication au travail de nuit est répétée, 
                              mais la contre- indication au poste de l’après-midi 
                              y est présentée comme discutable - 
                              après réflexion, rencontre avec l’employeur, 
                              vécu des autres salariés travaillant 
                              aussi en 2X8.  
                            D’autres 
                              visites médicales ont lieu janvier et avril 
                              : Sébastien est en soins pour sa cervicalgie, 
                              l’IRM a montré une protrusion discale 
                              semblant venir au contact de l‘émergence 
                              radiculaire en C3 C4.  
                              Il entame un bilan de compétences.  
                              Un nouveau courrier est envoyé au médecin 
                              traitant expliquant la nécessité de 
                              l’arrêt et prévoyant une inaptitude 
                              prévisible du fait de la contre-indication 
                              au travail de nuit, mais aussi à la manutention 
                              et aux gestes répétitifs des membres 
                              supérieurs.  
                              Depuis, les arrêts de travail sont renouvelés, 
                              il est demandé à Sébastien 
                              d’en expliquer lui-même le sens à 
                              son praticien. Il envisage de devenir vendeur.  
                            | 
                       
                     
                    L’étude détaillée 
                      de cette observation en GAPEP a porté sur : 
                     
                      - Les modalités d’échanges 
                        entre les deux praticiens : écrit pour garantir 
                        la confiance (courrier ouvert pour le salarié), 
                        au mieux précoces, ce qui n’a pas été 
                        le cas ici, échange téléphonique 
                        dans un deuxième temps, mais aussi parole du salarié 
                        qui est devenue centrale au fil de cette histoire  
                        - Les champs d’action respectifs et les postures 
                        : état de santé global et environnement 
                        privé et familial pour le médecin traitant/ 
                        état de santé constaté et transmis 
                        par le salarié, environnement de travail pour le 
                        médecin du travail. 
                       Les 
                        obstacles à la coopération relèvent 
                        des contraintes de chaque profession : pour le médecin 
                        traitant, ce sont les contraintes de l’activité 
                        libérale (paiement à l’acte, temps 
                        compté), le contrôle par les organismes de 
                        sécurité sociale ; pour le médecin 
                        du travail : faible capacité d’action corrective 
                        sur les conditions de travail mais rôle d’alerte 
                        et de soins vis-à-vis du collectif, forte instrumentalisation 
                        par le salarié et l’employeur, posture sociale 
                        nécessitant un travail de négociation, disponibilité 
                        temporelle, pouvoir sur le contrat de travail, retour 
                        immédiat suite à l’action car relation 
                        médecin du travail, salarié, employeur « 
                        captive ». 
                     
                    - La question de la rivalité entre 
                      les médecins se pose lorsque chacun fait « 
                      intrusion » dans le champ de l’autre (thérapeutique 
                      ou préventif) : ici, en prescrivant un aménagement 
                      de poste sans questionner le travail, ou lorsque le médecin 
                      du travail suggère la réalisation d’examen 
                      complémentaire (IRM) ou le recours au spécialiste 
                       
                      - Une controverse est apparue sur la notion d’une 
                      collaboration réussie : pour certains, si l’absence 
                      de réponse écrite au courrier peut être 
                      vécue comme frustrante, pour les autres les demandes 
                      de prescription d’arrêt de travail ont été 
                      entendues, au bénéfice du patient. 
                     Une collaboration réussie supposerait 
                      elle : 
                     
                      - Une posture de curiosité face 
                        au métier de l’autre : prescription éclairée, 
                        ouverture à l’échange ? 
                        - Un réajustement au fil du temps ? 
                        - La reconnaissance de l’identité commune 
                        de médecin dépassant les différences 
                        de pratiques, avec pour objectif la santé du patient 
                        ?  
                        - Et en permettant au salarié patient de devenir 
                        lui-même acteur de sa santé ? 
                     
                    Bibliographie :  
                      Haute Autorité de Santé : « Repérage 
                      et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement 
                      professionnel ou burn out » (Mars 2017)  
                      3° 
                      Communication -
                    La coopération entre les équipes médicales 
                    du travail et la médecine générale : 
                    au travers de deux cas clinique vus en GAPEP Michèle 
                      Weber médecin du travail Strasbourg, Gapep 
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                      18 diapos  
                     La 
                      coopération entre les équipes médicales 
                      du travail et la médecine générale 
                      est absolument nécessaire au maintien dans l’emploi 
                      des salariés présentant des problèmes 
                      de santé. J’ai essayé, au travers de 
                      deux cas, de démontrer que cette collaboration harmonieuse, 
                      avec l’accord du salarié et dans le respect 
                      du Code de Déontologie, permet de maintenir dans 
                      l’emploi des salariés atteints de pathologies 
                      lourdes qui auraient pu constituer un frein. 
                    
                       
                          
                            Le 
                              1er cas est celui d’un maçon 
                              coffreur de 34 ans au moment du diagnostic, 38 ans 
                              aujourd’hui, atteint de troubles bipolaires. 
                              Au moment de sa reprise d’activité, 
                              des restrictions (notamment au travail en hauteur) 
                              avaient été émises par le médecin 
                              du travail en charge de l’entreprise. Ce n’est 
                              que plusieurs mois plus tard que le service sécurité 
                              de l’entreprise, s’est préoccupé 
                              de ces restrictions et a averti le médecin 
                              du travail auquel l’entreprise avait été 
                              affectée entretemps pour lui demander une 
                              solution en extrême urgence.   
                             Une 
                              collaboration active s’est installée 
                              dès le départ entre le médecin 
                              traitant du salarié, son psychiatre et le 
                              médecin du travail, tous persuadés 
                              de la nécessité pour le salarié 
                              d’un maintien en activité et de l’absence 
                              de danger pour lui et ses collègues sous 
                              réserve d’un suivi régulier 
                              et d’une bonne observance thérapeutique. 
                              Ce suivi est aujourd’hui partagé entre 
                              les trois médecins, dans le respect des prérogatives 
                              de chacun et dans le cadre d’un secret médical 
                              partagé. Le salarié poursuit son activité 
                              sans problème et son entourage professionnel, 
                              un temps inquiet, est aujourd’hui pleinement 
                              rassuré et partie prenante du maintien dans 
                              l’emploi du collègue 
                             
                              Le 
                                2ème cas 
                                est celui d’un patient de 57 ans aujourd’hui, 
                                (54 ans au moment où de sa maladie), opéré 
                                d’un prolapsus des valves mitrales, manutentionnaire, 
                                maintenu dans l’emploi grâce à 
                                une collaboration active, impliquant et responsabilisant 
                                le salarié, du médecin généraliste, 
                                du cardiologue et du médecin du travail. 
                                Emaillé de multiples péripéties 
                                au départ, le maintien au travail de ce 
                                salarié est aujourd’hui réussi. 
                                Le médecin traitant était au départ 
                                très réticent pour cette reprise 
                                et avait formulé une demande d’invalidité, 
                                refusée par le médecin conseil, 
                                ce qui avait été très mal 
                                vécu par le salarié, persuadé 
                                d’être victime d’une injustice. 
                                Cette décision du médecin conseil 
                                semblait cependant légitime, au regard 
                                de la bonne récupération fonctionnelle 
                                après l’intervention. Soutenu par 
                                un cardiologue persuadé du bienfondé 
                                de cette décision, le médecin du 
                                travail a négocié un aménagement 
                                du poste de travail auprès de l’employeur, 
                                compatible avec la reprise de l’activité. 
                                La survenue d’un malaise d’étiologie 
                                finalement non retrouvée (et en tout état 
                                de cause non cardiaque), sur les lieux du travail, 
                                après seulement 5 jours de reprise, a compliqué 
                                l’acceptation par l’employeur, et 
                                surtout par les collègues, du retour au 
                                travail. Les compétences du médecin 
                                du travail, récemment en charge de l’entreprise, 
                                ont été ouvertement mises en doute 
                                par le collectif ; il n’a bien sûr 
                                pas été possible pour ce dernier 
                                de se justifier en raison du secret médical 
                                et sa réputation dans l’entreprise 
                                ne doit aujourd’hui son salut qu’au 
                                fait que, 4 années plus tard, le salarié 
                                est toujours en activité et en pleine forme 
                                !  
                             
                             Après 
                              un nouveau bilan réalisé par un cardiologue 
                              différent, parvenu aux mêmes conclusions 
                              que le premier, il a finalement été 
                              possible de réinstaurer une relation de confiance 
                              avec le salarié et avec son médecin 
                              traitant et d’envisager la reprise de l’activité. 
                              C’est très certainement grâce 
                              à cette relation de confiance, et à 
                              l’apaisement des tensions avec son médecin 
                              traitant que le salarié, rassuré à 
                              la fois sur son état de santé et sur 
                              la compatibilité de son poste de travail 
                              avec ce dernier, est parvenu à reprendre 
                              son activité. 
                            | 
                       
                     
                      
                    
                       2- 
                      Table ronde et débat :
                    Questions : 
                       
                        1 - Pluralité de situations cliniques nécessitant 
                      un travail en coordination. Quelles règles de coopération 
                      dans le but d’être utile à la santé 
                      du patient ? 
                    2 - Quelle place pour l’analyse du 
                      travail et de ses aspects délétères 
                      ? 
                    3 - Quelles recherches de synergie des 
                      deux filières médecine générale 
                      et du travail, avec les autres partenaires de santé, 
                      les médecins spécialistes, les consultations 
                      de pathologies professionnelles, les médecins conseils 
                      et de contrôle ? 
                    
                      -  Présentations de cas cliniques individuels ou 
                        collectifs plus ou moins partagés, ou de carence 
                        de coopération ? En quoi l’analyse du travail 
                        et de l’engagement du travailleur qui s’y 
                        déploie et facilite la coopération pour 
                        la prévention et les soins.
 
                      -  Visite de pré-reprise/ préparation à 
                        la reprise après maladie ou accident grave 
 
                      -  Quelle déclaration en MP et quand, pour des 
                        pathologies d’usure professionnelle
 
                      -  Arrêt de travail ou non face à un travail 
                        délétère qui cherche un appui et 
                        un soutien médical lorsque sa capacité de 
                        prendre soin de sa santé s’épuise
 
                      -  Quelles ressources pour pouvoir établir un certificat 
                        médical de MP pour un salarié retraité
 
                      -  Urgence psychopathologique du fait ou au travail
 
                      -  Quelles coopérations pour le maintien au travail 
                        et y construire sa santé
 
                     
                     
                      Discussion 
                      entre pairs – Dispute/Repères professionnels 
                      [1] 
                        
                        
                      Modérateur – Gérard Lucas 
                    MDT : Personne ne connaît 
                      le travail du médecin du travail alors j’ai 
                      l’habitude d’appeler le médecin traitant 
                      devant le patient. Aujourd’hui, j’ai appris 
                      que je devais faire plus de courrier au médecin généraliste. 
                    MDT : je suis un médecin 
                      du travail sans expérience de médecine générale. 
                      Je ressens une frustration par rapport à ma collègue 
                      qui a présenté le cas N° 3 car j’ai 
                      eu des salariés qui ont fait des bouffées 
                      délirantes mais quand j’ai essayé de 
                      travailler avec le médecin traitant et le psychiatre 
                      sur le rôle du travail dans cette pathologie délirante, 
                      je suis passé pour un extraterrestre. 
                    MDT : je me suis questionné 
                      dans le cas clinique exposé dans la 2ème intervention 
                      quand le salarié a présenté des troubles 
                      du sommeil. Auparavant, il travaillait en 3X8 puis de nuit 
                      ce qui peut entrainer des troubles du sommeil mais apparemment 
                      à ce moment-là, cela n’aurait pas été 
                      évoqué avec le médecin du travail. 
                      Que s’est-il passé au niveau du travail ? Y 
                      a-t-il eu des évènements, en dehors des horaires 
                      de travail, dont il n’aurait pas parlé au médecin 
                      du travail pouvant être à l’origine de 
                      ses troubles du sommeil ? On pourrait peut-être obtenir 
                      des renseignements auprès du médecin traitant 
                      par l’intermédiaire du salarié.  
                      Dans la 3ème intervention, pour les pathologies cardiaques, 
                      il y a souvent le problème de la peur : peur du salarié, 
                      peur du collectif de travail, peur de la hiérarchie, 
                      peur des médecins. Qu’est ce qui s’est 
                      passé au moment du malaise ? Quels sont les éléments 
                      qu’on aurait pu apporter au médecin généraliste 
                      pour orienter sa prescription ? Il n’y avait pas de 
                      compréhension partagée du travail entre les 
                      2 praticiens. 
                    MG : ce serait bien pour le médecin 
                      généraliste d’avoir connaissance des 
                      fiches de poste. Pour un salarié présentant 
                      une pathologie psychiatrique, personnellement je lui dirai 
                      de ne pas le dire au médecin du travail. Je donnerai 
                      le même conseil pour d’autres pathologies comme 
                      la séropositivité au VIH et le diabète 
                      afin d’éviter que l’employeur soit au 
                      courant. 
                    MDT : cette réflexion est 
                      très intéressante puisqu’elle touche 
                      la question de la confiance car le médecin du travail 
                      n’est pas choisi par le salarié mais il est 
                      soumis au secret médical comme tout médecin. 
                      Par contre le salarié n’est pas obligé 
                      de tout dire au médecin du travail ou à l’équipe 
                      médicale. Il va être confronté à 
                      la confiance dans l’équipe médicale. 
                      En tant que médecin généraliste, vous 
                      pouvez vous poser des questions. L’écrit est 
                      un des moyens de lever le malentendu et les ambiguïtés. 
                    MDT : par rapport à la confiance 
                      et au secret médical, j’ai constaté 
                      que dans les collectivités, les agents parlaient 
                      beaucoup de leur santé. J’ai instauré 
                      le secret médical absolu et conseillé au salarié 
                      de ne pas parler de leur santé au travail. La diffusion 
                      des informations sur la santé des salariés 
                      dans l’entreprise est un problème et peut être 
                      nuisible.  
                    MDT : je voulais faire une remarque 
                      sur le secret médical : dans les entreprises, il 
                      est le plus souvent dévoilé par les salariés 
                      et beaucoup moins par les médecins du travail 
                    MDT : salarié d’un 
                      gros service de 90 médecins du travail, j’ai 
                      accompagné des dizaines de médecins généralistes 
                      avec un collègue pour des consultations et des visites 
                      d’entreprise, nous n’étions que 2 médecins 
                      du travail volontaires pour ce type d’action. Depuis 
                      plusieurs années, cela ne se fait plus mais j’ai 
                      des échanges avec des jeunes médecins lors 
                      des visites de pré reprise. Je note l’importance 
                      de la clinique médicale du travail pour apprendre 
                      beaucoup d’informations sur les motifs liés 
                      au travail qui sont cachés. Pour des pathologies 
                      graves, les salariés peuvent être malmenés 
                      au travail mais cela peut les aider à se structurer 
                      et à faire des demandes. J’ai constaté 
                      que pour les personnes qui sont plutôt dans le tertiaire, 
                      la maladie grave n’est pas synonyme de peur mais plutôt 
                      synonyme de nouvelle vie. 
                      Pour le secret médical, le salarié doit comprendre 
                      que c’est son intérêt pour son maintien 
                      au travail. 
                    MG : dans la suite et par rapport 
                      à la dernière situation clinique, cela pose 
                      la place du patient/salarié, de son écoute, 
                      de son vécu de la maladie, de son intervention et 
                      de son vécu du travail. Qu’est-ce qu’on 
                      lui a dit de l’intervention ? Qu’est-ce qu’on 
                      lui a dit des suites ? Qu’est-ce qu’on lui a 
                      dit de ce qu’il pourrait faire ensuite ? Lui a-t-on 
                      dit qu’il risquait quelque chose ? Ce n’est 
                      pas une question intellectuelle : tant que le travail n’a 
                      pas été fait par tous les praticiens, chacun 
                      va être dans ses propres représentations. Et 
                      dans ce cas, il n’y a pas de confiance entre les praticiens. 
                    MDT : médecin du travail 
                      depuis plus de 30 ans, je suis surprise de la défiance 
                      des médecins généralistes envers les 
                      médecins du travail. Moi, je reçois des documents 
                      médicaux de la direction, qui les a reçus 
                      du salarié, alors que le médecin généraliste 
                      aurait plutôt du écrire au médecin du 
                      travail. Les réponses à mes courriers des 
                      médecins traitants sont d’une dizaine en 30 
                      ans de métier. Cette défiance peut aussi être 
                      liée au manque de temps. Moi, je suis médecin 
                      du travail et salarié de l’employeur : les 
                      médecins du travail sont les conseillers de l’employeur 
                      et peuvent prescrire des aménagements de poste. 
                    MDT : plusieurs points : la profession 
                      a beaucoup à faire : c’est au médecin 
                      du travail de faire les déclarations de Maladies 
                      Professionnelles (MP). La question des visites de pré 
                      reprise peut être un problème si le médecin 
                      du travail n’a pas la maitrise de son agenda : dans 
                      certains Services de Santé au Travail, il y a des 
                      secrétaires indépendantes du médecin 
                      qui font les convocations et dans ces cas-là, le 
                      salarié ne peut pas avoir de rendez-vous de visite 
                      de pré reprise. Il faut que les médecins du 
                      travail se battent pour avoir la maitrise de leur agenda. 
                      Je pense que l’autonomie du salarié est très 
                      importante : il doit pouvoir dire ce qu’il a envie 
                      de dire  
                      Le problème de la communication par le salarié 
                      est également posé : connaissance de la santé 
                      ? Connaissance du travail ? Problème de temps pour 
                      la communication entre les deux praticiens ? 
                      Sur la question de la défiance : celle-ci existe 
                      : quelle est l’identité professionnelle du 
                      médecin du travail ? Le médecin du travail 
                      a un métier très prescrit. Il y a aussi la 
                      question de la peur du médecin généraliste 
                      et de la peur du médecin du travail. E-Pairs prône 
                      l’accompagnement du salarié quelle que soit 
                      sa pathologie pour construire sa santé. Une contre-indication 
                      au travail de nuit en tant que telle n’est pas intéressante 
                      mais ce qui est important c’est ce qui sous-tend cette 
                      décision. 
                    MDT : il faut accepter les inconnus 
                      comme l’absence de réponse au courrier, la 
                      non connaissance de toutes les pathologies ou des traitements 
                      des salariés mais il faut donner un regard sur le 
                      métier. Les demandes du médecin du travail 
                      au médecin généraliste, il faut les 
                      reformuler comme pour l’ergonomie et voir ce qui relève 
                      des prérogatives de chacun. Il faut garder le travail 
                      au centre et donner un retour au médecin généraliste 
                      sur le travail. 
                    MDT : je suis médecin du 
                      travail depuis 20 ans après avoir été 
                      médecin généraliste. Je veux reparler 
                      des déclarations de MP : pendant ma formation de 
                      médecine du travail, les enseignants m’ont 
                      déconseillé de les faire car cela me mettrait 
                      en position très délicate par rapport au collectif 
                      de travail. Je fais une copie de toutes les informations 
                      nécessaires sur le travail au médecin généraliste 
                      pour que celui-ci fasse la déclaration. D’autre 
                      part, les médecins généralistes travaillent 
                      plus avec nous dans les cas de souffrance au travail car 
                      nous avons la vision de l’entreprise et du collectif. 
                    MDT : on n’a pas à 
                      se sentir agressé qu’un salarié transmette 
                      des aménagements de poste de la part de son médecin 
                      généraliste. La question, c’est pourquoi 
                      ce salarié a fait comme ça ? S’agit-il 
                      d’un problème de confiance entre le salarié 
                      et son médecin du travail ? Cela signifie qu’il 
                      y a un gros travail à faire dans les coopérations 
                      avec les médecins généralistes. Comment 
                      nos coopérations pourront être nourries de 
                      l’engagement du salarié quand les médecins 
                      du travail connaissent la clinique médicale du travail 
                      ? Je pense qu’une étude de poste ne servira 
                      à rien pour le médecin généraliste. 
                      Ce qui est important c’est que pense le médecin 
                      du travail de la situation de travail du salarié. 
                       
                      Quant à la déclaration des MP, il y a des 
                      médecins du travail qui déclarent et d’autres 
                      qui ne déclarent pas. Les coopérations ne 
                      pourront pas se développer si on n’est pas 
                      au clair sur leurs pratiques. Le problème : jusqu’où 
                      sommes-nous limités pour faciliter la santé 
                      au travail des salariés. Il n’y a pas de secret 
                      partagé. Tout ce qui a à voir avec le travail, 
                      on doit le mettre et on doit dire pour qui on le met. 
                    MIRT : il est important de passer 
                      par le salarié pour la transmission des informations 
                      pour qu’il ne soit pas infantilisé. Il faut 
                      lui donner les moyens de savoir les risques qu’il 
                      court. J’ai entendu : les coopérations entre 
                      médecins du travail et médecins généralistes 
                      s’améliorent peut être grâce à 
                      la souffrance au travail. Les médecins du travail 
                      sont de moins en moins bien au travail et ils sont peut-être, 
                      de ce fait, plus attentifs au travail des salariés. 
                      De plus en plus, les médecins du travail ne voient 
                      que des gens qui ne vont pas bien et sont plus dans la position 
                      des médecins généralistes 
                      La coopération passe par la communication écrite 
                    Collaborateur MDT : j’étais 
                      auparavant médecin militaire donc polyvalent. Je 
                      suis collaborateur médecin depuis le début 
                      de l’année seulement. Le médecin du 
                      travail est le plus souvent le dernier informé des 
                      MP. Ce sont les pathologies chroniques qui sont les plus 
                      embêtantes. Le médecin du travail est le dépositaire 
                      de la connaissance du travail, de l’entreprise, et 
                      du collectif. Je communique par écrit avec tous mes 
                      confrères, je leur téléphone en présence 
                      du salarié. Ce qui est important c’est la légitimité 
                      par rapport au patient. Avoir la confiance du salarié 
                      est le plus important.  
                    MG : dans une des observations, 
                      j’ai noté que c’était important 
                      de connaître la santé du collectif car cela 
                      permet de comprendre la santé du salarié et 
                      c’est ce que j’aimerai trouver dans la collaboration 
                      avec les médecins du travail. Je fais les déclarations 
                      de MP et je pense que tous les médecins doivent faire 
                      ces déclarations. La difficulté : je suis 
                      remplaçante et j’ai parfois des reproches des 
                      collègues que j’ai remplacés car ils 
                      me disent que la personne sera moins bien remboursée 
                      en MP. 
                    MDT : nous avons des problèmes 
                      quand on fait des déclarations de MP dans certaines 
                      entreprises 
                    Conclusion 
                      : il est important d’instruire la question 
                      du travail par le médecin du travail et par le médecin 
                      généraliste, le patient étant le fil 
                      rouge de la coopération. 
                        
                       II°- Règles professionnelles 
                      en médecine générale et 
                      Expériences de groupes de pairs médecin du 
                      travail et infirmier en santé au travail pour construire 
                      des Repères de coopération
                    3- Communications
                     4° Communication 
                      – 
                    Médecins 
                      généralistes et équipes médicales 
                      du travail : travailler ensemble pour la santé des 
                      patient[e]s  
                    Marie Kayser, Martine Lalande, 
                      médecins généralistes 
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                      la présentation 
                        
                      13 diapos  
                    Nous sommes dans une période de 
                      précarisation du travail, avec un nombre important 
                      de chômeurs et sommes de plus en plus souvent témoins 
                      de souffrance au travail.  
                      Dans un certain nombre d’entreprises il n’y 
                      a plus de médecin du travail ; la loi El Khomri a 
                      encore espacé les visites systématiques en 
                      médecine du travail et les modifications législatives 
                      à venir risquent fort de ne pas améliorer 
                      la situation. 
                      Une des conditions de la coopération entre équipes 
                      médicales du travail et médecins généralistes 
                      est que chacun des acteurs connaisse les pratiques de l’autre, 
                      ses possibilités d’action et ses difficultés. 
                       
                      Les pratiques des médecins généralistes 
                      (MG) et des équipes médicales de travail sont 
                      très variables ; nous partirons donc ici des nôtres 
                      en essayant de les resituer dans le contexte plus global 
                      de la médecine générale.  
                    I. Comment les questions 
                      de santé au travail se posent-elles dans nos pratiques 
                      ? 
                    A) Petit aperçu d’une matinée 
                      de consultation 
                       Sur 10 personnes, la moitié a consulté 
                      pour des problèmes directement liés au travail 
                       
                       Deux 
                      exemples :  
                    
                       
                          
                            - 
                              Mina a 40 ans, a un asthme grave, et un diabète 
                              traité par insuline. Elle a travaillé 
                              dans un magasin de conditionnement et a été 
                              reconnue en Maladie Professionnelle (MP) pour 4 
                              tendinites au niveau des 2 coudes et des 2 poignets. 
                              Ces MP ont toutes été consolidées 
                              sur injonction de l’Assurance maladie au bout 
                              d’un an avec une reconnaissance d’Incapacité 
                              Permanente Partielle (IPP) pour 2 d’entre 
                              elles à 4%. Les soins post-consolidation 
                              ont été refusés. La patiente 
                              conteste l’IPP pour une des maladies professionnelles. 
                              Elle a été licenciée pour inaptitude. 
                              L’Allocation Adulte Handicapé lui a 
                              été refusée. La consultation 
                              a servi à ranger les papiers de MP avec elle 
                              dans 4 dossiers de couleurs différentes et 
                              à faire une lettre pour le CATRED (Collectif 
                              des Accidentés du Travail, handicapés 
                              et Retraités pour l’Égalité 
                              des Droits) pour l’aider dans ses démarches. 
                               
                            - 
                              Ahmed, 40 ans, est manutentionnaire, a des paresthésies 
                              dans le territoire du radial de la main dominante, 
                              il manipule des paquets lourds qu'il emballe, le 
                              rythme de travail s’accroit chaque année, 
                              avec de plus en plus de travail et de moins en moins 
                              de personnel. Sa collègue a un cancer, elle 
                              n’est pas remplacée. Je lui ai prescrit 
                              un Electromyogramme mais je ne sais pas comment 
                              déclarer la maladie professionnelle alors 
                              qu’il n’y a pas de tableau ? 
                            | 
                       
                     
                    B) Faire le lien santé –travail 
                      et accompagner les patient[e]s.  
                       Les patient-e-s viennent consulter leur médecin 
                      généraliste pour toutes sortes de problèmes 
                      dans des contextes aigus ou chroniques. Parmi ces problèmes, 
                      certains sont en lien avec le travail. 
                      Si ce lien est assez facile à faire dans le cas des 
                      Troubles musculo squelettiques (TMS) il est beaucoup plus 
                      difficile à faire dans d’autres situations 
                      comme les cancers par exemple et dans les souffrances au 
                      travail. 
                    
                       
                          
                            Une 
                              situation clinique de souffrance au travail  
                               Une patiente me consulte pendant ses congés 
                              pour des maux de tête; elle me parle de son 
                              fils qui l’inquiète : c’est un 
                              jeune adulte qui a une grande fragilité psychologique 
                              et des problèmes de consommation de drogues. 
                             Je 
                              la revois une première fois après 
                              la reprise du travail en septembre. Elle a des troubles 
                              du sommeil, se sent fragile, a les larmes aux yeux 
                              et me reparle de son fils.  
                              A la consultation suivante elle me dit qu’elle 
                              ne va pas mieux et n’arrive plus à 
                              faire face au travail. Je lui demande alors de me 
                              raconter ce qui se passe au travail : depuis la 
                              rentrée il y a eu une réorganisation 
                              du service privé de restauration scolaire 
                              où elle gère une petite équipe 
                              : des machines et des tâches nouvelles, mais 
                              pas plus de personnel. Elle a peur de ne pas y arriver 
                              et se sent incompétente alors que je l’ai 
                              connue toujours bien dans son travail. 
                              Ce n’est qu’à cette étape 
                              du suivi que je pense à un facteur de décompensation 
                              lié au travail. 
                            | 
                       
                     
                    La connaissance des patient[e]s et le suivi 
                      dans la durée en médecine générale 
                      sont un appui précieux mais peuvent en même 
                      temps nous égarer comme on le voit dans ce récit. 
                      C’est le repérage et l’analyse des symptômes 
                      présentés et la compréhension du déroulé 
                      de l’histoire au travail qui m’ont permis et 
                      ont permis à ma patiente d’établir progressivement 
                      le lien entre les symptômes et les modifications de 
                      la situation au travail qui ont été imposées 
                      à toute l’équipe avec une place particulière 
                      pour elle qui la dirige.  
                      Cette démarche a eu pour cette patiente un rôle 
                      thérapeutique car cela lui a permis d’intégrer 
                      progressivement qu’elle a été mise en 
                      difficulté par la modification de l’organisation 
                      du travail alors qu’elle s’était jusque-là 
                      toujours sentie compétente au niveau professionnel 
                      et que c’est cette souffrance au travail qui est venue 
                      décompenser un équilibre, certes déjà 
                      fragilisé par ses soucis familiaux. Cela l’a 
                      aidée à reprendre petit à petit confiance 
                      en elle.  
                    Certifier du lien entre santé 
                      et travail ?  
                    C’est cette démarche qui peut 
                      permettre au généraliste de certifier du lien 
                      entre les symptômes présentés par la 
                      patiente et ses conditions de travail alors qu’il 
                      ne connaît de l’entreprise que ce que lui en 
                      dit la patiente.  
                      Cette question du lien se pose pour le motif médical 
                      qui doit être indiqué sur l’arrêt 
                      de travail, pour nos courriers au médecin du travail, 
                      à la consultation de pathologie professionnelle ou 
                      pour les certificats que nous demandent parfois directement 
                      les patient-e-s. 
                      Cette question est particulièrement importante car 
                      l’écrit pourra être utilisé ensuite 
                      par les personnes par rapport à leur employeur pour 
                      aller en justice : prudhommes… Et les employeurs portent 
                      de plus en plus souvent plainte devant l’Ordre des 
                      médecins contre les médecins qui font le lien 
                      entre santé et travail, ce qui décourage ceux-ci 
                      de poser ce lien. 
                      Nous pourrons ainsi dans un certain nombre de cas certifier 
                      de ce lien en notant, sur l’arrêt de travail 
                      par exemple : « Souffrance en lien avec une situation 
                      de travail ». 
                      D’autres fois notre démarche diagnostic ne 
                      nous permet pas de certifier ce lien et la formulation peut 
                      alors être « Souffrance décrite par le 
                      patient comme en lien avec ses conditions de travail ». 
                       
                      Dans le cas de cette patiente le lien a pu être attesté 
                      sur l’arrêt de travail.  
                    L’accompagnement de la personne 
                       
                    L’arrêt de travail est un des 
                      outils thérapeutiques dont dispose le généraliste 
                      pour accompagner ses patient-e-s. Le médecin généraliste 
                      doit cependant être attentif s’il le prolonge 
                      à ce que la question du travail et de ses modalités 
                      soit posée (sinon l’arrêt risque d’être 
                      finalement refusé par le médecin conseil alors 
                      que la personne n’est pas en état de reprendre 
                      le travail) ; c’est la question du lien avec le médecin 
                      du travail à travers la visite de pré-reprise, 
                      c’est aussi celle du lien du travailleur avec son 
                      collectif de travail et du lien avec le réseau des 
                      professionnels, administrations et associations qui peuvent 
                      avoir un rôle support. 
                    C) Les difficultés en médecine 
                      générale  
                    1) Difficultés du côté 
                      des médecins  
                    a) L’insuffisance de formation 
                       
                    Les médecins généralistes 
                      ne prennent pas assez en compte l’impact des facteurs 
                      environnementaux sur la santé de leurs patients et 
                      se sont souvent formés « sur le tas » 
                      sur les questions de santé et travail.  
                      Deux items seulement sur les 345 de l’Examen classant 
                      national de fin de 6° année sont consacrés 
                      à la question santé et travail. 
                      Pendant les trois années de formation en MG, les 
                      internes sont un peu plus formés à raisonner 
                      selon un modèle biopsychosocial mais ils n’ont 
                      pas toujours de formation spécifique sur santé 
                      et travail. 
                      Les stages chez le praticien devraient aussi permettre cette 
                      formation mais encore faut-il que le praticien soit lui-même 
                      formé. 
                      La journée obligatoire à la Caisse primaire 
                      d’Assurance maladie les forme sur le côté 
                      réglementaire et la rédaction des certificats 
                      d’AT, MP mais elle les forme aussi à réduire 
                      la durée des arrêts de travail.  
                      Quant à la formation continue, théoriquement 
                      obligatoire, les médecins peuvent ne jamais se former 
                      sur ce sujet  
                    b) Les modalités d’exercice 
                        
                    Le médecin généraliste 
                      est payé à l’acte : toute exploration 
                      un peu plus poussée est donc « non rentable 
                      ». S’ajoute souvent une surcharge de travail 
                      liée aux problèmes de démographie médicale 
                     
                    c) L’attitude de l’Assurance 
                      maladie : 
                     les contrôles des arrêts de 
                      travail sont de plus en plus restrictifs (avec un nombre 
                      de jours indicatifs pour les différentes pathologies), 
                      les refus de reconnaissance en maladie professionnelle et 
                      des soins post-consolidation augmentent.  
                    2) Difficultés du côté 
                      des patient[e]s  
                     Ils et elles ne font pas toujours le lien 
                      entre leurs symptômes et le travail et n’osent 
                      pas toujours en parler au généraliste (en 
                      particulier en cas de souffrance au travail où un 
                      sentiment d’incompétence est souvent présent). 
                      Parfois ils pensent que cela n’est pas du ressort 
                      du généraliste, qu’il ne s’y intéressera 
                      pas ou ne pourra les aider.  
                      Certaines fois ils/elles ne veulent pas prendre d’arrêt 
                      de travail ou faire une déclaration en AT/MP : peur 
                      de passer pour des tire au flanc vis-à-vis des patrons, 
                      mais aussi des collègues, refus de surcharger ceux-ci, 
                      peur de porter tort à l’employeur ( dans les 
                      TPE) mais aussi pressions de ceux-ci, crainte des répercussions 
                      dans un contexte d’emploi précaire, complexité 
                      des déclarations en MP, problème du paiement 
                      des jours d’arrêt qui tardent souvent. 
                      Méconnaissance aussi des droits, isolement surtout 
                      dans certains travaux très précarisés, 
                      sans compter celles et ceux qui ne sont pas déclarés. 
                     
                    II. Comment travailler entre 
                    médecins généralistes et médecins 
                    du travail, dans l’intérêt de la personne 
                    ? A. La communication 
                      reste assez rare et teintée de méfiance  
                    Les médecins généralistes 
                      entrent parfois en contact avec le médecin du travail 
                      quand ils pensent que la reprise ne sera pas possible sans 
                      un aménagement de poste ou d’organisation ou 
                      pour poser la question d’une inaptitude à tous 
                      les postes s’il semble que la personne ne pourra plus 
                      reprendre le travail. Cela se fait dans le cadre des visites 
                      de pré-reprise mais il y a des endroits où 
                      il n’y a pas de médecin du travail et parfois 
                      cette visite est très difficile à obtenir. 
                      On doit alors faire intervenir l’inspection du travail 
                      ou les syndicats. 
                      Dans notre expérience, les médecins du travail 
                      nous contactent rarement et c’est souvent pour des 
                      problèmes somatiques qu’ils ont décelés 
                      à des visites systématiques (de plus en plus 
                      espacées, et jamais dans certaines professions – 
                      les enseignants, les saisonniers , les intérimaires, 
                      les stagiaires…-) . Comme l’HTA, ou du sang 
                      dans les urines (mais pourquoi font-ils encore des bandelettes 
                      urinaires ?) Ou encore pour demander des examens supplémentaires, 
                      ce qui peut être vécu par les généralistes 
                      comme une surmédicalisation… 
                      La communication se fait par l’intermédiaire 
                      du patient, par des courriers souvent succincts, parfois 
                      par téléphone. Des deux côtés, 
                      les médecins sont difficiles à joindre directement. 
                      Les généralistes n’appellent pas les 
                      médecins du travail sans l’avis du patient 
                      et leur répondent peu (comme avec les spécialistes 
                      d’organe).Ils se méfient, ne veulent pas tout 
                      leur dire, ils gardent leurs distances jusqu’à 
                      ce qu’ils repèrent qu’ils ont besoin 
                      du médecin du travail.  
                      Par ailleurs les généralistes ne connaissent 
                      pas les attributions des différents membres de l’équipe 
                      médicale du travail autres que le médecin 
                      du travail.  
                      Et pourtant, il nous semble qu’on s’extasie 
                      des deux côtés quand le médecin (MG 
                      ou MT) fait son travail, c’est-à-dire qu’il 
                      s’occupe de la santé et des droits de son patient/sa 
                      patiente. 
                    B. Ce qu’on pourrait faire ensemble 
                     En fait le généraliste et 
                      le médecin du travail ont besoin l’un de l’autre 
                      pour accompagner la personne car ils sont dans des espaces 
                      différents de part et d’autre des « murs 
                      » de l’entreprise et chacun a une formation, 
                      un cadre et une pratique spécifique. La personne 
                      évolue, elle, dans les deux espaces et c’est 
                      elle qui est « le fil rouge » de la coopération. 
                    1) Le médecin généraliste 
                      a besoin du médecin du travail : 
                     
                       - Pour connaître les risques auxquels 
                        sont soumis les patient.es et ainsi être plus vigilant 
                        dans la reconnaissance de symptômes ou de pathologies 
                        en lien avec le travail 
                      - Parce que c’est le médecin 
                        du travail qui peut intervenir au niveau de l’entreprise 
                        pour aider à la réintégration de 
                        la personne, particulièrement dans le cadre d’arrêt 
                        de travail long et/ou quand la reprise ne semble pas pouvoir 
                        être envisagée sans un aménagement 
                        de poste, une modification de l’organisation du 
                        travail, une reprise à temps partiel thérapeutique… 
                        C’est aussi avec le MT que peut se poser pour la 
                        personne la question d’une inaptitude quand il ne 
                        semble pas possible que la personne reprenne son travail 
                        même avec des aménagements. 
                       - Parce que les MG ont besoin des connaissances 
                        plus approfondies du MT dans l’accompagnement des 
                        personnes  
                       
                        • Dans le cadre des déclarations 
                          de MP : examens à faire, aide pour les personnes 
                          pour remplir les documents sur les gestes de travail. 
                           
                          • Pour envisager ce qui est le plus pertinent 
                          pour la personne dans les situations complexes, demande 
                          de reconnaissance TH, question d’invalidité 
                          et de MP. 
                          - Pour soigner certains patients qui ne voient que le 
                          médecin du travail. 
                       
                     
                    2) Ce que les généralistes 
                      peuvent apporter au médecin du travail :  
                     
                      - La spécificité du métier 
                        de généraliste : un abord du patient dans 
                        sa globalité et dans la durée qui peut permettre 
                        à travers l’échange entre les professionnels 
                        et avec le patient /salarié de mieux comprendre 
                        ce qui se joue au travail au niveau de sa santé, 
                        comment le problème de santé actuel s’intègre 
                        dans son parcours. 
                       - Le fait que le cabinet du généraliste 
                        est à la fois un lieu de premier recours et un 
                        lieu de suivi au long cours : c’est là que 
                        peuvent être repérées et /ou parlées 
                        pour la première fois les atteintes à la 
                        santé liée au travail, le généraliste, 
                        en développant une « clinique médicale 
                        du travail » peut attester du lien santé 
                        –travail. Il fait les certificats initiaux de déclaration 
                        d’AT ou de MP et assure aussi leur suivi (y compris 
                        les demandes de soins post- consolidation).  
                      - les MG font les arrêts de travail 
                       
                      - Ils peuvent travailler en réseau 
                        avec d’autres spécialistes médicaux, 
                        sociaux ou associatifs  
                     
                    3) Quelles sont les conditions de cette 
                      coopération entre médecin généraliste 
                      et équipe médicale du travail ? 
                     
                       - Pour que cela fonctionne, il faut 
                        développer la confiance et l’indépendance 
                        : 
                        La confiance est d’abord celle de la personne dans 
                        chacun des deux professionnels et celle des professionnels 
                        entre eux. L’indépendance des professionnels 
                        est une condition indispensable de cette confiance.  
                        Il faut remettre en cause les pressions faites par les 
                        employeurs ou par l’Assurance maladie. Le MT est 
                        théoriquement indépendant mais il est salarié 
                        de l’employeur ou de la société inter-entreprises 
                        et il est souvent sous pression (et quid des infirmiers 
                        du travail dont le statut ne comporte pas cette indépendance). 
                        Le MG est théoriquement indépendant de l’Assurance 
                        maladie mais lui aussi sous une pression qui va en augmentant 
                        (par exemple pour la réduction des arrêts 
                        maladie ou la fin des soins en AT ou MP) et l’actuelle 
                        rémunération à la performance est 
                        une remise en cause de son indépendance. 
                       - Chaque professionnel doit avoir conscience 
                        qu’il doit travailler dans l’intérêt 
                        de la personne au travail (et dans sa vie) uniquement, 
                        dans le respect de son rythme et du secret qui lui est 
                        dû. Il doit communiquer à bon escient, toujours 
                        avec l’accord de la personne, en sa présence 
                        de préférence ou par son intermédiaire 
                        (courriers) et respecter le secret professionnel qui implique 
                        de ne partager entre médecins que ce qui est utile 
                        pour la prise en charge de la personne.  
                      - Chaque professionnel doit avoir l’idée 
                        qu’il/elle peut former l’autre en l’informant 
                        de ce qui est important pour la personne au travail, avec 
                        l’accord de celle-ci, sur des questions techniques 
                        comme sur les aspects psychologiques et sociaux qui influent 
                        sur les problèmes de santé. 
                     
                    Même si MG et MT communiquent mieux, 
                      si les MG se forment mieux, et que les MT les éclairent 
                      sur les possibilités d’aménager le travail 
                      pour aller dans le sens d’une préservation 
                      de la santé des travailleur, - la loi El Khomri ne 
                      va pas leur donner plus de moyens pour le faire - , cela 
                      ne suffit pas. 
                    Si l’on veut faire de la prévention 
                      et que les différents soignant.es soient efficaces 
                      pour défendre au mieux la santé au travail, 
                      il faudrait : 
                     
                      - Du côté des médecins 
                        du travail : fournir au travailleur dès l’embauche 
                        des fiches techniques pour leurs médecins traitants 
                        précisant les risques du poste de travail ; et 
                        informer les travailleurs de leurs droits et des démarches 
                        à faire dès l’apparition d’un 
                        problème (trop de personnes ne déclarent 
                        pas leurs AT et MP) 
                       - Du côté des médecins 
                        généralistes : interroger le parcours professionnel 
                        des patient.es, les inciter à parler régulièrement 
                        de leurs conditions de travail, travailler en réseau 
                        avec les médecins du travail, l’inspection 
                        du travail et les syndicats 
                       - Ensemble : organiser des formations 
                        à la fac et en formation continue sur la santé 
                        au travail. Mettre en place des groupes de pairs interprofessionnels 
                        avec études de cas, faire des séminaires 
                        thématiques en commun, partager les connaissances 
                        et les savoir-faire. Par exemple sur les addictions et 
                        travail, sur les cancers professionnels, sur la clinique 
                        médicale du travail, sur l’attestation du 
                        lien entre santé et travail… 
                       - Travailler avec les syndicats sur 
                        les risques pour la santé dans l’entreprise 
                        pour leur fournir des armes pour rétablir l'équilibre 
                        dans les rapports de force avec les employeurs. 
                     
                    Pour développer un véritable 
                      travail de santé publique, il faudrait que MG 
                      et MT contribuent à l’élaboration de 
                      cartographies des risques environnementaux et liés 
                      au travail dans les bassins de vie, comme dans l’expérience 
                      de Port de Bou. 
                    Conclusion 
                       La communication entre les médecins généralistes 
                      et les médecins du travail passe par les patient.es. 
                      Ce sont eux qui sollicitent l’un ou l’autre 
                      et les mettent en relation. En décidant en toute 
                      liberté ce qu’ils/elles veulent partager avec 
                      chaque soignant.e. C’est en leur direction qu’il 
                      faut créer des outils d’information et de défense 
                      pour qu’ils/elles puissent reprendre à leur 
                      compte pour défendre leur droit de gagner leur vie 
                      et participer à la société sans perdre 
                      leur santé. 
                    Questions :  
                    MDT : très souvent les salariés 
                      donnent les certificats de restriction faits par le médecin 
                      généraliste à leur direction et non 
                      au médecin ce qui peut leur porter préjudice. 
                    MG : on ne fait pas de certificats 
                      pour les donner à l’employeur car ce n’est 
                      pas notre rôle. C’est pourquoi, il est très 
                      important d’échanger avec le médecin 
                      du travail 
                    MDT : le médecin généraliste, 
                      peut-il faire le lien avec la souffrance au travail ? Ce 
                      n’est pas possible pour le Conseil de l’Ordre. 
                    MDT : en Espagne les médecins 
                      généralistes doivent connaître les risques 
                      professionnels et non professionnels.  
                    MDT : dans ma collectivité, 
                      il n’y a pas eu de médecin de prévention 
                      pendant longtemps et les certificats des médecins 
                      traitants n’étaient pas pris en compte. C’est 
                      dommage quand il y a carence de médecin du travail 
                      que la parole du médecin généraliste 
                      ne soit pas prise en compte car c’est le salarié 
                      qui en pâtit. 
                    MG : la difficulté c’est 
                      que le médecin généraliste connait 
                      bien le patient mais ne connait pas le poste de travail. 
                      Le médecin du travail connaît mieux le travail 
                      et moins bien la santé du salarié. Mais je 
                      n’ai pas entendu la question des enjeux des salariés 
                      : enjeux financiers, enjeux d’égo, enjeux d’avenir 
                    Collaborateur MDT : on a parlé 
                      des pistes : ce sont les cellules PDP, cellules pour la 
                      Prévention de la Désinsertion Professionnelle, 
                      dans lesquelles il y a un débat pluridisciplinaire 
                      sur des cas chroniques. Ces cellules sont composées 
                      d’un médecin conseil, d’un technicien 
                      de prévention et d’assistantes sociales de 
                      la CPAM, d’un représentant de l’AGEFIPH 
                      et des services de santé au travail. 
                       
                      5° Communication - 
                    A propos d’un exemple de collaboration 
                      entre équipe pluridisciplinaire et médecin 
                      traitant, réflexion sur le développement possible 
                      de ce type d’approche  
                    Jean-Luc JULINET médecin du travail, 
                      Yann FENIOU infirmier du travail, Poitou Charentes, 
                      GAPEM 
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                      la présentation 
                        
                      12 diapos  
                    
                       
                          
                            Cas 
                              clinique :  
                            Monsieur 
                              T est né en 1964. Il possède un CAP 
                              Pâtissier – Chocolatier – Confiseur 
                              ainsi qu’un CAP et BEP de cuisinier. Il a 
                              travaillé comme pâtissier pendant dix 
                              ans chez le même employeur avant d’intégrer 
                              la fonction publique territoriale en 2001. Il exerce 
                              au sein du service Restauration Collective. Celui-ci 
                              assure, par le biais de ses cuisines centrales, 
                              les repas pour l’ensemble des établissements 
                              scolaires de la collectivité, les deux restaurants 
                              du personnel mais aussi les crèches et foyers-logements 
                              pour personnes âgées de cette même 
                              collectivité. Monsieur T. y effectue tout 
                              d’abord des contrats de remplacements au sein 
                              de différents sites, puis est nommé 
                              en cuisine centrale et, en janvier 2010, suite à 
                              préconisations médicales, il est affecté 
                              au restaurant du personnel de la collectivité. 
                              Il existe un accord tacite entre le directeur de 
                              la restauration collective et Mr T. qui entérine 
                              que ce dernier est susceptible de remplacer ponctuellement 
                              le responsable du restaurant, pour une période 
                              n’excédant pas plus de 2 jours ouvrés. 
                              Les différents niveaux hiérarchiques 
                              sont informés de cet accord. 
                            Le 
                              9 février 2015, Mr T. est reçu à 
                              sa demande au centre de médecine professionnelle 
                              et préventive. Il paraît anxieux, fatigué, 
                              et déclare au médecin (comme précédemment 
                              à l’infirmier) qu’il présente 
                              un mauvais vécu professionnel lié 
                              au relationnel avec son responsable direct. Il se 
                              dit « très angoissé, ne mange 
                              plus, ne dort plus ». Il dit être dans 
                              cet état depuis la proposition de son responsable 
                              de le nommer comme adjoint, ce qu’il ne souhaite 
                              pas car cela implique d’avoir des contacts 
                              physiques (réception des commandes) et téléphoniques 
                              avec le personnel des cuisines centrales, ce qu’il 
                              ne peut supporter. Il évoque sans s’étendre 
                              « des actes de barbarie » subis lors 
                              de sa précédente affectation.  
                              Le médecin de prévention oriente Monsieur 
                              T. vers son médecin traitant et rédige 
                              un courrier à son attention. Ce dernier répond 
                              dans la semaine qui suit, confirmant que l’état 
                              psychologique de Mr T, en lien avec un passé 
                              professionnel douloureux, reste encore fragile et 
                              qu’il paraît inopportun de confier des 
                              responsabilités à Mr T. Le médecin 
                              généraliste est le médecin 
                              traitant de Mr T. depuis plus de 20 ans. 
                            Le 
                              4 juin 2015, Mr T. revient en consultation à 
                              sa demande. Il est reçu par l’infirmier 
                              santé travail, en l’absence du médecin 
                              de prévention, en congés maternité. 
                              Il dénonce l’existence de dysfonctionnements 
                              dans l’organisation du travail, dans le domaine 
                              de l’hygiène et dans le management. 
                              Il explique qu’il « n’en peut 
                              plus des conditions de travail et de la mise sous 
                              pression par son N+1 ». Il rappelle qu’il 
                              ne veut pas le poste de second que lui propose son 
                              supérieur, qu’il ne veut pas remplacer 
                              son responsable durant les congés d’été 
                              de ce dernier. Il paraît énervé, 
                              se répète souvent dans ses explications. 
                              Il craint que l’accord conclu avec sa direction 
                              pour des remplacements sur des périodes n’excédant 
                              pas 2 jours ne soit pas respecté. 
                            Le 
                              10 juin 2015, Mr T quitte son poste à l’issue 
                              de son entretien annuel d’évaluation, 
                              sans assurer le service, tant il est bouleversé 
                              par la teneur des échanges qu’il vient 
                              d’avoir avec son responsable. Il contacte 
                              la médecine préventive. L’infirmier 
                              ne contacte pas directement le médecin traitant 
                              mais invite Mr T. à aller le voir pour prise 
                              en charge et régularisation de sa situation 
                              (arrêt de travail). Il lui fixe un rendez-vous 
                              en urgence différé pour un entretien 
                              le 12 juin. Mr T. est mis en congé de maladie 
                              par son médecin traitant du 10 au 15 juin, 
                              veille de ses congés annuels. En l’absence 
                              de médecin de prévention, l’adresse 
                              au médecin traitant est alors le seul outil 
                              pouvant être activé pour retirer le 
                              salarié de son poste.  
                            Le 
                              24 juin 2015, l’infirmier en santé 
                              travail est reçu à sa demande et avec 
                              l’accord de l’agent, par le directeur 
                              du service afin de clarifier le fonctionnement du 
                              restaurant du personnel durant le mois d’août. 
                              Le directeur reconnaît l’accord tacite 
                              passé entre la direction de service et Mr 
                              T. de remplacer le responsable par un cuisinier 
                              de l’autre restaurant dès lors que 
                              l’absence du dit responsable dépasse 
                              les 2 jours ouvrés consécutifs, et 
                              assure qu’il en sera bien ainsi durant les 
                              congés d’été. 
                              Des échanges informels font état d’un 
                              bon climat de travail durant l’été 
                              2015. 
                            Le 
                              1° février 2016, Mr T. est victime d’un 
                              accident du travail (brûlure avec l’huile 
                              de la friteuse). Le médecin traitant prend 
                              en charge le traitement et rédige un certificat 
                              médical initial d’accident du travail 
                              avec arrêt de travail jusqu’au 8 février 
                              pour brûlure avant-bras droit. Cet arrêt 
                              sera suivi d’une prolongation pour état 
                              anxieux jusqu’au 29 février 2016. 
                              L’infirmier en santé travail reçoit 
                              Mr T les 03, 08 et 10 février. Celui-ci décrit 
                              une nouvelle dégradation de ses conditions 
                              de travail, notamment dans le cadre des relations 
                              avec son encadrant, sur fond de désaccord 
                              sur les prévisions de congés, les 
                              règles d’hygiène, la gestion 
                              des stocks et des péremptions des produits, 
                              l’organisation du travail. Il est très 
                              inquiet, dit avoir peur de retourner au travail 
                              n’en n’ayant ni la force physique, ni 
                              psychologique. Il accepte le principe d’une 
                              alerte sur sa situation et de manière plus 
                              globale sur la situation du restaurant. 
                              Le jour même l’infirmier rédige 
                              une alerte écrite vers le directeur de la 
                              restauration collective, la DRH de la collectivité 
                              et l’ACFI (Agent Chargé de la Fonction 
                              d’Inspection).  
                              Une enquête est demandée par la DRH 
                              de la collectivité, et elle est confiée 
                              à l’ACFI, qui rencontre les agents 
                              au restaurant les 7 et 9 mars. L’ACFI transmet 
                              ses comptes rendus de visite à la DRH. 
                              Mr T. est reçu en suivi par l’infirmier 
                              en santé travail le 7 mars et le 28 avril. 
                            Le 
                              15 juin 2016, un nouveau médecin du travail 
                              est embauché. 
                              Le 20 juillet 2016, Mr T. est reçu à 
                              sa demande par le nouveau médecin de prévention. 
                              Celui-ci connaît cet agent pour avoir déjà 
                              exercé la médecine du travail dans 
                              cette collectivité entre 2000 et 2011. Monsieur 
                              T. présente une histoire douloureuse dans 
                              cette direction. Le médecin de prévention 
                              l’a accompagné il y a dix ans à 
                              l’occasion de suspicion de violences à 
                              son encontre de la part de certains de ses collègues 
                              de l’époque. Il y a eu dépôt 
                              de plaintes mais l’affaire a été 
                              classée sans suite [Violences physiques prescrites, 
                              verbales non poursuivies].  
                              Mr T. est en souffrance psychique. Il présente 
                              une anxiété forte, des idées 
                              noires, quelques pensées suicidaires non 
                              scénarisées. 
                              Il se définit comme un professionnel sérieux 
                              et autonome et se sent mis à mal du fait 
                              : 
                             
                               
                                - D’un déficit d’organisation 
                                du travail de l’équipe l’empêchant 
                                de trouver vraiment sa place. Son responsable 
                                ne prépare pas la journée, ne définit 
                                pas ses attentes, mais par contre intervient fréquemment 
                                pour donner des ordres et des conseils, au détriment 
                                du professionnalisme de Monsieur T. 
                                - D’un manque de rigueur de son responsable 
                                dans la gestion des commandes et des aliments, 
                                occasionnant beaucoup de gaspillage de produits 
                                jetés à la poubelle, mais également 
                                un non-respect des dates de péremption. 
                                 
                                - D’une dynamique d’équipe 
                                d’où il se sent exclu. Il craint 
                                que ses collègues cherchent à le 
                                faire partir. 
                             
                            Le 
                              médecin du travail le reçoit les 20 
                              juillet, 06 octobre, 07 novembre 2016, 11 janvier 
                              et 21 mars 2017.  
                              Il recevra également les autres membres de 
                              l’équipe à leurs demandes. 
                              Le médecin reprend cette problématique 
                              avec l’infirmier de santé au travail 
                              qui a suivi cet agent et réalisé une 
                              première alerte le 10 février 2016 
                              sans avoir de retour officiel. Ils leurs semblent 
                              que les responsables hiérarchiques sont très 
                              absents dans le règlement de cette situation. 
                               
                              Le médecin et l’infirmier Santé 
                              Travail conviennent : 
                             
                               
                                - D’une visite de poste du restaurant : 
                                le 08 septembre. 
                                - De rencontrer le responsable des restaurants 
                                (n+2 de Monsieur T.) le 29 septembre 2016. Cette 
                                rencontre permet de prendre conscience d’un 
                                désaccord au sein de la chaine hiérarchique 
                                (n+2 et son directeur) sur la manière de 
                                comprendre la situation et de s’y impliquer. 
                                 
                             
                            Le 
                              médecin du travail adresse Monsieur T. à 
                              son médecin traitant, avec un courrier, le 
                              06 octobre 2016 pour souligner son inquiétude 
                              quant à l’état de santé 
                              de l’agent, faire part des questions qui se 
                              posent autour du contexte de travail. Monsieur T. 
                              bénéficie alors d’un arrêt 
                              de travail. Dans un second temps, le médecin 
                              du travail prendra contact par téléphone 
                              avec le médecin traitant pour évoquer 
                              avec lui la reprise. Les 2 médecins conviennent 
                              que le médecin du travail accompagnera la 
                              reprise d’une préconisation formalisant 
                              une restriction à la fonction de responsable 
                              adjoint de cuisine (consultation de reprise du 07 
                              novembre 2016). Le médecin traitant considère 
                              que cela sera très sécurisant pour 
                              son patient, ce qui n’apparaissait pas à 
                              ce moment, si évident que cela.  
                            Il 
                              est décidé d’une nouvelle « 
                              alerte » du fait : 
                             
                               
                                - D’une situation de travail difficile pour 
                                l’ensemble des agents de l’équipe, 
                                qui interpellent leur encadrement et le service 
                                de santé au travail.  
                                - De tensions fortes au sein de l’équipe, 
                                beaucoup de critiques échangées 
                                quant à la manière de faire son 
                                travail, mais aucune attaque personnelle. 
                                - Que Monsieur T. est en difficulté de 
                                santé et pourrait à terme ne plus 
                                pouvoir rester sur son poste de travail, de plus 
                                le médecin craint que l’employeur 
                                interroge l’aptitude aux fonctions.  
                             
                            La 
                              collectivité décide alors de faire 
                              intervenir rapidement une consultante externe, de 
                              formation plutôt Rh, qui réalisera 
                              des entretiens avec chacun, responsables inclus. 
                              Elle émettra des propositions autour de la 
                              clarification des métiers et du cadre d’action 
                              de chacun, encadrement compris. Elle soulignera 
                              principalement la nécessité d’un 
                              accompagnement méthodologique au travail 
                              de l’encadrement.  
                            La 
                              proposition du médecin généraliste 
                              a effectivement porté ses fruits en entrainant 
                              un apaisement du salarié. Son médecin 
                              traitant qui le connait très bien avait mieux 
                              appréhendé que le médecin du 
                              travail, le potentiel de cette préconisation. 
                              Par contre l’équipe santé travail 
                              qui connaissait le contexte et les conditions de 
                              travail pouvait mesurer que cette préconisation 
                              ne permettrait pas de tourner cette page et qu’elle 
                              devait être accompagnée d’autre 
                              chose. 
                            | 
                       
                     
                    Présentation de la discussion 
                      au sein du GAPEM 
                     Nous avons choisi ce cas clinique puisqu’il 
                      rend compte d’une situation :  
                     
                      - Où l’infirmier et le médecin 
                        ont eu chacun à intervenir au sein de la collectivité 
                        et à adresser l’agent / patient vers son 
                        médecin généraliste.  
                        - Où le médecin de prévention et 
                        le médecin traitant ont eu l’opportunité 
                        de croiser leur compréhension de la situation de 
                        santé de monsieur T. à l’occasion 
                        d’un échange téléphonique. 
                        - Où il a été possible d’articuler 
                        une prescription individuelle travaillée avec le 
                        médecin généraliste (contre indiquer 
                        la mission d’adjoint au responsable de cuisine) 
                        avec l’alerte pour prendre en compte la situation 
                        de l’équipe dans son ensemble. 
                     
                    A travers cet exemple, nous avons échangé, 
                      au sein du GAPEM, sur nos pratiques de collaboration au 
                      sein de l’équipe médecin infirmier-e 
                      d’une part ainsi qu’entre les membres de l’équipe 
                      et les médecins traitants des salariés que 
                      nous suivons d’autre part. Nous présentons 
                      ici les échanges et questionnements concernant la 
                      collaboration entre l’équipe pluridisciplinaire 
                      et le médecin généraliste : 
                    Nous avons débattu de l’intérêt 
                      de cette collaboration du point de vue de l’équipe 
                      santé travail de ce que nous en attendions et de 
                      ses modalités pratiques possibles. « Qu’est-ce 
                      qu’on attend de la collaboration médecin du 
                      travail / médecin traitant ». « À 
                      quel moment l’équipe Santé Travail a-t-elle 
                      besoin du médecin traitant » 
                    Nous avons terminé provisoirement 
                      notre échange en nous demandant également 
                      : 
                     
                       - si les médecins traitants avaient 
                        des attentes vis-à-vis des équipes santé 
                        travail et alors qu’elles étaient-elles, 
                         
                        - quelle représentation les médecins généralistes 
                        ont de la médecine du travail, de la place des 
                        infirmier-eres au sein de l’équipe santé 
                        travail et quelle légitimité, crédibilité 
                        accordent-ils aux Infirmiers de Santé au Travail 
                        ? 
                     
                    Les participants au GAPEM se sont donc 
                      interrogés, à partir de leurs expériences, 
                      sur leurs attentes envers les médecins généralistes, 
                      les modalités possibles de cet échange et 
                      les freins existants. 
                    Pour l’équipe santé travail, 
                      la finalité d’une mise en relation 
                      avec le médecin traitant du salarié relève 
                      de plusieurs champs possibles. Par exemple : 
                      La découverte d’un souci de santé nouveau, 
                      à l’occasion d’un examen de dépistage, 
                      sans pour autant qu’il y ait de lien ou d’incidence 
                      avec le poste de travail occupé justifie d’orienter 
                      la personne vers son médecin traitant.  
                      Le besoin d’un arrêt de maladie protecteur de 
                      la santé du salarié dans le cadre d’une 
                      inadéquation entre son état de santé 
                      et son poste de travail et permettant de se donner le temps 
                      de réévaluer le traitement, visiter le poste 
                      et proposer si besoin des aménagements. Selon l’importance 
                      de ce qui peut être préconisé, il est 
                      alors possible d’informer, conseiller, le salarié 
                      et son médecin dans des démarches particulières 
                      pouvant faciliter la mise en œuvre d’une adaptation 
                      de ses conditions de travail (reconnaissance de la qualité 
                      de travailleur handicapé, reconnaissance en Maladie 
                      Professionnelle, invalidité ….). 
                      Le lien avec le médecin traitant peut permettre également 
                      d’expliciter les contraintes du poste de travail, 
                      la problématique santé / travail et présenter 
                      les perspectives dégagées avec le salarié. 
                      Ce dernier peut ainsi poursuivre sa réflexion par 
                      lui-même et avec son médecin traitant, alimenter 
                      sa capacité d’agir et lorsque cet échange 
                      prend la forme d’un écrit, celui-ci peut servir 
                      de trace et de support à ce travail. 
                     Les modalités de mise en œuvre 
                      d’un contact avec le médecin traitant diffèrent 
                      selon les situations, le moment, les pratiques personnelles 
                      mais également le métier (infirmier-e ou médecin). 
                      Il peut être conseillé au salarié de 
                      consulter son médecin généraliste (comme 
                      dans le cas clinique où l’infirmier a mobilisé 
                      cette ressource à plusieurs reprises). 
                      L’équipe santé travail utilise également 
                      des moyens plus directs comme l’appel téléphonique 
                      où la rédaction d’un courrier. L’accord 
                      préalable du salarié est considéré 
                      comme nécessaire. Son périmètre exact 
                      est discuté.  
                      L’écrit remis au médecin traitant par 
                      l’intermédiaire du salarié permet à 
                      celui-ci de le relire et de décider de le donner 
                      ou non. Le courrier envoyé au médecin et en 
                      copie à l’agent permet également de 
                      partager l’information transmise.  
                    L’appel téléphonique 
                      questionne la place de chacun, salarié / patient, 
                      infirmier-e, médecin.  
                      Qui peut appeler, seulement le médecin ou indifféremment 
                      le médecin et l’infirmier-e, ou l’un 
                      ou l’autre selon les situations et les échanges 
                      recherchés ?  
                      A quel moment appeler ? En présence du salarié 
                      pour qu’il soit partie prenante de l’échange 
                      ? Au moment du staff de l’équipe afin d’expliciter 
                      aux médecins traitant cette modalité nouvelle 
                      d’exercice en santé au travail et de légitimer 
                      ainsi l’infirmier-e comme un intervenant à 
                      part entière de l’équipe santé 
                      travail ? 
                    Dans la pratique des participants au GAPEM, 
                      il apparait que les échanges avec les médecins 
                      généralistes sont dépeints comme le 
                      plus souvent limités, c’est-à-dire souvent 
                      informatifs, pour prise en charge d’une situation 
                      de santé, avec peu de retour. Il n’est pas 
                      très fréquent qu’un travail pluridisciplinaire 
                      ou de collaboration s’engage incluant le médecin 
                      traitant (cela arrive, peut parfois se développer). 
                     
                    Le GAPEM s’est interrogé 
                      sur les freins qui pouvaient faire obstacle à cette 
                      approche. 
                    Des questions pratiques ont été 
                      soulevées, c’est-à-dire de disponibilité 
                      de chacun, d’opportunité, mais aussi du choix 
                      du bon moment comme discuté ci-dessus. 
                      Nous avons questionné aussi la perception que chacun 
                      pouvait se faire du travail de l’autre, d’une 
                      possible méconnaissance de nos métiers respectifs, 
                      de nos proximités (travailler dans l’intérêt 
                      de la santé, le respect du secret médical, 
                      …) et de nos approches spécifiques (quelle 
                      clinique chacun de nous est-il amené à déployer 
                      et quelle articulation possible).  
                      Mais également quelle place et quelle légitimité 
                      les médecins généralistes accordent 
                      ils aux infirmiers-es de santé au travail ? 
                      Enfin quelles sont leurs attentes vis-à-vis des équipes 
                      santé travail ? Pouvons-nous y répondre ? 
                      Qu’avons-nous à construire ensemble ? 
                     
                      Questions 
                      : 
                    MG : en ce qui concerne les arrêts 
                      de travail, les agents donnent leurs arrêts à 
                      l’employeur ce qui pose problème pour le secret 
                      médical. 
                    MDT : il ne faut pas marquer le 
                      diagnostic sur l’arrêt maladie pour la fonction 
                      publique 
                    MDT : pour les demandes de Congés 
                      Longue Maladie dans la fonction publique territoriale, il 
                      faut joindre, à cette demande, le certificat médical 
                      du médecin généraliste. Dans ma collectivité, 
                      quand il n’y avait pas de médecin du travail, 
                      le service RH faisait une copie du certificat médical 
                      : il y avait donc rupture du secret médical. Mais 
                      à mon arrivée, j’ai mis en place une 
                      procédure pour préserver le secret médical 
                      : c’est le médecin du travail qui fait les 
                      copies. Par contre, je ne peux pas garantir la préservation 
                      du secret médical quand ces courriers arrivent au 
                      Comité Médical. 
                    MDT : au Comité Médical, 
                      le secrétaire est un médecin.  
                    MG : quel est le rôle de chacun 
                      dans l’équipe médicale de santé 
                      au travail ? Y a-t-il indépendance dans l ‘équipe 
                      ? Quelles sont les responsabilités ? 
                      6° 
                      Communication - 
                    Coopération entre médecin 
                      du travail et médecin généraliste traitant 
                      dans le parcours de soin d’un salarié patient 
                      présentant un état de stress aigu suite à 
                      une agression au travail 
                    Nathalie Pennequin, médecin 
                      du travail, GAPEP 
                    Téléchargez 
                      la présentation 
                        
                      20 diapos  
                    
                       
                          
                            Monographie 
                              clinique : 
                            Monsieur 
                              B. né en 1977 à Paris, est embauché 
                              dans une entreprise de transport terrestre de voyageurs 
                              en 2000 comme chauffeur de Bus (à 23 ans). 
                              Sa formation initiale est un BEP d’horticulteur. 
                               
                              Son Cursus Laboris comprend une courte expérience 
                              comme agent de sécurité dans l’entreprise 
                              de transport en tant que sous-traitant. Il choisit 
                              le métier de chauffeur de bus par opportunité, 
                              sur les conseils de collègues. 
                              Ses antécédents médicaux se 
                              réduisent à des fractures (poignets 
                              et orteils) à l’adolescence sans séquelles 
                              ; il est fumeur avec une consommation initiale de 
                              5 à 10 cigarettes par jour. 
                            Son 
                            parcours professionnel dans 
                            l’entreprise est plutôt stable : il travaille 
                            dans le même centre Bus avec la même activité 
                            ; chauffeur de bus « hors lignes » du 
                            même centre Bus depuis l’embauche : activité 
                            sur lignes différentes avec horaires de travail 
                            décalés (services de 6h30 de conduite 
                            par jour avec des créneaux situés entre 
                            5h à 2h du matin) et repos décalés 
                            (2 ou 3 jours de repos consécutifs après 
                            des semaines de travail de 5 à 6 jours d’affilée). 
                            Choix d’un roulement sur une ligne chargée 
                            de centre-ville de 2002 à 2006 puis à 
                            nouveau revenu à une activité « 
                            hors lignes » depuis 2007 avec des services 
                            majoritairement en soirées. 
                            La conduite se fait du sur matériel Bus commençant 
                            à vieillir mais bénéficiant d’une 
                            bonne maintenance .  
                            Dans 
                              le dossier médical du travail ( papier) 
                              : 
                              Surveillance en visites périodiques annuelles 
                              de 2000 à 2012 avec le même médecin 
                              du travail  
                              -De 2000 à 2005 : bonne adaptation à 
                              l’activité, rares lombalgies, pas d’arrêt 
                              de travail, entretien musculaire personnel, 1 agression 
                              avec crachat par clientèle (non déclaré 
                              en accident du travail en 2005) 
                              - en 2006 : verbatim « au travail, s’interroge, 
                              pour l’instant ça va » 
                              - A partir de 2007 : 1 mois d’arrêt 
                              de travail pour lumbago (haltérophilie+ conduite) 
                              : orientation vers consultation médecin du 
                              sport (n’y est pas allé…) 
                              Au travail, « ça se passe bien » 
                              - 2008 : difficultés pour les services matinaux, 
                              pratique sportive poursuivie ; on comprend que le 
                              salarié ne demande pas d’aménagement 
                              d’horaires car veut probablement garder ses 
                              marges de manœuvre pour changer ses services 
                              lui-même ( échanges entre chauffeurs 
                              et/ou avec celui qui programme les services ). 
                              - 2009 : lombalgies sans arrêt de travail, 
                              « en moyenne, au travail ça va » 
                              2010 : problèmes de sommeil, services de 
                              matin difficiles, sport intensif (3h/j) en salle 
                              et prise de protéines 
                              - 2011 et 2012 : fait des services en soirée 
                              (18h/ 2h) car « moins de stress », sommeil 
                              tardif de 5h à 12h et fatigue matinale, TMS 
                              (troubles musculo squelettiques) en rapport avec 
                              le sport (haltérophilie) , l’exposition 
                              aux vibrations corps entier ( conduite de bus) , 
                              la position assise prolongée, les contraintes 
                              temporelles de conduite induites par la régulation 
                              des lignes . 
                              Une Biologie en 2010 et 2012 (prescrite par le médecin 
                              du travail) montre une microcytose sans anémie 
                              (trait thalassémique probable) et un HDL 
                              cholestérol bas ( facteurs de risque cardiovasculaires 
                              : tabac HDL bas) 
                            Visite 
                              de reprise après arrêt de travail (maladie) 
                              le 23/04/2014 :  
                            1 
                              mois d’arrêt de travail pour lumbago 
                              aigu ; a rapporté compte rendu de scanner 
                              du rachis lombaire qui révèle une 
                              hernie discale L3L4 non exclue, non migrée 
                              et sous ligamentaire médiane avec discopathie 
                              L5S1 ; une mobilité à un poste plus 
                              adapté est conseillée par le médecin 
                              du travail; fiche d’aptitude = apte . 
                            Visite 
                              Périodique 30/10/2014 :  
                              « Ne supporte plus les gens » , fait 
                              des services en soirée et des heures supplémentaires 
                              au prix d’une privation de sommeil , le tabac 
                              est augmenté à 15 cig/j, la pratique 
                              de sport s’intensifie « pour se calmer 
                              » .Vit en couple avec une fille de 3 ans, 
                              fait des travaux das une future résidence 
                              secondaire à la campagne ; vit toujours en 
                              logement en ville proche du centre bus , lui permettant 
                              éventuellement de rentrer chez lui au milieu 
                              des services en deux fois ou de faire du sport (moins 
                              de 30 mn de temps de trajet domicile travail). 
                              Fiche d’aptitude :Apte à revoir dans 
                              06 mois (questionnement du médecin sur le 
                              risque d’épuisement professionnel) 
                            24/05/2015 
                              : revu à la demande du médecin du 
                              travail :  
                              Nouveau médecin de secteur (Dr N.P. ) suite 
                              à nouvelle sectorisation du service de santé 
                              au travail : parle d’un AVP moto en novembre 
                              2014 et signale des lombalgies basses sans sciatalgie 
                              (notion de manutention de charges lourdes dans sa 
                              jeunesse.) .Il fait du temps supplémentaire 
                              au travail : je l’informe sur le risque de 
                              la conduite prolongée sur son rachis (exposition 
                              aux vibrations corps entier).Conduite sur du matériel 
                              ancien mais bien entretenu et pour partie sur du 
                              matériel neuf (meilleurs sièges) 
                              fiche d’aptitude : Apte  
                            Périodique 
                              le 06/06/2016 (Surveillance Médicale Renforcée 
                              à deux ans) 
                               Démotivation depuis l’emménagement 
                              dans le nouveau centre : la configuration des lieux 
                              ne permet plus les rencontres entre collègues 
                              avec le service des ressources humaines et l’encadrement 
                              : l’ancien centre Bus a été 
                              refait à neuf avec activité pendant 
                              les 6 ans de travaux en centre provisoire qui préservait 
                              une certaine convivialité ; signale des modification 
                              dans l’organisation du travail : les temps 
                              de parcours sont difficiles, des pressions de la 
                              régulation centralisée par téléphone 
                              ( mise en place en 2014) aggravent le stress ; il 
                              a voulu faire un métier de développement 
                              pour passer agent de maitrise et prendre en charge 
                              la prévention/sécurité du centre 
                              mais son N+1 n’a pas transmis sa demande. 
                              Signale un épisode de Névralgie Cervico 
                              Brachiale droite sans arrêt de travail. Le 
                              Tabac est toujours à 15 cig/j ; poursuite 
                              la musculation et du cardio-training. 
                              Fiche d’aptitude : Apte à revoir dans 
                              06 mois 
                            Visite 
                              à la demande du médecin le 23/01/2017 
                              ( M.B a 39 ans) :  
                              cette visite était et elle est également 
                              décidée suite à déclaration 
                              d’accident du travail (le médecin du 
                              travail reçoit par mail les déclarations 
                              d’AT) : il s’agit d’une agression 
                              au volant du bus le 9 janvier 2017 avec insultes 
                              et crachat par une voyageuse mécontente du 
                              refus de la laisser descendre entre deux arrêts 
                              lors d’une déviation malgré 
                              information en amont par le salarié de la 
                              déviation ; M.B est descendu de son bus pour 
                              rattraper la voyageuse agressive , celle-ci a fait 
                              une chute sur le trottoir ; M.B est accompagné 
                              par l’encadrement au commissariat pour dépôt 
                              de plainte ; 1 jour d’arrêt de travail 
                              puis 3 jours de repos et reprise de la conduite 
                              du bus au bout de 4 jours (pas de passage aux UMJ 
                              qui de toutes façons ne délivrent 
                              pas d’ITT en l’absence de blessures 
                              physiques) ; M.B n’a pas contacté le 
                              psychologue (numéro vert de l’entreprise 
                              donné par l’employeur à titre 
                              systématique après agression) et n’a 
                              pas de nouvelles de la plainte , ne sait si l’agresseur 
                              a déposé plainte en retour et s‘il 
                              se fera sanctionner … « je suis écœuré 
                              par les incivilités des voyageurs et le fait 
                              que le chauffeur de bus ne puisse pas se défendre 
                              » la colère semble difficile à 
                              contenir, on sent M.B prêt à craquer 
                              même s’il est très peu loquace…M.B 
                              n’est pas en état de travailler : je 
                              l’ informe de la nécessité de 
                              faire un break en arrêt de travail au titre 
                              de l’accident du travail, dans un but de protection 
                              (risque de dérapage) et de soins. Je passe 
                              beaucoup de temps à argumenter ma décision 
                              auprès du salarié, cristallisé 
                              sur son vécu d’injustice , afin de 
                              lui redonner le pouvoir de penser et d’agir 
                              sur sa santé. 
                              Je l’adresse au médecin traitant pour 
                              arrêt de travail et prise en charge médicale 
                              : le salarié ne conteste pas ma décision 
                              lors de la consultation. 
                            Le 
                              courrier ouvert remis en main propre au salarié 
                              pour le MT (lecture du courrier) : 
                              « Mon cher confrère, je vous adresse 
                              votre patient : son état psychique suite 
                              à l’agression au travail du 09/01/17 
                              n’est pas compatible avec la poursuite du 
                              travail ; je vous remercie de l’arrêter 
                              au titre d’accident du travail AT et de le 
                              prendre en charge pour soins ; il ne souhaite pas 
                              consulter le psychologue pris en charge par l’entreprise 
                              ; je le reverrai à la reprise du travail. 
                              Bien confraternellement Dr .P. »  
                              Quand je rédige un courrier à un médecin 
                              (généraliste ou spécialiste), 
                              je décris habituellement les activités 
                              du salarié et mentionne ce qui pourrait faire 
                              lien entre santé et travail (éléments 
                              de compréhension pour le MT qui ne connaît 
                              pas le travail) . Je ne l’ai pas suffisamment 
                              fait dans ce cas mais le lien entre un état 
                              psychique dégradé et une agression 
                              au travail me semblait suffisamment évident 
                              …j’avais déployé beaucoup 
                              d’énergie à convaincre le patient 
                              du bien-fondé de ma décision : mesure 
                              de protection pour le salarié risquant de 
                              déraper au travail … 
                            Revu 
                              le 6 février 2017  
                               Après 15 jours d’arrêt de 
                              travail (au titre de l’AT) : pas de réponse 
                              du médecin traitant MT à mon courrier, 
                              aucun document médical (ordonnance, cerfa 
                              de reprise du travail) : il me dit avoir pris des 
                              « anxiolytiques » le soir et avoir fait 
                              du sport …je sens une ambivalence du salarié 
                              par rapport à la reprise de la conduite du 
                              bus ; j’informe le salarié que la reprise 
                              du travail est prématurée en raison 
                              d’un état anxiodepressif réactionnel 
                              cliniquement décelable. Je le rassure sur 
                              ses primes de conduite qu’il ne doit pas perdre 
                              car son arrêt relève d’un accident 
                              du travail. Je suppose que le MT a lu mon courrier 
                              du 31/01 puisqu’il a délivré 
                              un arrêt de travail en AT à son patient 
                              ( il y a donc eu une coopération informelle 
                              ). 
                              Pas de fiche d’aptitude à revoir le 
                              lendemain avec documents  
                            Revu 
                              le 7 février :  
                              Le salarié rapporte une ordonnance (datée 
                              du 23/01/17) pour 1 mois d’antidépresseur 
                              sérotoninergique et un cerfa AT/.MP précisant 
                              « dépression-stress » datant 
                              du 31 janvier 2017 (arrêt jusqu’au 5/02/17 
                              sans date de reprise). je fais remarquer au salarié 
                              que son MT parle de dépression et que je 
                              partage le diagnostic d’une altération 
                              de son état psychique , que la reprise de 
                              la conduite du bus (contact clientèle) n’est 
                              pas indiquée pour le moment car le mettrait 
                              en danger …  
                              Je pense que le médecin traitant n’était 
                              pas favorable à la reprise du travail et 
                              qu’il souhaitait le revoir régulièrement 
                              pour réévaluer le traitement et en 
                              discuter avec le salarié.  
                            Le 
                              Médecin Traitant a donc vu le salarié 
                              deux fois : le 23/01 puis le 31/01 et n’a 
                              pas indiqué de date de reprise du travail. 
                              Le 6 février, le salarié aurait dû 
                              revoir son MT et non pas venir en visite de reprise 
                              au SST. Cela arrive souvent que le patient ne revoit 
                              pas son MT à la fin d’un arrêt 
                              de travail au titre de l’accident du travail 
                              : l’employeur devrait exiger le certificat 
                              médical CMP ou CMF avec date de reprise libellée. 
                              J’explique au salarié que sa colère, 
                              encore perceptible , e mettrait en danger en cas 
                              de confrontation à une nouvelle incivilité 
                              dans le bus avec le risque patent de sanction par 
                              la direction du centre en cas de réponse 
                              à agression : la consigne prescrite aux chauffeurs 
                              en cas d’agression est de rester dans le bus 
                              à l’arrêt en prévenant 
                              les voyageurs de l’arrêt du service, 
                              de relever la vitre anti agression, de prévenir 
                              la régulation en actionnant l’alarme 
                              discrète et d’attendre la police et 
                              les agents de sécurité. Toute réponse 
                              aux agressions verbales ou physiques peut faire 
                              l’objet d’une sanction surtout si le 
                              voyageur porte plainte en retour (ce qui n’est 
                              pas rare). M.B est révolté par l’injustice 
                              de la situation qui ne permet pas au chauffeur agressé 
                              de se défendre. 
                              Pas de fiche d’aptitude : reprise du travail 
                              ce jour non possible, à revoir avec le cerfa 
                              mentionnant date de reprise par le MT 
                            Deuxième 
                              courrier remis au salarié pour son MT : 
                              « Mon cher confrère, je revois ce jour 
                              votre patient qui est traité par antidépresseur 
                              pour syndrome dépressif depuis 15 jours ; 
                              il me rapporte un cerfa de prolongation sans date 
                              de reprise ; je vous l’adresse pour une éventuelle 
                              reprise en sachant que la conduite de bus est prématurée 
                              ; je demanderai à ce qu’il ne soit 
                              pas affecté à la conduite de façon 
                              temporaire. Confraternellement » 
                            Revu 
                              le 10 février 2017 :  
                              Le salarié parle davantage, le délai 
                              entre les visites successives lui a laissé 
                              le temps de réfléchir, il n’a 
                              pas montré d’agressivité à 
                              mon égard alors que je lui ai mis des bâtons 
                              dans les roues  
                              Cerfa (prolongation) du 7/02 avec reprise le 10/02/2017 
                              mentionne « dépression post traumatique 
                              » 
                              Pas de réponse du médecin traitant 
                              à mon courrier mais ce dernier a suivi mes 
                              préconisations. 
                              M.B est d’accord avec le constat qu’il 
                              n’est pas en état de reprendre la conduite 
                              de bus, ; je reparle de l’intérêt 
                              de consulter un psychologue pour l’aider à 
                              surmonter ce vécu d’injustice : il 
                              me lâche dans la conversation que quand il 
                              était à la DASS (information personnelle 
                              complétement inconnue ), on l’a orienté 
                              vers un psychologue (mal vécu) et que cela 
                              n’a rien donné. Jusqu’à 
                              présent, il parlait peu et essayait de contenir 
                              sa colère car voulait reprendre la conduite…je 
                              sens que la confiance commence à s’établir 
                              entre lui et le médecin du travail. 
                            Conclusion 
                              sur l’aptitude de la visite de reprise après 
                              AT : je demande un poste aménagé 
                              : travail de bureau avec horaires réguliers 
                              en après-midi (il a l’habitude de travailler 
                              en soirées donc horaires qui se rapprochent 
                              le plus, il n’y a pas de travail de bureau 
                              en soirées) ; pas de conduite ni de contact 
                              clientèle et je demande à le revoir 
                              à 1 mois. Au total, 
                               
                              J’ai vu le salarié à 6 reprises 
                              depuis 2015 ; la confiance entre le salarié 
                              et le médecin du travail qu’il n’a 
                              pas choisi commence à s’établir 
                              depuis 2017 : le salarié s’ouvre davantage, 
                              ce qui permet au médecin du travail de le 
                              conseiller sur ce qui peut altérer sa santé, 
                              le met en danger avec plus d’efficacité… 
                              Une relation épistolaire équilibrée 
                              entre le médecin du travail et le médecin 
                              traitant via le salarié aurait pu faciliter 
                              la prise de conscience du salarié de 
                              la nécessité de faire un break : ici 
                              le salarié a peut-être fait barrage 
                              (histoire personnelle, volonté de reprendre 
                              la conduite coute que coute pour raison financière) 
                              : il a fallu que je le revois à trois 
                              reprises les 6 , 7 et 10 février pour concrétiser 
                              la reprise du travail , le salarié n’a 
                              pas montré d’impatience ni d’agressivité 
                              à mon égard et ce délai 
                              lui a permis de s’approprier la situation 
                              de reprise du travail en dehors de la conduite du 
                              Bus. 
                             Les 
                              seuls écrits du MT qui m’ont 
                              permis de piocher quelques indices sont : les constatations 
                              détaillées dans la rubrique renseignements 
                              médicaux du cerfa MT (dépression 
                              puis dépression post traumatique) et l’ordonnance 
                              médicamenteuse. Ces écrits m’ont 
                              permis de rebondir sur la clinique et d’en 
                              discuter avec le patient. 
                              Le salarié ne m’a jamais proposé 
                              de contacter par téléphone son MT 
                              : s’il l’avait fait, j’aurais 
                              éventuellement pu téléphoner 
                              en présence du salarié dans 
                              le cabinet médical ; je n’ai 
                              pas voulu être intrusive avec ce patient 
                              en état d’épuisement professionnel 
                              et dont le parcours professionnel révèle 
                              qu’il a toujours voulu garder le contrôle 
                              sur son travail, son pouvoir d’agir.  
                              Il a eu peu d’absentéisme et 
                              a fait beaucoup d’heures supplémentaires. 
                              Je ne m’autorise pas à téléphoner 
                              au médecin traitant (j’avais le numéro 
                              de téléphone sur le cerfa) sans que 
                              le salarié me le demande ; le médecin 
                              traitant aurait pu me téléphoner (mon 
                              numéro ne figure pas sur mes courriers mais 
                              si le salarié m’avait demandé, 
                              je lui aurais donné…)  
                            Visite 
                              à la demande du médecin du travail 
                              le 14 mars 2017 
                               M.B est souriant et détendu : « 
                              docteur, vous aviez raison pour la reprise du travail, 
                              je me sens mieux, il faut que je fasse autre chose 
                              » ; son sommeil est meilleur, il se sent plus 
                              détendu depuis qu’il ne conduit plus 
                              les bus ; la première semaine fut difficile 
                              du fait de la configuration du nouveau centre bus 
                              (absence totale de convivialité) et d’une 
                              certaine sous occupation , ce qui l’a amené 
                              à demander un RDV avec la DRH qui lui a proposé 
                              d’aller dans un autre centre ; il a accepté 
                              d’aider à un travail administratif 
                              de confiance un collègue ancien chauffeur 
                              de bus , les horaires 12h19h30 ont été 
                              respectés ; M.B a donc trouvé, seul, 
                              les ressorts pour se sortir d’une situation 
                              professionnelle non satisfaisante sans faire appel 
                              à moi en visite demande salarié comme 
                              d’autres auraient pu faire (son pouvoir d’agir 
                              est préservé en partie malgré 
                              l’inaptitude à la conduite) .Il a stoppé 
                              le psychotrope au bout de 6 semaines sans revoir 
                              son médecin traitant : il me l’apprend 
                              en ayant peur que je sois mécontente : sans 
                              lui avouer que je ne suis pas persuadée qu’un 
                              antidépresseur ait été indispensable 
                              ( il s’agissait plutôt d’un état 
                              de stress aigu avec intolérance au métier 
                              selon moi), je lui dis que c’est surtout le 
                              retrait de la situation stressante de la conduite 
                              qui a été thérapeutique .Il 
                              me demande à être affecté à 
                              l’activité sur voiture de secteur (activité 
                              en binôme avec un agent de maitrise , conduite 
                              VL et déplacements sur le terrain pour résolution 
                              de situations problématiques des chauffeurs, 
                              horaires en soirées ) activité qu’il 
                              a déjà faite auparavant sur proposition 
                              de son responsable et qui lui avait beaucoup plu. 
                              Il se sent capable d’être à nouveau 
                              confronté à la clientèle surtout 
                              en présence de collègues. Son état 
                              psychique étant bien meilleur, j’accède 
                              à sa demande et retire la restriction du 
                              contact clientèle et le revois dans 02 mois 
                              (RDV prévu le 15 mai 2017). La question de 
                              son avenir professionnel dans l’entreprise 
                              reste entière 
                            | 
                       
                     
                    Axes de discussion en Gapep pour controverses 
                      et repères 
                       Le médecin du travail n’a-t-il pas été 
                      trop directif (refus de donner une aptitude à la 
                      reprise lors de deux tentatives de reprise du salarié, 
                      en l’absence de documents médicaux) ? la question 
                      de l’aptitude à reprendre le travail sans précisions 
                      sur l’évolution de l’état de santé 
                      est toujours délicate. 
                      Le médecin du travail aurait-il dû contacter 
                      le médecin traitant par téléphone ? 
                       
                      Le problème de la coopération entre médecin 
                      traitant et médecin du travail : barrage du salarié, 
                      absence de volonté ou manque de temps du médecin 
                      traitant à écrire, comment être sûr 
                      que le salarié transmet notre courrier à son 
                      médecin traitant ? Est-ce un obstacle à la 
                      bonne prise en charge du salarié/patient ? Comment 
                      établir la confiance entre les deux médecins 
                      ? 
                      Quelle prise en charge proposer au salarié ? Psychothérapie, 
                      bilan de compétence en vue réorientation professionnelle 
                      … 
                    Mots clés : état de stress aigu 
                    suite agression au travail, coopération entre médecins, 
                    pouvoir d’agir du salarié Résumé 
                      de la discussion en gapep à propos du cas: 
                    -Principaux points sur lesquels elle a porté 
                    La discussion a porté sur les difficultés du 
                    suivi par le nouveau médecin du travail de cet agent 
                    Machiniste vu à 6 reprises de 2015 à 2017, en 
                    questionnant les modalités de coopération médecin 
                    traitant de l’agent et médecin du travail. 
                    Ce salarié, investi dans son activité, effectue 
                    surtout des services de soirée ; 18h00-02h00 avec réduction 
                    de son temps de sommeil, des temps de pause, fait ses heures 
                    supplémentaires par choix, investi dans une activité 
                    sportive. Les relations avec ses collègues sont bonnes 
                    et les échanges satisfaisants. 
                    Il a eu des contraintes de manutention dans ses activités 
                    antérieures ; est soumis aux contraintes de vibrations 
                    au poste de conduite de bus certes anciens mais bien entretenus. 
                    Se posent les questions : 
                         
                      1) Du risque d’épuisement professionnel :  
                      *d’autant que l’organisation de travail et les 
                      relations sociales dans le dépôt changent du 
                      fait du déménagement du dépôt 
                      de Bus, avec des modalités de régulation différentes, 
                      rendant les temps de parcours difficiles. 
                      * Les attentes de montée en compétence à 
                      terme, sur un poste d’agent de maitrise, n’ont 
                      pas été relayées par sa hiérarchie 
                      *Qu’il est victime d’un AT en janvier 2007 ; 
                      avec agression au volant de son bus, (avec dépôt 
                      de plainte de l’agent), qui n’a pas effectué 
                      initialement de suivi psychologique. 
                    2) Du devenir du salarié à 
                      terme ;  
                      Inaptitude définitive à son emploi statutaire, 
                      avec proposition de reclassement 
                    
                      - Ce qui fait controverse entre les pairs dans 
                        l'examen des pratiques
 
                     
                    Les modalités de relation 
                      avec le médecin traitant, et ce que le médecin 
                      de travail en attend. 
                    *par téléphone pendant 
                      la consultation 
                       Si le médecin du travail choisit de le faire 
                      ; la conversation doit se faire  
                     
                      -en présence de l’agent, 
                         
                        -sur sa demande. 
                     
                     Difficile à faire pour la majorité 
                      des confrères, en tout cas pas systématiquement 
                      ; les médecins sont souvent difficiles à joindre, 
                      peu de temps disponible pour le faire. 
                     *Par courrier 
                       Le médecin du travail doit dans son courrier 
                      détailler  
                     
                      -l’activité, ses contraintes, 
                        l’organisation de travail, les relations sociales, 
                        hiérarchiques, l’organisation de travail, 
                        les marges de manœuvres des salariés, les 
                        possibilités d’aménagement de poste. 
                        -les circonstances de l’accident de travail : 
                     
                     Afin que le médecin traitant puisse 
                      instruire la démarche diagnostique, la rédaction 
                      du CMI d’AT, l’arrêt de travail, sa durée, 
                      l’orientation en suivi psychiatrique, la procédure 
                      de demande de reprise à temps partiel thérapeutique. 
                    *La réponse du médecin 
                      traitant 
                      -Certains estiment qu’elle est nécessaire, 
                      d’autres non (cf consensus.) 
                    
                      -  Ce qui fait repère pour 
                        le GAPEP
 
                     
                    Dans cette situation, le salarié 
                      :  
                    -Relève d’un arrêt de travail (en 
                      AT.). Avec la mention sur la fiche d’aptitude 
                      : « ne peut continuer ce jour à son poste de 
                      travail ; orientation en secteur de soins. ».  
                      Le médecin du travail a rédigé un courrier, 
                      reliant la pathologie de stress aigu au travail. (AT.) 
                      Le médecin traitant s’il n’a pas fait 
                      de réponse écrite, a en revanche parfaitement 
                      suivi les préconisations du médecin du travail 
                      ; avec prise en charge thérapeutique adaptée 
                      et arrêt en AT avec rédaction d’un CMI. 
                    -Le salarié ne peut assumer le poste de conduite, 
                      ni de relation clientèle, d’autant que le métier 
                      a changé. Sinon il risque l’épuisement 
                      et aussi un « dérapage » en cas d’incivilité 
                      de la clientèle. Il doit être mis au repos 
                      pour envisager au décours seulement les conditions 
                      de la poursuite du métier.  
                    -Le médecin du travail a la mission de convaincre 
                    le salarié de la justification de l’arrêt, 
                    en lui faisant prendre conscience de cette réalité. 
                    Le salarié est ambivalent et craint une baisse de revenu 
                    lié à l’arrêt, sans mesurer les 
                    risques liés à la poursuite de l’activité. 
                    -Le salarié, ne s’est finalement pas opposé 
                    à la démarche du médecin du travail au 
                    fur et à mesure du suivi. Il vit difficilement les 
                    incivilités de la clientèle, avec le risque 
                    de sanction en cas de réponse au voyageur qui peut 
                    porter plainte. 
                    -La décision d’orientation 
                      vers un spécialiste; concernant ce salarié 
                      ? 
                      Le diagnostic de stress aigu est retenu par le médecin 
                      du travail ; le médecin traitant ayant fait un diagnostic 
                      « vague » de dépression/stress puis dépression/post 
                      traumatique sur les CMI et CMP, suite, à l’A.T. 
                      L’orientation en psychothérapie n’est 
                      pas forcément motivée dans un premier temps, 
                      d’autant que le salarié a une expérience 
                      négative d’un suivi psychologique dans l’enfance. 
                       
                      Si le médecin du travail l’estime nécessaire 
                      ultérieurement et si le médecin traitant n’a 
                      pas préconisé d’orientation, l’avis 
                      d’un psychiatre sapiteur du SST pourrait être 
                      sollicité. 
                    -Il est prématuré de statuer 
                      sur les possibilités de reprise du poste. 
                      L’agent a fait preuve dans le passé de maîtrise 
                      dans ses choix professionnels. Lui laisser le temps de ré 
                      instruire la question de la poursuite de l’activité 
                      de machiniste. Le médecin du travail devra discuter 
                      ultérieurement des possibilités de reclassement 
                      si le salarié n’envisage pas la poursuite de 
                      l’activité. L’agent a une formation d’horticulteur, 
                      a été employé comme agent de sécurité. 
                    De façon plus générale 
                    1) En l’absence de retour d’information 
                      par le médecin traitant : 
                      Le médecin du travail dispose le plus souvent d’informations 
                      indirectes sur les suites données par le médecin 
                      traitant (ordonnance, CERFA.) 
                      On n’attend d’ailleurs pas forcément 
                      de réponse formelle aux courriers mais surtout que 
                      le médecin donne suite à nos propositions, 
                      en se basant sur l’ensemble de nos informations concernant 
                      le travail, pour le suivi du patient. 
                      La date de la reprise doit être idéalement 
                      notée par le médecin traitant sur le CMP. 
                      Si celle-ci n’est pas notée, on peut préciser 
                      sur la fiche de reprise A.T. ; « sous réserve 
                      de la présentation du certificat médical de 
                      reprise. » 
                    2) Le médecin du travail n’a jamais l’assurance 
                      que ses courriers sont transmis au médecin traitant. 
                      Il faut intégrer cette possibilité pour la 
                      prise de décision. 
                     3) Parfois le salarié transmet au médecin 
                      du travail des certificats limitant par exemple le « 
                      port de charge ». La réponse au médecin 
                      traitant ne s’impose pas toujours ; en revanche, le 
                      médecin du travail qui connaît le poste, statuera 
                      avec des termes adaptés à la situation de 
                      handicap, et en fonction du travail réel.  
                    4) Le médecin du travail et le médecin traitant 
                    doivent pouvoir collaborer dans l’intérêt 
                    exclusif du salarié, bien que le médecin 
                    traitant soit choisi par le salarié, à la différence 
                    du médecin du travail, parfois perçu par le 
                    médecin traitant, voire le salarié « comme 
                    le médecin du patronat. » 
                    Toutefois le médecin du travail est le seul à 
                    pouvoir instruire la question du travail lors d’échanges 
                    répétés avec le salarié et recueil 
                    de ses avis tracés dans le dossier médical de 
                    santé au travail. 
                    La coopération ne peut se construire que si le médecin 
                    du travail explicite, si possible par courrier, à son 
                    confrère du secteur de soins, ses préoccupations, 
                    transmises par le salarié. 
                    La 
                      discussion s’inscrit dans les thèmes à 
                      l’ordre du jour pour le colloque E-Pairs du 09 juin 
                      :  
                    Les thèmes du matin :  
                      A travers des présentations de pratiques cliniques 
                      concerneront 
                      Les règles de coopération, dans le but 
                      d’être utile au salarié 
                      La place pour l’analyse du travail et ses aspects 
                      délétères 
                      La synergie entre les filières de santé 
                      Les carences de coopération à travers 
                      des cas collectifs ou individuels. 
                    Les thèmes de l’après 
                      midi : 
                       Les ressorts de la coopération 
                      Les blocages de représentation, de méconnaissance 
                      du travail des acteurs. 
                      Références éthiques et réglementaires 
                      de coopération 
                      Par qui et comment le milieu de travail peut être 
                      interpellé. 
                    Questions 
                      :  
                    MDT : quels sont les dispositifs 
                      de l’entreprise en cas d’agression ? 
                    MDT : il existe un dispositif disciplinaire 
                      en cas de non-respect des procédures et il existe 
                      un dispositif pour les victimes de traumatisme.  
                    MDT : il y a eu des échanges 
                      entre les médecins. Quel a été l’apport 
                      de la direction, des syndicats et du CHSCT ? 
                    MDT : il s’agit d’une 
                      très grande entreprise de 15000 chauffeurs, il y 
                      a un gros CHSCT et il y a souvent des agressions. Le CHSCT 
                      ne se réunit qu’en cas d’agressions par 
                      arme à feu ou arme blanche. Dans ce cas décrit, 
                      il n’y a pas de dispositions particulières. 
                    MDT : y a-t-il eu déclaration 
                      d’AT. 
                    MDT : oui car j’ai reçu 
                      la déclaration par mail 
                    MDT : qu’a fait le médecin 
                      généraliste ? 
                    MDT : le médecin généraliste 
                      a fait un arrêt de travail, mis en place un traitement 
                      et assuré les soins 
                    MG : l’accident de travail 
                      n’a pas été reconnu. Pourquoi ? A cause 
                      du mauvais diagnostic ? 
                    MDT : non mais c’est incompréhensible 
                      parce que de plus en plus, il n’y a pas de reconnaissance 
                      dans les AT provoqués par des agressions psychiques 
                      4- 
                      Table ronde et débat
                    Questions 
                      pour le débat : 
                    1 - Quels ressorts pour la coopération 
                      entre généralistes et médecins du travail 
                      ? 
                    2 - Quels blocages de représentation, 
                      de méconnaissance du travail des acteurs du réseau 
                      de soins, … y font obstacle ? 
                    3 - Quelle place à l’analyse 
                      du travail et des inégalités sociales de santé 
                      pour les surmonter ?  
                    4 - Quelle déclinaison et construction 
                      des références éthiques et réglementaires 
                      de coopération ? 
                    4 - Par qui et comment le milieu de travail 
                      peut-il être interpelé ? 
                    
                      -  Comment les questions de santé au travail se 
                        posent dans nos pratiques ? 
 
                      - Comment se font les contacts entre généralistes 
                        et les équipes médicales du travail ?
 
                      -  Comment construire la confiance pour coopérer 
                        ensemble ?
 
                      -  Quelles conditions et modalités d’une 
                        coopération dans l’intérêt de 
                        la santé des sujets ? 
 
                     
                    
                    Introduction 
                      à la Discussion entre pairs – Dispute/Repères 
                      professionnels  
                    Thématiques émergées 
                      du présent Colloque, proposées à la 
                      discussion pour des Repères de coopération 
                      entre médecins généralistes et médecins 
                      du travail 
                    Dominique Huez, 
                      médecin du travail, modérateur 
                    Nous proposons de lancer la discussion, 
                      la dispute professionnelle, pour donner envie de la continuer 
                      ailleurs en groupe de pairs, sous des modalités à 
                      inventer. Nous aimerions que puisse être donné 
                      de la chair, de l’épaisseur à nos pratiques 
                      professionnelles pour nourrir de futurs « Repères 
                      de coopération » entre nos deux spécialités 
                      médicales. Pour déplacer nos représentations, 
                      il est nécessaire de se dévoiler professionnellement 
                      dans la discussion comme l’ont accepté courageusement 
                      les six intervenants. L’ambition de cette dispute 
                      professionnelle serait de faire émerger, peut-être 
                      ce qui ferait immédiatement consensus, mais aussi 
                      et c’est le plus important lors d’un colloque, 
                      de nouvelles questions à mettre en travail entre 
                      nous pour des coopérations dans l’intérêt 
                      de la santé au travail et du fait du travail, de 
                      nos patients/salariés. 
                    
                      -  Quelles relations entre la nécessité 
                        de la confiance qui est à la base de la relation 
                        médicale avec un patient, et une indépendance 
                        médicale à préserver dans l’intérêt 
                        exclusif de la santé au travail des patients/salariés 
                        ?
 
                      -  Quelle spécificité du métier de 
                        médecin du travail : 
                        
 
                           -pour l’analyse du travailler, de l’engagement 
                            individuel et collectif des salariés dans leur 
                            activité de travail ? 
                            - pour le « soin préventif », les 
                            préconisations médicales de protection, 
                            et la prévention médicale collective 
                            ? 
                            - pour l’ouverture des droits médicaux 
                            et sociaux selon les obligations déontologiques 
                            et du code de la sécurité sociale ? 
                         
                       
                      -  Quelle articulation ou non des « Fiches de poste 
                        de travail » avec la clinique médicale du 
                        travail ?
 
                       
                      -  Quels sont les responsabilités professionnelles 
                        respectives au sens des compétences et réglementaire, 
                        des différents membres de l’équipe 
                        médicale de médecine du travail : infirmier 
                        du travail et médecin collaborateur au regard de 
                        celles du médecin du travail ? 
 
                       
                      -  Quelles modalités pour les contacts entre un 
                        infirmier du travail et un médecin généraliste, 
                        en urgence médicale et hors urgence médicale 
                        : 
                        
 
                           - concernant une altération ou une atteinte 
                            à la santé du fait du travail ? 
                            - concernant les conséquences du travail sur 
                            une pathologie qui n’y trouve pas son origine 
                            ? 
                            - concernant des soins infirmiers sans aucun lien 
                            avec le travail ? 
                         
                       
                      -  Si un médecin du travail a une obligation réglementaire 
                        d’alerte médicale concernant un risque pour 
                        la santé des travailleurs, cela a-t-il des conséquences 
                        en termes de pratiques pour les autres membres de l’équipe 
                        médicale du travail ?
 
                       
                      -  Quel engagement de responsabilité de moyens 
                        concrets implique pour le médecin du travail les 
                        visites de pré-reprise en termes de priorités 
                        ?
 
                       
                      -  Est-il possible à un médecin du travail 
                        de donner en termes d’analyse collective des risques, 
                        une information au médecin généraliste 
                        et au patient/salarié, si il ne les a pas donné 
                        à l’entreprise ?
 
                       
                      -  Un médecin du travail est-il comptable des actions 
                        d’un salarié/patient auprès de son 
                        employeur quand il s’agit des conséquences 
                        de sa santé au travail, s’il communique par 
                        exemple directement à son employeur l’avis 
                        de son médecin traitant concernant son travail 
                        ? Quelle distance professionnelle ou règle d’action 
                        en construire pour le médecin du travail ?
 
                       
                      -  Du fait de la mission d’ordre public social du 
                        médecin du travail, quelles sont ses obligations 
                        en termes de préconisations écrites et de 
                        suivi de ces préconisations qui passent par des 
                        écrits de l’employeur ?
 
                       
                      -  Toute communication médicale entre un médecin 
                        du travail et un médecin généraliste 
                        passe-t-elle par un écrit ? Selon quelles modalités 
                        si c’est le cas ?
 
                       
                      -  Quel intérêt et conséquences dans 
                        ces coopérations d’instruire l’importance 
                        du lien santé – travail : lien important, 
                        lien direct et essentiel, lien par résonnance de 
                        difficultés majeures dans la vie personnelle, etc 
                        ?
 
                       
                      -  Comment « écrire concrètement » 
                        le diagnostic médical d’un lien santé 
                        – travail, nourri de l’analyse du récit 
                        de l’activité de travail et du travailler, 
                        et de l’anamnèse en santé au travail 
                        qui y ont été investigués ? 
 
                       
                      - Pour exemple une « souffrance professionnelle 
                        en lien avec une situation de travail », ou « 
                        une souffrance professionnelle décrite par le patient 
                        comme en lien avec ses conditions de travail » ?
 
                       
                      -  Quelles règles professionnelles permettent de 
                        rédiger un Certificat Médical Initial (CMI) 
                        pour une maladie professionnelle, permettant à 
                        un patient salarié de déclarer une Maladie 
                        professionnelle ?
 
                       
                      -  Que signifierait concrètement le fait que 
                        le patient soit considéré comme « 
                        le fil rouge » de la coopération ?
 
                     
                    
                    Discussion 
                      entre pairs – Dispute/Repères professionnels 
                    Rappel : Il n’y a pas de jugements 
                      moraux : la discussion porte sur ses propres pratiques professionnelles 
                    MDT : l’équipe médicale 
                      fonctionne sur la base de protocoles écrits et signés 
                      avec mon infirmière de santé au travail (IDEST). 
                      En cas de dépistage d’une anomalie clinique, 
                      comme l’HTA par exemple, elle envoie un écrit 
                      au médecin généraliste et laisse sa 
                      carte au salarié qui la recontacte souvent. S’il 
                      s’agit d’un problème de santé 
                      au travail, elle m’adresse le salarié 
                    MDT : je reviens sur la question 
                      de la fiche de poste demandé par les médecins 
                      généralistes : il y a un autre document, la 
                      fiche d’entreprise, obligatoire pour chaque entreprise, 
                      mais que je ne peux transmettre qu’à l’employeur. 
                      L’employeur a l’obligation de rédiger 
                      une fiche de poste pour chaque salarié qui en possède 
                      un exemplaire. Je pense que le salarié pourrait donner 
                      cette fiche de poste rédigée par son employeur. 
                      Cette fiche décrit le travail prescrit. Dans le dossier 
                      médical du travail, les risques auxquels est exposé 
                      le salarié sont tracés. Je ne suis pas capable 
                      de faire une fiche de poste pour tous mes salariés. 
                      Je peux transmettre des informations sur les marges de manœuvre 
                      et sur les restructurations en cours dans l’entreprise. 
                      Sur la question de la rédaction pour une inaptitude, 
                      il s’agit d’un processus qui peut être 
                      long et qui est fait avec le salarié. Souvent, le 
                      salarié vient en disant « on m’a dit 
                      que vous deviez me mettre inapte » mais ce n’est 
                      pas toujours la meilleure solution pour lui. 
                    MDT : pour l’infirmière, 
                      j’ai le même protocole que celui cité 
                      ci-dessus pour le dépistage et dès qu’il 
                      y a un problème santé travail, elle m’adresse 
                      le salarié : le retour se fait vers le médecin 
                      du travail qui fait un écrit si nécessaire 
                      au médecin traitant. 
                    MDT : quand je diagnostique une 
                      pathologie en lien avec le travail, je considère 
                      que c’est de ma responsabilité de faire le 
                      Certificat Médical Initial (CMI) de MP cela fait 
                      partie intégrante de mon métier de médecin 
                      du travail. J’engage ma responsabilité et je 
                      trouve très important d’assumer la responsabilité 
                      de nos obligations de déclaration. 
                    MDT : la parole du médecin quel 
                      qu’il soit par rapport au salarié est très 
                      importante. Quand le médecin conseil dit « 
                      vous devriez être inapte ou en invalidité » 
                      après c’est difficile de revenir en arrière. 
                    MDT : on a d’autres outils 
                      que le CMI car c’est de la réparation. On écrit 
                      noir sur blanc les risques et on peut faire des alertes 
                      à l’employeur s’il y a des risques importants 
                      : c’est de la prévention.  
                    MDT : au niveau collectif tu as 
                      raison et la déclaration de MP peut conduire à 
                      la victimisation. 
                    MDT : c’est du cas par cas. 
                    MDT : la déclaration de MP 
                      peut aussi aboutir à faire de la prévention. 
                      J’ai un gros secteur industriel agro-alimentaire avec 
                      un nombre important de TMS. Tant que ces MP n’étaient 
                      pas visibles « financièrement », c’était 
                      inaudible par la direction malgré mes écrits 
                      et les débats en CHSCT. Ce sont mes déclarations 
                      de MP qui ont fait prendre conscience des risques et enclencher 
                      la prévention. Dans l’entreprise, ce n’est 
                      pas un tabou et les salariés ne sont pas victimisés. 
                    MDT : les infirmières font 
                      partie de l’équipe médicale et sont 
                      sous la responsabilité du médecin du travail 
                      car il n’y a pas de disposition réglementaires 
                      pour elles. Si un salarié est en situation d’urgence 
                      et dans le but de le protéger et de l’isoler 
                      de sa situation pathogène, le médecin du travail 
                      peut adresser un courrier au médecin généraliste. 
                      Dans les courriers, même si c’est le médecin 
                      du travail qui écrit, il s’agit souvent d’un 
                      travail d’équipe. 
                    IDEST : je travaille avec 2 médecins 
                      du travail sur 2 bassins d’emploi. J’ai toute 
                      latitude pour adresser des courriers mais pour des problèmes 
                      de santé publique. 
                    IDEST : nous n’avons pas de 
                      cadre réglementaire auprès des employeurs. 
                      Donc on a besoin du médecin du travail. Par contre 
                      on a toute légitimité pour les problèmes 
                      de santé publique. Le seul moment où on a 
                      besoin d’intervenir c’est quand le médecin 
                      du travail n’est pas là, on adresse le salarié 
                      à son médecin généraliste. Si 
                      le médecin du travail est présent, on passe 
                      par le staff et le médecin du travail. Il y a peu 
                      de visibilité pour les médecins généralistes 
                      de l’activité des IDEST car tout passe par 
                      le médecin du travail. 
                    MG : il faudrait que les salariés 
                      soit informés de leurs risques professionnels. Sur 
                      les MP, je trouverai bien que les médecins généralistes 
                      soient informés quand des déclarations sont 
                      faites. 
                    MDT : la surveillance par les IDEST 
                      est en train de changer au vu du changement récent 
                      de la législation et de la pénurie de médecins 
                      du travail. L’IDEST peut alors faire le lien avec 
                      le médecin généraliste 
                    MDT : tout dépend des protocoles 
                      qui peuvent laisser plus de marges de manœuvres aux 
                      IDEST 
                    IDEST : il y a des sites sur Internet, 
                      comme Bossons futé ou le CISME ou la CRAMIF, qui 
                      peuvent donner beaucoup d’informations sur les risques 
                      professionnels en fonction des métiers aux médecins 
                      généralistes. 
                    IDEST : quand on évalue les 
                      risques, on le fait à partir des risques théoriques. 
                    MDT : quelles sont les informations 
                      que peut transmettre une IDEST ? 
                    MDT : on fait des fiches de poste 
                      avec chacun des salariés. Ces fiches sont un outil 
                      pour le médecin du travail et l’IDEST. Ce document 
                      pourrait être confié au salarié et communiqué 
                      au médecin généraliste 
                    IDEST : en l’absence de médecin 
                      de prévention dans la collectivité, on avait 
                      mis en place un protocole : l’IDEST envoyait l’agent 
                      au médecin généraliste avec ses consignes 
                      et l’agent revenait avec un certificat de préconisations 
                      de son médecin généraliste. Les préconisations 
                      étaient alors prises en compte par la collectivité 
                    MDT : je reviens sur la cellule 
                      PDP dont on a déjà parlé mais il manque 
                      un médecin généraliste à cette 
                      cellule où des signalements des arrêts longs 
                      sont faits par les assistantes sociales de la CPAM ou les 
                      représentants du service de santé au travail 
                      dans le but de faire un bilan des situations pour éviter 
                      la désinsertion professionnelle. 
                    MDT : je reviens sur le patient/salarié 
                      fil rouge de la coopération il est destinataire des 
                      informations. Nous avons des obligations et elles passent 
                      par des écrits, obligations en termes de prévention. 
                      On fait des alertes et l’employeur est destinataire. 
                      Le salarié est aussi destinataire de ces informations. 
                      C’est au médecin du travail de donner des informations 
                      au médecin généraliste, car, par exemple 
                      nous connaissons tous la sous-estimation des cancers professionnels. 
                    MG : par rapport à la question 
                      de la demande des fiches de poste : si vous faites une alerte, 
                      nous serons particulièrement attentifs. Pour les 
                      cancers professionnels, je peux mettre plombier ou garagiste, 
                      comment puis-je savoir que le cancer est d’origine 
                      professionnel ? Si ce n’est pas instruit quelque part 
                      comment peut-on améliorer les déclarations 
                      ? Pour les femmes jeunes exposées aux produits chimiques 
                      foeto toxiques, y a-t-il des informations qui pourraient 
                      être transmises à son généraliste 
                      ? Il y a souvent des manques dans les dossiers des médecins 
                      généralistes portant notamment sur le métier 
                      ou le poste de travail. 
                    MDT : une de mes entreprises dispose 
                      d’un gros service de recherches où les salariés 
                      sont exposés à de nombreux produits chimiques 
                      et notamment à des produits à risques Cancérogène, 
                      Mutagènes et toxiques pour la Reproduction (CMR). 
                      Cette entreprise a mis en place dès 2005 une procédure 
                      de fiche individuelle d’exposition aux agents chimiques 
                      dangereux (ACD) suite à une action d’information 
                      de la SSTPC sur l’exposition aux risques CMR. Cette 
                      procédure est toujours appliquée malgré 
                      les modifications de la réglementation et a permis 
                      notamment en 2016 à l’entreprise de remplir 
                      ses obligations dans le cadre de la pénibilité 
                      liée à l’exposition aux ACD. Une fiche 
                      d’exposition à tous les produits chimiques 
                      manipulés avec une remise à jour annuelle 
                      est faite par chaque salarié avec son N+1 et le responsable 
                      sécurité de l’entreprise. Cette fiche 
                      comporte le nom du produit, sa forme, ses phrases de risques, 
                      ses conseils de prudence, son pictogramme de danger, les 
                      tâches réalisées avec le produit, la 
                      quantité manipulée et le temps d’exposition, 
                      les valeurs moyennes et limites d’exposition, les 
                      équipements de protection individuelles car tous 
                      les produits à risques CMR sont utilisées 
                      sous hotte aspirante pour produit chimique. Un exemplaire 
                      de cette fiche est destiné au médecin du travail, 
                      une au service RH archivée dans le dossier personnel 
                      du salarié et une au salarié. Cette fiche 
                      pourrait être portée à la connaissance 
                      du médecin traitant. A chaque visite médicale 
                      et plus particulièrement lors de la visite d’embauche 
                      pour les salariés jeunes en âge de procréer, 
                      je donne une information complète sur ces risques. 
                      En cas de grossesse, s’il y a une exposition aux produits 
                      toxiques pour la reproduction, je mets en place, si la salariée 
                      ne peut pas être reclassée sur un poste sans 
                      danger pour sa grossesse, avec la collaboration du médecin 
                      traitant, l’arrêt de travail prescrit jusqu’à 
                      la date du congé de maternité (Article L. 
                      1225-14 du code du travail). 
                    MDT : moi j’avais un courrier 
                      type pour les déclarations de MP à destination 
                      des médecins généralistes. Dans les 
                      dossiers de surveillance post exposition professionnelle, 
                      il y a des obligations de certificat signé par le 
                      médecin du travail et l’employeur et j’avais 
                      aussi un courrier type pour informer le médecin généraliste 
                    MDT : dans le cas de traçabilité 
                      des expositions professionnelles, il y a la question du 
                      droit des salariés. 
                    MDT : je travaille dans un établissement 
                      de recherche et on fait remplir un questionnaire sur l’exposition 
                      aux produits chimiques et ce depuis 20 ans : ce document 
                      peut être transmis au médecin généraliste 
                    MDT : en matière de risques 
                      chimiques, il n’y a plus beaucoup d’obligations 
                      pour les employeurs. C’est au médecin du travail 
                      de faire le travail de traçabilité des expositions. 
                    MDT : en matière de RPS, 
                      est ce qu’il faut faire des écrits pour tracer 
                      ce que l’on dit au médecin généraliste 
                      et à l’entreprise ?  
                    MDT : je fais les déclarations 
                      de MP avec le CERFA du médecin généraliste 
                      et c’est pour ça que j’ai pu alerter 
                      les responsables de l’importance du nombre de MP dans 
                      leur service : on a alors pu se mettre autour d’une 
                      table pour faire avancer la prévention. 
                    MDT : je fais également de 
                      l’information aux salariés sur les risques 
                      et sur le fait que c’est un problème collectif. 
                      Quand il y a une déclaration de MP, je fais le CMI 
                      et je les aide tout au long du dossier. 
                    MG : par rapport au CMI et à 
                      la déclaration de MP, je ne crois pas à la 
                      victimisation. Ce qui est important, c’est ce que 
                      l’on peut dire aux gens la vérité comme 
                      par exemple qu’ils ne seront peut-être pas pris 
                      en charge, notamment pour les MP liées aux RPS. Il 
                      faut essayer que l’avenir des gens ne dépendent 
                      pas de la reconnaissance surtout dans le cas des souffrances 
                      au travail. Qu’on certifie ou pas, c’est surtout 
                      sur le type d’accompagnement que l’on fait. 
                      Il faut être attentif à ce que l’on dit 
                      au salarié. 
                    MDT : le fait qu’un médecin 
                      du travail certifie le lien santé travail dans la 
                      dégradation de la santé, est important pour 
                      la construction de la santé. 
                    Remarques 
                      sur le colloque par les médecins généralistes 
                      communicants 
                      MK et ML : Il y avait peu de généralistes 
                      à ce colloque et c’est dommage. Il faut que 
                      l’on arrive à renouveler ce type de débat. 
                      Il aurait été intéressant de travailler 
                      en petits groupes pour échanger surtout avec ceux 
                      qui ne se sont pas exprimés aujourd’hui. 
                      MF H-R : Le SFDRMG va mettre en place un DPC à distance 
                      à partir de la recommandation de la HAS sur « 
                      le burn out ». Pour elle, il faut utiliser le congrès 
                      de la médecine générale et l’on 
                      pourrait animer une table ronde sur ce thème. Dans 
                      le cadre du collège de la médecine générale, 
                      on peut faire une demande et faire parvenir ce compte rendu 
                      à toutes les sociétés. 
                       5- 
                      Conclusion
                    Mireille 
                      Chevalier, Président de E-Pairs 
                    Je remercie l’ensemble des intervenants 
                      qui ont accepté de dévoiler leurs pratiques 
                      professionnelles pour servir de support au débat. 
                      Je remercie également l’ensemble des participants, 
                      pour son implication dans les discussions. 
                      Je remercie enfin tout particulièrement les médecins 
                      généralistes, les intervenants : Marie-Françoise 
                      HUEZ-ROBERT, Marie KAYSER et Martine LALANDE, mais aussi 
                      tous ceux qui se sont déplacés, et ils ont 
                      été au nombre de 7. Leur présence a 
                      été indispensable pour enrichir la discussion 
                      et nous faire progresser. 
                    ASSOCIATION E PAIRS : 
                     Je tiens ici à rappeler les 
                      fondements de notre Association : Association fédérative 
                      de groupes de pairs médecins du travail et infirmiers 
                      du travail. 
                     Son action est fondée, à 
                      partir des données des recherches en santé 
                      et travail, sur la recherche et la mise en évidence 
                      des liens objectifs et subjectifs avec le travail. Cette 
                      mise en lumière se fait notamment par le développement 
                      de la clinique médicale du travail (c'est-à-dire 
                      par l'investigation du lien santé-travail, dans ses 
                      dimensions individuelles et collectives, prenant le travail 
                      des personnes comme grille de lecture). 
                     Dans cette recherche de l’équipe 
                      médicale du travail, ayant pour but de redonner du 
                      sens et des pistes de compréhension pour le salarié 
                      en souffrance, nous sommes bien conscients que le médecin 
                      généraliste est un partenaire important voire 
                      indispensable pour accompagner le salarié patient 
                      dans la compréhension de son lien santé travail. 
                     Cela exige que tout le monde soit convaincu 
                      des valeurs affichées par E Pairs, à savoir 
                      que : 
                     
                       - La mission fondamentale de toute pratique 
                        en médecine du travail est de préserver 
                        la santé au travail. Les pratiques de sélection 
                        n'en relèvent pas. 
                        - Les pratiques professionnelles en médecine du 
                        travail exigent à la fois le respect du secret 
                        médical et l'information sur la santé au 
                        travail aux membres de la communauté de travail. 
                     
                    COLLOQUE : 
                       C’est bien dans cet état d’esprit 
                      que nous avons souhaité la réflexion sur la 
                      coopération nécessaire des équipes 
                      de santé au travail avec les médecins généralistes. 
                      Nous avons sollicité le débat sur de nombreuses 
                      interrogations, parmi lesquelles : 
                     
                       - La place de l’analyse du travail 
                        - La place de la clinique médicale du travail pour 
                        l’équipe médicale du travail, mais 
                        sans doute aussi pour les médecins généralistes 
                        - l’interpellation du milieu du travail 
                        - la coordination des actions et décisions dans 
                        l’intérêt du salarié-patient 
                        - Les ressorts ou au contraire les blocages pour la coopération 
                        - La construction de références éthiques, 
                        de bonnes pratiques  
                        - La confiance entre le médecin généraliste 
                        et les médecins et infirmiers du travail 
                        - L’intérêt de la position centrale 
                        du patient dans la relation médicale, pour sa santé 
                        évidemment, mais aussi pour les coopérations 
                        médicales 
                     
                    Cette confiance entre praticiens généralistes 
                      et professionnels de santé au travail passe toujours 
                      par le salarié et la confiance que ce dernier 
                      mettra dans les différents interlocuteurs. 
                     A la fin de cette journée, nous 
                      pouvons constater que toutes les questions présentées 
                      par les intervenants n’ont pas été débattues 
                      et que certaines ont même surgi des débats, 
                      comme : 
                     
                       - Le médecin traitant et l’équipe 
                        médicale de santé au travail se préoccupent 
                        tous de la santé globale du patient-salarié. 
                        - Si la clinique médicale mérite d’être 
                        partagée par les professionnels de santé 
                        au travail et les médecins généralistes, 
                        il est également important de partager le Vécu 
                        du salarié dans le déroulement et la compréhension 
                        de sa maladie. 
                        - L’importance de connaître ou mieux connaître 
                        le métier de chacun, particulièrement celui 
                        de l’infirmier du travail, jusque-là plutôt 
                        ignoré des généralistes. 
                     
                    Le débat est resté ouvert 
                      sur certaines problématiques, ce qui montre que la 
                      réflexion est loin d’être terminée 
                      et ouvre à d’autres journées de travail, 
                      comme par exemple. 
                     
                       - Les moyens de mettre le salarié 
                        au centre des décisions et jusqu’où 
                        ? 
                       
                         Ce qui implique de respecter le choix 
                          du salarié dument informé et éclairé, 
                          de la part de tous les professionnels. Cette information 
                          passe par sa connaissance du diagnostic du lien santé-travail 
                          et donc des délivrances de certificats de maladie 
                          professionnelle par exemple. 
                       
                       - L’importance des écrits 
                        entre professionnels : 
                       
                         Qui sont les auteurs de ces écrits 
                          ? 
                          Information du médecin généraliste 
                          sur les contraintes et risques du travail, selon la 
                          vision de l’équipe médicale : fiches 
                          de poste, attestations post exposition du médecin 
                          du travail ? 
                       
                      - Règles de fonctionnement des 
                        équipes médicales de santé au travail 
                        pour la coopération avec les médecins traitants 
                        (rôle des infirmiers, visibilité donnée 
                        aux médecins généralistes…) 
                     
                    Et pourquoi pas l’organisation de 
                      séances de confrontations de cas cliniques sur le 
                      terrain de proximité entre Généralistes 
                      et médecins du travail ?... 
                    Enfin, puisqu’il faut conclure, je 
                      voudrais insister sur une notion importante pour nous, et 
                      qui sous-tend toute l’action de E Pairs : 
                     
                       - Il s’agit, au-delà des 
                        avancées scientifiques, de développer une 
                        médecine humaniste dans l’intérêt 
                        de la santé du patient, qui doit éclairer 
                        dument ce dernier, puis tenter de lui permettre de retrouver 
                        un pouvoir d’agir sur sa santé. 
                       - Pour cela il n’y a pas de réponse 
                        médicale experte aux difficultés subjectives 
                        ou sociales qui mettent dans l’embarras les patients, 
                        mais aussi les médecins dans leur pratique. 
                        - Car c’est la réponse propre du patient, 
                        sa vérité à un moment donné, 
                        qui le mettra à nouveau sur le chemin de la santé. 
                         
                     
                    6- 
                      PREMIER RETOUR sur le COLLOQUE 2017
                    E-Pairs 
                    Et 
                      maintenant, comment poursuivre ? 
                    Nous indiquions dans l’introduction 
                      au colloque sur la question de la coopération entre 
                      équipes médicales de généralistes 
                      et de santé au travail : être médecin 
                      ou infirmier du travail et tenir une posture de clinicien 
                      du travail, dans laquelle la parole du salarié est 
                      inscrite et dont il est le pivot, permet de s’adresser 
                      plus facilement à un autre clinicien, qui est le 
                      généraliste. 
                      Cette question de la place du patient salarié au 
                      centre de la coopération ferait probablement l’objet 
                      de débats, pensions-nous en introduction du colloque. 
                      Certains ont bien eu lieu. 
                    En fait même au-delà de la 
                      question de la coopération, cette posture qui place 
                      le patient salarié au centre devrait imprimer au 
                      quotidien les relations entre l’équipe médicale 
                      du travail et le patient salarié. Car elle est un 
                      repère pour les pratiques en clinique médicale 
                      du travail. Le patient doit être le « fil 
                      rouge » de l’échange, a-t- il été 
                      indiqué dans une contribution. Mais entre l’intention 
                      sincèrement proclamée de le faire, et la pratique 
                      professionnelle, n’y a t- il pas encore un grand écart 
                      ? Les échanges du colloque semblent bien en porter 
                      la marque. Pouvons-nous nous interroger sur l’origine 
                      de cet écart ? 
                    Le salarié patient fait bien entendu 
                      l’objet d’attention et d’un travail, mais 
                      dans les pratiques professionnelles il n’est pas au 
                      centre, il n’est pas le pivot de l’échange 
                      entre lui et le clinicien. Ce que le salarié peut 
                      penser de sa santé risque alors d’être 
                      tenu pour périphérique, marginalisé 
                      de la part du clinicien. Il n’en est que rarement 
                      fait mention dans les comptes rendus de séances de 
                      GAPEP [2]. Son état de santé 
                      reste globalement considéré comme soumis pour 
                      l’essentiel, à l’appréciation 
                      du médecin. En santé au travail Il y aurait 
                      donc un patient face à un sachant, exactement comme 
                      un patient qui confierait son asthme au pneumologue, en 
                      attendant de lui un traitement. Cependant en médecine 
                      du travail, il y a une grande différence par rapport 
                      à la médecine de soin. La différence 
                      est dans l’importance capitale pour la construction 
                      de la santé, ou à l’inverse, pour sa 
                      dégradation, de la place du travail (surtout du « 
                      travailler ») et de l’élaboration 
                      sur les évènements de travail, susceptibles 
                      d’affecter les sujets désignés depuis 
                      quelques temps sous le terme de « patients salariés 
                      ».  
                    Lorsque du côté de l’équipe 
                      des médecins du travail et des IST l’approche 
                      de la santé au travail est une approche dominante 
                      par les risques aux dépens d’une approche par 
                      la clinique, l’investigation du travail du point de 
                      vue de la subjectivité du salarié-patient 
                      peut être quasi absente. En forçant le trait, 
                      le salarié fait l’objet d’une représentation 
                      dans laquelle il est passif et muet.  
                    Or Il est essentiel, en clinique médicale 
                      du travail, que le salarié-patient, pour sortir de 
                      l’impasse dans laquelle il se trouve et pour pouvoir 
                      aller mieux, puisse élaborer sa pensée propre 
                      sur ce qui lui arrive dans sa santé, aux côtés 
                      de la pensée en travail du clinicien. Soutenir l’élaboration 
                      du salarié patient : là se situe une part 
                      très importante du travail clinique.  
                    Cependant ceci est un positionnement que 
                      l’équipe médicale du travail est loin 
                      d’adopter couramment. La doxa est tout autre : dans 
                      une approche courante à la fois assurantielle et 
                      hygiéniste de la médecine du travail qui prévaut 
                      encore aujourd’hui, renforcée par la loi et 
                      les décrets de 2016, la mission essentielle de l’équipe 
                      médicale comme de l’équipe pluridisciplinaire, 
                      est de repérer les risques et de leur trouver un 
                      contre-feu. Pour cela dans le passé il a été 
                      fait appel au médecin du travail. Il reçoit 
                      les salariés jusqu’à récemment, 
                      annuellement, les examine pour rechercher une atteinte professionnelle, 
                      et est en relation avec l’employeur pour le conseiller 
                      sur la réduction ou la suppression des risques. Et 
                      à présent, c’est le rôle dévolu 
                      à l’équipe médicale, cependant 
                      que tout un pan de la pathologie professionnelle a disparu 
                      dans ses formes aigües et qu’on dispose parfois 
                      d’indicateurs infra cliniques. Si on admet que dans 
                      cette conception rabougrie de la santé au travail, 
                      la porte d’entrée du médecin et de l’équipe 
                      dans la santé au travail est une approche par les 
                      risques, ces professionnels sont invités, au mieux, 
                      à se comporter en tant que témoin actif d’altération 
                      ou d’atteinte précoce pour diagnostiquer et 
                      éviter les atteintes professionnelles. Et si c’était 
                      le cas, ce serait une contribution importante ! Mais la 
                      réalité résiste. Et dans cette conception 
                      le rôle du médecin du travail et aujourd’hui, 
                      de l’équipe médicale, est réduit 
                      à la portion congrue par rapport à tout le 
                      potentiel dont elle pourrait disposer. Tout conduit à 
                      la marginaliser. Et à interroger ses pratiques. Certes, 
                      il y a l’examen clinique. Mais où est le travail 
                      clinique ? 
                    Or l’équipe médicale 
                      peut emprunter une toute autre approche. Y compris les IST 
                      qui n’ont pas à traîner le boulet de 
                      la détermination de l’aptitude ! Cette approche 
                      est nommée clinique médicale du travail. Mais 
                      dix années après le congrès national 
                      de médecine et santé au travail de Lyon, dont 
                      un thème essentiel portait sur sa présentation, 
                      il subsiste une certaine confusion sur l’objet de 
                      la clinique médicale du travail. Elle peut même 
                      passer à la trappe de deux façons. Les uns 
                      pensant que la clinique médicale du travail a toujours 
                      été leur exercice, avant même qu’elle 
                      ait été nommée. D’autres, que 
                      c’est une pratique d’exception, car au quotidien, 
                      personne ne peut prétendre disposer de temps pour 
                      l’exercer[3] .  
                    Ainsi un travail clinique qui vise à 
                      permettre au salarié patient d’être acteur 
                      de sa santé ne peut prospérer que si la confiance 
                      est à la base de la relation médicale avec 
                      le sujet. Elle est notamment conditionnée par une 
                      pratique médicale déployée dans l’intérêt 
                      exclusif de la santé au travail. Alors l’analyse 
                      du travailler, de l’engagement individuel et collectif 
                      des salariés dans leur activité de travail 
                      pourra permettre au médecin « avec » 
                      le sujet d’accéder aux clés permettant 
                      la préservation ou la reconstruction de la santé. 
                      Il y a alors un horizon et un sens pour des « soins 
                      préventifs », des préconisations médicales 
                      de protection, et la prévention médicale collective. 
                      Il y a alors un contenu pour l’ouverture des droits 
                      médicaux et sociaux selon les obligations déontologiques 
                      et du code de la sécurité sociale. Il y a 
                      alors la possibilité de décisions appropriées 
                      du fait de la mission d’ordre public social du médecin 
                      du travail, quant à ses obligations de préconisations 
                      écrites et de suivi de ces préconisations. 
                      Et l’instruction du lien santé-travail n’est 
                      alors pas limitée à un lien direct et essentiel. 
                      On pourra prendre en compte aussi un lien par « résonnance 
                      sur la scène du travail », de difficultés 
                      majeures dans la vie personnelle. 
                     Alors le travail entre pairs permettra 
                      de mieux instruire les mille et une facettes de l’écriture 
                      concrète d’un diagnostic médical étiologique 
                      d’un lien santé – travail, nourri de 
                      l’analyse du récit de l’activité 
                      de travail et du travailler, et de l’anamnèse 
                      en santé au travail qui y ont été investigués 
                      avec la participation active du salarié-patient, 
                      dans l’intercompréhension. Cette pratique médicale 
                      clinique ouvre la possibilité d’une compréhension 
                      étiologique des altérations et atteintes à 
                      la santé du fait du travail. Car alors, ce n’est 
                      pas seulement la connaissance des mécanismes physiopathologiques 
                      qui ouvrirait une issue à la guérison des 
                      corps et des esprits, mais la place centrale « active 
                      » qui est donnée au « sujet de sa propre 
                      santé » pour la construire dans les coopérations 
                      avec autrui, en explorant de sa place, des espaces collectifs 
                      pour une organisation du travail et des rapports sociaux 
                      de travail vers un horizon non subordonné ni aliéné. 
                    Entrer par la clinique médicale 
                      du travail en prenant le travail (et pas seulement le risque) 
                      pour grille de lecture et investiguer le travail du point 
                      de vue de la subjectivité du salarié-patient 
                      sont les deux repères importants de cette clinique, 
                      pour tenir une posture de clinicien du travail, dans 
                      laquelle la parole du salarié est inscrite, mise 
                      en travail, et dont il est le pivot. 
                      
                    [1] Des 
                      questions et de courtes réactions de la salle ont 
                      eu lieu après chacune des trois communications du 
                      matin, cela pendant cinq minutes. Les débats de fond 
                      étaient renvoyés à la discussion globale, 
                      après les trois  
                    [2] E-Pairs 
                      en dix années d’existence dispose de plusieurs 
                      centaines de compte- rendus de cas cliniques 
                    [3] Ce 
                      constat est issu à la fois de réflexions de 
                      pairs travaillant en GAPEP et d’avis parfois émis 
                      lors des formations proposées par E-Pairs.   |